Voyage à Djerba du 20 au 24 mars 2011

Publié le 9 Août 2015

Rose des sable à Chenini

Rose des sable à Chenini

REVOLUTION !

Finalement, le 20 mars, je pars. Ben Ali et sa femme ont fui le pays, un gouvernement de transition a été nommé. Cependant leurs membres sont limogés les uns après les autres, sauf un noyau de quelques-uns. Le retour au calme, peu à peu se fait. Les frontières sont à nouveau ouvertes au tourisme.

Gargoulettes pour pêcher des poulpes

Gargoulettes pour pêcher des poulpes

Mais les pays alentour s’inspirent de l’exemplaire Tunisie et, à leur tour, se révoltent. La Libye, en particulier, dont la frontière est commune avec la Tunisie. Elle n’est distante que de 100 kilomètres de Djerba. Une résolution de l’ONU a décidé de bombarder les forces militaires de Kadhafi et de neutraliser ainsi l’aéroport du pays. Kadhafi bombarde en effet les manifestants ! D’Angleterre, de France, les avions de guerre ont décollé cette nuit. Roland a peur et essaie de me dissuader de partir, mes parents aussi.

Derrière les grilles

Derrière les grilles

Porte bleue
Porte bleue

Dimanche 20 mars

Antoine et Roland me conduisent à l’aéroport, puis j'entre dans la salle d’embarquement.

Notre avion devait décoller à 13H15, heure française d’hiver, de l’aéroport de Saint-Exupéry. Le sort s’acharne sur ce voyage. Nous devions faire escale à Marseille, puis prendre la direction de Djerba. Mais les pneus d’un avion ont éclaté sur le tarmac. Le personnel de l’aéroport doit faire place nette. Notre avion atterri d’abord à Marseille, posant ses passagers en provenance de Djerba, récupère ceux qui, comme nous, vont à Djerba et atterri avec deux heures de retard à l’aéroport de Saint-Exupéry.

En attendant je ne m’impatiente pas, zen, je fais une petite sieste dans un fauteuil réservé aux personnes handicapée, avec accoudoir, et repose-pieds. Un groupe de tunisiens discutent à côté de moi. Je suis déjà dans l’ambiance ! L’un d’eux me prête son journal Libé. Sur une carte, l’aéroport Libyen semble tout proche de Djerba. Je fais ensuite mes devoirs d’espagnol, traduisant dans ma lancée un poème de Garcia Lorca.

C’est l’heure ! L’avion embarque ses passagers. C’est un charter, pas cher, de la compagnie Tunisienne Nouvelair, un airbus A320. Vol sec, c’est le cas de la dire. Si t’as pas de sous, le gosier aussi reste sec… Je prends un thé. Les consignes de sécurité sont écrites en espagnol, anglais et certaines en français. Le pilote, au micro : « Nous allons nous préparer à l’atterrissage ». Il en a d’autres, comme ça, des blagues ? Ce ne serait pas plutôt au décollage qu’il aurait intérêt à se préparer ? Rien n’est gratuit, dans l’avion mais pas plus cher que dans un bar : 2€ le thé.

Puits

Puits

Nous arrivons vers 18h30 à l’aéroport. Passage à la douane. Tiens ! Ici, on a le droit de fumer à l’intérieur d’un bâtiment public ! Cela fait longtemps que je n’avais pas vu cela. Les bagages sont déjà arrivés. La représentante de l’agence est là. Jeune femme souriante. Elle nous met en garde contre les prestations payantes prises en dehors de celles du tour-operator et pour lesquels nous ne sommes pas couverts. Normal, elle fait son job. Moi, je verrais Régine quand je veux ! Je suis assurée à l’étranger puisque j’ai payé le voyage avec ma carte bleue.

Arrivée à l’hôtel, remise des clefs, cocktail sans alcool pour nous faire patienter. Dans l’hôtel, deux couples de la même agence que moi. Un employé m’accompagne à ma chambre. Le portable sonne, c’est Roland. J’ai essayé de le joindre quand j’étais à l’aéroport mais je n’avais pas composé le bon indicatif. Je pars manger. Après le repas, je sors. Je vois la piscine et le spa un peu plus loin. Dommage, il fait nuit, dehors !

Un groupe de coureurs et coureuses à pied est là, avec leurs dossards. Leur but, courir dans les dunes. Motivés !

Vu du toit

Vu du toit

Lundi 21 mars

Réveillée 5h48 ! Le jour est déjà levé. Cette nuit, je me suis réveillée plusieurs fois. Nez bouché, gorge irritée. C’est vrai que je suis un peu malade, je suis même infectée.

Ma chambre est sympa. Deux lits jumeaux. Un petit canapé. Une grande table le long du mur avec une télé dessus. Un petit balcon avec deux fauteuils de jardin, une table basse, un étendage. La salle de bain est occidentale et arabe. Un tuyau à côté du WC permet de se laver. J’aime bien, je trouve cela très hygiénique. Le plafond de la salle de bain est craquelé, le gobelet à dents douteux. A part cela, tout est propre et correct.

Où est la mer ?

Où est la mer ?

Je me douche puis, en sortant du couloir je prends un escalier à gauche. Un hall, une porte ouverte sur le « campus » de l’hôtel. La photo de la pub n’est pas mensongère : le spa est tel que sur le magazine. Une pancarte : « Dune interdite ». Ah oui ? Personne ? J’y vais ! D’en haut, on ne voit pas la mer. Déception. Je redescends de l’autre côté, c’est le coin des jardiniers. Casemate en bois, pots alignés où poussent des cactées et diverses autres plantes. Bon, rien d’autre à voir. Plus loin, un mini golf. Devant l’hôtel, un toit de tôle, une pancarte « Vélos à louer ». Allons voir. Ouh ! Ah, misère, je ne monterais pas dessus ! Ils en ont d’autres ? Rouillés, pneu à côté de la jante…

L'écume des jours

L'écume des jours

Deux messieurs sortent d’un taxi, jaune, comme ceux de New York. Il s’en va. Je me dirige vers l’hôtel. « Vous êtes cliente ici ? » m’interpelle un homme. « Oui ! ». Je passe par l’accueil. Dans le hall je demande au réceptionniste comment se rendre à la plage. Le portail du fond, après la piscine, n’ouvre qu’à 9 heures. Mais il est possible de faire le grand tour par la rue. A droite, encore à droite, tout droit. Merci. Ignorant les consignes de sécurité de Roland (« Ne te promène jamais seule »), je pars à la recherche de la plage, un appareil photo dans le sac. Dans la rue, personne ne se retourne sur moi. L’eau n’est pas si froide. Le ciel, bleu. L’air, frais. La mer moutonne à peine. Le vent léger, sans doute. Les drapeaux claquent. Pas si léger, le vent d’ouest ! Je dépasse la plage de l’hôtel. En fait, notre hôtel ne donne pas directement sur la plage. Un autre hôtel nous en sépare.

Ratissage

Ratissage

Un tracteur tire un grand râteau.

Emmêlé

Emmêlé

Des pêcheurs démêlent leur filet. Ils ne sont pas partis pêcher, la mer est trop mauvaise. Puis un 4x4 surgit derrière moi. Celui-là, avec le bruit du ressac, je ne l’avais pas entendu arriver ! Roland m’avait bien dit « En Tunisie, tu ne seras jamais seule ». C’est vrai. Par ci, par là, un homme. Surveille t-il la plage ? Un autre, claudiquant, cours. J’écris à l’abri d’un grand foulard pour me protéger du vent. Un homme, un européen surgis, étonné qu’une européenne (a-t-il remarqué que je l’étais, attifée ainsi ?) soit là, assise, si matinale.

Mimosa

Mimosa

Je repars en direction de l’hôtel. Tiens, un beau mimosa ! Un homme en salue un autre : Sbalajil ! Bonjour ! Tiens, on ne dit pas salam alékoum, ici ?

Il est maintenant 8h30. Je prends mon petit déjeuner. Buffet composé de salé et de sucré. Thé. Confitures diverses. Peu de monde dans la salle à manger.

Une réunion a lieu à 9h. La représentante de l’agence Soleil + vient nous présenter ses prérogatives. Nous sommes 5. Un couple vient de Dardilly. Elle est mère au foyer, deux filles de 3 et 7 ans. Il est cheminot. Elle est enceinte de 3 mois. Ils font la thalasso tous les deux, très fusionnels. Ils sont marrants : dans leur chambre ils ont des lits jumeaux et veulent en changer car pour s’endormir, le soir, ils ont besoin que leurs pieds se touchent. Ainsi séparés, ils ont l’impression d’être fâchés. Ils nous disent aussi qu’ils sont séparés, quand il part travailler, par 30 heures d’absence, très difficile à vivre pour elle. L’autre couple ne vit pas ensemble, « mon compagnon ». Eux ont un lit deux places, et malgré leur absence de vie commune ils n’auraient pas été dérangés par des lits jumeaux. J’apprendrais ensuite qu’ils se voient environ tous les quinze jours. Lui, habite Grenoble, elle, Avignon. Il est technicien dans une fac, préparant des expériences d’hydraulique ; elle est administrative avec de grosses responsabilités aux conseils de prud’hommes. Très stressée, elle a besoin de beaucoup de repos. Lui ne fait pas la thalasso, ce n’est pas pour lui, pas dans sa mentalité. La représentante de l’agence nous dit être disponible 24 sur 24 ! Non mais ça va pas ? Et la vie privée ? Elle nous expose les différentes excursions possibles et nous répète : « Les prestations payantes prises en dehors de celles du tour-operator ne sont pas couvertes ». Bon, déjà hier on avait compris, ma belle !

Régine

Régine

Pour connaître mon programme thalasso et excursions j’attends d’avoir Régine au téléphone. J’espère bien faire des choses intéressantes avec elle. La jeune femme reviendra à 14h pour le jeune couple et moi-même. Le temps de réfléchir. Régine a laissé un message à l’accueil. Je la rappelle. Elle me conseille d’aller à Midoun demain mardi car une fantasia s’y déroule, tellement bien faite, qu’on s’y croirait !

Je sors à l’épicerie en face m’acheter une bouteille d’eau. Je suis en demi-pension et même pour les repas du soir, si je veux boire, je suis obligée de payer mes consommations. Une carte m’a été remise, que je devrais approvisionner afin de pouvoir payer mes boissons au cours des repas, sur la terrasse de l’hôtel l’après-midi, au bar de l’accueil dans la journée ou encore à la boîte de nuit. 1,5 litre d’eau au supermarket = 25 cts d’euros. Je n’ai pas encore de dinars tunisiens (DT). Je retire 100DT, soit environ 50€ au distributeur de l’hôtel. Avec mon portable, j’ai finalement réussi à joindre Régine avec le bon indicatif, c’est tellement plus facile ! J’ai enregistré son n° ainsi que celui de Roland.

Réparation

Réparation

Je sors dans la rue à gauche de l’hôtel, à la recherche d’un restaurant. Je pense revenir à l’hôtel par la plage. Salade méchouia et couscous. Sur le menu, il est écrit : 4,500 DT. « C’est quoi, le prix, en fait ? » Le serveur, mi-figue mi-raisin : « 45 DT ». C’est cher, 45 DT ! « Mais non, c’est 4,5 DT ! ». Toujours le même serveur : « Aujourd’hui, il n’y a pas de couscous Djerbien (aux poissons) car toutes les barques ont été vendues aux tunisiens qui veulent se sauver à Lampedusa ! ». Celle-là, tu me la fais pas ! J’ai vu des pêcheurs, ce matin. Sornettes ! Il rit.

Buée

Buée

Programme d’aujourd’hui : 14h rendez-vous avec la femme de l’agence de Soleil +. A 15h, thalasso. Ce soir Régine me téléphonera. Je ne veux rien lui imposer mais j’aimerais me balader à Houmt Souk avec elle. Donc, je ne ferais pas l’excursion du tour de l’île demain, je préfère la fantasia. Jeudi, en revanche, je ferais l’excursion à Tataouine. Je rêve de voir des maisons troglodytes. C’est un 4x4 qui nous y conduira. Je paie en DT, cela revient moins cher qu’en euros. 70DT ou 42€.

Programme demain : thalasso à 9H et fantasia après.

Ah ! la thalasso ! le vrai pied ! telle que je l’imaginais… D’abord, hammam. La salle la plus chaude commence juste à chauffer, résultat, pas trop chaud. Beaucoup de vapeur à l’eucalyptus, très bon pour mon rhume. Un couple de Roanne. Puis une employée me fait un gommage, pellicules noires se déroulant sur mon corps, pas si propre qu’il en a l’air. Puis rinçage à la douche. Ensuite, enveloppement d’algues blanches, sorte de liquide blanc crémeux et épais, un peu comme le début d’une béchamel quand la farine est mélangée au lait mais n’a pas encore épaissit. Elle me momifie ensuite de grandes toiles blanches en tissus non tissé, m’installe sur la banquette en marbre du hammam. Est-ce la chaleur du bain turc ou bien l’effet des algues ? Ça chauffe ! Là, assise dans les vapeurs, je somnole, la tête tombant sur le menton. Je m’endors. Pas de touriste. Les masseuses sont sorties du hammam, silence seulement occupé par le sifflement de la vapeur, brouillant les sens. Je me suis réveillée, puis couchée pour ensuite me rendormir. La masseuse vient me chercher, me demande de passer à la douche. Elle m’offre un thé à la menthe, en sachet, malheureusement ! Et ce sera la seule fois, d’ailleurs.

Dans le SPA

Dans le SPA

Les employées parlent entre elles. Puis elles chantent un petit refrain aux onomatopées sympas, en riant. C’est une chanson que l’on entend dans les discothèques. Mais, si elle est drôle, c’est pour se moquer de Kadhafi. Une histoire de chat qui cherche les souris dans tous les quartiers, pâtés et maisons. Ce que font les troupes de Kadhafi pour réprimer la révolution. Un monsieur, bermuda à fleur, que j’avais pris pour un touriste dans la vapeur cotonneuse de ma myopie m’installe dans une baignoire où des buses affleurent partout et d’où sort de l’eau de mer bouillonnante, chaude et très salée. Semi-obscurité. La baignoire s’éclaire par intermittence de bleu, vert ou rose. Une barre pour caler les pieds dessous, sans quoi ils flotteraient et ne recevraient pas les bienfaits des massages. Mmhh ! Un vrai régal ! Les jets alternent. D’abord les jambes, la plante des pieds ; puis les fesses ; et enfin le dos et les épaules. Complètement relâchée, ne laissant dépasser que la bouche et les yeux fermés, à demi flottant dans l’eau utérine poussée au gré des jets, je me laissais totalement aller. Le gars qui m’avait installée passant voir sir si tout se déroulait correctement pour moi a eu très peur ! Un malaise ! Vous avez un malaise !? me saisit par la nuque, me redresse ! J’ai eu une de ses peurs ! Que se passe t-il, monsieur ? On en a rit, mais il eu VRAIMENT très peur pour moi !

Sur mon chemin (à vélo)

Sur mon chemin (à vélo)

Là, un message de Régine : elle est passée à 16h30 à l’hôtel. Ils faisaient des courses à Midoun. Je l’appelle : elle repassera à 20h30. Le temps d’écrire à Marjolaine, de me changer. Je descends manger. Régine est à l’heure. Je fais connaissance de Tahar. Ils sont en voiture, nous allons boire un coup à l’extérieur.

Tahar connaît le patron du café où nous sommes. C’est avec lui qu’il est attablé. Nous, nous sommes un peu plus loin. Les seuls clients. Un homme joue du oud, une sorte de luth. Le patron loue des vélos. Quelle chance ! Ceux qui sont dehors sont des engins pour touristes, où l’on peut pédaler à quatre, protégés par une toile. Mais il en a d’autres, plus conventionnels. Demain je peux me présenter vers midi, il en aura préparé un. Je pourrais aller à la fantasia, à Midoun, distant de seulement 5 kilomètres.

Partie de foot par plus de 30°C à l'ombre

Partie de foot par plus de 30°C à l'ombre

Je me demande pourquoi il y a tant de personnes noires ? Ils ne ressemblent pas à des tunisiens mais à des habitants d’Afrique noire. J’ai posé la question à des tunisiens (au restaurant, à Ali). Pour eux, ce sont des tunisiens comme les autres, mais noirs. Tahar est noir aussi. Il en ignore lui aussi la raison. Disant "Je suis tunisien, mes parents aussi depuis toujours et depuis plusieurs générations. C’est comme ça, il y a des noirs !". Régine me donne la clé. Les arabes étaient esclavagistes. Les esclaves sont restés. Des soudanais.

Mardi 22 mars

Réveillée à 6h30, je tousse et crache encore jaune. Cette nuit, j’ai mieux dormi. 8h, petit déjeuner. 8h45, je suis allée au centre de thalasso.

A peine le temps de nager dans l’eau de mer bien chaude qu’Ali m’appelle pour un enveloppement de boue marine avec, ensuite, repos dans une couverture chauffante. La boue a du mal à partir, elle colle à la peau. La douche dure un petit moment. Puis la baignoire. Puis pressothérapie. J’ai froid. Deux grandes bottes qui montent jusqu’en haut des cuisses, comme des bottes de pêcheur. Elles se gonflent et dégonflent à différentes hauteurs, selon les moments. Surprenant. Pendant ce temps, je lis le magazine ELLE. Puis c’est le massage. Ce n’est pas Ali mais une jeune femme au visage acnéique qui me masse. Elle est fiancée à un avocat syrien, de Tripoli. Il a été blessé aux jambes. Il ne veut pas quitter son pays, sa famille. J’aime mieux les massages d’Ali. Je retourne au hammam. Il est 11h.

Surprise !

Surprise !

Un jeune tunisien, le bras autour de la taille d’une femme européenne de mon âge. Ah ! L’argent !... Je me trompe ?

J’arrive dans ma chambre. Oh ! Un bouquet de fleurs ! Quelle délicate attention ! Merci monsieur du ménage ! Il est vrai que je croise plusieurs fois par jour cet homme, grand, habillé de marron (chaque employé a sa couleur de vêtement selon son travail et son grade. Son chef, lui, est en blouse blanche). Quand il me dit « Bonjour ! », en français, je lui réponds toujours « Sbalajir ! », comme à tous les employés de l’hôtel. Cela les surprend. Il ne doit pas y avoir beaucoup d’étrangers qui le leur répondent dans leur langue. Et eux, de me demander, en arabe, « La Bès ?», « Ahmdoulah ! ». Si bien que cela attire, de leur part, un sourire, une complicité. Je le fait naturellement, sans plus, mais cela me semble plus sympa, plus drôle aussi parfois, de voir leur réaction. Même dans la rue, aux commerçants. Lui, ressemble à un mousquetaire avec ses poils au menton, élégant.

Merci !

Merci !

Une bonne douche puis un bon bain dans la baignoire. Ben non, autre idée : je prends juste une douche, lave en même temps mon tee-shirt à manche longue. Pratique, l’étendage sur le balcon ! Je vais nager dans la piscine d’eau de mer chaude ! Aïe ! Une crampe à la jambe droite, énorme, en nageant ! Elle a passée comme elle est venue. Je fais connaissance avec une roumaine (je la croyais espagnole, avec son accent). Son mari, dépressif, il a quatre-vingt-trois ans. Elle ? Plus jeune. Dans les 70 ? Avec lui, la vie n’est vraiment pas facile. Elle était médecin, cardiologue en Roumanie où elle est restée jusqu’à 60 ans. Elle cumulait les heures de nuit puis avait ouvert un cabinet. Elle cumulait les deux emplois. Elle vivait à 300 à l’heure. Puis, venue rendre visite à sa fille en France. Elle a fait connaissance avec le voisin de cette dernière, ce vieux monsieur.

Dans le restaurant

Dans le restaurant

Le soir. Restaurant. Toujours bien garni, le buffet. Une femme manifeste bruyamment sa toux asthmatique, ponctuant de « ça y est, je vais crever à force de tousser comme ça ! », au cas où on ne l’aurait pas entendue tousser. Un homme, vieux, chauve, mince, élégante chemise blanche sur pantalon beige, chaussures claires, seul. Il devait être beau, jeune. Un couple donne la main à une femme, du même âge qu’eux, qui traîne des pieds pour marcher, toute raide. Son pantalon, mince, laisse deviner qu’elle porte des protections, épaisses. Ne semble pas avoir tout son intellect. J’apprendrai, plus tard, que l’homme est son mari, et la femme, son auxiliaire de vie.

Mercredi 23 Mars

Je ferai un peu de hammam et cinq minutes d’algues vertes qui puent puis un bon massage. Je suis toujours surprise par les massages des bras. Il finit par un massage des mains. Ali entrelace alors ses doigts avec les miens. Il est célibataire car il aime trop sa « maman ». Il ne dit pas « ma mère ». Elle habite à Gafsa. Il voudrait se marier avec une gazelle étrangère. Mais à condition qu’il soit un peu moins attaché à sa maman !!

En revenant à l’hôtel et en discutant avec les personnes de Soleil +, j’apprendrais que des manifestants ont envahit le hall de l’hôtel toute la journée afin de protester contre le fait que leur contrat de travail n’ait pas été renouvelé.

Ce soir, karaoké ! Du bien et du complètement faux ! Je vais à l’accueil et demande au monsieur de me réveiller demain matin car je pars en excursion. C’est le même gars qui travaille au resto, tôt le matin et qui est là, tard le soir ! De même, les personnes chargées de l’animation servent aussi au resto. Et après, les contrats des employés ne sont pas renouvelés, faute de touristes ! S’ils ne les surexploitaient pas en leur faisant faire un nombre incroyable d’heures…

ONG Tunisienne

ONG Tunisienne

Jeudi 24 mars

Ce matin, au réveil, j’ai entendu un grand bruit ! Comme un meuble qui tombe. Cela devait se passer dans une chambre… j’espère qu’il ne s’agit pas d’une personne seule. Et si elle s’est blessée qu’elle pourra être secourue…

Nous voici partis pour Tataouine dans une, 4x4 avec Georges, celui qui habite Grenoble. Un jeune couple d’un autre hôtel est avec nous. Notre chauffeur s’appelle Lotfi. Nous partons chercher une autre touriste à Zarzis, après la chaussée romaine. Le long de la chaussée coure un gros tuyau. Il alimente les habitants de l’île en eau. Un plus petit amène le gaz. Des pylônes électriques les alimentent en électricité.

L’écume des jours, jetée par-dessus la chaussée romaine par le vent, vif.

Nous sommes à 230 kilomètres de la frontière où tout serait calme, nous dit le chauffeur. Dans l’hôtel de la touriste des ONG (Unicef, Croix rouge allemande et croissant rouge tunisien) partent pour la frontière Libyenne. Le chauffeur a déjà été réquisitionné pour aller y chercher des réfugiés coréens.

Puits ?

Puits ?

Des plates formes bétonnées au milieu des champs d’olivier recueillent l’eau de pluie dans des citernes. Les oliviers sont plantés en laissant un grand espace entre eux car l’eau est rare et ainsi leurs racines peuvent s’étendre loin et profond sans se faire « concurrence ».

Des traces dans le ciel (sel...)
Des traces dans le ciel (sel...)

Des traces dans le ciel (sel...)

Pour tamiser le sel
Pour tamiser le sel

Nous nous arrêtons au lac salé de Biben, dont le nom vient de Beb (porte). Il est immense, jusqu’à l’horizon. Il y a 40 millions d’années la mer allait jusqu’à la montagne.

Au loin, une carcasse de char allemand datant de la dernière guerre mondiale.

Désert

Désert

Après la récolte, les oliviers sont élagués. Les feuilles sont données aux animaux, le bois sert de bois de chauffage. Environ 20% des terres plantées d’oliviers appartiennent à l’Etat.

Puis vient le désert de sable et ses dunes. Des barrières faites de palmes tressées, obstacle dérisoire face à l’avancée du sable. Nous sommes à 25 kilomètres de Tataouine. Il y a des années en arrière, ce désert n’existait que derrière les montagnes, la chaîne Dattar. Mais la désertification avance. Dans ces montagnes habitent les berbères. Elles s’étendent jusqu’à la Libye. Le point culminant est de 750 mètres. Elle est riche en gypse, exploité dans les carrières. On en fait du plâtre. Le phosphate, avec lequel est fabriqué de l’engrais est exploité dans les mines. En Tunisie 60 puits de pétrole sont également exploités. L’essence vient de la Libye. Elle est importée plus ou moins officiellement dans des citernes. Comme elle n’est pas « propre », on peut voir tout au long de la route les revendeurs qui la filtrent à l’aide de grands entonnoirs recouverts d’un chiffon et prolongé par un tuyau, pour faire le plein. L’essence libyenne n’est pas chère. 12 litres coûtent 1 euro. Un certain nombre de maisons sont dotées de panneau solaire. Les habitants qui en équipent leur habitation sont remboursés de 30% de leur investissement. J’ai observé que l’éclairage public d’une ville aussi fonctionne à l’énergie solaire.

Céline à Tataouine
Céline à Tataouine

Céline à Tataouine

Nous arrivons à Tataouine 45 000 habitants. C’est là que se trouve le gouvernorat. Sur le sommet de la montagne se trouve le fameux bagne. Tous les soldats récalcitrants du Bat’d’af y était relégués, pour y travailler dur au soleil, à casser des cailloux.

La voiture s’arrête devant une boulangerie où se fabriquent des cornes de gazelle. Le chauffeur est « de mèche » avec le patron. Sur la vitrine, un macaron : « Vacances Carrefour » ! Tous les tour-operators s’y arrêtent… La recette ? L’ouvrier qui les réalise devant nous nous la donne : amandes et pistaches grillées pour la farce. Farine, eau et sel pour la pâte. Il forme la pâte en croissant puis la farci. Il fait ensuite frire le gâteau pendant 30 minutes, et le trempe après dans du sirop de sucre très épais. Il nous fait goûter. Mmmh ! un délice. J’en commande une boîte, comme les autres. Ils la prépareront pendant que nous visitons la ville. Les gâteaux se gardent un mois. La boulangerie a un gros débit. Ils sont frais.

Slogans de la révolution Tunisienne : Maison du peuple

Slogans de la révolution Tunisienne : Maison du peuple

Devant un bâtiment des barbelés et des slogans : « Maison du peuple ».

Chenini au loin

Chenini au loin

Nous reprenons la voiture et sortons de la ville. Le paysage se fait désert montagneux. Nous allons à Chenini. A flanc de montagne, des blockhaus allemands témoignent de la deuxième guerre mondiale.

Ruines de Chenini

Ruines de Chenini

Nous allons visiter les ghorfas (greniers) d’un fondouk (caravansérail) à el Farch. Ce sont des greniers aujourd’hui à l’abandon. Ils sont entourés d’un mur. On y entreposait des céréales (blé, orge) de l’huile et des dattes. Il y en a plus de 350, collés les uns aux autres, comme les rayons d’une ruche. Ils ont un étage. Pour y monter, un périlleux escalier. Les marches sont espacées de plus d’un mètre et très étroites. Une branche est fixée au dessus de la porte. Au bout, une poulie pour y amener la récolte. Tout cela ne semble pas très solide… Il y a plus de 15 ans, nous dit notre chauffeur, des champs de céréales s’étendaient là où seul le désert triomphe aujourd’hui.

Presque arrivés à Chenini

Presque arrivés à Chenini

Nous arrivons à Chenini, à 700m d’altitude. Un guide local nous y attend. Il nous dit ne pas être salarié et ne vivre que des pourboires des touristes. Il a fait des études d’archéologie. La première mosquée, construite en 1100 avant J.C est dans la plaine, à un ou deux kilomètres. Une autre, datant de 1400 après J.C est dans le village. La troisième, éclatante de blancheur dans le soleil est « récente » et date de 1940. Dans le village il pleut rarement, jamais plus de 200 ml d’eau et le soleil brille 330 jours par an.

Il a plu !

Il a plu !

En février il a beaucoup plu, un jour entier. C’est pourquoi les parcelles étagées sont vertes et que de petites fleurs ont poussé sur les bas côtés de la route. Les champs sont entourés de butées de terre. Quand il pleut, l’eau est ainsi retenue plus longtemps et pénètre la terre en profondeur.

Le  vieux village de CHENINI
Le  vieux village de CHENINI

Le vieux village de CHENINI

Nous discutons, Georges et moi, en arrière du groupe. Prenons des photos. Le groupe avance. Je le rejoins, Georges continue à prendre des photos, nous l’attendons mais il est un peu long. Nous allons bientôt entrer dans une maison. « Tu vas chercher ton gazou ? » me demande le guide. Quiproquo. Ce n’est pas mon gazou.

Le haut du village est à l’abandon. Ce sont des maisons semi troglodytes. Le guide, sous les questions érudites d’une des touristes du groupe nous raconte l’histoire des berbères du village. Ils n’étaient pas musulmans. Et ne parlaient pas arabe. Des conquérants arabes et musulmans les ont envahis. Au début ils ne leur ont imposé ni la langue, ni la religion. Ils les ont envahis pour des raisons économiques, leur faire payer des taxes. C’est pourquoi les berbères qui vivaient en plaine sont partis se réfugier dans les montagnes et ont construits des maisons troglodytes, se fondant dans le paysage. D’en haut, ils les voyaient arriver de loin. C’est après qu’a eu lieu la conquête culturelle. Mais le guide se plante quand il nous dit que le mot « troglodyte » vient du grec « maison primitive ». Dans le dictionnaire ce mot signifie « trou pénétré » ! Nous pénétrons dans l’une des maisons.

Portes
Portes
Portes

Portes

La Tunisie a été colonisée par les turcs. La maison est fermée par une porte dite « à la turque » : trois planches de palmiers verticales fixées par trois branches d’olivier horizontales. Tout comme l’on dit les toilettes « à la turque ». Du reste, le drapeau Tunisien ressemble à celui de son ancien colonisateur.

Les tapis prennent l'air. Petit blondinet.  Ancêtre.
Les tapis prennent l'air. Petit blondinet.  Ancêtre.
Les tapis prennent l'air. Petit blondinet.  Ancêtre.

Les tapis prennent l'air. Petit blondinet. Ancêtre.

Les habitants ont construit des maisons dans le bas du village. Le toit des maisons, en Tunisie, est souvent voûté. Cette technique permet d’obtenir de la fraîcheur. Par contre reste posée la question de la couleur bleue, toujours le même bleu dont sont peintes portes, fenêtres et encadrements de fenêtre. Un fournisseur en a-t-il l’exclusivité ? D’aucuns disent que ce bleu éloignerait les moustiques. Une légende ? Cette peinture contenait (contient) -elle un répulsif ? En Grèce, les maisons aussi sont blanches et bleues. Me revient en mémoire « C’est une maison bleue, adossée à la colline, on y vient à pied, ceux qui vivent là, ont jeté la clef… », cette chanson du Maxime Leforestier de mon adolescence.

C’est en bas que sont l’école primaire et le dispensaire. Une infirmière est présente tous les jours de la semaine. Un médecin y vient tous les mercredis. A Tataouine se trouve l’hôpital. Les tunisiens paient 30% du prix des soins, quand ils sont salariés et cotisent à la sécurité sociale. Sinon, tous les soins sont à leur charge. Les enfants vont à l’école primaire jusqu’à 13 ans. Puis, selon les personnes que j’ai rencontrées l’école est (ou n’est pas) obligatoire après cet âge. Les enfants de Chenini vont au collège en car. Les enfants apprennent le français à l’école dès l’âge de huit ans. Au village, un petit garçon d’à peine 4 ans me demande « stylo, dinar, s’il vous plaît, merci ». C’est un village touristique !

Trace de mer

Trace de mer

Les tunisiens sont majeurs à 18 ans. Seul le président de la République est élu. Maires et gouverneurs sont nommés par le président de la république.

Le guide nous montre une ligne le long de la montagne ; elle est à 450 mètre du niveau de la mer. Retrouvés dans le sol des fossiles d’animaux marins préhistoriques en attestent. Des fossiles d’animaux préhistoriques terrestres ont aussi été découverts, plus haut.

Terrasse en pente pour recueillir la pluie. Réservoir.
Terrasse en pente pour recueillir la pluie. Réservoir.

Terrasse en pente pour recueillir la pluie. Réservoir.

Au loin le guide nous désigne l’oasis. Elle alimente en eau le réservoir situé en haut du village. Le village est équipé de trois points d’eau. De loin, nous voyons un canyon. Un golfe, autrefois.

Nous mangeons une soupe très relevée puis un couscous berbère au restaurant du village. Qu’a-t-il de berbère ? Viande de bœuf, carottes, choux, pomme de terre et bien sûr semoule. Nous reprenons la route. Sur la droite, une pancarte indique « statues des sept gisants ». Dans le Coran ces sept géants sont évoqués. Ce sont sept hommes qui auraient dormi des centaines d’années, se seraient réveillés puis seraient morts. Mais le Coran ne dit pas où ils ont vécu. En Tunisie plusieurs villages revendiquent leurs sept tombeaux alignés.

Cimetière de Chenini

Cimetière de Chenini

Le cimetière est très simple : le corps, enveloppé d’un drap est mis directement dans un trou creusé dans la terre. Une fois la tombe refermée, une simple pierre est posée dessus, à plat.

Tournage du film
Tournage du film

Tournage du film

Huilerie
Huilerie

Huilerie

Dédale

Dédale

Rapace pour touriste

Rapace pour touriste

Un peu plus loin les ghorfas de Hadada. C’est un ancien ksar (pluriel : ksour), village fortifié, transformé en ghorfas, greniers. Ils datent du XVIè siècle. Ils sont en meilleurs état que les précédents. Dans l’un des greniers, plus grand, une meule servait à écraser les olives pour en faire de l’huile. Les ghorfas appartiennent à l’Etat, tout comme les précédentes. Après le porche d’entrée, la voûte est faite de branches entrelacées. C’est dans ce paysage qu’a été tournée La guerre des étoiles. C’est là aussi que l’équipe de tournage était hébergée. Des pièces équipées de WC en portent encore la trace. Mais l’hébergement devait être spartiate ! Les greniers sont en cours de rénovation. Un hôtel y sera aménagé.

Nous reprenons la route. Un camion, très lent roule devant nous. Il dégage une odeur de caoutchouc brûlé. Lotfi, notre chauffeur pense que ce sont les freins qui chauffent. Le camion transporte de la paille. Elle s’envole par poignée. Notre chauffeur : « Le camion va se vider avant d’arriver ! ». Nous le doublons. Devant nous, un camion de brique. Je dis au chauffeur : « Maintenant, il ne manque plus que le camion de bois ! ». … ??? « Ben oui, vous ne connaissez pas l’histoire des trois petits cochons ? ». Et de lui raconter l’histoire des trois petits cochons … Nous croiserons aussi des charrettes, plateformes tirées par des chevaux transportant une ou deux personnes. A la radio un rap très politique, sur le clan Ben Ali/Trabelsi.

Un peu plus et c’est moi que l’on mangeait au court-bouillon ! Arrivée de l’excursion, je passe chercher un maillot de bain à la chambre. J’ai l’intention de nager dans la piscine d’eau de mer chaude. Comme hier je n’ai eu droit qu’à une partie des soins, 5 minutes d’algues vertes, la jeune femme de l’accueil me propose de refaire un soin aux algues et l’hydro-massage. La personne, au hammam m’explique qu’il y a du y avoir une erreur dans le déroulement de mes soins. J’aurai du avoir le premier et le deuxième jour l’algue blanche ; le troisième l’algue verte et le dernier jour le rassoul (argile). Alors qu’en fait, le deuxième jour j’ai eu la boue marine. Je lui explique que j’ai eu la boue marine car j’avais expliqué mes douleurs à la nuque et aux épaules (suite à mon accident de vélo). Bref ! Alors aujourd’hui, va pour l’algue blanche ! Elle me conduit ensuite vers la baignoire. Je demande à avoir un poil plus chaud. J’entre, Mmh ! à point ! L’eau me masse. Je trouve que le bain dure bien longtemps… et que l’eau monte en température… Je me lève, regarde l’écran. Noir. Ecran tactile ? Non. Je me recouche dans l’eau. Non, elle est vraiment chaude ! Y’a un truc ! Je sors, enfile mon peignoir et vais à l’accueil. L’employée regarde l’écran : 43,5C° ! Aïe ! La machine est déréglée ! Vous ne m’avez pas crue, vous m’aurez cuite. Je raconte, brièvement, à l’employée l’histoire de Jeanne d’arc, les voix, les anglais, le bûcher. Puis celle de la grenouille et son parallèle avec la politique. Fine, elle a vite compris et rit ! La maintenance devra y jeter un sacré coup d’œil !

C’est en rentrant ce soir que j’ai eu l’explication du ramdam de ce matin, entre six et sept heures. C’est la femme qui parle très fort, asthmatique, qui tousse à s’en décrocher les poumons. Elle le racontait à des voisins de table. Elle était dans sa baignoire. Si j’ai bien compris, elle a plus ou moins pris un malaise, s’est assise sur le rideau de la douche, tirant ainsi dessus. La barre de douche lui est tombée dessus avant d’atterrir sur le sol, causant un grand bruit. A moitié assommée, elle est tombée à la renverse. Elle n’arrivait pas à se relever, s’est traîné jusqu’au lit. Entre le canapé et le lit elle a pu se relever et appeler les secours.

Repas du soir à la salle de restaurant. J’ai eu le droit à une table décorée de pétales de fleurs. Charmante attention. J’ai demandé la recette d’une délicieuse salade : citron confit, raisins secs, poulet, poivron. Malheureusement, le cuisinier qui l’a préparé ne travaille pas ce soir… La soupe « chinoise » n’avait de chinois que le nom. Vous avez embauché un cuisinier chinois ? Sourires. Délicieuse mousse au chocolat un peu gâchée par l’assiette brûlante qui sort du lave-vaisselle.

Marché à Midoun en calèche. La jeune femme du couple, Elodie, enceinte et mère au foyer avec deux enfants sait négocier ! 15DT aller-retour. Dans le prix est comprise la photo sur le chameau et en plus, la calèche les attendra pendant qu’ils feront leurs courses au marché hebdomadaire. Demain je pars avec eux.

J’ai eu Régine ce soir au téléphone. Elle me téléphone en fin de matinée/début d’après midi. Je passerai l’après-midi avec eux.

Vendredi 25 mars

Encore de bons moments passés ici ! Mais le rhume ne passe pas, l’asthme non plus. Je me suis réveillée vers 5h30. Plus sommeil. Vers 6h j’étais à la salle à manger. Personne. Je déjeune, seule. Je sors marcher a la orilla del mar (au bord de la mer). Quelques photos. Coquillage, méduse, crabe mort, écume, encore.

Le rendez-vous pour la calèche est à 9h. A 8h40, j’étais à la salle à manger où je retrouve Elodie et Fabien. Ils partent, pas le temps de finir de boire un deuxième thé. Je n’en boirai qu’une ou deux gorgées. Brûlantes.

Voyage à Djerba du 20 au 24 mars 2011

La calèche, dans la rue, est à l’heure. Nous sommes un peu serrés à trois derrière, mais bon, c’est parti ! Le patron est devant, avec le jeune Abdoul avec qui le couple avait discuté. Bonne surprise, nous y allons par des chemins, pas par la route, découvrant ainsi un autre aspect des habitations, leurs cours. C’est Pégase qui tire la calèche.

Le jeune conducteur arrête la calèche, coupe un agave, en enlève la pulpe, verte. Restent les fils, appelés sisal. On en fait des cordages pour les bateaux. Avec, il en fait deux bracelets. Un pour chacune. Le fil séchant au cours de la journée, il devient aussi solide que du nylon. Cette plante est originaire du Mexique. Elle ne fleurit qu’une fois, parfois au bout d’une dizaine d’années en une immense inflorescence pouvant aller jusqu’à dix mètres.

Abdoul et le cheval

Abdoul et le cheval

Abdoul reste avec nous à l’arrière de la calèche et nous parle de sa vie difficile. Il a arrêté l’école à 15 ans. Un peu perturbateur à l’école, il embêtait les filles. Il est originaire de la région de Tataouine. Six frères. Un père malade qui ne travaille pas. Un frère « méchant » qui l’embête. Il travaille ici depuis trois mois. Son patron vit dans une maison avec sa femme et ses enfants. Abdoul lui donne l’argent gagné dans la journée et le patron lui laisse un petit salaire. Il est logé dans une cabane à un kilomètre de sa maison. Il y va avec le cheval dont il doit prendre soin. Il puise l’eau au puits et fait la cuisine sur un réchaud au bois.

Crèche

Crèche

Marché aux bestiaux

Marché aux bestiaux

Voyage à Djerba du 20 au 24 mars 2011

Abdoul nous explique que l’école primaire est payante, ainsi que les livres. Elle est obligatoire jusqu’à 13 ans.

Nous passons voir le marché aux animaux : chevaux, moutons, volailles sont à vendre.

Arrivés au parking des calèches nous laissons Pégase à l’attache. Nous sommes tous les cinq. Abdoul et son patron tiennent absolument à nous conduire dans une boutique. Nous y entrons. Le boutiquier nous colle, veut nous offrir le thé, le coca ou l’eau, manière de nous installer et nous obliger à regarder ses marchandises. Nous sortons vite. Abdoul reste avec nous. Il restera jusqu’à la fin. Je lui explique que je veux acheter ce tissu dont les femmes Djerbiennes se drapent. Blanc, orné de feston orange et noir. Il ne sait pas top où aller. Il se renseigne. Ce n’est sans doute pas le genre de marchandise que les touristes achètent habituellement. J’en ferais un dessus de lit. Je sais le métrage dont j’ai besoin. La marchande m’enveloppe de ce tissu. Je lui chipe son chapeau. Clic ! la photo ! Elle m’en propose khamsani. Cinq ? non, cinquante. Mon arabe est rudimentaire. Khamsa=5. Khamsani=50. J’ai appris un nouveau mot. On descend jusqu’à 35DT. De souk de légumes en souk aux épices, puis aux paniers, nous allons ensuite dans une boutique où j’achète un plat d’un joli jaune, un tee-shirt pour Antoine et le petit couple des chameaux « magiques » (l’eau ne s’écoule qu’après un tour de passe-passe).

Abdoul me dit qu’il connaît un resto où je peux manger pour 4DT. Et demain, samedi, il m’invite chez lui manger le couscous…

Gargoulettes

Gargoulettes

Une voiture klaxonne, se gare devant nous… c’est Tahar et Régine ! Je paie la calèche la somme convenue et nous partons tous les trois. Avant d’aller manger, Tahar doit récupérer une clé pour une maison qu’il va faire visiter. Nous nous arrêtons ensuite sur la plage de la Seghia où les bateaux, échoués, attendent la marée pour repartir. Nous sommes à côté du Club Med. Nous allons manger un arroz tunisien (mouton épicé cuit très longtemps, et riz à la vapeur). Nous remontons dans la voiture pour aller boire un thé à la marina de Houmt Souk. Nous nous arrêtons sur le port pour voir les gargoulettes, poterie que l’on pose sur le fond, dans laquelle le poulpe se cache. Ensuite, il n’y a qu’à la remonter à la surface pour capturer le mollusque. Des bateaux à l’ancienne promènent les touristes jusqu’à une île où sont posés les flamands roses. Pauvres bêtes ! La musique des bateaux joue à flux continu, décibels au maximum !

Face à la mer

Face à la mer

Le salon de thé est face à la mer. Le vent est très froid. Même le soleil n’arrive pas à me réchauffer. Nous devisons, refaisons le monde. Politique, corruption ; la vie de Régine, au Maroc, documentaliste, prof, Edmond … Elle n’a pas assez cotisé et ne perçoit « que » 2000€ de retraite. Bien peu eu égard à ses responsabilités antérieures. Mais sa carrière dans la fonction publique n’a pas été assez longue … Et pourtant cette somme est énorme par le pouvoir d’achat qu’elle lui donne, ici, en Tunisie. Elle veut devenir résidente tunisienne et ainsi ne plus payer d’impôts en France. Régine a connu Balme, poète, éditeur mais pas élu.

Marina

Marina

Quand je les interroge, Régine et Tahar démentent : l’école primaire est gratuite, sauf si c’est une école privée. Et obligatoire jusqu’à 16 ans. Qui dit vrai ? Pour le tissu, Tahar me dit que j’aurai pu l’avoir à 15DT. Jusqu’où ne pas aller ? Il faut bien qu’ils vivent, après tout !

Il est 15h30 quand je reviens à l’hôtel. J’écris dans mon carnet de voyage, au soleil, sur la terrasse de la piscine. Brrr …Il fait de plus en plus froid ! Je rentre dans le bar.

Puis c’est l’heure ou presque de la thalasso. Je n’ai pas réussi, pour aujourd’hui, à négocier plus de massage et moins de baignoire. L’employée me couvre de rassoul de la tête aux pieds. Légèrement granuleux. Le hammam me donne encore plus d’asthme. Mais bon, va pour 25 minutes à macérer dans le rassoul.

Quand je revoie Fabien et Elodie, ils me diront que, du fait que nous étions trois, ils ont payé plus cher la calèche. Je leur règle la différence.

Danseuse

Danseuse

Ce soir une danseuse orientale est venue exciter quelques vieux messieurs. Arrivée de la rue en hidjab, elle s’est changée en… beaucoup plus déshabillée. Bizarre impression.

Végétaux

Végétaux

Samedi 26 mars

Les tunisiens qui travaillent ici, soit c’est le hasard, soit ils ont un discours rôdé pour nous faire pitié, à nous les touristes. Nafsia, l’employée du hammam me dit qu’après son accident, son père ne peut plus travailler. Abdul, le conducteur de calèche, lui, que c’est à cause d’une maladie. Et Ali, que son père est mort…

J’ai envie de leur dire que ce séjour a un coût, pour moi, il représente la moitié de ma retraite !

Hier soir j’ai redemandé au jeune cuistot la recette de la salade. Il m’avait oublié ! M’oublier, moi !? Il a demandé à son collègue, présent, mais ce n’est pas celui qui a réalisé la recette. Puis le chef du restaurant, en personne, est venu à ma table, lutrin de cuisine et m’a montré la recette. Dans celle-ci il y a de la coriandre, pas dans celle que j’ai dégustée. Mon herbe préférée ; Ici, ils n’en mettent pas dans les plats. Lui, il en a dans son jardin.

Fillette

Fillette

Revenons aux salaires. Le jeune de la calèche, apparemment ne paie pas le loyer de son gourbi, fourni par son employeur. Mais Ali, et la jeune femme dont le fiancé est Libyen, combien paient-ils ? Par contre, Nafsia, 21 ans, Djerbienne, doit être logée par ses parents. Son fiancé me dit-elle, est footballeur professionnel. Les prix. 1 jour à Tataouine, resto et visites comprises = 75DT. 50 minutes de massage = 80 DT. D’accord, la capacité de la voiture est de 1 à 7 passagers, ce qui rentabilise le salaire du chauffeur et l’essence. Mais le masseur se donne à fond 50 minutes durant. Il « paie de sa personne », quasiment. Mais lui, il est payé combien ? Quel retour sur investissement ?

enfant

enfant

Voyage à Djerba du 20 au 24 mars 2011

Samedi 26 mars

L’asthme ? J’ai dormi assise et n’ai plus de Salbutamol®. Je me suis réveillée à deux heures, à trois heures, à quatre heures puis à six heures trente…

Ce matin, Ali a eu beau négocier à nouveau, ce fut un massage de 25 minutes.

Il gagne 200€/340DT par mois et paie 150DT de loyer. Il vient à pied car son logement est à côté de l’hôtel. Je lui explique que ce séjour, pour moi représente la moitié de ma retraite et qu’un loyer de 500€ n’est pas excessif, en France. Je dois payer 48€ pour ce massage supplémentaire de 25 minutes.

Je lui propose que nous mangions ensemble à midi. Il fini à 13 heures. Et me donne rendez-vous à 13h30 devant l’hôtel.

En attendant je fais mes devoirs d’espagnol au bord de la piscine. Je traduis du Lorca. Il m’aperçoit de la terrasse de la thalasso et me fait signe.

Je reçois un texto de Régine. Que c’est con ! Ils sont partis pour la journée à Zarzis ! J’aurai pu avoir un massage de 50 minutes dans le dernier créneau horaire… Si j’avais su…

12h42, le chef cuistot m’apporte la photocopie de la recette de la salade que j’avais bien aimé. Il m’a dicté, en plus, des trucs pour confire légumes et citrons.

A 13h30 pétante je l’attends devant l’hôtel. Je ne l’avais pas reconnu, il arrive ! En costard, beau ! J’ai tellement l’habitude de le voir dans une semi-obscurité, souvent sans lunette. En pantalon et veste blanches. Et encore plus souvent de ne pas le voir mais de seulement sentir ses mains.

Nous nous installons à la terrasse du resto le plus proche de l’hôtel bien qu’il m’ait dit que les employés n’aient pas le droit de fréquenter des clients(e)s en dehors de l’hôtel.

Nous discutons. Il me dit que pour s’inscrire en école primaire il faut payer 25DT, sans compter les livres qui coûtent entre 1,5DT et jusqu’à 12DT pour le collège et le lycée.

Il me donne son adresse mail et voudrait mon numéro de téléphone. Je ne lui donne que mon adresse mail.

Son téléphone sonne. Mince ! Sa chef lui demande de revenir pour trois heures, des clients sont arrivés et on a besoin de lui. Nous qui croyions que nous pourrions discuter jusqu’à six heures… Et lui qui croyait pouvoir assister au match de foot à la télé à six heures, c’est foutu ! Maudite journée ! Normalement il ne travaille pas du samedi 13 heures jusqu’au dimanche soir. Il ne sera même pas payé en heures sup !

Natteuse (Musée de Guelala)

Natteuse (Musée de Guelala)

Nous poursuivons notre conversation en mangeant. Il a fait une formation de masseur à Tunis. Elle lui coûtait 15DT par mois. Puis il a travaillé dans un centre de thalasso. La responsable lui a appris différentes techniques, l’envoyant même en stage. Il a appris le shiatsu, les massages ayurvédiques. Il a les mains si chaudes, quand il masse qu’il est même possible de ressentir leur chaleur quand sont à quelques centimètres au dessus de la peau, me dit-il. Il aime masser. Quand il masse, ce n’est pas un corps, qu’il masse, mais un tableau, qu’il crée. En français, ce qu’il connaît de notre langue, c’est surtout le vocabulaire lié à son métier, moins celui de la vie quotidienne.

En décembre dernier il a eu un accident de moto. Lui reste une légère cicatrice à la tête et un important problème au genou. Il devrait subir une opération des ligaments croisés qui coûte 3000DT ! En effet, son patron ne cotise pas à la sécurité sociale, même si il lui affirme le contraire. Son contrat est renouvelé tous les deux mois. Il n’a pas l’assurance d’être renouvelé. Il a 38 ans. Il n’est pas marié. Son père travaillait dans une mine de phosphate. Il est mort à 60 ans. Il dit toujours « maman », c’est mignon ! Il n’est pas homo, je ne crois pas. Il est pas mal. Pourquoi ne trouve t-il pas de femme ? Trop exigeant ? Se contente t-il d’amourettes de passage ? Il est déjà « sorti » avec une femme qu’il massait. Ses pourboires n’excèdent jamais 40DT chaque mois.

Le gatoussa (chat) a mangé le morceau de poisson que j’ai laissé échapper. Ma daurade était délicieuse et bien présentée ! Ni lui, ni le restaurateur ne connaissent le nom du poisson qu’Ali mange. Nous échangeons un morceau de poisson. Le sien est plus sec.

Musiciens

Musiciens

Il me raconte sa vie. Le personnel peut loger sur place (est-ce gratuit ?) mais c’est dans un dortoir de 16 personnes. Il y a une cantine mais c’est dégueulasse. Il préfère manger un sandwich. Il ne fait pas sa prière car masser des femmes est considéré comme impur. Par contre, pour le mois du ramdam il retourne à Gafsa, chez sa maman. Tu es mignon quand tu dis « Ma maman » ! Je lui ai demandé mais n’ai pas noté comment l’on dit maman en tunisien. Le couscous de sa maman est le meilleur. Normal… Il affirme que c’est à Gafsa que l’on trouve l’origine du couscous…

Nous prenons notre temps, jusqu’à trois heures, puis nous nous quittons.

Je retourne à l’hôtel, frustrée de cet après-midi écourtée. Je vais à la piscine, lire, écrire. C’est à cause de ce groupe d’athlètes qui ont couru dans le désert qu’Ali a été obligé de partir. Je les retrouve au bord de la piscine. Ils ont fait cela pour une cause humanitaire, si j’ai bien compris. Ce sont eux que j’ai vu, le premier jour, en short et débardeur avec un dossard numéroté. Ils ont eu chaud et bouffé du sable ! 130 kilomètres, environ deux heures à courir chaque jour en plein cagnard. Des étapes en 4x4. Pas loin de la Libye, ce qui explique la défection du plus grand nombre. Au lieu de 2 à 300 qu’ils sont les autres années, ils n’étaient que 21 !

Djerbienne

Djerbienne

Plus qu’une demi-journée à me reposer dans cet hôtel, ici, à Djerba. Demain, de bon matin nous repartons. Allongée au bord de la piscine, aujourd’hui, il fait soleil. Le vent se fait doux, puis plus fort, par instant. Nostalgique de la thalasso, je vais nager dans la piscine d’eau de mer. Jusqu’au denier moment. Puisque c’est ouvert… autant en profiter ! Ils n’ont que 3 clients ! Ils nous ont coupé notre après-midi pour trois clients ! L’employée de l’accueil me donne un peignoir. La ceinture est très très courte. Même pour une femme mince, comme moi, c’est un peu juste. Elle plaisante : on va disputer Ali, le responsable de la lingerie ! En plus il a cette responsabilité… Les filles du hammam étaient étonnées de me voir…

En maillot mouillé, au bord de la piscine, il fait froid. Dedans, je suis bien. Je m’endors pour une courte sieste.

Je descends manger. Puis passe discuter avec le gars qui est à l’accueil. C’est fou ! Le matin tôt à la salle à manger et le soir tard jusqu’à minuit à l’accueil Il est diplômé de linguistique. Nous discutions sur les langues. Gatoussa en tunisien, gato en espagnol, chat en français. Il a obtenu son diplôme en 2005. Il pouvait enseigner à l’université mais aurait du verser un bakchich de 15 000DT. Il a refusé. Il touche 400DT par mois pour 8 heures de travail par jour, six jours sur sept ! Il m’a confirmé ce que m’a dit Ali sur le dortoir et la cantine. Il habite Houmt Souk. Il marche 2 kilomètres puis prend un taxi à 5 DT par jour.

(6 jours x 5DT = 30DT x 4 semaines = 120 DT par mois !) S’il paie son logement au même prix que celui d’Ali 120 + 150 = 370DT dépensés sur un salaire de 400 DT, sans les pourboires, s’il en a. Il lui reste 30 DT pour vivre. Pas marié, pas enfants ? Quelle vie ! Il ne croit plus en rien. Ni au nouveau gouvernement, ni aux élections à venir, ni à la nouvelle constitution. Blasé, écœuré.

Sur la plage abandonnée...
Sur la plage abandonnée...
Sur la plage abandonnée...
Sur la plage abandonnée...
Sur la plage abandonnée...

Sur la plage abandonnée...

Dimanche 27 mars

Ah ! Maudit téléphone qui sonne l’heure du départ ! J’ai mieux dormi, ne me réveillant qu’à une heure et me rendormant vite. Hier soir je suis allée danser car Fabien et Elodie y allaient. Nous étions 4 sur le piste… je ne suis pas restée longtemps. Je me suis couchée à 23 heures après avoir fait ma valise.

Aéroport

Aéroport

Notre avion

Notre avion

Dans l’avion. En solidarité avec leurs collègues dont le contrat n’a pas été renouvelé, stewards et hôtesses portent un brassard rouge autour du bras.

J’offre un kawa au chibani assis à côté de moi. Je lui dis que je vais demander si mon conjoint pourrait faire un détour et le poser à la gare de Perrache, il habite Bourg en Bresse. La dame assise de l’autre côté, elle, habite à Vénissieux. Quelqu’un vient la chercher. Elle m’offre la moitié de son sandwich au thon, légèrement épicé ; bien meilleur que le mien ; et son yaourt.

Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journaux de voyages

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