Randonnée à vélo dans le Vercors durant le week-end de Pentecôte 2010
Cette année encore me voilà partie seule sur les routes avec vélo et sacoches ! Cette fois, j'ai demandé à un ami de me concocter un circuit dans le Vercors.
L'idée du Vercors est tout simplement venue de l'invitation d'une ancienne collègue de travail et amie partie habiter dans cette belle région.
Mais "juste" lui rendre visite ne me suffisait point ! Il me fallait aller plus loin, et à partir de chez elle découvrir sa région.
Après une rude semaine de travail me voilà donc partie en voiture avec le vélo sur le porte bagage et les sacoches dans le coffre. Ces préparatifs n'ont pas été une mince affaire, cette année !
J'avais en effet décidé, pour mes 50 ans, de me payer une randonneuse. J'en rêvais depuis longtemps déjà. Le VTT équipé avec lequel je roulais depuis 3 ans ne correspondait pas vraiment à mes besoins: assez vieux, grinçant des pédales, gros pneus donc adhérant par trop à la route. Sur les conseils d'un copain du club j'étais donc allée rencontrer un vélociste. Il partait à la retraite en 2010 et je devais donc faire vite avant que les repreneurs n'arrivent. Ainsi fut fait. Il me conseillait sur le modèle, sur le type de pneus (increvable à 80% m'assurait t-il) assez gros mais pas trop, guidon plat, selle où, affirmait-il "je n'aurais jamais mal aux fesses" (il s'avère que c'est la même que sur celle de mon vélo de route- effectivement confortable). Je lui demandais les équipements que je souhaitais: porte bagage arrière/avant, garde boue, lumière, sacoche sur le porte bagage, compteur. Je lui demande des sacoches avant également car j'ai déjà les sacoches de mon ancien VTT.
J'emmène ce nouveau vélo avec moi pour un week-end dans le Jura avec mon club, l'A.T.S.C.A.F du Rhône afin de le tester. C'est vrai que je peine dans les montées. Les copains me conseillent de faire changer la cassette et de mettre du 32 voire du 34 à l'arrière. Devant j'ai du 24. C'est un VTC.
Je retourne chez mon vélociste. Il me conseille plutôt du 32. Soit! Mais il semble que la passation des "pouvoirs entre ancien et nouveaux" soit compliquée. Je passe les détails. Ils tardent à régler mon vélo. De fil en aiguille, j'aurais tout sauf la lumière que je récupèrerais sur mon vélo de route et le compteur que je récupèrerais de mon ancien VTT. Restaient les sacoches. Arrivent les repreneurs. Tous, ancien et nouveaux gérants sont incapables de m'en trouver parmi leurs fournisseurs. A une semaine et demi de mon départ, je prends le taureau par les cornes et vais voir un autre magasin qui, illico presto m'en propose.
La semaine même où je pars (le vendredi) j'aurais donc sacoches et pignon arrière adapté.
Ouf ! Il était temps !
Les semaines précédant mon départ, peu à peu, je rassemble le matériel dont j'ai besoin. Entre les vêtements, le couchage et la cuisine, c'est qu'il en faut des choses ! Et ne rien oublier, jusqu'au moindre petit briquet, médicament en cas d'urgence, etc... Equilibrer le poids des sacoches: quatre sacoches de 2,6 kilos chacune, presque sans faire exprès !
Jeudi soir, tout est prêt ! Vendredi après le travail je pars à Saint Laurent du Pont, en Isère chez mon amie Elise.
J'équipe ma randonneuse dès mon arrivée, la range au garage: une bonne chose de faite qui ne sera pas à faire le lendemain aux aurores !
Le jardin est très grand: prairie où paissent deux moutons dont un qui n'a pas été tondu depuis très longtemps et dont le poil ressemble davantage à du carton qu'à la douce pelisse laineuse de son jeune compagnon. Des lapinous et leur maman sont dans une cage, le papa dans une autre: y'en a déjà bien assez ! Les poules sont déjà couchées au poulailler.
La maison cambriolée cinq fois pendant qu'elle était inoccupée appartient à l'oncle de mon amie dont le jardin est mitoyen. Ancienne, (la maison, pas mon amie !) elle a du cachet. J'aime bien. Mais elle est mal isolée ! Le fuel et deux gros poêles à bois (un dans la cuisine, l'autre dans le salon) permettent de plus ou moins bien chauffer la bâtisse. Autrefois deux familles se partageaient la maison. Une seule est restée mais les chambres étaient louées, d'où les lavabos qui y sont installés me faisant penser à un hôtel ou à une pension de famille.
Puis au salon nous discutons joyeusement de choses et d'autres autour de quelques breuvages alcoolisés inconnus (bourgeons de conifère macérés dans du vin) en attendant que le dîner cuise. Les poivrons farcis au fromage blancs étaient délicieux. Elise avait en effet invité des amies, dont Audrey, une salariée de son compagnon, charpentier. La compagne d'Audrey, Barbara, est secrétaire de direction bilingue dans une entreprise de jouets qui travaille avec Hongkong. Elles se sont connues durant leurs études d'anglais. Audrey aussi est parfaitement bilingue et toutes deux adorent jouer avec les mots, les langues et la musicalité des langues. Barbara est musicienne. Nous passons à table. Le saucisson cuit au vin rouge était délicieux. Et même si les patates ont mis longtemps à cuire au four, elles étaient succulentes. Un peu de vin rouge avec le fromage, mmhh! Nous nous couchons donc un peu tard.
Le lendemain, je me réveille spontanément à six heures, mon heure habituelle de réveil alors que je m'étais autorisée à faire sonner mon réveil à sept. Tout le monde dort. Elise est adorable: tout est prêt sur la table. De mon côté, j'essaie de faire le moins de bruit possible. Par contre, en partant, je n'arrive pas à fermer la lourde porte d'entrée et je fais se sauver le chat. Mince!
Et me voilà partie ! Mais, devant la maison un doute me prend: sur la route à droite, ou à gauche ? Un homme m'aiguille dans la bonne direction. Mais est-ce l'alcool, la fatigue ou le manque d'entraînement (il a beaucoup plu ces temps ci et je n'ai pas assez pédalé) ? La route semble plate, à voir ainsi, mais sous mes pédales ça grimpe ! Faux plat montant, sans doute !
Le premier est en vue: col de la Placette, avant Voreppe. Ça va, je grimpe bien. Finalement, je préfère presque une franche montée ! Un petit rouge-gorge gît à terre. Un four banal, un peu plus loin. La route devait être plus haute, autrefois, elle n'est plus au niveau du four, maintenant. Je laisse Coublevie sur ma droite. Je ne sais pourquoi, le nom de cette commune me parle. Le col est à 587 mètres. Heureusement que je l'ai fait dans ce sens, il monte moins raide ! Devant moi, le paysage est de toute beauté.
Arrivée à Voreppe, arrêt stratégique dans une boulangerie. J'achète du pain et un pain au chocolat, pour plus tard. Je retire de l'argent à la banque d'en face. Je profite de mon arrêt pour demander ma route à un monsieur maghrébin qui attend le car. La direction de Sassenage n'est pas facile à trouver. Chokran, monsieur !
Je rejoins une route, une nationale très passante ! Coup de klaxon rageur de l'automobiliste à qui je n'ai pas l'heur de plaire et qui est en colère de ne pouvoir faire ce que je fais. Ils seront peu nombreux (deux, je les ai comptés). Les petits coups de klaxon sympas seront beaucoup plus nombreux, de ceux qui admirent l'effort et/ou m'envient et aimeraient être à ma place. Traverser l'Isère, Veurey-Voroize, Noyarey, Sassenage. Zone industrielle et artisanale assez peu intéressante. La piste cyclable est le seul point positif de ce tronçon.
Et voilà sur la droite une belle montée qui commence ! Un lotissement de constructions dites bioclimatiques promettant mois de 150€ de chauffage par an.
Pont Charvet, le premier mémorial que je rencontrerais en hommage aux résistants tombés sous les balles allemandes le 1er août 1944. Tout le long de ma route, je trouverais ainsi de modestes ou de grandioses monuments rappelant la guerre de résistance contre l'ennemi. Je ne m'arrête pas.
Dans un renfoncement, un parking de vieilles voitures, prétexte à m'arrêter pour prendre en photo une grosse et belle Cadillac, pour mon fils Antoine qui les adore. A 9h30, je suis partie depuis 2h30, j'ai déjà fait 30 kilomètres. Pas si mal, quand même ! Par contre, depuis que j'ai déraillé à Voreppe, un cliquetis désagréable se fait entendre derrière quand j'appuie sur la pédale droite.
Le paysage est magnifique, la vue sur la plaine de l'Isère, les rochers. Quel plaisir, le vélo ! Je connais même un copain qui préfère monter car, dit-il, dans la descente "T'as rien le temps de voir !".
Tout au long de mon parcours je rencontrerais beaucoup de fleurs et d'orchidées de toutes sortes: courtaudes ou plus élancées, jaune, roses ou rouge intense. Quand, fatiguée, je voudrais me reposer, le prétexte sera tout trouvé: photographier ces cadeaux de la nature.
Dieu que mon vélo est lourd ! Trotte dans ma tête l'idée de me débarrasser d'une partie de mon chargement. Le temps est au beau fixe, le week-end s'annonce ensoleillé. Et trotte que trotte que trotte... Finalement, je m'arrête et essaie de téléphoner à Elise. Ne s'était-elle pas proposé, au cas où je flancherai en cours de route, à venir me chercher avec le camion de son compagnon ? Elle ne répond pas. Je prends un sac en plastique, y met guêtres, gants chauds, cagoule, brassières et jambières et, le plus lourd: mon anorak ! Ouf! Ça en moins. Laliarey. "La maison d'Harika". "Pain cuit au feu de bois". La maison devant laquelle je suis arrêtée comporte un petit mur, et derrière, des chaises de jardin. J'appelle. Un jeune homme arrive, arrosoir à la main. Puis une femme assez âgée. Elle est la propriétaire et m'autorise à déposer mon sac. Je lui assure qu'une personne viendrait le chercher dans la journée.
Plus légère, mais ça monte encore bien, je repars. C'est bien difficile quand même ! Arrive Engins, un village où j'essaie d'acheter du fromage bio (c'est à la mode!) Dans une ferme. Un grand-père me dit que ce n'est pas lui qui vend et personne pour me renseigner. Tant pis, poursuivons ! Gorges du Furon (le nom du torrent ?)
Sans fromage, mais avec du pain, j'arrive aux gorges du Bruyant. Une halte pique-nique en contrebas, un petit pont qui enjambe un ruisseau bien vif. Avant que la place ne soit envahie, j'ai le temps de faire ce que personne ne peut faire à ma place... Une esplanade en contrebas, toute en herbe, des tables faites toutes exprès, j'y appuie mon vélo et commence à décharger mon barda: camping gaz, casserole, tasse, assiette, couverts et mon repas. Ce rituel se répètera autant de fois que j'aurais faim et souhaiterais pique-niquer. A midi, salade de pommes de terre, tomate, petits oignon, origan et concombre. Thon. Figue sèche. Pain. Je me fais chauffer de l'eau pour le thé. Arrive de la visite. Un couple avec deux petits garçons qui, vite, se mettent en culotte et vont se tremper les pieds, les fesses, et même la serviette dans le courant d'eau glacée. Le plus petit remonte, les fesses maculées de terre. Bouille ronde, lunettes, il est marrant comme tout à courir après un papillon et l'appelant: "Papillon ! Papillon ! Papillon !". Le plus grand, appliqué, ramasse du petit bois avec son père pour le barbecue. Arrive à ma table un couple et leur amie d'Aix en Provence venus fêter les 70 ans du monsieur, avec une quarantaine d'amis dans un gîte à Autrans. Le temps que je finisse de ranger, un couple de marcheurs assez âgés arrive. Ils m'assurent avoir vues des marmottes un peu plus haut avec leurs jumelles. En remontant je croise un petit groupe de cyclo-campeurs comme moi. C'est agréable mais nous n'échangeons qu'un bonjour et des sourires.
Et me voilà repartie. La pente est moins raide. Enfin ! Un cyclo me double et me lance un "Bonjour et félicitation !" emphatique. Je recevrais assez souvent des encouragements du geste ou de la voix tout au long de ma route. Ce motard croisé, par exemple, enthousiaste et qui, pouce levé me manifeste son appui moral.
Lans en Vercors. Ça monte ! Cette ville est jumelée avec Saint Donat, au Québec. J'ai un mien ami, très cher, qui a vécu longtemps à Saint Donat sur l'Herbasse, dans la Drôme et où il pose encore sa caravane. Sa maman, pendant la guerre y a caché beaucoup de résistants dont Louis Aragon et Elsa Triolet. Et le Québec m'évoque aussi la tournée de promotion pour mon dernier livre que je vais y faire en octobre.
Quelle chaleur ! Mais voici le col de la Croix Perrin à 1218 mètres d'altitude. Puis belle descente. Bernard, qui m'a concocté ce parcours m'a indiqué Autrans puis Méaudre. Là, je dois faire un choix. Devant moi, la carte. Soit je coupe et vais directement à Méaudre, soir je pousse jusqu'à Autrans. Bon, Autrans je connais, j'y ai séjourné cet hiver avec un groupe, de copains avec qui nous avons fait du ski de fond. Une taupe, tout petit animal, écrasé sur la route.
Je coupe et évite Autrans. J'arrive donc à Méaudre. Un magnifique pré, à l'entrée, couvert de fleurs de pissenlit d'un jaune éclatant !
Un peu plus loin, une grotte devant laquelle sont disposées des silhouettes d'hommes préhistoriques. Sans doute un clin d'oeil à l'histoire du village. Je passe devant le gîte où ont gîté une collègue et ses amis. Son propriétaire annonce la bienvenue aux cyclotouristes, leurs proposant même des services techniques (réparation, gonflage).
Les Jarrands. La Balme de Rencurel. Puis enfin les gorges de la Bourne que je ne dois rater à aucun prix m'a dit Bernard. Travaux et panneau lumineux. Elles sont ouvertes du 21 mai à 17h30 jusqu'au 25 mai à 8h30. Quel jour sommes nous donc ? Ouf, c'est bon, ça a faillit ! Mais il a raison, c'est d'une beauté à couper le souffle. Est-ce toutes les endorphines que je produis à force de coup de pédale, je ne sais, mais je suis complètement euphorique, comme si j'avais bu un petit coup ! Mille mercis à Bernard, je te bénis, quelle magnifique parcours ! En sortant des gorges, la belle cascade de Moulin Marquis dans le cirque de Bournillon forme comme une chevelure.
Dans les gorges de la Bourne le car assurant la liaison régulière entre les villages avance à petit pas. Son toit n'est qu'à cinq centimètres sous l'encorbellement des rochers. Les rochers; acérés, ne pardonneraient pas le moindre frottement. Et moi, dans tout cela, je me plaque du mieux que je peux contre les rochers, côté falaise avec mon vélo encombrant. Je me demande si je ne vais pas être écrasée par cette masse.
Mon téléphone sonne. C'est Antoine, mon fils, qui s'inquiète que Marielle ne soit pas venue le chercher pour le mener voir les joutes. Son fils pratique ce sport et fait une démonstration cet après-midi au bord du Rhône. Il ne va pas s'ennuyer ! Demain dimanche et lundi, peut-être. Il ira sans doute à la piscine avec son père dimanche matin. Après tout, être toujours occupé, c'est bien, mais prendre le temps de ne rien faire, voire de s'ennuyer, est très bien aussi. Je me console comme je peux.
Deux escaladeurs s'équipent au pied de la falaise. J'en verrais d'autre sur mon parcours. Tout comme les pêcheurs à la truite le long de tous ces torrents bouillonnants dévalant les pentes. Leurs bras vifs et nerveux lancent sans relâche l'hameçon. L'eau doit être glacées, à voir les petits névés et la montagne (le Dévoluy ?) couverte par endroit d'une neige étincelante au soleil ! L'un de ces pêcheurs est bel homme: brun aux yeux bleus, torse nu sous sa veste sans manche ouverte, il a de jolis abdos bien musclés! Je sors des gorges de la Bourne, en pleine euphorie dans ce magnifique paysage et me dit, en riant, "J'en ferai bien mon quatre heures de cet homme là!"
Choranges. A quinze heures j'avais fait 60 kilomètres
Pont en Royan et ses maisons suspendues au dessus de la Bourne. Suis déjà passée ici au moins une fois emmener Pauline, ma fille, à un stage BAFA sur le thème de la rando et de la découverte en montagne. Petite visite à l'épicerie du village pour quelques emplettes: fruits, tomate, maquereaux à la tomate. Des jeunes filles du village remontent un peu mouillées du bord du torrent. Elles ont fait trempette, l'eau est encore glacée.
Une pancarte m'interpelle: "Il est interdit de plonger du rocher suspendu". Nous en parlons ensemble: "C'est plutôt les garçons qui font ça. Y'en a un qui est mort, il avait plongé du pont, la tête fracassée contre un rocher. Il a raté l'eau". Ça ne pardonne pas. Elles me disent plonger d'une petite hauteur et s'ennuyer ferme dans ce village où il n'y a rien à faire.
Saint Laurent en Royan. L'hôtel-restaurant est fermé. A une grand-mère toute maigre qui arrose ses fleurs dans sa cour je demande si elle sait où je peux trouver une chambre. Elle m'indique le rond-point un peu plus loin m'assurant qu'il y a là des chambres d'hôte.
Effectivement, 500 mètres plus loin voici une drôle de maison cubique, toute jaune. Michel. C'est le nom du propriétaire. En fait, trois cubes empilés les uns sur les autres formant du coup trois terrasses. Je sonne. Je me sens regardée à travers l'oeil d'une caméra. Je dois avoir une sale tête. J'attends. Finalement une voix d'homme puis immédiatement après une dame apparaît. Oui, il y a de la place. Je la suis avec mon vélo. Ils sont "après jardiner", comme on dit entre Loire et Rhône. Elle me dit que mon vélo sera très bien dans la chaufferie et m'invite à visiter ma chambre et la maison. Tout me convient parfaitement. La vue est magnifique. Les pièces sont claires, la terrasse est grande et je ne suis pas claustrophobe, aussi j'accepte l'idée de dormir dans cette chambre troglodyte. Dans la salle de bain, une fenêtre faite de briques de verre donne sur la chaufferie où dormira mon vélo. Aujourd'hui j'ai fait 88 kilomètres.
Les chambres n'ont pas de clef, c'est ainsi ! Pour me rassurer, la propriétaire me dit qu'il n'y a jamais eu de problème. La maison est fermée à clef le soir, c'est tout. Le bâtiment est ultra moderne, conçue par un architecte mais la chambre est meublée de façon traditionnelle. Mes hôtes ont beaucoup voyagé: Brésil, Afrique du sud et leur maison en porte la trace.
Dans ma chambre, une petite lampe, très kitch, en forme de coquillage sur la table de nuit. Au dessus de l'armoire, des coraux et des coquillages, tout comme sur le meuble de salle de bain.
Au mur, derrière la tête de lit un "magnifique" poster de mer avec un palmier donnant l'illusion d'une fenêtre ouverte sur le monde. Le monsieur collectionne toutes sortes de couvre-chefs qui ornent les nombreuses descentes d'escalier. Cette maison est un vrai labyrinthe.
Le store de la terrasse est automatique. Il sort dès qu'il y a du soleil et rentre en cas de vent. Il est équipé d'un anémomètre. Je décharge tout mon bardas, prend une bonne douche. Quel bien être ! Le soir, ce gîte ne propose pas de repas et l'hôtesse me propose d'aller au restaurant. Mais il était fermé, tout à l'heure ! Elle me donne leur carte de visite. C'est ouvert, j'irai pour huit heures. Elle me demande l'heure à laquelle je veux déjeuner. Je ne veux pas dire une heure trop matinale mais... 7 heures ? Pas de problème, cet horaire lui va très bien. Pendant qu'elle fait cuire mon riz pour le lendemain elle m'offre à boire du sirop de châtaigne. J'écris dans mon journal de voyage.
La propriétaire offre l'apéro: du vin de noix qu'elle fait elle-même. Un jeune couple de la Sarthe est lui aussi logé dans ce gîte. Lui est en "reconnaissance professionnelle". Il a l'opportunité d'un travail ici et vient tâter le terrain. Il fait du vélo dans sa région mais estime qu'ici, c'est une autre affaire! Le paysage n'est que montagne. Un couple et leur fils d'environ trente ans. Une dame, peintre. Elle a décoré une chapelle de Voreppe.
Propre, reposée, détendue, je pars au restaurant pour huit heures. Le serveur est d'humeur joyeuse. Il plaisante avec les clients. Même si je ne bois ni apéro ni vin, il m'offre tout de même quelques zakouskis frais à base de pâte feuilleté. Tomate cerise, style mini-pizza; persillade; fromage. Je choisis mon hors d'oeuvre: ballottine de volaille pistachée faite maison. Puis saumon en croûte de sel accompagné de rizotto aux cèpes et d'un flan de carottes au curry. Aznavour en discret fond sonore.
De temps en temps je pense à mon sac de vêtements posés sur une chaise au début de mon parcours. Elise n'ira pas le chercher aujourd'hui par crainte des embouteillages. Demain, peut-être? Sinon j'irai moi, lundi.
Mardi
Il fait beau, je prends mon petit déjeuner sur la terrasse où nous attend un petit déjeuner pantagruélique mais peu adapté aux efforts à venir: ni céréales, ni pain complet. Par contre des confitures maison très originales et très nombreuses. Pour la nuit, le petit déjeuner et la conversation des "patrons" il m'en a coûté 33€.
Bernard, je t'ai béni dans les gorges de la Bourne, je te maudirai aujourd'hui ! Ça m'apprendra de te demander de me construire mon parcours !
Challenge du Vercors; une pancarte, que je verrais tout au long de la journée: "Attention épreuve cycliste. Prudence" signé du magazine du Cycle.
Dans le col de la Machine j'allais si lentement... je zigzaguais tant, que je suis tombée ! Moi qui, d'habitude met un point d'honneur personnel à ne point marcher à côté de mon vélo, au pire je m'arrête, posant le pied par terre puis remontante sur l'engin. Mais là; impossible de faire autrement ! Alors pousse que je te pousse le vélo.
Fatiguée ? Pas un problème: l'appareil photo m'invite à prétexter d'une belle fleur (et elles sont nombreuses! Très nombreuses !) pour un petit arrêt.
Ça y est ! Les coureurs arrivent ! Les deux premiers encadrés par moto et voiture tout gyrophare allumé, sirène hurlante pour prévenir et demander à ce que l'on se pousse. La route est à tous. J'ai autant de mérite qu'eux, alors je continue en pédalant lentement. Certains coureurs m'encouragent de la voix, d'autres, souffle réservé à l'effort lâchent le guidon et lève le pouce en signe d'admiration. Leurs supporters, sur le bas côté de la route m'encouragent aussi.
Avant le col de la Machine, le col de Gaudissart. De 277 mètres d'altitude, on arrive à 940 mètres à ce premier col. . Heureusement qu'elle passait exclusivement à l'ombre, cette satanée route, j'ai eu le pourcentage, sans la chaleur. Deux hommes se rhabillent, deux copains de vélo. L'un repart d'où il vient, l'autre continue mais tourne à droite peu de temps après pour ensuite redescendre. Ce dernier m'explique qu'à partir de là, la pente sera moins rude. Effectivement, il a raison. Je redescends à 908 mètres. Pédaler est un peu facile. Ou un peu moins difficile, c'est selon !
Puis arrive ce site magnifique qu'est La Combe Laval. Des à pic vertigineux, des falaises face à nous, un cirque.
Photo du 45è parallèle.
Les coureurs me doublent à vive allure ! Prochain village, Lente. C'est bien ce qui, me caractérise, cet adjectif !
Ça remonte à 972 mètres. Ce col de la machine est une machination contre moi ! Il culmine à 1025 mètres. Je fulmine contre Bernard ! Je me délectais, après tous ces efforts, à l'idée d'une belle descente... Que nenni ! Lente et sa forêt. J'entends un drôle de cri. Un chien ? A mon retour, Elise me dira que j'ai sans doute entendu un brocard en mal d'amour.
Au passage le panneau "Le sapin bronzé" me fait sourire. Une fontaine abreuvoir dont l'eau s'échappe du tuyau en jet dispersé, comme celui d'une douche ! Photo ! Je collectionne les puits, fontaines et abreuvoirs.
L'avant-avant-dernier cycliste me double. Un pas comme les autres, celui-là; envie de causer... Et un fin sac en tissus dans le dos. Mais me double quand même, faut pas croire ! Un peu plus loin, alors que je pédalais (mais oui, parfois je pédale sur mon vélo !) Je le vois marchant et poussant son vélo. Ça alors ! Une voiture s'arrête à son côté, mais il la chasse avec de grands gestes. J'ai beau pédaler lentement, je finis quand même par arriver à son côté.
"Vous avez à boire ?".
"Oui, oui, vous en faites pas !".
"A manger ?".
"Pas de problème !".
"Mais quoi, alors !?".
"J'ai une grosse crampe à la cuisse !".
"J'ai du sporténine®, vous en voulez ? Prenez-en deux comprimés! Si vous êtes contrôlé, pas de problème, c'est de l'homéopathie!".
"Ah, oui! Merci, c'est pas de refus!"
Je lui tends le tube, il se sert. Et je repars. Peu de temps après, ce qui devait arriver arriva: il me redouble!
"Ça va mieux, on dirait!"
"Ah oui! Merci ! En plus tout à l'heure j'avais crevé... Vous acceptez que je vous prenne en photo pour cyclosport.com, je suis leur correspondant ?"
Il rit.
Je crois à une plaisanterie, je ne connais pas ce site, mais j'accepte ! Nous nous disons au revoir. Il redémarre à vive allure.
Un peu plus loin, la voiture balais ramasse tous les panneaux de signalisation de la course. Je suis à nouveau seule cyclo sur la route.
J'ai bien droit à une pause pique nique ! Là où je suis, je domine la route. Du riz cuit dans le gîte par mon hôtesse, elle m'a même donné du persil, à ma demande, une tomate avec un filet d'huile d'olive. Du sel. Mmhh! Quel délice après cet effort ! Le Saint Marcellin, dans sa boîte, a coulé au fond de la sacoche. Un coup de lingette et il n'y paraîtra plus. Il est délicieux. Et pour finir une banane bien mûre saupoudrée de sucre. Pour digérer un thé brûlant. Il faut boire, beaucoup, je me déshydrate, sinon, avec tout ce que je transpire.
Mais ça continue à monter jusqu'au col de Lachau à 1337 mètres, plus encore que celui de La Machine ! Je pose à nouveau parfois le pied à terre... Et je pousse mon vélo. Le mal aux épaules remplace celui des jambes. Je pouvais doucement rêver qu'après cet effort surhumain j'aurai droit à ma récompense. Ni une descente, ni même le moindre petit sanitaire ouvert à la pauvre petit cyclote que je suis ! Interdit de pisser ! Je me venge sur un centre d'exploitation technique du département de la Drôme. Il faudra que j'en cause à mes copains du Rhône ! Les nuages sont bas, il commence à pleuvoir doucement. Rien de bien méchant mais je bâche mes sacoches, pas moi.
Vassieux en Vercors. Est suivi du col de Saint Alexis, à 1222 mètres et tout de suite après du col du Rousset à 1254 mètres, pour le fun ! Un col de plus... Celui là, j'aurais pu l'éviter en tournant à gauche en bas de la descente (enfin une vraie!), mais j'ai tourné à droite. Il ne m'a pas semblé trop difficile. Il pleuviote toujours un peu. Encore un petit besoin. A la station les bars me tendent les bras. La civilisation est retrouvée. Un bon Vichy-fraise, des barres de céréales, la pâte de fuit de mon père. Et c'est reparti ! Un groupe d'une trentaine de motos vrombissantes me double! Bof, moyen comme sensation ! Autant 4 à 5 motos, ça va, mais, là, l'impression d'être envahie: le bruit, la vue, l'odeur, tout y est ! Puis la descente et la presque plaine... Je rencontre aussi un cyclo qui fait parti d'un groupe. Partis de La Londe Les Maures, au bord de la Méditerranée, ils réalisent un circuit mer/montagne. Ils sont accompagnés d'une voiture suiveuse qui porte leurs bagages. Ils dorment là, à l'hôtel. La Londe les Maures, lui dis-je, je connais: j'y fais de la plongée. J'y étais d'ailleurs il n'y a pas bien longtemps !
Rousset en Vercors. C'est la fête de la nature, comme, dans d'autres communes et même aux Champs Elysées à Paris. Ici, elle bien modeste. Quelques stands. Kermesse.
Je craque pour un troupeau de brebis et d'agnelets tous frais sortis des entrailles de leurs mères, frêles sur leurs pattes grêles.
Le hameau de la Britière sur la droite et sa jolie chapelle grimpée sur une petite mais abrupte falaise.
Un panneau sur un bâtiment ancien porte une plaque: laiterie bombardée par les allemands.
Saint Agnan en Vercors. Tout droit, ou à gauche ? Les deux routes vont à Saint Martin en Vercors. A gauche encore un col, ou plutôt un Collet, puisque c'est son nom ! Bon, allez, ça m'en fera un de plus, même s'il ne fait QUE 878 mètres d'altitude. De la gniogniotte, à côté de ceux que je viens de franchir ! Petite boucle supplémentaire et hésitation entre deux routes. Vive les cartes IGN® !
Vers La Chapelle Saint Martin, les narcisses étaient inaccessibles à l'objectif de mon appareil photo, dommage !
Encore combien de kilomètres suis-je capable de faire ? Ce qui est sûr, c'est que je n'irais pas jusqu'au col de Chalimont, ça non ! 6 cols (et quels cols !) dans une journée, je crois que ça me suffira bien ! Je vais jusqu'à Saint Martin en Vercors ? Bof, non ! Finalement, le hameau des Moreau en direction de Tourtre semble bien doté en Gîtes. Allez, va pour Tourtre ! Je m'adresse à une personne, afin de savoir s'il y a des gîtes libres. Je demande à une dame qui fait visiblement partie d'un groupe de marcheurs, à l'étape aux Moreau. Ils louent un gîte où, officiellement il y a de la place mais ils se sont si bien étalés qu'il va leur falloir se pousser si je veux m'installer. Cette personne m'indique que le propriétaire est un peu plus haut. Je vais à sa rencontre. Il me propose un gîte entièrement vide où 15 à 17 personnes peuvent être hébergées ! Mon vélo aussi trouvera sa place. Le tout pour 14€ la nuit ! Au rez-de-chaussée, une salle de bain avec baignoire et w-c; cuisine avec évier, buffet, gazinière, frigo, chaises et table; une pièce avec canapé, table, chaises et buffet; une autre pièce avec canapé, table, chaises et buffet. A l'étage, deux chambres avec lits deux places, lits une places et lits superposés ! Tout ça pour moi ! Il fait entrer mon vélo dans la pièce qui donne directement accès vers l'extérieur. Finalement, je n'utiliserai que la salle d'eau, l'évier et la gazinière de la cuisine et cette pièce. Inutile de m'étaler.
Le temps de bien m'installer... ouf ! Les nuages s'essorent sur le paysage. L'orage durera bien une demi-heure et il pleut à grosses gouttes. Finalement, j'ai bien fait de ne pas poursuivre ma route ! Je regardais la pluie tomber, bien à l'abri.
Un troupeau de vaches que le paysan du village conduit sur la route tournent devant la maison où je suis hébergée. J'ouvre la fenêtre, je les vois passer sous mes yeux et surtout j'entends le paysan les pousser avec son aiguillon. Il porte un grand parapluie noir, il semble bien énervé, il est très vulgaire avec ses bêtes qu'il abreuve de mots grossiers et insultant.
Puis je déballe toute mes affaires et après une bonne douche, je note sur mon carnet de voyage les éléments intéressants de la journée. Un peu de lecture. L'orage est fini.
Je pars me promener. Je laisse tout, n'emmène rien sauf l'appareil photo. J'oublie de fermer, nous sommes à la campagne, non ? Le soleil est revenu et la campagne, humide, est belle resplendissante. L'eau du torrent bouillonne.
Deux escargots, un jaune lisse et uni, l'autre rayé marron et jaune montent le long de deux tiges parallèles. Une pancarte: "foie gras". Je cherche la boutique, elle est fermée le dimanche. Mince ! J'aurai pu en ramener à Elise et François. Au fait, sont-ils allés chercher mes vêtements chauds laissés sur la chaise ? Ils ont du prendre l'orage ! Tant pis, je les ferais sécher !
Une colonie (ou plutôt une classe verte) revient de ballade. De retour vers le gîte la montagne est belle. Des lambeaux de brume montent du sol, je prends la photo. Une photo aussi pour ma collection de fontaines et abreuvoir. Le jet ressemble à celui de la fontaine prise en photo au cours de mon ascension du col de la Machine.
Cette route est plus passante que je ne l'aurai imaginée ! Des voitures, souvent, et même un car !
Comme le soleil est revenu, je sors une chaise et je lis au soleil. Puis je mange là, toujours au soleil. Velouté de champignon en poudre (...), encore du riz. Il sera moins sec car je le mange avec du maquereau à la tomate en conserve. Très pratique, les poissons en conserve: pas cher, protéiné et compact. Il reste du fromage. Tout à l'heure, à midi, je l'ai mis dans la boîte où était le riz afin qu'il ne coule plus. Et pour finir, une pomme et une tisane. Il ne me reste pas grand chose. Pour demain matin j'ai encore du pain, je mangerai de la confiture. Mais demain, lundi de pentecôte, trouverai-je une boutique ouverte ? Une tomate à voler dans un potager ? Je ne mourrai pas de faim. J'ai beaucoup de barres de céréales, de la pâte de fruit, de la soupe. Qui vivra, verra !
Il est tôt mais je vais me coucher. Je lis encore un peu: le soleil, lui, n'est pas encore couché, il n'y a pas de rideau. Demain je vais me réveiller tôt, tant mieux ! Finalement, réveillée à 6 heures, je pars à 7 heures. Une fois tout rangé, bien équilibré dans les sacoches, je sors le vélo, ferme la porte, et c'est parti !
Mince, à peine partie, je déraille. Pas grave ! Il fait frais. La route est belle. Saint Martin en Vercors, sortie du village. Il est tôt, tout le monde dort. Puis, première route à droite ! Altitude 829 mètres.
Le paysage est sous la brume, je fais de nombreuses photos. Un paysan, très âgé, coupe du bois à coups de hache. Bravo ! Quel courage ! Il me renvoie mon compliment. C'est que ça attaque raide, la montée! Mais je préfère cette montée car la vue est dégagée, contrairement à celui du col de la Machine. Les oiseaux chantent. J'aime écouter leurs chants. Certains semblent se répondre, c'est parfois amusant.
Un panneau explicatif sur la faune au bord de la route prévient les escaladeurs que les faucons pèlerins ont fait leur nid sur les parois abruptes et qu'il ne faut pas les déranger. Pour repartir sur le vélo, je zigzague et me fait une belle frayeur: la roue avant s'est arrêtée dans la boue à quelques centimètres de la pente abrupte. Donc, je pousse le vélo. De temps en temps je remonte dessus. Ça monte bien. Je suis déjà à 1211 mètres et je suis partie depuis peu. Le col de Chalimont, lui, est à 1365 mètres d'altitude.
La route redescend, puis remonte sur Villard-de-Lans.
Elle est agrémentée d'un chemin de croix que le chanoine Jacques Douillet, curé de Villard de Lans a conçu. Il l'a réalisé en juin 1944 avec ses paroissiens en souvenir du 16 juillet 1944. Les Allemands, après avoir incendié St Nizier, investissaient Villars. C’est alors que la paroisse fut mise sous la protection de Notre-Dame. Ils lui firent vœu de célébrer désormais solennellement le pèlerinage de Valchevrière, par un chemin de croix auquel prendrait part la population, tout au long des huit kilomètres de la route.
De ce fait, les stations du chemin de la Croix portent, ` gravés dans la pierre, les noms des jeunes gens qui trouvèrent la mort dans les combats du Vercors. J'en verrai quatre et en photographierai trois.
Chaque station est une peinture pieuse, colorée comme une icône, surmonté d'un petit toit. Dessous, une plaque gravée. Sur la première, ce texte : "Pour la liberté, la justice la dignité de l'homme, pour la France et la Pologne, sont morts au champ d'honneur, ont souffert dans les prisons et les camps de concentration les professeurs les élèves les employés du lycée polonais de Norwig (?). Puis le même texte en polonais. Villard de Lans 1940- 1946. Sur l'autre, une autre peinture et ce texte: "Souvenez-vous de Saint Vincent". Ce chanoine est décédé le 19 décembre 2007.
Ensuite, c'est plat ou presque. A Lans en Vercors, je m'arrêterais dans une épicerie. Elle n'a plus de tomate. J'achète une banane et des sardines. Je m'arrêterais un peu plus loin pour manger. Mais avant, ça urge, une pause pipi devant une maison dont tous les volets sont clos et où l'herbe a envahi le jardin.
La route fait un grand virage à droite. Je prends le chemin qui part sur ma gauche. Peu de visibilité sur les véhicules qui arrivent en face. Oups ! Je m'arrête à temps. Le chemin monte raide, il domine la route d'un côté, la vallée de l'autre. Il avance dans un bois de conifères. Des souches feront l'affaire. J'ai une chaise ! Je me régale de mon frugal repas. Encore du riz ! Et toujours un thé pour accompagner mon dîner. Une petite sieste réparatrice. Je remarque des pousses de conifère: une puis deux, puis trois et quatre. Je les ramasse et les mets dans le pot qui a contenu mon riz. Je les planterais en arrivant chez moi. Nous avions un beau mélèze dans notre jardin. Il soulevait le portail que nous n'arrivions plus à fermer. Il n'a pas résisté à la tronçonneuse...
Saint Nizier du Moucherotte : commune médaillée de la résistance. En 1986, un pacte d'amitié a été signé liant les 17 communes médaillées de la Résistance. Cette relation privilégiée est désormais institutionnalisée dans le Comité national des collectivités territoriales médaillées de la Résistance française. J'ignorais que cette médaille pouvait s'attribuer à des communes. Voyager est très instructif ! Les voyages ne forment pas que la jeunesse. J'ai eu 50 ans cette année. Gabin n'a t-il pas dit: je sais que je ne saurais jamais.
A Saint Nizier se trouve les rocher des trois pucelles. En contrebas, la commune d'Engins où je suis passée le premier jour. "Les trois pucelles regardent l'engin" me dira une amie...
Après Saint Nizier, une descente de toute beauté: paysage, revêtement de la route, griserie de la vitesse ! Un vrai bonheur! Au passage un lieu dit au nom mystérieux: "La tour sans venin"...
Voilà la VILLE, la vraie. Et moi j'hésite sur la route à prendre. Des pistes cyclables. Et même un cyclo à qui je peux me demander mon chemin. C'est tout droit puis à gauche.
Monotone ville de la banlieue de Grenoble, ignobles lignes droites, zones pavillonnaires puis industrielles. Seyssinet. Sassenage. Noyarey. Heureusement, à droite, une belle montagne, aux rochers plissés penchés devant un beau ciel bleu me remonte le moral.
Je téléphone à Elise. Je lui dis que je l'attends au rond point... Sur la pelouse d'un Mac Donald... Moi qui aime si peu les fast food, je m'enfile le plus grand coca cola qui existe, avec plein de glaçons ! Je ne veux pas refaire le col de la Placette, je l'ai déjà fait. Et puis 10, c'est un chiffre rond.
Je détache les sacoches du vélo. La rando est terminée. Je suis heureuse.
J'aide François à mettre mon vélo dans la remorque et c'est en voiture que je refais le dernier col. En arrivant, nous faisons un tour du jardin. Je reprends le sac laissé chez eux. Et nous buvons l'apéro, Elise et moi tandis qu François coupe du bois dans son atelier. L'odeur du sapin coupé ! Je leur dit au revoir et pars, avec ma voiture chercher le sac de vêtements chauds. Finalement, il n'aura pas plu et ils sont secs. Je remercie la locataire de la vieille dame et la charge de transmettre mes remerciements à la propriétaire.