Publié le 10 Janvier 2015
T’es où Charlie ?
Allez Charlie, arrête ton char
Tu sais, la mort, ça n’fait pas rire
Tu en as ri, toi, de la vie, de ses travers,
De la camarde et de ses enfers
Allez Charlie, ne baisse pas le phare
N’nous laisse pas seuls avec le pire
Prends ton crayon et ouvre tes vannes
Provoque la vie sous les soutanes
Tandis que moi je lisais Libé,
L’Huma, le Diplo ou l’Enchaîné
Je vois encore mon fils chercher
Sur double page : où est Charlie ?
Juste pour savoir, j’ai feuilleté
Le Dauphiné, le Provençal
La Marseillaise, le Figaro
Sans la nausée, ni les mains sales
Si souvent on nous a laissés
Le cerveau disponible pour prier
Les dieux anciens et les nouveaux
Vautrés devant comme des veaux
On pouvait bien chercher Charlie
L’écran était parasité,
Et en guise de libre expression,
Saturé de malheur et d’illusions
Vous n’étiez sans doute qu’une poignée
De Charb, Cabu ou Wolinski
Mais quelques mots, quelques croquis,
Pour nous inviter à penser
Et sur l’album de la comtesse,
Permettez-moi de vous glisser
Cette bien peu religieuse pensée :
Que l’évidence des vies se dresse !
Vois ton voisin dès aujourd’hui,
Pas comme un Juif, un Sarrazin,
Pas comme « anti », seulement humain…
C’est lui, c’est toi, c’est nous : Charlie.
Yves Béal, 7 janvier 2015