Publié le 28 Juillet 2015
Le pilote du paquebot en perdition vit, depuis plus d'un an un grave échec conjugal.
C'est ce qui l'a conduit ivre, aveugle, fou de rage à se fourvoyer dans l'un des étroits canaux de cette ville historique qu'est Venise. Venise n'est en effet ni Vienne, ni Sienne et encore moins Nice où il aurait tranquillement pu s'amarrer à quai dans le port de cette bourgade.
Aucun robot ni pilote automatique ne dirige ce bateau. La puissance avec laquelle il a pénétré dans les eaux glauques du chenal est terrifiante. Même en faisant marche arrière, il avance de plus en plus, s'encastrant entre les façades.
Une gondole qui naviguait tranquillement, chargée de touristes s'est renversée, la faute à une vague gigantesque déclenchée par l'avance du géant. Une nappe d'essence recouvre désormais la lagune. Encore une pollution de plus. L'essence surnage au-dessus des boues qui, peu à peu, bouchent les canaux. L'odeur de ce mélange est détestable. D'ici quelques temps s'y ajoutera celle des cadavres en putréfaction si l'on ne repêche pas rapidement les corps.
Un restaurateur, toque sur la tête s'est empressé de fermer boutique, mettant tous ses clients dehors. Il leur a ainsi sauvé la vie. Nous sommes à Pâques et c'est la pleine saison touristique. Le temps est au beau fixe et nombreux sont les badauds qui, yeux écarquillés attendent l'issue de cet évènement. Ils sauront que raconter à leur retour ! De leurs appareils photographiques ils visent la cheminée et la fumée qui s'en échappe, irréelle, au-dessus des maisons, toutes classées monuments historiques. D'autres, des artistes, saisissent l'ombre du géant projeté sur les façades.
Puis le pilote s'est enfermé dans la cabine, a coupé les moteurs et s'est tiré une balle dans la tête.
L'histoire ne dit pas comment sera désincarcéré ce paquet de tôles ainsi encastré entre les maisons.