Une nuit de plus, seul, dans une ville hostile, à lutter contre mon vacarme intérieur. Je fume une cigarette. Sur ma table de chevet, j'ai déposé mon arme et sa lettre d'adieu. J'écoute la pluie tomber en buvant un verre de bourbon.
Encore un printemps de plus, un printemps sans Carmen, sans la seule femme que j'ai aimé.
Je lutte contre ma peine. Je contemple ma jeunesse envolée, je relis sa lettre encore et encore.
Et je me souviens. Je me souviens de de cette vie que l'on menait ensemble quand on croyait l'amour éternel.
Je me rappelle les années 60, ses cheveux blonds et ce festival de rock où l'on avait dansé jusqu'à l'aube.
Je me rappelle les mois que l'on a mis à traverser l'ouest des Etats-Unis en caravane, son charme presque insolent, son parfum, et le ruban couleur parme qu'elle attachait dans ses cheveux.
Je me rappelle de la dernière nuit à San Francisco et je crois que j'ai envie de pleurer. Je suis à bout de force.
Je fini mon verre d'un trait, écrase ma clope dans le cendrier.
La lettre reste sur la table, et mon révolver me nargue.
Je suis vivant, je n'en peut plus.
Je respire, au delà des larmes.
Emilie.