Splendeur et décadence du camarade Zulo de Dritëro Agolli chez Gallimard

Publié le 17 Juillet 2023

Splendeur et décadence du camarade Zulo de Dritëro Agolli chez Gallimard

Si le camarade Zulo, est le personnage principal, c’est Demkë qui s’exprime tout au long de ce roman de Dritëro Agolli que m’a recommandé une amie Albanaise.

L’on retrouve l’ambiance pesante de la bureaucratie des pays communistes des années 50, ici, l’Albanie.

Demkë est l’obscur employé d’un ministère de la culture sous les ordres du camarade Zulo. Il est chargé, non de la préparation, mais souvent bien plutôt de la rédactions de rapports et de discours pour son chef. Il me fait pitié car il ne sait pas dire non et passe ses jours et ses soirées à écrire pour les autres au lieu de réaliser son rêve le plus cher, écrire pour lui-même des textes personnel. Mais nul ne lui en laisse le temps car, outre le camarade Zulo, son N+1, comme l’on dirait aujourd’hui, le camarade Q., son N+2 mais aussi, plus avant dans le livre, Cléopâtre, la belle épouse de son ami Adem Adachi, écrivain, lui téléphonent et lui donnent les thèmes qu’il doit aborder dans leurs futurs discours. Et chacun, non seulement de lui « voler » ses mots mais aussi de les détourner pour se les approprier, comme de vrais plagiaires. Cela n’en finira donc jamais ?! Plus fort encore, le camarade Zulo lui commande un discours et le camarade Q. à peine quelques heures plus tard lui demande d’écrire exactement l’inverse et tous deux de débiter chacun le leur, successivement au cours de la même réunion en présence du pauvre gratte-papier, à son plus grand désespoir !

J’ai, à la fois aimé cet ouvrage à l’humour corrosif, mâtiné de traits de poésie ou de pensées incongrues imaginées par le camarade Zulo ; et pas aimé car la répétition des situations, à la longue, est pesante même si l’auteur tente une échappée réjouissante et fraîche dans un village reculé. Une opinion mitigée, donc pour ce roman

Citation :

« Je ne répondis pas. Je repris le crayon et me mis à écrire. Les lettres s’alignaient les unes à côté des autres, telles les mottes le le long du sillon d’un champ. Quand j’étais petit, j’allais dans les champs avec mon père et je regardais les sillons. Ils étaient longs. La charrue courait dans la terre et rejetait les mottes sur le côté. On sentait une odeur de terre. A vrai dire, le papier ne sent pas l’encre. Mais j’en ai l’impression. Je ne manque pas d’imagination et je suis capable d’écrire ».

Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Babelio

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