biographie

Publié le 23 Novembre 2022

Est-il possible d'écrire des vies comme d'autres les peignent ? 

 

J'adore que les gens me racontent leur vie.

 

Des vies de travail, des vies puissantes, leur double vie, leur vie en pièces, leur vie entre équilibre et cohérence et parfois même leur vie en fanfare.

 

Mais de quoi parlent-ils ? Et quelles questions leur poser pour qu'ils se dévoilent ? Comment faire pour gratter le vernis derrière lequel ils se cachent ? Comment les amener à raconter les désordres dont ils ont été les auteurs ou les témoins ?

 

Comment dépeindre ces vies en mots, en couleur, en noir et blanc, en relief, en long, en large et en travers, repartir en arrière, raconter ses regrets, ses « si j'avais su », « j’aurais dû », « je n'ai pas su ».

 

Dire son corps, ses heurs, malheurs, bonheurs, ses accidents, sa croissance, le bien ou le mal que fait le travail sur ce corps malmené.

 

Exprimer ses joies, ses bonheurs, ses moments de tendresse, d'exultation et d'exaltation qui donnent envie de rire, de courir, de bondir.

 

Et ses moments d'abandon, où l'on jette l'éponge, où on se terre au fond de son lit ou dans la cave, où l'on n'ouvre à personne, où le téléphone sonne, sonne dans le vide et l'où n'avance pas la main pour répondre.

 

Se souvenir de ses voyages aussi. Ceux, minuscules de la maison à l'école, ou, grandiose, une croisière en voilier en Méditerranée. Familial, quand on suit les parents, contraints et forcés dans leurs différentes mutations dans la même région, le même pays, voire même « à l'international » comme l'on dit maintenant et que l'on perd, chaque fois, tous ses amis. Ou, minuscule encore, de la petite graine à l'arrivée toujours miraculeuse d'un enfant tout bien fini (ou pas !) avec ses deux bras, ses deux jambes, ses dix doigts de mains et de pieds et même, avec un peu de chance, une belle chevelure.

 

Le temps béni de l'école, où, chaque jour apprendre de nouvelles choses avec gourmandise est un véritable bonheur ou, honni l'on se désespère de ne rien retenir et où l'on voudrait apprendre la menuiserie dans cet atelier qui fleure bon le bois frais coupé réservé aux garçons, plutôt que la couture et le cartonnage, pour les filles.

 

Et les amitiés ? À la vie, à la mort, les bagarres de cour d'école, les amitiés masculines et féminines, l'amitié-amour où les sentiments se mêlent et la franche camaraderie, les batailles de polochon dans le dortoir, les confidences mais les trahisons aussi.

 

Et les amours ? Petit enfant de cinq ans deviendra grand, son amour grandira avec lui. Chagrin d'amour de quinze ans. Amour passion de seize ans. Et puis la vie de couple, ses hauts et ses bas, avec ou sans enfant, avec ou sans séparation. La vie jusqu'à la mort de l'être aimé, jeune ou âgé.

 

Et vous, voulez-vous me raconter qu'elle est votre vie, d'hier, d'aujourd'hui et de demain ? 

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Biographie

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Publié le 7 Octobre 2019

Mon métier, biographe, me permet de belles rencontres ! Et pour celui qui me raconte une partie de sa vie, une carrière professionnelle, ou une vie toute entière, faite de petits ou de grands événements, liés à la petite ou à la Grande Histoire, c'est parfois un soulagement, souvent une délivrance, un plaisir, même si ce n'est pas toujours facile !

Une biographie ce peut être un beau cadeau que l'on se fait à soi-même, ou que l'on offre à un proche, un ami, un frère, un parent, seul ou à plusieurs.

Une biographie ce peut être aussi l'histoire d'une association, d'une entreprise, d'un lieu, d'une maison que l'on quitte ou que l'on achète. 

Une biographie peut permettre de commémorer une date, de fêter un anniversaire, de témoigner pour laisser une trace.

Un biographie, cela peut se faire en une heure, pour un texte de quelques pages ; en un mois si l'on se voit plusieurs fois; en un an si l'on veut en faire un livre. 

Une biographie c'est se rencontrer et se raconter. Mais ce peut aussi être un texte que l'on a écrit, un carnet de voyages, un journal que l'on tient, un manuscrit ou des correspondances retrouvées au fond d'un grenier. Une biographie ce peut être retravailler son écriture pour en faire une présentation agréable à lire, sous la forme d'un livret, ou d'un livre.

Une biographie peut être émaillée de documents, de photos.

Une biographie, c'est mettre en mots, c'est transmettre, c'est se retourner sur son passé pour envisager un avenir serein.

 

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Biographie

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Publié le 27 Mai 2014

Fuites

Le titre, « Fuites » s’inspire de « Eloge de la fuite », du professeur Laborit

Pourquoi ce titre ?

Enfant, il a toujours eu tendance à foutre le camp. La fuite en avant. Des autobus partaient de la ville et allaient jusqu’à V., le village de sa bonne maman, à une trentaine de kilomètres de là. Il a à peine sept ou huit ans et il connaît tous les chauffeurs de bus. Il ne prenait jamais l’autocar le plus direct, préférant vagabonder, pour finalement toujours arriver à destination.

Sa famille était, comme chaque année, en villégiature à M. Un jour, s’il n’avait pas été rattrapé à temps, il partait avec un cirque, entraîné par un gars un peu plus vieux que lui ! Ils s’étaient cachés sous des bâches, dans la paille. C’est comme cela qu’il était heureux !

La fuite c’est la rupture, c’est le moyen pour lui de vivre ce qu’autrement il ne pourrait pas vivre, c’est se retrouver, c’est prendre conscience de soi. C’est le symptôme peut-être le plus visible de sa souffrance, la maniaco-dépression. Il aurait voulu demander à Aznavour « Emmenez-moi au bout de la terre » et aurait volontiers chanté avec Henri Salvador « J’aimerai tant voir Syracuse ».

En Algérie encore, A est toujours pris par son démon. Il ne peut s’empêcher de prétexter des visites à des amis pour partir, plus loin. Le jeudi, jour sans école, il prend l’autobus et va vers les villages de B. rendre visite aux enfants dont les parents.

Par contre, il était dans un état d’abattement. Quand il est dans cet état, il se sent comme le poète, Gérard de Nerval dans son texte, El Desdichado : Je suis le Ténébreux, -le Veuf- l’Inconsolé, / Le prince d’Aquitaine à la tour abolie : / Ma seule étoile est morte, -et mon luth constellé/ Porte le Soleil noir de la mélancolie. // Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’a consolé, / Rends moi le Pausilippe la mer d’Italie, / La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé, / Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.// Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?/ Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ; / J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…// Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron : / Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée/ Les soupirs de la Sainte/ et les cris de la Fée. El Desdichado a été composé au cours des années où les troubles psychiques de Nerval lui ont valu plusieurs internements dans la clinique du docteur B. avant de déboucher sur le probable suicide par pendaison. Ce poème se nourrit de toute la vie réelle, confuse, rêvée, recomposée de son auteur. Placé en tête du recueil, il possède une valeur introductive certaine cherchant à orienter la lecture de cette insolite compilation, étrange ouverture sur ces étranges arcanes que sont Les Chimères.

Il se sent proche, aussi, de Baudelaire : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ». Passages à vide, langueur.

Il se retrouve bien dans le texte des Mille et une nuits et il se souvient de passages où justement les héros, des princes, sont dans cet état là.

Voyages et escapades

Voyages réels, voyages imaginaires.

« L’éloge de la fuite » de Jacques Laborit, psychanalyste, est un livre dont il se sent très proche. Il ne se sent bien que quand il fuit. Il se sent obligé de toujours se remettre en cause. Faire des voyages est enrichissant. Grâce au voyage, que ce soit à pied, en voiture, en train ou en bateau, tu te trouves devant la nécessité de te remettre en cause. Partir à la rencontre de l’inconnu, pour lui, est essentiellement structurante. Ce ne sont pas obligatoirement de grands voyages, ce peut être de petits machins. Celui qui ne voyage pas perd quelque chose pour son enrichissement personnel.

Il est angoissé quand il est obligé de rester sur place. Il a usé trois camping-cars, plus des bagnoles. Il regrette de ne plus pouvoir conduire et d’avoir été obligé de vendre son camping-car.

Petits voyages

En France

Paris et sa région

« J’aime me promener sur les grands boulevards, y’a tant de choses, tant de choses à voir ! » chantait Yves Montant.

Nul besoin d’aller loin pour voyager ! Quand il est rentré d’Algérie, il a étudié dans deux lycées. Mais ce qu’il aime le mieux c’est se balader des heures et des heures durant, des kilomètres et des kilomètres en marchant dans Paris. Ce n’est pas comme à Lyon, même si les bords de Saône et le quartier Saint Jean sont beaux et agréables. Mais Paris !

Avec la petite serviette de l’étudiant qu’il fait semblant d’être, il déambule dans Paris, buvant, ici une petite bière, là, un café. Partir de la cathédrale de Saint Denis, pour arriver à Ivry, en trottant toute la journée. La rue Rambuteau, un quartier où tu peux t’arrêter, parler avec ses habitants. Les petits bistrots, les grands cafés, Montmartre. Se retrouver au le café de Flore. Les petits marchés, en particulier celui de la rue Mouftard où il va avec son frère, un grand passionné de cette rue : il connaît tous les commerçants et dépensait un fric fou pour acheter poisson, charcuterie, et des vins aussi peu connus que ceux de l’Auvergne. Ecouter et voir les gens vivre…

Il aurait bien écrit un bouquin, rien que sur Paris, le charme parisien, absolument unique. Il se demande ce qu’est devenu Paris, aujourd’hui et veut le garder tel qu’en son souvenir.

Quand il a passé son bac, entre deux révisions, il va se balader en solex pour se détendre. Il est allé jusqu’à la vallée de Chevreuse, celle de la Bièvre, il a traversé la forêt de Verrière. Ces routes passent devant la maison de Sainte Beuve, ou d’Alexandre Dumas. Il pourrait ainsi faire une liste des écrivains du dix-neuvième siècle qui avaient leur maison dans cette région. Il a cheminé dans un sentier rendu célèbre par Victor Hugo dans « Tristesse d’Olympio » et qui mène à la chaumière de l’un de ses grands amours, Juliette Drouet. A Jouy en Josas, la famille Oberkampf fabriquait la célèbre toile de Jouy, une étoffe renommée dans toute la France. En allant au château de Dompierre, il a salué la mémoire de Louise de Vilmorin et d’André Malraux. Et en prenant la vallée de l’Yvette, c’est à Elsa et à Aragon qu’il songeait. Plus loin encore, Pascal a fréquenté ces chemins au fond de la vallée de Chevreuse.

Le théâtre au festival d’Avignon et ailleurs

Là encore, nul besoin de partir loin ! Partir en train à Avignon, le solex en bagage accompagné lui suffit ! Dès 1965, il part à la rencontre de ce haut lieu culturel. Spectacles, rencontres avec le plus d’acteurs possibles, débats dans le jardin d’Urbain V, voilà ce qu’est le festival d’Avignon. Il fait du camping sauvage sous la toile de tente installée au pied du pont du Gard car, si la ville et le festival sont splendides, le camping, lui, n’est pas brillant !

Il se souvient de ratatouilles fameuses mangées entre deux débats et deux rencontres. Il visite toute la Provence, seul, et à solex.

La deuxième année, ilest parti au festival d’Avignon avec la voiture de son père.

Il aime le théâtre et est passionné par les textes de théâtre qu’il lit avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. Il se souvient des textes classiques aux éditions Vaubourdolle, des livres blancs aux illustrations parme. Il est aussi abonné à des revues pour pouvoir se tenir informé des pièces plus récentes, en particulier une revue, « 34 », éditée par les communistes. Il lit même les pièces de boulevard et les revues de cinéma. Il est assez calé en matière de cinéma !

Port-Vendres vers Cerbère à Oran. Avec ses parents, il monte sur le « Président de Cazarès », un navire qui fait la traversée. Là, sur le pont il croit rêver : il voit, il approche une très grande actrice, Ludmilla Pitoëff. Elle est accompagnée d’un acteur, Jean d’Ide. Elle lui fait un petit signe. Le théâtre est déjà très important pour lui. Il lit des revues équivalentes à Avant Scène aujourd’hui et des pièces de théâtre. Il va au théâtre du Capitole avec l’école et il adore cela. Pour lui, Ludmilla Pitoëff, c’est l’aristocratie du théâtre, comme plus tard, Barrault et Renaud.

Ils prennent le train et vont à Sidi Bel Abbes. L’actrice tant admirée y joue une pièce. « Miss Marbeul », croit-il se souvenir, d’Agatha Christie. Pas une grande pièce, mais enfin ! Son père, sachant qu’il vibre dès qu’il est question de théâtre l’y emmène. Et puis, ô merveille, il la rencontre dans sa loge. Un moment inoubliable. C’est une petite bonne femme de rien du tout mais une si grande actrice !

Il aurait rêvé faire du théâtre, mais, il n’a jamais pu réaliser ce rêve. Pourtant, à Alger, vers l’âge de douze ou treize ans, il est abonné aux soirées du Crad, une association théâtrale très développée. Ce sont ses parents qui le déposent en partant au travail. Il se rend souvent les jeudi après-midi salle Borde où ont lieu de nombreuses représentions. A la fin de l’année, les abonnés étaient invités à une soirée à l’Opéra. Il a ainsi pu assister à une tragédie. Il adorait cela !

Madame faisait venir des comédiens qui passent à Radio Alger. Elle fait même venir des comédiens de France comme Pierre Vannync qui joue le Cid, Daniel Gelin qui interprète Poyeucte, Jacqueline Morane ou Jean Marcha de l’Académie Française. Comme ils n’ont pas la télévision, il les écoute le dimanche soir sur le poste de ses parents. Parfois, ils interprètent des pièces policières.

Le samedi après-midi, en sortant de l’école, son père, sa mère et sa grand-mère viennent le chercher en quatre chevaux Renault. Ils vont au cinéma, au cirque, ou voir Les Platters chanter Only You.

Plus tard, étudiant, il fréquentera le TNP.

Antoine Vitez, metteur en scène et acteur maintenant connu comme un très GRAND metteur en scène rendait visite à Edmond quand ce dernier habitait Ivry. Antoine Vitez venait d’être nommé au théâtre des quartiers d’Ivry, d’anciens bains-douches transformés en attendant la construction d’un autre théâtre, au centre Jeanne Hachette. Il avait une idée d’un théâtre populaire de très haute qualité. Pour la première représentation, il a mis en scène « Bérénice », de Racine. « Bérénice, de Racine, tu crois que tu vas remplir une salle, avec cette pièce !?? ». Le théâtre est au bout de la station de métro, Vitez était déjà connu, le théâtre était plein à craquer, un vrai succès !

La Bretagne

Il part, en Bretagne, dans le vieux camping-car qu’il a acheté d’occasion. Un jour, les roues se sont enterrées dans le sable particulièrement fin de la plage du Rhuys. Des dépanneurs l’ont tiré avec des cordes.

Au Rhuys court une légende, ou « comment boire le vin de Rhuys » ? Il faut être trois : deux pour tenir l’un le bras gauche, l’autre le bras droit, et le troisième pour ne pas reculer.

Il a poussé jusqu’à la pointe du Raz.

Il fait du camping sauvage. II n'avait pas peur de dormir la nuit, ainsi isolé.

Il est ensuite retourné en Bretagne.

Et, à nouveau, une autre année, il a rendu visite à son frère

Les Pyrénées

Dans son enfance, vers l’âge de sept ans, il a dû passer six mois dans les Pyrénées, dans le massif de la Maladeta car il avait les oreillons. On ne savait pas soigner autrement cette maladie qu’en envoyant les patients à la campagne ou à la montagne. Son père a cherché une maison à louer pour sa femme et son fils. Le premier contact a été le bon.

Ils se sont donc installés dans cette maison située près d’un vrai torrent, impétueux, appelé la Pic descendant des hautes montagnes espagnoles, passant près de Luchon et qui, un peu plus loin rejoint la Garonne. Son père venait les rejoindre le week-end.

Pour lui, c’est son premier contact avec le pays cathare et les montagnes pyrénéennes. Dans cette région, et plus encore vers la frontière espagnole se dressent encore de nos jours d’impressionnantes bâtisses, appelée « châteaux du vertige », comme celle du Puy Lorens. Elles avaient pour objectif de protéger la frontière française des invasions des arabes à l’époque de Charlemagne. En réalité, ces châteaux ont peu servi car l’invasion maure était davantage culturelle que guerrière et militaire. Il revoit le film, Le Destin quand il pense à ces forteresses.

Beaucoup plus tard, ces bâtiments ont servi de refuge aux membres d’un mouvement religieux, tout à fait pacifique appelé les cathares. Le catharisme est une secte, ou une religion. Elle a été importée de quelque part vers la Croatie et est une sorte de dérive de la religion appelée Bogomile. Elle s’appuie sur une conception du monde dualiste où n’existent que le Bien et le Mal. Ils arrivent en famille. Les prêtres se nomment eux-mêmes « les Parfaits ». Les cathares sont pacifique mais leurs conceptions qui sont quelques peu différentes de celles des catholiques ont déclenché une répression horrible selon l’adage de « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens », à l’origine de l’inquisition. Les cathares vont s’enfuir et se réfugier dans ces fameux châteaux alors plus ou moins à l’abandon. Les seigneurs sont plutôt pour les cathares. Alors, qu’au départ, ils sont une minorité, tout le peuple gascon et pyrénéen se soulèvera au côté des cathares. La répression trouvera son apogée au pic de Montségur. Cette Histoire, avec un grand H marquera à jamais l’état d’esprit des gascons et, encore maintenant, l’esprit de la rébellion est ancré en eux. Une émission de télévision, « Les cathares » animée par Castellot et Decaux retrace très bien cette épopée.

En partant de Givors

Quand il part habiter R, dans le département du Rhône, tous les week-ends il part en ballade en camping-car en Haute Loire, Camargue, Massif central ou en Bourgogne. Cette ville est un bon point de départ pour quelques escapades.

A l’étranger

Bosphore, Turquie, Tunisie

Il s’y est rendu à deux ou trois reprises.

Italie

Escapade dans les Cinque Terri (Cinque Terres)

C’est à côté de Gênes, un lieu complètement isolé et pourtant très proche de la côte extrêmement fréquentée. On peut rouler longtemps sur la route qui t’emmène vers Florence ou Rome. Une route aux tunnels innombrables et interminables, une route étroite, où l’on peut tout juste se doubler. Une route de laquelle on aperçoit les villages accrochés, comme suspendus au dessus de la mer. Edmond, penché, sur la balustrade, au dessus de l’eau, la nuit qui commence à tomber, une musique, un chalutier qui passe au loin. Le cadre et l’ambiance de ces lieux l’ont vraiment enchanté. Les vignes, à peine entretenues descendent jusque dans la mer. Une image formidable à jamais enregistrée dans sa mémoire ! Et des recherches, pour trouver un terrain plat, pour le camping-car ! L’escapade se finit à Venise, pour la ixième fois !

Une autre escapade, à Gargano

Presque au niveau de Brindisi, au bord de la mer Adriatique et toujours en Italie. Et encore des villages perchés resserrés au sommet de collines dominant la mer. Mer dans laquelle il fait un effort infructueux de pêche sous marine : il a faillit attraper des langoustes ! Et toujours le retour par Venise, chère au cœur d’Edmond, De passage dans les Pouilles, pas plus qu’à Tanger, d’ailleurs, ils n’ont séjourné longtemps. Juste le temps d’effectuer la dantesque montée du Vésuve et de visiter Naples et la Solfatara, là où la terre passe son temps à bouillir. Ils ont dormi au camping Solfatara.

San Geminiano.

Une ballade au centre de l’Italie, et tout particulièrement une visite à San Geminiano. San Geminiano et ses tours, puis Florence, Pise. La Toscane, quoi ! Ses collines… Lieu d’harmonie incomparable. Tellement de choses ont été dites et écrites : inutile d’en rajouter.

Ravenne

Il s’est rendu à Ravenne,

Florence

Il est aussi aussi allé à Florence en train. Il est resté une semaine pour visiter la ville et ses environs.

Il s'est baigné dans l’Arno, une rivière, juste en dessous du Ponte Vecchio. Ce qui l'a le plus impressionné, ce sont les sarcophages égyptiens, au musée des archives. C’est d’ailleurs à Florence qu’il se souvient avoir mangé des fraises magnifiques, ramassées au cœur des espaces verts des palais florentins !

La Sardaigne

Quand il militait à l’Union des étudiants communistes, il était proche de la conception des pro-italiens, il aimait bien Togliatti. Togliatti, secrétaire général du parti communiste italien ayant précédé Berlinguer. Il est donc parti visiter la Sardaigne avec un groupe de pro-italiens. Il a rencontré un bandit de Sardaigne, celui du film « Bandito Orguloso ». Orguloso était le nom d’un village, dans le massif de Gernan Gentu. De son état, il était barbier et il valait mieux ne pas se faire raser la barbe par ce barbier-là ! Il faisait partie d’une bande, des bandits d’honneur, des communistes qui se déplaçaient à cheval, le fusil sur l’épaule. Ils volaient des porcetti, (des petits cochons de lait) aux riches propriétaires terriens. Edmond a même été invité à une fête où l’on rôtissait un porcelet, un régal !

Venise

Il l’a vue et revue plusieurs fois. Sous la neige, ses canaux pris par les glaces, dans la brume ou le soleil.

Il s’y est rendu en voiture, en camping-car ou en train. Quand on vient de Lyon il faut s’arrêter à Dijon et prendre une correspondance venant d’on ne sait où, une sorte d’Orient Express, un train un peu particulier.

Il y a dormi à l’hôtel et dans son camping-car.

La magie de cette ville le touche davantage dans ses petites rues, parmi ses canaux, que sur ses grandes places, comme la place Saint-Marc où s’entassent des milliers de gens. Il aime le quartier de l’Arsenal. Il lui est difficile de dire pourquoi il qualifie cette ville d’ensorcelante. Quand il voit Venise, il pense à Hugo Pratt et à son héros préféré, Corto Maltese. Il s’imagine aussi dans « Senso », le film de Visconti où une femme s’y perd pour l’amour d’un soldat autrichien.

C’est une cité qui a un côté indéfinissable. Ce n’est ni la richesse ni l’opulence qui la caractérise. Ce sont plutôt ses couleurs, le fait qu’elle tienne encore debout, on ne sait pas ce qui va s’écrouler, ni ce qui va tomber un jour. Même ses palais les plus riches sont pourris, en bas, là où ça ne se voit pas. C’est une ville éternelle, elle existe, elle perdure dans le temps.

L’atmosphère qu’il préfère sans doute, c’est lorsque le brouillard s’étend sur le quartier Giudecca. On ne sait plus très bien où l’on est, dans une partie lointaine de l’Italie ou encore à Venise. Le quartier des usines, du port pétrolier, devient intemporel.

Il aime chercher les petits restos par chers, mais impeccables. Pas ceux de la place Saint Marc, là-bas, ils ne servent que de la bouffe pour les allemands. Non, il faut foutre le camp du côté de l’Arsenal, dénicher les places minuscules et désertes ; les ruelles où tu peux imaginer qu’à tout moment tu vas te faire égorger au premier carrefour ! Il existe même des restaurants où les tables sont carrément installées sur un pont. Dans ces quartiers, à l’abri de l’afflux des touristes existent des ateliers où l’on fabrique des masques. Ces masques derrière lesquels on se cache quand vient le carnaval et qui renforce encore l’atmosphère de mystère.

Mais il n’existe pas que l’Italie pour voyager !

La Hollande et la Belgique aussi sont à voir !

Bruxelles, Anvers, Amsterdam, Rotterdam. Pour lui, c’est partir à la découverte de ses origines ancestrales. Il avait bricolé l’Ami 6 de telle façon qu’il pouvait y dormir. Quand on voit les maisons de couleur à Bruxelles, le long du canal, on sait dans quelle région on se trouve ! Bleu vif, ou rouge brique, blanc. Et la bouffe ! La bière accompagne volontiers frites et saucisses, même à dix heures du matin ! Par contre, il n’a jamais osé goûter l’un de ces poissons crus, que les marchands vendent et qui sont suspendus à des cordes.

C’est au nord de la Hollande, sur un pont qui passe au dessus des polders, en traversant le Südsee, qu’il a bousillé la bagnole de son père. Il voulait aller jusqu’à Croninge et a cramé le radiateur. Il manquait d’eau, certainement. Il est arrivé à Zwolle, capitale de la province d’Overijessel. Une ville industrielle énorme. C’est là qu’il la laissée en réparation. Il est revenu en France par le train. Il s’est retrouvé dans un wagon où des diamantaires négociaient leurs pierres précieuses !

Comment lier militantisme et goût du voyage ?

En rendant visite aux ouvriers en grève dans deux hauts lieux de batailles syndicales : Besançon lors de la grève à l’usine horlogère Lipp, et Longwy, dont les ouvriers se sont battus pour empêcher la fermeture des hauts fourneaux.

Il a voulu voir de ses propres yeux Longwy, cette ville sinistrée par le grand capital. Il s’y est rendu, seul. Il s’y est « baladé », n’a pas vu grand-chose de ce qu’il s’y passait, n’a pas pu comprendre grand-chose, non plus. Ni la réalité des ouvriers, ni les conséquences historiques. Tout comme pour Manufrance, à Saint-Étienne, il en a surtout saisi la nature symbolique : l’effondrement des trente glorieuses. Comme beaucoup, il a cru que ce n’était qu’un accident de parcours, il n’a pas vu qu’il ne s’agissait que des signes avant-coureurs de la crise, profondément ancrée maintenant.

Tous les bateaux qu’il a pris pour traverser la Méditerranée

Son premier bateau, le « Président de Casali » qui l’a emmené de Marseille à Alger. Puis le « Ville d’Alger », pour le voyage de retour. Il se souvient aussi du « Ville d’Oran », quand il s’est rendu dans cette ville, en partant de Marseille. Il est monté sur le « Kairouan » d’Alger à Marseille. Il a voyagé de Tunis à Palerme sur un navire dont il ne se souvient pas du nom, puis de Palerme à Gêne, un grand port. Il avait douze ans. Son père avait bricolé la quatre chevaux pour y faire des lits.

Les îles

Les îles sont importantes pour lui. Elles sont une image de sa maladie. La chanson de Jeanne Moreau, « Mon île » traduit bien son ressenti.

Toutes les îles, le concept même d’île le fascine. Il a fait de nombreuses escapades sur les îles italiennes, comme Elbe mais aussi, hollandaises et anglaises. Il a traversé la Manche pour aller en Angleterre visiter Londres. Il s’est également rendu à Jersey et Guernesey. Il a aimé les îles françaises comme Belle île en mer, Noirmoutier. La Crète, les îles grecques, ou encore une petite île croate, au nom imprononçable de Krk ont aussi sa faveur.

Une vraie île, ou tout au moins ce qu’il nomme une île, est un lieu d’où l’on voit la mer de tout côté, pas une île montagneuse, comme la Corse. Alors que certains peuvent s’y sentir prisonniers, pour lui, une île représente la liberté puisque l’infini est partout. Chaque île a son propre caractère.

Noirmoutier, par exemple a un aspect très particulier puisqu’on y accède par une route qui disparaît ensuite sous la mer à marée haute, la Goa. Il y va en partant de Paris. Il y retourne plusieurs fois. A son époque, il n’y avait pas de pont. Il a mangé autant d’huîtres qu’il voulait, puisqu’il les ramassait lui-même. Elles étaient cultivées sur des grillages et les plus petites passaient au travers : c’est elles qu’il récoltait. De l’autre côté du Bois de la Chaise, on trouve des mimosas géants.

Belle Île en mer semble vraiment perdue au milieu de l’océan. L’ombre de Sarah Bernard y plane. Les terres y sont si riches que les agriculteurs sont plus prospères que les pêcheurs. Fouquet était propriétaire de cette île mais Louis XIV la lui a fauchée pour l’inclure dans son royaume.

Il s’est rendu à Guernesey et Jersey avec R. C’est un dépaysement total. Une atmosphère anglaise. Il a visité la maison de Victor Hugo à qui Napoléon III avait imposé cet exil. Une île totalement dépaysante, aux maisons vertes et bleues.

Il a visité Elbe lors d’un voyage en Italie. C’est l’île du fer (pyrite de fer). Ils ont séjourné chez des amis communistes . Ils leur avaient dit qu’ils trouvaient les communistes français complètement stalinistes.

Krk est située sur la côte croate. Elle est entourée d’une myriade d’îles toutes aussi petites les unes que les autres. Elles sont pratiquement toutes vierges. On aurait envie d’en prendre une pour soi. Krk est la plus grande.

La Crète est vraiment à voir. Elle est très belle, les paysages sont variés. Il a atterrit sur l’aéroport de l’île, puis ont loué une voiture. Il a effectué un circuit et dort à l’hôtel. On peut se perdre des journées entières dans le palais de Minos, le Minotaure. Sur les murs, il a admiré les peintures de ce personnage mi-homme, mi-taureau. Des courses de taureaux étaient organisées : les hommes sautaient par-dessus les taureaux en les prenant par les cornes. Le trône de Minos est encore visible dans l’une de ces salles. Mais le « chef de la Crète » a disparu, emporté par un cataclysme méditerranéen qui a eu des conséquences jusqu’en Egypte. Dans la légende grecque, le fameux Minos devient le maître des enfers. Cette civilisation dont l’imagination fascine tant Edmond est très riche mais peu connue. Il a passé là quelques uns de ses derniers moments avec R.

Il a voyagé seul à Malte où il s’est rendu en avion. Située au carrefour de l’Italie et de la Libye, il a trouvé cette île très décevante, moche, même. C’est un pôle financier, bien davantage qu’une île ! Une église et une cathédrale tous les trois mètres, c’est effrayant. On est là pour faire des affaires, et les banques pullulent. Les chevaliers de l’ordre de Malte ont commencé. Ils ont fait fortune au Portugal. Les touristes y sont entassés, il n’y a pas grand-chose à voir, sinon des sensations à percevoir. Un coucher de soleil… lui a évoqué la région du Beaujolais et ses pierres dorées. La mer est d’un bleu intense, y compris le long de la côte. Une impression d’immensité, comme face à un océan. Deux ou trois autres petites îles appartiennent à cet archipel. On trouve des traces de civilisation antique dans l’une d’entre elles, l’ancien domaine de Kalypso, semble t-il….On dit que ces ruines viennent du temps où la fée Kalypso gardait des prisonniers. Il existe aussi des vestiges de la préhistoire. Du point de vue géographique, on peut voir un volcan dont il ne reste que l’orifice. C’est une île de l’archipel grec qui a submergé l’île de Malte lors d’un tsunami. La civilisation a donc totalement disparue.

Grands voyages

Voyage à travers la France, l’Italie, l’Autriche et la Suisse

C’est l’été. Nous sommes au mois de juillet. Commence alors un fabuleux voyage avec, non pas le camping-car, mort d’un accident de la circulation mais avec une vieille voiture. La vétusté ayant son importance, le lecteur le remarquera rapidement.

Il arrivent à C, il fait beau. C Pays de mines et de labeur ouvrier, pays chargé d’Histoire. Avant de partir, ils avaient acheté une tente dont l’armature se gonfle grâce à l’air sortant du pot d’échappement. Ils ne l’avaient jamais essayée avant, et ce fut un grand étonnement. Il dort dans cette chose surprenante.

Et c’est reparti pour Rocamadour ! Il visite les Cévennes par la route des crêtes.

Cette région l’enchante et il découvre les Cévennes, sa culture protestante. Pour lui, c’est vraiment ce qui caractérise la qualité de ce voyage et de tous les voyages en général : la découverte. Ils visitent le Vatican des cévenols : une grande bâtisse à côté d’Anduze, ainsi que la bambouseraie.

La maison de cette ami est remarquable. C’est un mas cévenol typique, perdu dans une vallée, justement nommée la vallée Borgne. Caractérisant toute construction de cette région, le cimetière familial se trouve dans le jardin, comme auprès de toutes les habitations des protestants en ces lieux.

Il reprend la route en direction des gorges du Tarn. Poursuivent en direction des gorges de la Jonte, rivière qui a pour particularité de disparaître sous la terre à mi-vallée, pour réapparaître par résurgence quelques kilomètres plus loin. Dès leur réveil, ils se baignent à poil dans le torrent, au milieu d’un décor formidable. Le camping sauvage leur permet de se fondre dans le paysage, de s’en imprégner et de vivre ainsi au plus près de cette belle nature.

Ils arrivent dans les gorges du Verdon, puis finissent par atterrir à Monte-Carlo où il visite le musée océanographique de Monaco.

Il passela frontière, se retrouvent en Italie, à Gênes le 2 août, le jour du terrible attentat des Brigades Rouges contre un train à Bologne. Il file vers la petite république de San Marin, essuyant un orage épouvantable. C’est le début de la journée. Il s’aperçoit que c’est le jour du Palio, à Sienne. Il y arrive en fin d’après midi et peut même y assister.

Puis, enfin, Venise ! Il la visite de fond en comble, émerveillé par tant de beauté et de poésie.

Mais ce voyage ne serait rien sans les innombrables pannes qui ont émaillé leur parcours ! Ce vieux tas de ferraille leur a joué de forts vilains tours ! Et il connait même, en italien, le mot d’ « alternatore » ! Ce fameux alternateur est en effet très capricieux et ne veut rien savoir. Son budget « garagiste » sera alors assez conséquent !

Petit crochet par Ravenne. Puis il se pose la question : revenir par la route « normale », la plus rapide ou par la plus longue, par le Tyrol ? C’est la route touristique qui est choisie. Et l’aventure continue !

Le col du Brenner est en vue. La route des crêtes qui y monte est belle, la montagne magnifique. Arrivée au col, la catastrophe, gravissime : plus de frein !! Innsbruck est en bas. La pente est vertigineuse… Comment faire ? Sang froid et frein à main. Doucement, lentement ils sont descendus. Le câble de frein à main ne les lâche pas. Il reste calmes. En bas, un garagiste, une fois encore, répare leur vaillante petite auto.

Il prend l’autoroute suisse. Tout à coup, panne générale d’électricité ! Plus de lampe ni de phare ! Le soir tombe, que faire ? Le long de cette voie rapide, une caserne de flics de la route. C’est la Suisse alémanique. Toujours aussi peu doué pour les langues il s’arrête cependant pour demander l’autorisation exceptionnelle de camper sur leur parking afin d’attendre le lever du jour et l’ouverture d’un garagiste. Encore un ! Deux flics immenses, de deux mètres chacun, les font entrer à l’intérieur du bâtiment. Il a du mal à comprendre ce qu’il tente de leur expliquer. Enfin, leur chef de casernement arrive. Il baragouine un peu le français. Il n’est pas question d’installer quoique ce soit sur le parking, ni plus non plus que de dormir dans la voiture ! Il le fait entrer plus avant. « Venez voir ! ». La prison ! Il lui propose de dormir en prison ! Stupeur et stupéfaction. Mais, pour le rassurer, il déverrouille portes et fenêtres. Le lit est un bon lit, les deux cellules ressemblent davantage à de véritables chambres. Il accepte écroulé de rire : « je vais dormir en prison"

Le lendemain matin, le petit déjeuner est servi, et, suprême délicatesse, la radio réglée sur les ondes françaises. Toute la nuit. Ils ont travaillé toute la nuit pour réparer leur vieille guimbarde ! « Je vous dois combien ? ». Rien, mais il s’en tire avec un petit sermon : rouler dans une voiture aussi pourrie, ce n’est vraiment pas raisonnable !

Après la Suisse, la Savoie. : Bellegarde Et enfin, Paris . Ouf !

La première chose qu’il a faite en rentrant, c’est de conduire ce tas de ferraille à la casse. Il n’y avait quasiment plus de pneu…

Novembre. Salon de l’auto. Il achète son premier camping-car, de la marque « Escargot ». Ils partiront pour d’autres aventures en Grèce et ailleurs.

La Yougoslavie

C’est le deuxième voyage qu'il fait en camping-car. On ne parle pas de guerre. Tito règne, si l’on peut dire « sans partage » (il est amputé à la fin de sa vie…) ! On voit alors, à propos de cette amputation, des dessins particulièrement horribles sur Tito dans le journal Hara Kiri.

Il part avec très peu d’idées et de connaissances sur ce pays. Ce qui lui a valu quelques surprises sur, par exemple, les heures d’ouverture et surtout de fermeture des magasins, puisqu’ils changent d’une région à l’autre ! Il imaginait ce pays unifié, comme la France ; avec une monnaie et des horaires uniques partout. Il ne comprend pas tout, mais il continue à rouler… La langue était très différente du serbo-croate qu’il avait imaginé. Du point de vue de l’écriture et même des sonorités, il se souvient des nombreux « K » qui émaillaient les panneaux. Sur la côte dalmate, la langue ressemble davantage à l’italien. Comme d’habitude, il n’en a rien à faire de la langue. Ce n’est pas un obstacle, pour lui. En mimant, en parlant français, il se débrouille très bien. Il a le souvenir d’un pays communiste très touristique, tourné vers l’Allemagne

Avant d’arriver aux Dalmates, il entre dans Ljubljana, la capitale. Il visite une grotte à bord d’un petit train. Il suit la côte Dalmate et fait quelques incursions dans le pays : Sarajevo ; Cataractes de Plivitce, un site naturel ma-gni-fique : l’eau arrive dans des bassins successifs. Il ne souvient pas s’y être baigné ; Pont de Mostar : avant qu’il ne soit détruit par les bombardements durant la guerre, ce pont était très haut et très étroit et des gens plongeaient d’en haut. Il a maintenant été reconstruit. Il a aussi visité une ville aux remparts magnifiques.

Il retient de ce pays le contraste entre tous ces villages : catholicisme triomphant sur la côte et mosquées à l’intérieur du pays. C’est en pensant à la religion qu’il se souvient de cette cathédrale de Croatie édifiée par les Bogomiles, qui, bien qu’à demi enterrée, a une dimension respectable. Aujourd’hui le toit est détruit et l’on distingue bien le plancher et quelques murs, tout en bas.

Il est aussi allé à Dubrovnik et est revenu par la côte dalmate, à peu près par la même route, longue mais splendide. Il trouvai toujours un coin pour se baigner. Par contre, pas question de faire du camping sauvage ! Les flics, bien que très corrects, veillaient. Ils étaient même plus nombreux que les touristes ! Il n’a réussi qu’une seule fois à s’installer en dehors d’un camping, au bord de la mer. Les îles, magnifiques avaient des noms invraisemblables, comme l’île de Krat, par exemple.

Voyage en Grèce avec l’Escargot

Il avait décidé de s'offrir le voyage en bateau, avec le camping-car, jusqu’à la Grèce. Il part pour l’Italie. Il embarque à Ancône, un port situé au sud de Gênes. La mer est démontée, Il n'est pas du tout malade. Il arrive au port de Patras.

Puis, au lieu de faire comme la horde de touristes américains qui étalent leurs chairs blanches sur les plages du nord, il décide d’aller vers le sud, dans une région, où, généralement, personne ne va. Il se diriged’abord vers Olympie.

Dans les montagnes du Péloponnèse, à Ardritbena il entredans le temple de Bassae et admirent la beauté d’un rayon de soleil éclairant un point précis : l’ancien autel.

Olympie. Mycènes, la capitale d’Agamemnon et sa porte aux deux lions qui commandaient l’entrée et où Agamemnon, rentré en triomphateur de la guerre de Troie est assassiné par Clytemnestre, sa femme… Les lions sont encore là.

A Mystra il a goûté au silence dans les monastères de la chrétienté d’Orient pas ceux que l’on connaît tous, au nord du pays. Non. Ceux-là sont d’une beauté incroyable, mais personne ne les connaît ! Ils traversent l’ancien royaume de Morée fondé par les croisés d’origine française à partir du XII° siècle, qui, au lieu d’aller jusqu’en Afrique, se sont arrêté là, en Grèce. Il est appelé ainsi car la péninsule est en forme de feuille de mûrier. Il pourrait parler de Mystra pendant des heures ! Elle est surprenante de beauté ; elle n’a rien à voir avec la Grèce classique. Il dort à proximité du grand amphithéâtre d’Epidaure qu’ils n’ont pas manqué de visiter.

Corinthe, son canal, puis Lépante, célèbre lieu de bataille entre turcs et occidentaux chrétiens. Pas de difficulté pour se garer sur une toute petite plage. Il estsi près de l’eau qu’il pourrait presque plonger du camping-car ! Il se réveille, se glisse dans l’eau où les vagues le roulent. Cette immersion lui fait un bien fou ! Il aime aussi, armé d’un harpon, aller à la pêche sous marine. Il nage assez profond sans jamais avoir mal aux oreilles.

Le quotidien l'appelle : il doit faire des provisions. Sus au supermarché pour la corvée ! Là, la discussion s’engage avec un monsieur qui bafouille en français. Ensemble, ils parlent de « L’annonce faite à Marie », du « Partage de midi ». Finalement, ils se comprennent assez bien. C’est incroyable, ce type connaît toute l’œuvre de Claudel ! Claudel, ce « salaud » et ce grand auteur, imprégné de religion. Il fait remarquer que Jean-Louis Barrault, metteur en scène, pourtant pas grand religieux a beaucoup joué ses pièces.

Et enfin Athènes est là. Mais c’est une ville infecte parce que très polluée. Peut-être a t-elle changée depuis ? Il dort sur l’une des collines qui dominent la ville, ce n’est pas l’Acropole, mais une autre des sept collines. Il réussit à installer le camping-car sur une place, vide. Ce ne doit plus être possible, de nos jours. Il repart. Mais, malade (la pollution ? Un nuage gris surplombe la ville), mal de tête,

A Delphes, il a découvert l’antre de la Pythie, là où elle rendait ses oracles et la pierre d’où l’on jetait les gens lors des sacrifices rituels. Delphes est une ville qui a beaucoup impressionné Edmond.

Il rejoint finalement le nord. L’air, très sec, permet d’admirer le ciel étoilé, sans nuage aucun, très pur, au cap Sounion. C’est un lieu que l’on vient admirer de très loin, tant il est réputé pour les couchers de soleil sur le temple d’Apollon.

Il finit par reprendre le bateau à Patras. Il débarqueen Italie à Ancône et s’arrêteà nouveau à Venise. Pour lui, Venise est, avec Prague et Paris l’une des villes les plus ensorcelante qui soit !

Prague, la Tchécoslovaquie

C’est en camping-car qu’il y va sans jamais s’en lasser.

Il y a un couple d’amis qui maîtrisent parfaitement bien notre langue. Q

La seconde fois qu’il leur rend visite c’est le jour de l’an qui a suivi les évènements dits du « Printemps de Prague ». Vaclav Havel et Dubcek, l’ancien secrétaire du parti communiste étaient alors au pouvoir.

Nous sommes un vendredi, il sort du travail. Arrivé chez lui, il téléphone à ses amis praguois pour leur demander s’il peut venir leur rendre visite. C’est avec joie qu’ils acceptent ! Le temps de mettre les bagages dans l’ « Escargot », d’y ajouter deux bouteilles de champagne, et les voilà partis !

Après avoir roulé sur l’autoroute sans encombre toute la nuit, ni pluie, ni neige, ni même embouteillage, le voilà à Rothenburg, en Allemagne, la « Carcassonne allemande », entourée de ses remparts. Il y dort un peu, puis repart. La frontière tchécoslovaque est là. Il dort jusqu’au matin. Et là, quand il se réveille! Un monde ! Tous venaient de l’Europe entière fêter le jour de l’an dans ce pays nouvellement libéré.

Il est resté quelques jours avec ses amis.

La Hongrie

Un autre voyage. Partis de Paris, il est d’abord passé par l’Allemagne, puis Prague, cette très belle ville, d’un haut niveau culturel. Une visite à ses amis. Les trois quarts des français ont oublié qu’elle a été la capitale d’un ancien empire. Elle est grande mais donne l’impression d’une « petite ville ». Elle est d’un enchantement indéfinissable. Presque toutes les maisons portent un clocheton. Autant Venise c’est, pour lui, couleur et soleil, autant Prague c’est le centre de toute l’Europe. En Alsace, quand on passe dans cette région de France, on sent des « trucs » que l’on retrouve à Prague, sans la richesse insolente de l’Alsace. Là-bas, au contraire, les façades sont austères, tristes. Est-ce la faute du régime qui n’entretenait aucun des bâtiments et monuments historiques ? Certaines des baraques tiennent à l’aide de bouts de bois !

Et ce pont ! Posé sur la Vltava, le pont Charles a été construit au XIVème siècle, il relie la Vieille Ville à Mala Strana, et il était le seul pont sur la Vltava jusqu'en 1741. Ce qui fait sa particularité aussi, c’est qu’il n’est pas droit ! Il forme comme un angle, au milieu. Le pont Charles est l'un des symboles forts de Prague, il est très fréquenté en haute saison, et il n'est pas pensable de venir à Prague sans traverser le pont Charles ! Le roi Charles IV a commandé à l'architecte Petr Parler la construction d'un nouveau pont qui devait remplacer l'ancien pont Judith emporté dans les crues de la Vltava. Ce nouveau pont devait aussi être suffisamment solide et large pour accueillir des tournois de chevaliers. La seule statue à orner le pont a été pendant longtemps un crucifix. Les accès au pont sont défendus par deux tours. La tour de la Vieille Ville date du XIVème siècle. Elle est aussi une réalisation de Petr Parler. C'est un chef d'oeuvre de l'art gothique. C'est au XVIème et XVIIème siècles que les catholiques ont ajouté les statues qui bordent aujourd'hui encore le pont Charles. Les soixante quinze statues que l’on voit sont des copies des originaux. La plus intéressante et la plus ancienne aussi, est celle de Saint-Jean Népomucène. Le huitième sur la droite en direction du Château. Elle date de 1683, elle fût construite à la demande des Jésuites qui célébrèrent le culte de Saint-Jean Népomucène avant sa canonisation. Pour effacer le souvenir de Jan Hus, un révolutionnaire et l’un des personnages clé de la Réforme, la statue de Jan Hus a été détruite.

On y ressent une forte présence juive. Le cimetière juif de Prague est comme un écho à tous les pogroms perpétrés dans tous ces pays. Il faut y aller, le découvrir. Sur les tombes, non pas des fleurs, mais des petits cailloux. Dans, ou à côté de ce cimetière, se trouve un musée du judaïsme.

Balade au lac Balaton. Ce lac est surprenant : cette grande mer dans le centre de la Hongrie est le seul endroit qu’il connaît où un bateau militaire surveille et garde le lac !

Il aime cette ville mais ne supporte pas une caractéristique de ses habitants : ils sont racistes, anti-juifs, anti-tziganes, aussi ! Pour eux, les tziganes sont fainéants, voleurs. Même leur amie ne peut s’empêcher de tenir des propos racistes. Ils ne supportent pas non plus les communistes, « des salauds finis », disent-ils ! Il est communiste, ses amis n l'ignorent pas.

Il quittela Tchécoslovaquie pour la Moravie, poursui vers la Hongrie et Budapest.

On pourrait écrire beaucoup de pages sur cette ville. Tout d’abord, elle est construite à cheval sur une montagne, Buda ; et une plaine, Pest.

Ensuite, c’est une ville d’eau. Son sol est d’origine volcanique et les hôtels comportent souvent une piscine thermale. L’eau est plus ou moins ferrugineuse selon les sources. Il se souvient en particulier de personnes jouant aux d’échecs au beau milieu d’un bassin !

Dans un village, dans la plaine de la Pulsa, l’eau est si chaude qu’il a faillit se brûler. Il est entré, puis ressorti en courant ! Plus loin, en plein air, ils se sont baignés dans un bassin très mal entretenu, dont les abords étaient plus ou moins rouillés. Il faisait beau, c’était un soir d’été, et pourtant, l’eau était si chaude que de la vapeur fumante se dégageait. Il est ressorti extrêmement fatigué, mais très détendu de ce bain.

Dans cette plaine est pratiqué l’élevage de purs sangs. Les hommes qui s’en occupent sont habillés en uniforme. Le dressage est semblable à ce que l’on peut voir au cadre noir de Saumur. Ils exécutent des figures variées, à différentes allures. Ce souvenir lui donne envie de chanter « Plaine, ma plaine… », ce célèbre chant russe.

Le soir, il est allé manger au restaurant, en écoutant les violons tziganes (Là, cette population est « tolérées » !).

Budapest est le « Poitiers » des hongrois : c’est là que les turcs ont été arrêtés par l’armée de l’empereur Charles Quint. D’ailleurs, ce qui caractérise cette ville, si ce n’est ce pays tout entier, ce sont les innombrables minarets disséminés dans tous les paysages urbains et campagnards. Pécs, au sud de la Hongrie comporte plus de mosquées que d’églises !

Le Portugal

Il repart avec une idée bien simple en tête. Dans le cadre de la Médiathèque de L où il a des amis il. a noué des liens amicaux avec la bibliothèque de Vila Nova au Portugal.

C’est dans le cadre de ce jumelage que le vieux bibliobus est convoyé là-bas par des volontaires pour être offert à la bibliothèque de la ville. Les origines de la ville remontent au 12ème siècle. C'est une région de collines granitiques, couvertes d'une abondante végétation, notamment, de forêts d'eucalyptus. Vila Nova est réputée pour ses spécialités gastronomiques telles que les tripes et les soupes, et pour son vin le Vinho Verde. Auparavant l'industrie de la ville était basée sur l'agriculture et l'élevage. Aujourd'hui c’est l’industrie qui prime. Elle bénéficie d'un patrimoine folklorique riche et d’un patrimoine architectural tel que la villa de Camilo Castelo Branco (le Victor Hugo portugais).

Il a visité le Portugal du sud, ancien royaume marocain et ses amandiers. Il a poussé jusqu’au nord, austère et moyenâgeux. Il faudrait livrer, sur le Portugal, des impressions contraires à ce que beaucoup de gens pensent. Ce n’est pas un pays méditerranéen. Ce pays présente une grande diversité de paysages. Il comporte des villes, en particulier comme Coimbra, la capitale universitaire. Les anciennes propriétés de ceux qui ont dominé le pays par leurs richesses sont encore visibles. Cette contrée est située très loin à l’ouest de la France, très loin. Le voyage, pour y arriver est long, interminable. Elle a une immense façade atlantique. Quand on est à Lisbonne, en particulier, on se retrouve face à l’immensité de l’océan avec le sentiment que le Brésil est là, de l’autre côté, si loin et si proche à la fois. Presque plus proche que d’autres pays européen.

Mais surtout, surtout, le Portugal est un état d’esprit. Le fado, la saudade (prononcer saoudade), la légende d’un prince disparu, les carreaux de faïence, l’écrivain Fernando Pesõa, en font un paysage culturel particulier. A Lisbonne, dans un bistrot, la chaise et la table de cet auteur sont toujours prêtes à l’accueillir.

La saudade, «Souvenir à la fois nostalgique et doux de personnes ou choses, distantes ou disparues, accompagné du désir de les revoir ou de les posséder; nostalgie» (Aurélio).

Le fado, né au début du XIXe siècle dans les quartiers populaires de Lisbonne, dans les milieux de la prostitution et du jeu avant de gagner les salons de la noblesse et de la bourgeoisie naissante a accompagné des courants de pensée divergents : chant subversif, il a aussi été le chant officiel du salazarisme.

La légende du prince disparu lors d’une bataille raconte qu’un jour, il reviendra.

Il se sent en totale harmonie avec la saudade, le fado. Cette culture l’impressionne car elle ressemble beaucoup à son état d’esprit personnel, à sa maladie, la maniaco-dépression. C’est un ressenti bizarre.

Le Portugal, c’est un appel du large, pour partir, fuir encore, comme les grands navigateurs partis à la conquête des côtes d’Afrique ou d’Amérique, quand on croyait encore atteindre les Indes.

Henry le navigateur et le roi du Portugal, Philippe le Bel, seront à l’origine de l’envolée du pays vers l’Afrique et l’Amérique du sud. Ils vont déclancher de grandes conquêtes. Henry le navigateur a fait construire un lieu très particulier, circulaire.

Sous prétexte de religion le roi a fait cramer des croisés et leur a piqué tout le fric qu’ils avaient amassé aux croisades !

Rentrés par la côte basque, ils sont passés à Guéthary et Guimarres.

Le Maroc

Il a traversé toute l’Espagne en camping-car. Traversée interminable. A Burgos l’étape sera courte car ils craignent que son véhicule ne soit cambriolé. Il atteint Grenade en fin de soirée et s’installe dans un magnifique camping. Dès le lendemain, une rapide mais merveilleuse visite de l’Alhambra. Il fait ensuite escale à Gibraltar et traversele soir même la Méditerranée pour arriver au Maroc. Là, le camping est horrible et puant !

La route continue. Tanger. Il ne s’arrêtepas : la trouille de laisser le camping car et de la retrouver désossé. Le Rif. Ne pas s’arrêter, ne pas tomber en panne. Il a été averti : des jeunes stoppent les voitures et abordent les passagers pour les obliger à acheter du kif. Mais, en même temps, il a peur d’en écraser un : les jeunes se mettent en travers de la route. Ne pas acheter du kif dans le Rif !

A Fez il ne manque pas de visiter cette ville avec un guide merveilleux. Il poursuit son voyage vers Rabat, Casablanca, Marrakech. Mais la plus belles d’entre toutes ces villes reste Fez. Ah ! La tarte au pigeon ! Fez, ville du sud, ville du vent. A Essaouira, il s'est baigné.

Plus au sud, encore, les oasis, le désert. Sur la route, en très mauvais état, beaucoup d’accidents. Dans le désert, ces palais des mille et une nuit, tout de terre construits. Il ne pleut pas souvent, dans le désert, la terre ne risque pas de se déliter. Le vert des palmiers dans l’oasis, l’ocre des maisons. Et sous les palmiers de l’eau, de l’eau partout et des oiseaux qui chantent. Des réservoirs où se baigner avec de l’eau jusqu’à la poitrine. Paradis terrestre. Autour, rien, le désert, une route sèche et brûlante. Dans les maisons, une nourriture abondante. Contraste saisissant. C’est dans ce sud qu’ils visiteront la bibliothèque du bout du monde, située en plein milieu du désert. C’est à se demander ce que peuvent bien foutre là tous ces livres, essentiellement religieux !

Il s'est rendu jusqu’à cette fameuse pancarte « Tombouctou, 500 km ». Là, la route est couverte de gravillons. Il n’ira pas plus loin : il craint pour son pare brise. Il s’arrête et y passe la nuit. Juste avant le lever du soleil, il grimpe en haute de la dune : là bas, l’Algérie s’illumine.

Projet de week-end à Alger

Un jour, il fixe un rendez-vous à la grande mosquée de Paris à ses collègues de travail. C’était avant de partir en voyage en Italie avec son camping-car d’occasion et acheté pour l’occasion ! Il avait en effet eu l’idée de monter un projet avec ses collègues pour partir un week-end à Alger. C’est donc dans le but de préparer ce voyage pour le comité d’entreprise et de se mettre « dans l’ambiance » qu’ils devaient tous manger un couscous à la mosquée. Ils avaient tous rendez-vous en début de soirée. Lui part de Paris. Mais, entre temps, il a un accident vers le centre commercial Belle Epine. Un véhicule rentre dans l’arrière du camping-car. Le chauffeur prend la fuite. Il est indemne mais le camping-car est mort ! Tout prend alors, pour lui, une dimension fantastique… Il téléphone à son frère. Bien évidemment tout le monde l’attendait à la mosquée, très inquiets ! Son frère l’a emmené à Paris et, finalement, la soirée fut une réussite même si le camping-car est foutu.

Ne pouvant plus le conduire, il a fini par revendre son dernier camping-car.

Histoires familiales et personnelles

Noble belge du côté de sa mère, et culturellement, profondément gascon.

Il se souvient de sa mère comme d’une personne importante pour lui, mais très discrète. Elle était adhérente à l’Union des Femmes Françaises mais ne militait pas. Comme son père à elle, elle était originaire d’une famille très catholique. Ils ont dû être très amoureux l’un de l’autre, et ils ne sont jamais quitté, jusqu’à la dernière seconde de leur vie. Ils s’étaient connus dans le cadre de leur travail,. Tant son père que sa mère ont éduqué leurs enfants d’une façon que l’on pourrait considérer aujourd’hui, avec le recul, comme très moderne : ils parlent beaucoup aux enfants, ne sont pas autoritaires, fournissent beaucoup d’explications et de justifications quand ils leur donnent un ordre. Au moment des repas, autour de la grande table, le poste de radio est allumé et chacun commente les informations diffusées, une atmosphère familiale assez vivante. Ce qui n’empêchait pas, parfois, une claque de s’abattre sur l’un de ses frères. Il est le petit dernier, tout le monde l’aime bien. Par exemple, il se souvient de partie de foot dans la cuisine ( !) où le ballon est passé par la fenêtre et est tombé dans la petite cour intérieure devant chez la gardienne, madame F. qui a gueulé tout ce qu’elle savait ! Sa mère jouait du piano et son frère J. de l’accordéon et de l’harmonica.

Sa mère est la petite-fille d’un ancien noble belge, dont il possède un ouvrage très ancien datant de 1771 et retraçant leur généalogie. Son ancêtre a été déshéritée lorsqu’elle s’est mariée à un roturier . Elle habitait A. Sa famille belge est d’origine brabançonne liée depuis la nuit des temps à la famille d’Orange, elle-même liée à la France depuis le moyen âge. Les mâles de cette lignée étaient soit des militaires, soit des hommes de loi (avocats, juristes). Les militaires ayant servi dans l’armée avaient combattu les turcs en Hongrie.

Il n’a jamais rencontré personne de cette noble famille bien qu’il soit allé plusieurs fois en Belgique et en Hollande.

La mère de sa mère a eu plusieurs enfants mort-nés quand elle habitait D. C’est ensuite qu’elle est devenue institutrice et que son mari, son grand-père , qui s’appelait M, est devenu représentant en confiserie (calissons, fruits confits). Mais, avant d’être représentant, il était pâtissier à D.

Tous les couples composant sa lignée, tout comme ses frères, d’ailleurs, ont été très fidèles en amour et ont vécu ensemble jusqu’à la fin de leurs jours.

Le syndicalisme et ses relations avec les prêtres ouvriers

Radio CGT

C’est toujours en tant que syndicaliste CGT qu’Edmond a participé à la création et à l’animation de « radio CGT », installée semi clandestinement dans le premier immeuble construit par Renaudie. C’était la mode des radios libres. Au dernier étage il y a une salle de réunion mais elle n’a jamais pu être utilisée en tant que telle pour des raisons de sécurité car elle était située sur un niveau trop élevé. C’est pourquoi elle a été transformée en studio. Il a reçu en entretien des gens comme Henri Krasucki. C’était des entretiens la plupart du temps assez improvisés.

Un autre jour, il a reçu un homme, Georges Fournial, se présentant comme l’assassin de Trotski ! Il avait, en effet, un temps, été soupçonné d’avoir assassiné ce révolutionnaire. Spécialiste de l’Amérique latine, il était journaliste à l’Huma. Edmond s’est régalé !

Découverte de l’architecture, Renaudie

Eloge aux gardiens et gardiennes HLM du temps jadis

Parodie de La balade des dames du temps jadis de François Villon. Thème de cette balade : « Mais où sont les gardiennes d’antan ». Il souhaite ainsi rendre hommage aux gardiennes d’immeubles qu’il a connu

A. la rebelle, gardienne de Hoch et Curie qui m’engueulait quand je n’avais pas fait tout ce qui était en mon pouvoir pour ses locataires.

Dame S. qui m’a sauvé la vie quand j’avais avalé tous mes médicaments.

Messire B. qui faisait faire du football aux jeunes du quartier Molina, sur la colline de Montreynaud, à Saint Etienne, le soir, quand tout le monde rentrait chez soi.

M.-L. qui se mettait au tricot les jours de grève.

V., ou l’insurrection d’un gardien, devenu plus tard directeur de l’office HLM.

Et Dame C., l’ancêtre, la plus âgée, qui, un beau jour, avait quitté sa loge pour être dans les bureaux. Une vraie militante grâce à qui j’ai appris beaucoup de choses et qui m’a transmis l’esprit du service public et le respect des gens.

Ils ont tous des relations vraiment formidables avec leurs locataires. A l’époque ils ont les clefs de tous les appartements, ils encaissent les loyers, ils connaissaient leurs locataires sur le bout des doigts. Et le rôle d’Edmond est de tous passer les voir dans leur loge pour relever les réclamations qu’ils ont pris soin de noter. Lui se déplace, contrairement aux autres cadres qui restent dans leurs bureaux et qui ne sont pas sur le terrain pour voir les problèmes. A Ivry, surtout car, à Saint-Étienne, à part le père B. qui a une vrai conception du rôle de gardien, les gardiens sont réduits à un simple rôle de balayeur, n’ayant aucune responsabilité. Un peu à part, ce jardinier, qui fait respecter ses plates-bandes à coup de pied dans le cul des gosses et de « Tonnerre de Brest » retentissants !

Les femmes, ses amours

Il a toujours été amoureux de femmes plus jeunes que lui. Elles avaient souvent quinze ans de moins.

La première fois, en Allemagne

La première fois qu’il a fait l’amour avec une fille, c’était en RDA. Il est moniteur de colonie de vacances (ou était-ce avec la JC – Jeunesses Communistes- ?). Il avait 18 ans, elle est allemande et a 14 ans. Il a été « harponné » par cette petite, bien formée. Il n’a pas réalisé, qu’il aurait pu finir en tôle pour détournement de mineure ! Pour lui, c’était la première fois. Pour elle, il ne sait pas, il ne peut pas lui demander puisqu’il ne comprend pas l’allemand…

Il s’aperçoit que les discours, les paroles sont inutiles, si tu as envie et si tu es attiré par une fille. Même en étant malentendant, même en ne comprenant pas, là non plus, un mot de cette langue, il a pu communiquer. Saint-Exupéry fait dire au petit prince : « Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne dira rien. Le langage est source de malentendu ».

Les filles de RDA, Ahhhh ! Très espiègles, très avancées. Par contre, les garçons étaient nuls, infantiles. Les français, c’était pire, des gosses ! Mais les français ont une auréole de baiseurs et de dragueurs auprès des allemandes. Son aventure est donc partie d’un véritable quiproquo !

Sept ans plus tard, toujours en Allemagne

Il est retourné là-bas, un peu plus tard, quand il a 25 ans.

En Allemagne, la pudeur est toute autre qu’en France où, en 1959, la mixité n’existe pas !

Le jour de leur arrivée, après l’apéro, le soir tombe. Tous les monos se sont retrouvés sur la plage. Bain de minuit ! Tous à poil ! Il n’a pas vu grand-chose tellement il était estomaqué.

Le lendemain, il se promène sur la plage de Rostock, au bord de la mer Baltique. Il n’a pas chaud avec son maillot de bain, l’air est un peu frais. Il voit arriver une femme venir à sa rencontre, une trentaine d’années, et plus il la voit se rapprocher, plus il se rend compte qu’elle est nue ! Arrivée à sa hauteur, elle a eu un petit sourire, comme si elle se foutait de sa gueule.

Un peu plus loin, dans des creux formés dans le sable, des corps, nus. Peut-être des hommes, mais il n’a d’yeux que pour toutes ces femmes allongées à l’abri du vent, dans les trous qu’elles ont creusé.

En Sardaigne

En Sardaigne il est tombé amoureux fou amoureux de Maria . Il l’a rencontré sur la plage Santa Lucìa, comme dans la chanson napolitaine «Santa Lucìa », à côté de Biti, un village qu’on appelait « La piccholina Roma ». La ville administrative et centralisatrice était Nouro. C’était un amour pur et chaste, même pas un baiser ! Il ne parlait pas la langue italienne. Mais le langage, dans ce cas là, n’est-il pas inutile ? De toute façon, il est malentendant, alors, il se méfie du langage parlé ! Il était tellement amoureux qu’il était prêt à s’inscrire à l’université de Cagliari. Mais au dernier moment, il est parti, ne lui a jamais écrit, il n’avait pas son adresse… Et parfois, encore maintenant, le souvenir de cette émotion lui revient, très fort !

Conclusion ?

Le texte qui lui revient en mémoire quand il en a vraiment marre, marre de la connerie des gens c’est Horace, de Corneille dans la tirade de Camille (sœur de d’Horace) : Rome l’unique objet de mon ressentiment/ Rome qui t’a vu naître/ Rome enfin que je hais/ puis qu’elle t’adore. Ce texte, appris à l’école en 4è. La professeure s’était même affolée tellement il déclamait son texte avec conviction : elle a cru qu’il piquait une crise !

Plus doux, il aime aussi à se réciter « il fait beau comme jamais » d’Aragon.

Sa bibliothèque est représentative de sa personnalité : le Coran, la Bible, le grand livre du vin, la grande histoire de la Commune de Pariset un livre sur l’impressionnisme.

Ligne de fuite

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Une île entre le ciel et l'eau

Une île entre le ciel et l'eau

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Biographie

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