Vitezslav Nezval PRAGUE AUX DOIGTS DE PLUIE
Publié le 19 Septembre 2022
Prague aux doigts de pluie
Lecture à haute voix de trois textes
Écrire tous les mots que vous entendez, mais pas tous, seulement ceux que vous aimez, qui vous donnent des idées, qui vous rappelle un souvenir. Le souvenir d’un endroit où vous êtes allés.
Page 19 La passant de Prague
Escalier Vertige Gare Foule Émigrants Bâtiment Faubourg Quartier
Page 24 Un dimanche sans personne
Sinon :
Dimanche Cimetière Personne Égaré Faubourg Femme Salon de coiffure Cravate Forêt Cinéma
Page 37 Le cimetière juif
Sinon :
Cimetière Juif Belvédère Chez moi Coucher de soleil Horloge Arbre Brume Rue Vent Phares Façade Passage Ruine
Page 57 Les poubelles des rues
Sinon :
Cœur Cristal Corbeille Cendre Ordures Vente Enchères Ramassage matinal Rue Gare Belvédère Fenêtre
Quand il y a eu le confinement nous n’avions pas le droit de faire plus de 1 km autour de chez soi. C’est peu et c’est beaucoup à la fois. Je découvrais ma ville sous un autre angle.
Ce livre date de 1936, très moderne pour son époque, l’auteur est un surréaliste. Il joue avec les mots, les images, les idées. Il parle d’une capitale lointaine, Prague, c’est encore à l’époque la Tchécoslovaquie, un aéroport vient d’être construit. C’est un pays qui n’existe plus maintenant (Tchéquie et Slovaquie).
De ma fenêtre
Je vois des enfants qui courent sur le trottoir
Du trottoir
Je vois des escaliers qui montent jusqu'au belvédère
Du belvédère
Je vois des réverbères éclairant le passage matinal des éboueurs vidant les poubelles
Sur une poubelle
Je vois un chat à travers la brume
A travers la brume
Je distingue une femme en corsage criard
Sur le corsage de cette femme
Je vois un pendentif en cristal
A travers la boule de cristal de la cartomancienne
Je vois le passé, le présent et je devine le futur de cette ville
MS
Au cadran de la montre, les aiguilles indiquent minuit passé.
Je sors de ma loge pour aller au bal.
J'ai enfilé mes ballerines de cristal.
La fleur à la boutonnière
La cravate criarde autour du cou
Je marche dans les rues de ma ville.
J'ai vaguement peur
Le vent en tourbillon fait siffler les réverbères
Je sens battre mon sang dans mes veines, quand, tout à coup, il se fige
Je suis exsangue
Là, devant moi, couché dans une sombre encoignure
un enfant pelotonné contre son père gémit et pleure.
La ville est dure aux miséreux.
Je vais être en retard, mais qu'importe !
Une boutique encore ouverte à cette heure tardive. J'entre et achète du pain, du chocolat,du lait, du fromage et un doudou.
Mon âme retrouve un peu de sérénité à la vue du sourire du petit. Il avait si faim.
Tant pis pour le bal, il y a tant et tant de jours à vivre. Ce soir je dormirai en paix.
MS
Un escalier
Une porte qui couine
Une maison en ruine
Du belvédère j'observe ma ville
Ma ville aux cent mille fenêtres
D'où s'échappent mille fumets
Soupe au choux, friture, couscous, nem, hamburger,
Ma ville tonitruante
Klaxon, camions, engins de chantier, tramway.
Mais aussi ma ville de verdure
Parcs, squares, allées de platanes, cours d'école.
A l'automne, sous la brume
ma ville en jaune, orange, rouge, brun
tombe la bruine sur les parapluies multicolores.
Ville-paysage ville crépuscule
Ville minuscule à mes pieds.
A l'horizon, par beau temps, les Alpes
la blancheur de ses sommets
(dans deux jours, il pleut !).
Comme en apesanteur, tout là-haut
Je flotte sur mon nuage.
Premiers frissons, le début d'un rhume ?
Ma ville Bable aux cent langues
Arrivant par ses cinq gares et son aéroport
Bambara, Thaï, Tamoul, Yeddisch, Espagnol, Arabe, Anglais, Grec, Chinois.
Ma ville culturelle
Musées, cinémas, théâtres, festivals, bibliothèques.
Ses commerçants
Brocanteurs, librairies, marchands de vélo, de vélos, restaurants, épicerie, marchands de vin, de chaussures, de fringues, de bijoux.
Mais aussi ville de truands, de bon citoyens, de voisins, de passants pressés, de retraités assis sur un banc, de clochards couchés sous un pont, d'enfant sautant à cloche-pied,de pêcheurs exhibant leur proie.
Ma Ville-Monde, ouverte sur la vie
Ma ville à l'infini.
Cet homme est ici pour allumer les réverbères qui allument la montée du belvédère. Il voit passer des femmes aux vêtement criards portant des valises d'émigrant sans fleur et sans reproche malgré les cœurs brisés à la vue de leurs enfants morts à la guerre, étranglés par l'ennemi, et aujourd'hui endormis pour toujours au cimetière après la nuit de cristal.
J. Christophe
Quel courage il faut pour faire tout ce ménage, assumer le ramassage de toutes ces ordures égarées dans la gare du quartier qui n'est qu'escaliers, passages et traboules.
Foule triste de miséreux, ces émigrants ayant pour seul toit une fragile toile vertes, rouge ou orange. Pour seule lumière, ces réverbères.
Ces femmes, ces enfants, ces hommes dorment sur de pauvres matelas posés sur les trottoir de nos villes, abrités sous un pont. Eblouis par les phares. A la merci de la poussière. Perdus dans nos villes.
MS
Nulle part 1920,
émigrant, faubourg, cimetière fermé criard cinéma
1921 Pétrine passé s'éteignait fascine Prague brocanteur boite et tourbillon de poussière coeur crystale majestée un belvédère miraculeux
asiscoff fermé
Nulle part 1920,
émigrant, faubourg, cimetière fermé criard cinéma
1921 Pétrine passé s'éteignait fascine Prague brocanteur boite et tourbillon de poussière coeur crystale majestée un belvédère miraculeux
asiscoff fermé
Ici il fait nuit mon coeur bat la chamade, je ne sais pas où aller je me suis égaré après mon accident de la route contre un arbre au milieu de nulle part,
des escaliers me conduisent dans une ruelle où je croise des réverbères clignotants et semblant à l'agonie
soudain je me rends compte que dans ce patelin il n'y a que le bruit du vent seule une horloge se fait subitement entendre menaçante elle annonce les douze coups de minuit "IL" arrive je le sais je le sens me regarder
Corentin
Tatiana était arrivée depuis peu de Vilnius, et le contraste entre la Lituanie et la France n'ait pas si important que cela car Lyon aussi est une très grande ville.
Il faut dire que nous étions en 2022 et non pas en 1989, sans cela, Tatiana eût senti la différence culturelle.
Elle avait très vite trouvé sa place au sein de la dynamique équipe de l'Athlético Lyonnais et avait pu reprendre le saut en hauteur.
A 25 ans, il était important pour elle de poursuivre une activité sportive, elle ne pouvait pas vivre sans cela.
Elle habitait rue du Moulin à Vent, au-dessus d'un restaurant chinois à la façade cramoisie. L'inconvénient, c'était cette odeur de friture, mais comme elle aimait beaucoup les nems et très peu cuisiner, elle était finalement satisfaite de n'avoir qu'un dre escalier à descendre.
Son compagnon avait beau lui dire que ce n'était pas le meilleur aliment pour une athlète de son niveau, elle ne l'écoutait pas.
Ils avaient fait connaissance dans le train, entre Paris et Lyon, un jour où elle revenait d'une compétition bardée de médailles, lui, était contrôleur. Elle avait oublié sa carte de réduction, mais à force de sourire, de soupirs et de rires, il avait laissé échapper : "Bon, tant pis pour cette fois".
Son prénom, Tatiana, ne l'avait pas laissé indifférent. Lui-même se prénommant Sergueï, il avait imaginé que, comme lui, elle était Russe. Ils avaient parlé un peu, mais son travail l'appelait et il poursuivit entre les rangées des voyageurs.
Aussi brune qu'il était blond, le charme avait opéré entre eux, célibataires chacun de leur côté.
Il l'avait à nouveau croisée un jour qu'elle repartait sur Paris, en touriste cette fois. Il avait osé lui demander son numéro de téléphone.
Ils s'étaient revus et c'est ainsi que leur histoire avait commencé.
MS