L’astiqueur de flaques d'eau et autres métiers incongrus. D’Anne Kovalevsky, conteuse lyonnaise, illustré par Gaël Dod, Croix-Roussienne, autrement dit originaire de la colline de la Croix-Rousse, à Lyon. Livre édité chez Jacques André Éditeur en 2008.
Pris dans l'engrenage du quotidien, vous n'osez rêver à un autre métier, une autre activité ? Gardien de nuages, Effeuilleur de marguerite, ou Berceur de marmotte sont des professions hautement poétiques. Si l’on entre dans le monde de ces deux enthousiastes conseillères d’orientation plutôt originales, tous ces métiers, rarement rémunérateurs, sont accessibles à condition d’une bonne endurance physique, de capacité à la rêverie ou d’une solide formation. Bien sûr, ils ne sont pas très connus des patrons du CAC 40 ni des journalistes des Échos, ils méritent pourtant d’être popularisés auprès des élèves de 3ème ou même de Terminale. D’ailleurs, pour les personnes intéressée un catalogue des centres de formation figue à la fin du fascicule.
Ce livre m’a inspiré un charmant atelier d’écriture. Chaque mois, entre trois et sept personnes se retrouvent à Grigny, non loin du Rhône, dans l’arrière-salle d’un petit café joliment intitulé L’heure du Goût-Thé.
Après avoir lu quelques extrait du livre, nous avons cherché ensemble d’autres métiers tout aussi poétiques. Nous avons trouvé : Éducateur de Doudous, Arpenteur de rues en impasse, verdoyeur de nature, Polisseur de galet, Contrôleur de râleurs et même Gardien de mouche !
Chacun et chacune a raconté le métier qu’il a choisi en entrant dans les détails. Ils devaient, si possible, utiliser le plus possible les cinq sens ; dire où s’exerce cette profession ; avec qui ces ouvriers travaillent ; quels sont leurs outils de travail ; les avantages et inconvénients de ce métier ; les conditions de travail ; salaire et avancement, hiérarchie, et pour finir, formation et transmission des tours de main.
Voici les récits hautement improbables et incontrôlables de quelques-uns de ces raconteurs à l’imagination fertile.
Polisseur de galet
Le Polisseur de galet, toujours né au bord d’un torrent, hérite son tour de main de son grand-père, de sa grand-mère, voire d’un grand-oncle ou d’une grand-tante.
L’outil est très important, tout comme la présence de l’eau, c’est ce que nous allons voir.
En effet, le polissoir à galet contient du sable fin mêlé de particules de mica noir et d’eau afin que le galet ne s’échauffe point trop. En effet, il n’est pas rare que du quartz ou du silex provoque des étincelles quand la quantité d’eau est insuffisante. Et qui dit étincelle, dit flamme, puis incendie. C’est là le deuxième avantage de travailler au bord de l’eau. L’allié du Polisseur de galet, en cas d’embrasement peut être, outre le torrent, le Gardien de nuages.
Exercer ce métier de plein air n’est pas de tout repos. Les conditions de travail avec le vent, la chaleur extrême ou même la neige sont souvent ardues.
La qualité du Polisseur doit être la patience, chaque galet demande des heures pour être bien polis, d’où sa rareté sur les plages, mais, faut-il le préciser, pas autant que les trèfles à quatre feuilles. Je vous raconterai une autre fois le dur labeur des brodeurs de trèfles à quatre feuilles.
L’œil du polisseur est affûté et toujours sur le métier remet son galet jusqu’à ce qu’il soit parfait. Si vous trouvez un galet légèrement irrégulier, ou même complètement raté, ne vous méprenez pas, c’est que de piètres amateurs se sont essayé à imiter ce noble métier.
En début de carrière, le Polisseur de galet n’est jamais seul, toujours accompagné de son aïeul. À sa mort, si elle est prématurée, un autre ancêtre du village prend sa place. Une fois sa formation terminée, le polisseur doit s’engager à transmettre son savoir à son petit-fils ou à sa petite-fille. Par ailleurs, il doit jurer sur son plus beau galets de toujours respecter le code d’honneur du Polisseur. Malheureusement, ce métier est en voie de disparition. Les jeunes partent à la ville où les quais remplacent les plages.
Pour seul traitement le Polisseur de galet a parfois l’infime chance de trouver une paillette d’or dans le sable blanc au milieu des poussières de mica noir. L’on raconte, mais est-ce vrai, qu’un Polisseur a trouvé, un jour, une fort grosse pépite d’or sous un amas de vulgaire cailloux. Mais la récompense du Polisseur de galet, plus que l’or, ce sont les yeux brillants des lanceurs de galet quand ils réussissent un magnifique ricochet !
Martine
Arpenteur de rues en impasse
Pour être Arpenteur de rues en impasse, une bonne condition physique est exigée. L’Arpenteur de rues en impasse a toujours de très grandes jambes et un bob vert sur la tête. C’est d’ailleurs à cela qu’on le reconnait.
L’Arpenteur de rues en impasse doit avoir une excellente mémoire et n’a pas besoin de plan. En effet, la première chose que l’on apprend à l’école des Arpenteurs de rues en impasse c’est la ritournelle de tous les noms de rues en impasse et leur localisation. Ce métier existait en effet bien avant l’invention du GPS. Aussi, la formation multiséculaire se poursuit sans internet. Dans le cas de la création d’une nouvelle rue en impasse chaque Arpenteur de rues en impasse reçoit un feuillet mobile qu’il range soigneusement dans son catalogue des rues en impasse.
Pour arpenter une rue en impasse, l’instrument de mesure est l’Enjambée. D’ailleurs, l’Enjambée de chaque Arpenteur de rues en impasse est mesurée à son arrivé à la prestigieuse école des Arpenteurs de rues en impasse.
De leur ancienneté dépend leur catégorie. Les fonctionnaire de catégorie A sont recrutés par l’État, au ministère des Ponts et Chaussées et sont très bien payés. En catégorie B, c’est le Président du Conseil Général en personne qui les embauche et ils travaillent au service de la Voirie, quant aux catégories C, ils sont rémunérés par les Villes et exercent au sein des services techniques, leurs salaires sont plutôt chiches.
Le rôle de l’Arpenteur de rues en impasse est de recenser les trous, les grilles d’égout mal scellées et pour cela de dialoguer avec les habitants. Une rue en impasse peut n’avoir que quelques numéros mais d’autres sont très longues et certaines, même, tournent en rond pour revenir à leur point de départ. Il s’agit donc, pour l’Arpenteur de rues en impasse d’avoir un bon sens de l’orientation s’il ne veut pas se perdre. Il est donc toujours muni d’un plan, d’une boussole et d’un anémomètre, le vent ayant son importance dans ce métier assez peu connu.
Martine
Contrôleur de râleurs
L’entreprise « Positive » recrute des contrôleurs de râleurs. Postes à pourvoir immédiatement, sans expérience préalable. Formations assurées en interne.
Descriptif du poste : Au sein d’une équipe dynamique et souriante, le contrôleur assure l’équilibre et le bien-être du pays, sur demande du gouvernement. Le taux de râlerie ayant fortement augmenté ces dernières années, le contrôleur sait, grâce à un savoir-faire précis, repérer et verbaliser les individus les plus nuisibles au bonheur collectif.
Pour cela, le contrôleur suit un entraînement intensif pour développer ses capacités à entendre, mais aussi sentir le début d’une râlerie. Il possède aussi des outils de travail innovants, tel que le râlomètre, qui mesure l’ambiance d’un lieu et permet de prévenir tout débordement négatif.
Afin de garantir un travail de qualité, notre entreprise offre des conditions et un environnement positifs et chaleureux. Nos petits rituels du matin : yoga du rire, concours de blagues, grand choix de tisanes, sauront vous mettre dans les meilleures conditions pour démarrer la journée du bon pied.
Vous travaillerez seul ou en équipe, dans des zones définies : transports en commun, files d’attente, comptoirs de bars. Vous pourrez aussi intervenir en entreprise, pendant les pauses café.
Des coachs de vie assureront le suivi de votre travail et évalueront à la fin de chaque semaine votre degré de bien-être et de bonheur.
Salaire minimum.
N’hésitez plus, rejoignez « Positive » !
Fanny Rey
L’arpenteur de rues en impasse.
Le plus ardu était de choisir la direction vers laquelle il fallait commencer la marche dont la durée pourrait varier selon la météo parfois coléreuse. Et puis, quelle qu’ait été la rémunération, Joseph recherchait la régularité de son pas : un mètre par enjambée, pas plus, pas moins, il était assigné à la mesure, c’était cela qu’il aimait, cette assurance, cette certitude, presque, par laquelle toute fantaisie prenait sens, vous le savez, cet infime écart, cette déclinaison de Démocrite qui permet un jour, de former une concrétion d’atomes ; c’était cela, ce pas de coté parce qu’arpenter une rue dont on connaît la fin n’était guère susceptible d’aventure, de chaos même discret source d’angoisse . Ses galoches cloutées le portaient encore, ses mollets encore charnus pour l’âge avancé dont il se prévalait au cours de dialogues depuis longtemps entrepris et interminables avec Florence avaient quelques tendances à la tendinite, cruelle, qui, la nuit se transformait en crampes, motifs d’insomnies.
La rue qu’il avait choisie lorsque l’ingénieur de la Drire lui avait présenté sur plan de quartiers excentrés avait l’avantage de ne comporter que quelques masures en voie de relégation, à l’exception de caravanes dont les roues se dissimulaient par de hautes graminées courbées par les rafales de tramontane hurlante. D’ailleurs les jours de tempête tels que celle qu’on avait connu, vous vous rappelez, Juliette, le châtaignier n’avait pas résisté au point que la rue avait été barrée un bon moment et l’itinéraire accompli avait été rétréci. A force de fouler un sol à peine revêtu de graviers, de galets sortis du fleuve, de pavés en rebut, d’écailles de goudron désormais lacéré et crevassé, des trous en formation parsemaient l’itinéraire qui devait s’exercer de l’entrée à la terminaison évidente : outre le tronc, un amoncellement de branchages, une accumulation de terres et autres tas avaient considérablement réduit la longueur et, en dépit de l’aller et retour, la brièveté de l’arpentage n’autorisait plus de parler affectueusement aux êtres qui avaient disparu par effacement progressif de récits que les habitants provoquaient en tricotant. Mais un jour, et Joseph le sentait bien, il ne reconnaîtrait plus celle dont il était tombé amoureux et qui ne saluait plus. C’est ainsi que s’éteignit le sens de son arpentage ardent.
Alain Dianoux.
Voleur de feu
Odeur de feu, différents vocabulaires de crépitement, douceur de la chaleur et les croquis, des scènes de danse, flamme de feu.
Les invités sont Mr Briquet, Mme Essence et Mr Gaz.
La scène se passe au pied du volcan Vittel.
Un binôme de mauvais garçons pourchassé par les gendarmes du vent on volé le petit feu que l'on possédait pour le compte de la secte Les Extincteurs qui laissent la nuit et le froid derrière eux pour ensuite vendre des bougies afin de payer l'armée de glaçons qu'ils ont constitué pour lancer une attaque au coeur du désert.
Hocine
Les lecteurs de pensées secrètes
On voit les gens et on arrive à penser ce qu'ils pensent, que ces pensées soient positives ou négatives. Après, si elle le voit, elle arrive à ce qu'ils pensent.
Mais parfois connaître ces pensées ce n'est pas bien quand on connait la personne et qu'elle a pensé des choses négatives sur nous et après l'on commence à détester la personne.
Une chose positive : je peux savoir ce que pense la personne que j'aime.
Je trouve que c'est un travail que tout le monde peut faire et on n'est pas payé, mais il nous fait sortir de la maison pour voir les gens et savoir ce qu'ils pensent. Et donc c'est positif parce qu'il nous permet de sortir de chez nous et prendre l'air, le soleil et marcher aussi.
Yasmine