Publié le 2 Juin 2020

Dans le jus

Les sons, les odeurs, les saveurs, les textures. Depuis ma toute petite enfance mes cinq sens sont en éveil. 

Marseille.

J’ai trois ans. A l’étable la source tiède du lait trait à l’instant, l’odeur puissante des émanations.

J’ai quatre ans. Inoubliables brousses du Rove, lait caillé des chèvres, légèrement sucré et toute la sapidité sur les papilles.

J’ai cinq ans. Pogne de Romans encore chaude et son ineffable odeur de beurre, ou Saint-Genix et ses belles pralines rouges.

J’ai six ans. Cantine de Saint-Augustin. Navets, rutabagas, choux cuits à l’eau sans gras ni sauce.

J’ai sept ans. Nous fuyons, nous, les juifs, l’avancée des Allemands. Charavines, refuge protecteur. Un grenier et ses parfums de noix épandues sur le plancher, de  pommes embaumant l’air. Et aussi la fenaison, gigantesque et bruyante batteuse.

J’ai huit ans. Délicieuses boules de pain bien blanc, pétries et cuites dans le four chauffé au bois, souvenir délicieux pour moi, enfant de la ville.

J’ai quatorze ans. Je garde un troupeau de pouliches, souvent aussi le petit garçon des fermiers. Partage des  larges tranches de pain blanc abondamment tartinées  de miel et  de crème recueillie sur les chaudrons de lait tiédi.

J’ai quinze ans. La guerre est finie. Nous retournons vivre à Marseille. J’en assez d’aller à l’école. Ce n’est vraiment pas pour moi. Je veux travailler,  et même, je veux être pâtissier. Je n’ai pas choisi ce métier par hasard. C’est peut-être même lui qui m’a choisi ! Je suis allé chez mon nouveau patron pendant trois jours, juste pour voir les labos et comprendre un peu son organisation.

J’ai seize ans. Premier jour de travail. Je commence le matin à cinq heures. Je suis motivé, je veux apprendre mais comme il est difficile de se lever tôt !

Lendemains de la Libération. « Le Poussin bleu » retrouve son activité d’antan mais tout continue à être strictement contingenté, sauf les chewing-gums et les cigarettes au goût de miel que distribuent les GI’s. Les matières premières, sont extrêmement rares. Les ouvriers expérimentent en permanence leur savoir-faire en fonction des particularités des produits inhabituels entrant dans la composition de leurs recettes.  Mon patron est le meilleur sur la place de Marseille aussi bien en tant que pâtissier, chocolatier, confiseur, traiteur que glacier. Sa clientèle est essentiellement composée de la bourgeoisie, de l’aristocratie phocéenne. La « maison » a une réputation à tenir ! Plus de quarante ouvriers s’agitent dans le laboratoire en sous-sol, sans compter les commises- serveuses en boutique et au salon de thé. L’exercice est extrêmement périlleux. Les œufs en bidon, d’origine américaine sont en poudre, le lait aussi. La nature des farines varie, comme leur couleur d’ailleurs. Elles contiennent du blé, bien sûr, mais lequel, et dans quelle proportion. Le sucre n’est pas raffiné, plus ou moins roux, au pouvoir plus ou moins sucrant. Quant aux corps gras ils sont très aléatoires, divers. Aussi, devons-nous constamment faire des tests, nous adapter. Ainsi pour faire croire à l’utilisation exclusive de produits frais cassait-on de temps en temps en fin morceaux une coquille d’œuf dans les préparations !

15 février 1946. Je suis arpette, sous contrat de trois ans. Faire la plonge, gratter nettoyer plaques, plats et cornes. Blanchir, émonder, broyer les amandes brûlantes qui sortent du chaudron en cuivre. Séparer les caissettes en papier. Défaire les filets d’anchois sous un filet d’eau froide. Et  le samedi je commence plus tôt encore, pour faire le gros ménage, un très gros ménage. Tout laver minutieusement. Les fours, les échelles, les marbres, sous les marbres, à l’intérieur des frigos, les grands et les petits, nettoyer les machines, tous les robots. Alors, parfois, avec les autres apprentis, quand nous sommes seuls, nous nous défoulons !  Nous nous livrons à de véritables batailles rangées. Les projectiles ? De belles pêches ou de beaux abricots bien mûrs. Vous imaginez ? Les murs, les plafonds, les étagères surchargées dégoulinants de pulpe. Un « chaple » dit-on dans le midi.

Si mon estomac est bien rempli, je n’en sais pas plus à la fin de ma première année qu’à mes débuts sur mon futur métier. Selon une vieille coutume dans la profession le chef détient jalousement le secret de ses recettes. Tout ça pour dix centimes de l’heure ! Je ramène ma maigre paie à la maison.

19 mars 1946. J’en ai vraiment assez de faire le larbin. Avec un copain, escaliers monumentaux de la gare Saint-Charles,  nous nous rendons au syndicat  pour nous plaindre du manque de respect du contenu du contrat par le patron. Le lendemain, de retour au turbin, c’est la raclée. « Où étiez-vous hier soir ? Pleurer au syndicat ?! ». Pauvre de nous, c’est au siège du syndicat départemental des patrons pâtissiers-confiseurs que nous sommes allés ! Notre patron en est  le vice-président ! Le soir même, nous ne nous sommes pas trompés et avons filé au syndicat ouvrier… J’ai très rapidement senti la différence. En six mois j’ai appris toutes les astuces du métier et suis devenu maître glacier, sans gratification supplémentaire, naturellement. Juste pour le plaisir !

31 octobre 1946. Chaque matin, quand nous arrivons, notre premier travail avec Gabriel, un autre apprenti, est de nous occuper des petits fours. Monter l’appareil. Beurre, huile, œufs, mettre à fondre les ingrédients liquides dans la cuve posée sur le gaz.  Les mélanger au fouet. Viennent ensuite les matières sèches,  farine et sucre. Matières sèches et liquides sont incorporées dans la même cuve, après quoi viennent les arômes et les colorants. Le temps que la pâte se repose, je confectionne les tuiles, la chose que j’aime le moins faire ! C’est difficile, ça coule sur les doigts et salit le plan de travail. Ce n’est qu’en fin de matinée que je mets les petits fours à cuire. Nous finissons parfois très tard et comme nous commençons vraiment très tôt, la fatigue est pesante.

C’est ainsi que j’ai eu mon premier accident de travail, en fin de journée, vers les deux heures environ. J’avais une cuisson de petits fours, pour une grosse commande, je n’avais allumé qu’un four. J’avais déjà sorti une dizaine de plaques de petits fours déjà cuits, et  je les avais posées sur une des deux échelles disponibles. J’avais ensuite dix autres plaques à enfourner. Sans m’en rendre compte, j’ai mis une plaque brûlante, sur l’échelle de ceux qui n’étaient pas cuits. Arrivé à la plaque chaude, je l’ai prise à pleine mains, sans les maniques, je pensais qu’elle était sur la bonne échelle. A pleine mains, mais elle n’est pas tombée par terre !! Je ne l’ai pas lâchée, je l’ai tenue, douleur insupportable, mais j’ai réussi à la reposer. Brûlé au deuxième degré, mais ça, je ne l’ai vu qu’après, j’ai mis mes mains sous l’eau froide. Le patron a dit que je n’avais rien, et même que je faisais semblant. J’ai finis la plonge, à l’eau froide, puis le ménage. Je ne pouvais pas sortir les dernières plaques du four car,  dès que je m’en approchais mes mains me brûlaient encore plus. C’est donc l’autre apprenti qui l’a fait. Nous avons réussi à finir à quinze heures trente ! Le patron  m’a dit au revoir, m’a laissé repartir à vélo, sans même prévenir ma mère. Quand je suis rentré elle m’a emmené chez le médecin qui m’a prescrit quinze jours d’arrêt de travail.  Puis j’ai repris.

26 décembre 1946. Le travail est varié. Il m’arrive régulièrement de turbiner à la  chocolaterie, surtout au moment de  Noël ou de Pâques. Les exquis effluves de fèves et d’orange s’exhalant des cuves embaument tout l’atelier. Ils nous feraient presque oublier l’intensité du travail. Ce n’est qu’après toutes ces grosses périodes de travail, que le patron nous a accordé une pause, juste cinq minutes, royal !

2 juin 1947. Aujourd’hui encore, nous avons travaillé à plein tubes, nous commençons un peu de « cuistance ». Ce soir, comme je vais faire les pâtes, je couche là-bas, car demain sera une grosse journée. Pour l’instant le boulot c’est bien effectué. Il ralentit beaucoup en raison de nombreux départs des apprentis et malgré le temps exécrable. Il ne me reste qu’un mois de travail, après, je suis en vacances ! J’ai, moi aussi, fini mon apprentissage. J’ai appris la rigueur, acquis le sens de l’organisation, je suis devenu autonome. La sensibilité naturelle que je possédais déjà tout petit s’est développée. Forme, décoration, couleurs artistiques de ce « métier de bouche », qualités gustatives et équilibre organoleptique des produits sont devenus fondamentaux pour moi. J’aime tendre à la perfection.

30 octobre 1947. J’ai dix-neuf ans. Je suis maintenant un bon « demi-ouvrier ». Je me rends à Paris. Nous y avons de la famille, je ne serais pas seul. Je suis parti ni pour chercher la gloire ni pour faire fortune. Je viens pour me parfaire. Un nouveau patron m’attend. Ma mère a trouvé une logeuse, madame Levy, Villa Dury Vasselon, porte des Lilas, dans le XXe. Je paie mon logement. Une fois par semaine je vais au théâtre ou au cinéma et mange au restaurant. Je m’achète mon premier vélo neuf. A moi la capitale !

1er novembre 1947. Premier jour de travail à Paris. Quel changement ! Ici, rue de l’abbé Grégoire, nous travaillons à l’étage d’un bâtiment dans un labo tout en longueur, le long d’un grand couloir central. Dans une deuxième pièce se trouvent les frigos, c’est là que se font les brioches, sur un grand marbre. Tout au fond, deux grands fours et le piano, sur le côté, à gauche, la plonge. Finie l’atmosphère confinée de la cave du labo de Marseille !  La chocolaterie, elle, est au rez-de-chaussée, tout comme la boutique. Au rez-de-chaussée sont aussi stockées toutes les autres matières premières, dont le chocolat, dans de grosses boîtes d’au moins cinquante kilos. Sous les plans de travail et dans les frigos, se trouvent aussi les ingrédients, utilisés au quotidien. Ce qui est nouveau c’est que l’apprenti, les ouvriers et moi-même devons décharger toute la marchandise que nous livre le fournisseur au moins deux fois par semaine et la monter, pour partie, à l’étage. La qualité des ingrédients a bien changé, elle aussi. Le patron originaire de la Baie Saint-Michel a mis en place un ingénieux système de livraison des matières premières : mottes de beurre de dix kilos, la viande, du gigot de pré-salé est de toute première qualité, œufs extra frais, et calvados distillé par le voisin. Et pour ne rien gâcher, c’est deux fois par semaine qu’il se rend aux halles, le ventre de Paris, et achète champignons, fruits, légumes et coquilles Saint-Jacques.

Les journées sont toujours aussi longues, huit à dix heures par jour, je me lève à quatre heures du matin mais bénéficie de trois semaines de congé, comme tous les jeunes de moins de vingt et un an.

La cour, commune à un hôtel qui loge des étudiants, et c’est la découverte de la musique vivante grâce à des Amerlocs qui habitent au rez-de-chaussée. Ensemble, nous travaillons au rythme du jazz et de la musique classique, fenêtres ouvertes, j’abaisse la pâte au rythme de Mozart. Ils sont Ajistes, comme moi.

19 mars 1948. Certaines semaines sont plus chargées que d’autres. Aujourd’hui, deux grosses commandes. Un baptême, d’une part, et deux anniversaires pour une même famille, d’autre part. Petits pains, sandwich, petits fours glacés et secs, lunch, flans, poissons décorés sur plat, poulets, langoustes. C’est drôle, la guerre est finie depuis à peine quatre ans et les gens ont du pognon plein les poches !

J’ai fait, seul, trois mokas. Arômes de café et de chocolat,  moelleux de la génoise, onctuosité de la crème au beurre. L’un pour quinze personnes, l’autre pour huit et le dernier pour trente-cinq personnes. Le plus lourd pèse deux kilos cinq cent, belle superficie à décorer !! Le Patron a embauché trente-cinq personnes pour le service. Catastrophe ! L’une d’entre, en portant le gâteau par en-dessous a esquinté le décor. J’ai dû refaire l’inscription !

La journée n’était pas finie pour moi. Je vais livrer de la glace en sorbetière au directeur des Magasins réunis, il habite en face des « Reflets », le cinéma d’art et d’essai, au coin de l’avenue Niel. Il m’a ramené aux Lilas en voiture car mon vélo était crevé. Deux trous et un seul clou.

5 octobre 1949. Sans déposer aucune revendication au Patron, il m’a augmenté de 10% ! 75 francs, presque 2 billets en plus par mois ! Ils doivent être rares les « Jules » de cet acabit !  Aujourd’hui je me suis abonné au « Pâtissier moderne », une revue d’art gastronomique, éditée par la société grâce à qui j’ai trouvé cette place. C’est très bien fait, ça traite de cuisine, confiserie, pâtisserie avec des menus et le détail de la fabrication de mets. Des recettes, des modèles d’entremets. Je crois que mon ancien patron, du Poussin, recevait cette revue.

7 décembre 1949. Ce matin, j’ai passé le conseil de révision.  Une presque « grasse matinée », levé à sept heures et demie. Une heure plus tard j’étais devant la mairie avec deux cent gars environ. Les officiels ne sont arrivés qu’à neuf heures et quelques, l’exactitude militaire ! Les gars avec qui je parlais, des étudiants sont d’accord, aucun ne veut partir contre les Vietnamiens, ni combattre aucune grève ou manifestations.  Ils n’ont pas d’idée combattive ou belliqueuse. Le toubib, un bon vieux barbu et moustachu m’a dit que pâtissier était un bon métier ! Il m’a raconté que lorsqu’il était jeune il  faisait des folies avec les gâteaux. Nous avons ainsi discuté alors que moi, j’étais à poil naturellement ! Lui, me faisant des dessins  de gâteau, sur son bureau, des verts, des roses … Cela a bien duré cinq bonnes minutes sous l’œil amusé des copains.

Hier soir je suis allé au théâtre de l’Etoile voir Yves Montant. Orchestre  impeccable. Yves était derrière un tulle bleuté, et une fois, les projecteurs allumés, on ne voyait plus que ses mains, son visage, les touches blanches du piano et le nickel des instruments. Tout ce qui était noir ne se voyait absolument pas. Formidable ! Quant à Yves, ce fut du délire ! Jamais je n’avais vu et entendu cela à Paris. Une atmosphère, un enthousiasme inouï. Après, un silence écrasant. En sortant, du théâtre, je fus surpris par tout l’éclairage et la publicité au néon, et autres tubes fluorescents (l’éclairage publicitaire a été autorisé par l’E.D.F). Magnifiques illuminations sur tous les Boulevards.

1er janvier 1950 Pour les fêtes du nouvel an nous avons turbiné à plein réacteurs. Travail fantastique mais je n’ai pas beaucoup dormi depuis quelques jours ! Nous avons réveillé les « femmes » à 4 heures ce matin pour nous sortir du « jus » et aider à la fabrication. Que d’entremets, pithiviers, petits fours glacés, fruits déguisés et autres vols au vent !! Records battus. Je commence à me faire bon sur les entremets. Enfin, voilà les fêtes passées, encore deux dimanches à venir, très durs, et la période la plus harassante de l’année sera passée. Par contre, j’ai fait une bonne quinzaine avec l’indemnité de transport, les étrennes, et les pourboires ! A la fin du service, nous mangeons au boulot, comme d’habitude, et comme c’est fête, c’est encore plus copieux qu’à l’accoutumée. Douzaine d’huitres, arrosées de vin blanc, poulet, et curaçao, comme pousse-café.

8 janvier 1950. Après Noël, jour de l’an, vient  la journée des rois. Il y a tant de travail que dimanche soir je couche chez le patron. Qu’est-ce que nous avons fait comme galettes !!! Je ne sais ce que les gens, trouvent de bons dans ces galettes de feuilletage pur ! Où sont nos couronnes en brioches au sucre, et décorées de fruits confits ?? Loin, à Marseille !! Et trois repas pour douze personnes chacun, une langouste, et j’ai réussi deux roses roses en sucre tiré. Je suis loin du vieux suisse du Poussin ; présentables, le « Bos » les a trouvées jolies, ne sachant pas les faire. Ou les gens ont trop d’argent ou ils sont fous. Cela ne durera pas éternellement, heureusement, et à la fin du mois ils seront tout étonnés de trouver leur « escarcelle » vide. Cette semaine est terrible, heureusement que c’est provisoire, sans cela je ne continuerai pas. Enfin, lot de consolation, je me suis fait une semaine en conséquence avec un peu plus de cinq cent balles de pourboire patronaux. Enfin je commence à m’entraîner à décorer les pièces montée à la glace royale. Dimanche dernier, ensemble, nous avons bu une bouteille de champagne, avec des  sandwichs au foie gras, des crevettes comme de vulgaires rupins !

3 mai 1950. Samedi matin, quatre heures. J’arrive. Le patron me dit d’un air triste qu’il est arrivé une commande et qu’il a bien peur de ne pas pouvoir me laisser sortir demain : quatre pièces montées dont une pour un baptême, quatre tartes aux  fraises pour quarante personnes, une pour douze et une pour dix personnes. Nous rivalisions facilement avec un traiteur pâtissier du coin. Un plat de soles normande, des poulets rôtis, divers sandwichs au foie d’oie, jambon, beurre d’anchois, crevettes le tout pour un lunch. Les ouvriers pâtissiers qualifiés sur la place de Paris sont extrêmement rares. Il n’y a plus de chômeurs pour l’instant ! Il me conseille d’aller trouver un ouvrier boulanger pâtissier, chômeur à Vanves et de lui offrir de venir à ma place. Grosse, très grosse journée. Fruits déguisés, etc… un franc succès auprès des clients, qui nous ont félicités pour leur finesse. Nous avons ma foi, fait un bon repas à midi avec le patron et les ouvriers. Asperges en vinaigrette, paupiettes en sauce, carottes, champignons à foisons et calva en quantité, Fromage, et fruit.

4 mai 1950 Le copain remplaçant arrive !! Je dansais presque de joie. Surtout que depuis le matin le ciel était d’un bleu, 100% méditerranéen. J’ai bâclé le reste du boulot en un temps record. A seize heure, avec douze heures de boulot dans les pattes, un dîner, poulet dominical sur l’estomac, et un soleil de laiton sur le sommet du crâne, j’ai mis une heure trente pour accomplir les quarante kilomètres, et rejoindre mes copains qui partaient aux pissenlits, qui ma foi étaient durs, coriaces et rares. Nous les avons quand même mangés en salade.

5 juin 1950. Maintenant les grosses commandes sont terminées. Chaleurs étouffantes et caniculaire, la vente du pain et des gâteaux a diminué d’un tiers, surtout les gâteaux à la crème. Par contre les tartes aux fraises et les glaces marchent bien. A une heure et demie nous sommes tous partis en voiture déjeuner sur l’herbe, après Villacoublay. Il ne faisait pas formidablement beau mais enfin il ne pleuvait pas. Bien mangé, bien bu, bien joué au ballon, couru. J’en ai encore des courbatures dans les genoux et dans les bras. Tout le monde jouait, même la maigre patronne. Ce soir je me suis couché de bonne heure, rue de l’abbé Grégoire, n’ayant pas le courage de remonter aux Lilas.

9 juin 1950. Le médecin a diagnostiqué un mal blanc au pouce gauche. J’ai Interdiction de travailler pendant au moins une semaine. Je dois baigner mon doigt deux fois par jour. Ce soir je vais voir le « Singe » pour voir si je mets ça sur le compte d’un accident ou d’une maladie et toucher ma paye. Il y a du soleil… des oiseaux. Le ciel est d’un bleu pur, la brise nord-Sud, la température, chaude. Le plus triste dans l’histoire c’est qu’il m’est défendu de faire du vélo et de la natation. Mes journées passent excessivement vite. Demain j’ai accepté de faire le chef dans la boite pour que le Patron puisse rester à la clinique pendant l’opération de son fils. Je ne ferais absolument rien. J’indiquerais la place des ustensiles, la manière de faire à l’ouvrier qui me remplace.

22 juin 1950. Ce matin j’ai repris mon travail, en pleine forme (ça serait malheureux) le boulot à considérablement ralentit. Nous avons fini une heure plus tôt, à quatre heures. Un « crétin » de bar de la rue de Renne vient maintenant jusque chez nous pour acheter tous les matins de 60 à 80 croissants, plus 20 à 36 pour l’hôtel « Américanisé », donc du boulot supplémentaire. C’est quand même malheureux que nos croissants soient bientôt les meilleurs du VIème !! A midi nous avons mangé du lapin sauté avec de la purée de pomme de terre au jus, de la salade, du fromage et fruits. Après quoi je suis allé chez le toubib chercher mon certificat de reprise de travail et effectuer divers courses. Encore  cinq bonnes semaines de travail et ce sera les vacances.

8 juillet 1950. La chaleur se poursuit. Je vais bientôt être convoqué pour partir au régiment. Je veux  être chasseur alpin, j’en suis capable. Je veux être à la pâtisserie, je ne marcherai que s’ils me mettent dans un mess d’officiers, sinon je préfère crapahuter dans la montagne.

Je n’avais jamais vu cela ! Déjà le matin j’avais flairé le grain quand j’avais pris notre prolétarien Métropolitain. Tôt, l’après-midi, il faisait presque nuit, les nuages congestionnés rasaient presque les toits, et l’eau qui dégringolait n’avait pas le temps de se transformer en gouttes, de véritables « paquets de mer » s’écrasaient sur les toits et sur les murs, se vaporisant comme des vagues sur les rochers. C’était vraiment formidable comme force.

1er  octobre 1950. Plus que trois dimanches maximum et l’aventure » commence ! Je vais découvrir un pays, le Maroc. J’ai le cœur qui bat fort.

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Textes personnels

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Publié le 2 Juin 2020

Travail à domicile

 

Envahissement documents carambolage embouteillage collègue bègue fatigue intrigue temps perdu compte-rendu essence croissance économie autonomie téléphone griffonne « Tu viens prendre un café ? ». Choisir ou ne pas choisir. Ouvrir un dossier ou un placard ? Prendre une casserole ou un stylo ? Passer l’aspirateur ou un coup de fil au fournisseur ? A midi, je peux encore être au lit. Télétravail ou coworking ?

 

 

Travail à domicile

Travail imbécile ?

 

 

Vie privée

Vie publique,

Systématique

 

 

Table de salon ou de salle à manger

règne l’ordinateur en majesté

tasse au fond de laquelle le café a séché

pile de dossiers

calculette

feuilles

feutres

ciseaux

stylo

journaux

appareil photo

confiture en pots

chapeau

 

 

Vie personnelle

Vie professionnelle

Se mêlent.

 

 

Assistante maternelle

chambre où dort l’enfant,

son petit lit, l’espace envahit

salle à manger, encombrée de jouets

salle de bain où flotte l’odeur de ses selles

cuisine où trônent petits pots au potimarron et biberons

 

 

Salle à manger

Cuisine

Balcon

Tout espace libre est occupé

Enchevêtrement de fils électriques, quel cirque !

Trottinettes alignées côte à côte ou entremêlées

Bonne rémunération espérée

Ça charge !

 

 

Et tout ce petit monde, chaque samedi autour d’un rond-point, un carrefour, une entrée de zone commerciale. Décisions collégiales. Mouvement populaire hétéroclite et prosélyte.

Echanger sur sa condition. Echafauder des revendications. Exigences concrètes.

Travailleurs à domicile, ouvriers, employés, chômeurs, infirmières dont les patients parfois impatients patientent souvent longtemps, paysans, nouveaux manifestants.

Des gens, jeunes mais pas toujours. Gilets jaunes. Sieste au soleil. Gilles et John, sur l’herbe jaunie du bas-côté des routes sympathisant et fraternisant, gisants.

Brillants sujets de sa majesté Macron, les gilets jaunes ont les crocs, en ont marre, disent NON à coup d’canon, à coup d’pinard. Café offert aux passants, contre un slogan. « Macron ne vaut pas un rond ». « Le travail tue, le chômage tue ! ». « Elections, piège à con ! ». Européennes. Lala ! Lala ! Lalalane ! Tapie ! Récupération ! De droite ou de gauche, tous mécontents mêlés.

Certains en font leur miel. Envahissent centres-villes et Champs-Elysées, cassent tout !

D’autres retournent aux champs, à la nature, ingénieurs, anciens profs de lycée, mais pas agricole, le lycée ! Sur une idée de Pierre Rabhi, volent les colibris. Inventent de nouvelles façons de travailler, se regroupent, mettent en commun leurs idées pour cultiver la terre, en permaculture, bio, conversion mais pas conventionnel.

Autosuffisance, au grand dam de l’agriculteur : à qui vendre sa production, les néoruraux vivent en circuit fermé !? « Heureusement que tous ces Macron, gilets jaunes, urbains et périurbains sont là pour écouler ma production ! »

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 2 Juin 2020

Chroniques de l’oiseau à ressort

Haruki Murakami est un auteur japonais que j’aime beaucoup lire. On y découvre un monde étrange. Des mondes parallèles. Une civilisation, une culture et une mentalité surprenante. J’ai un ami japonais, artiste, Nobuaki Takekawa (dans ce blog : Biennale d'art contemporain) à qui j’ai posé cette question : « Tous les Japonais sont-ils comme Haruki Murakami ? ». Il  m’a répondu «  Non, pas du tout ! ». Comme quoi…

 

Atelier d’écriture

Voici ce que j’attends de vous : avec les titres, tout ou partie de titres, inventez une histoire qui sera très certainement très mystérieuse, fantastique, bizarre, voire bizarroïde mais qui sera peut-être tout aussi bien très réaliste, autobiographique, collant à l’actualité ou à l’histoire ou à l’Histoire avec un grand H !  

Faites comme d’habitude, pour tous les ateliers que vous commencez maintenant à apprivoiser, vous interprétez, vous adaptez, vous suivez ou ne suivez pas mes consignes. Un seul principe : écrire ! Amusez-vous bien !

 

 

Auteur : Haruki Murakami

Titre du livre : Chroniques de l’oiseau à ressort

 

Table des matières

Première Partie : La pie voleuse

 

Le mardi de l’oiseau à ressort ; six doigts et quatre seins

Pleine lune et éclipse solaire ; les chevaux meurent dans les granges

Le chapeau de Malta Kano ; tons sorbet ; Allen Ginsberg et les croisés

La tour haute et le puits profond

Intoxiqué aux pastilles au citron ; l’oiseau incapable de voler et le puits à sec

Le pressing du bonheur 

Réflexion sur la souffrance

Conduits souterrains et manque d’électricité ; les théories de May Kasahara sur les perruques

Magic Touch ; mort dans une baignoire ; le distributeur de souvenirs

Ce qui émergea de la boue tiède ; l’eau de toilette

 

Deuxième partie : L’oiseau prophète

 

L’histoire des singes de l’île banale

Perte de la grâce divine

Paysages de villes lointaines ; la demi-lune éternelle ; l’échelle en place

Transmission de patrimoine ; réflexion sur les méduses

La racine du désir ; à travers le mur de la chambre 208

Le puits et les étoiles ; comment l’échelle disparut

Douloureuse sensation de faim ; l’oiseau prophète

Ce que j’ai découvert en me rasant ; et à mon réveil

Le nom adéquat ; brûlée à l’huile de salade un matin d’été

Le plus simple ; la chose dans un étui à guitare

Les bonnes nouvelles sont annoncées à mi-voix

 

Troisième Partie : L’oiseleur

L’énigme de la demeure des pendus

L’hiver de l’oiseau à ressort

Réveil d’hibernation ; encore une carte de visite ; l’anonymat de l’argent

Péripéties dans la nuit

Les chaussures neuves ; retour à la maison

L’endroit que l’on peut trouver en réfléchissant bien

Cannelle et muscade

L’attaque du zoo ou un massacre maladroit

Cette pelle est-elle réelle ? Incident au cœur de la nuit

L’homme qui attendait ; l’oisiveté est la mère de tous les vices

L’étrange langage des signes de Cannelle ; offrande de musique

C’est peut-être ici que tout s’arrête

L’épuisement et le fardeau du monde ; la lampe magique

Le salon d’essayage ; le successeur

La fille des crapauds sans cervelle

Labyrinthe souterrain ; les deux portes de Cannelle

Les méduses du monde entier ; la métamorphose

Compter les moutons ; ce qu’il y a au centre du cercle

Alerte rouge ; une longue main tentaculaire

Celui qui nuit ; le fruit mûr

Des oreilles triangulaires ; les clochettes du traineau

On ne peut pas faire confiance dans une maison

Naissance d’une maison vide ; changement de monture

La batte disparaît ; le retour de la pie voleuse

Faire travailler l’imagination d’autrui

Un endroit dangereux ; les téléspectateurs ; l’homme vide

La lueur d’une luciole ; rompre le sortilège

Le monde des réveils qui sonnent le matin

Rien qu’un couteau réel ; la fameuse prophétie

La famille canard ; l’ombre des larmes

Au revoir

 

Vous en saurez plus sur cet auteur et sur ce livre en allant sur mon site préféré 

 

https://www.babelio.com/livres/Murakami-Chroniques-de-loiseau-a-ressort/4408

 

 

Pour en savoir encore plus sur le livre, un blog que je viens de découvrir : http://lechatsurmonepaule.over-blog.fr/2015/03/haruki-murakami-chroniques-de-l-oiseau-a-ressorts.html

 

 

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Consignes d'écriture

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Publié le 2 Juin 2020

Le jour d’après

 

Des expressions françaises, vous en connaissez beaucoup ! Aujourd’hui, grâce à Evelyne Salomon, j’en ai appris une autre, régionale, je pense. Elle ne dit pas « s’emmêler les pinceaux » mais « s’engrumeler les pinceaux », ce qui est nettement plus chouette !

Quand j’étais petite et que je racontais des bêtises, maman me disais que « j’avais des cacarinettes* dans la tête » (* coccinelle en provençal) ! Et quand je partais en courant à l’école, ma mère me rattrapait pour me dire que j’avais boutonné Pierre avec Paul et je devais remettre tous les boutons de mon manteau en face de la boutonnière correspondante. Il faut dire que j’étais souvent « dans les nuages » et que le matin « je n’avais pas les yeux en face des trous » !

A la récré, quand je m’approchais d’un groupe et que je voulais « mettre mon grain de sel », mes copines me repoussaient (j’étais dans une école de filles, les garçons, étaient dans une autre école) en me disant : « On t’a pas sonné les cloches ! ». Mais parfois nous jouions ensemble aux devinettes, et celle qui ne savait pas « donnait sa langue au chat.

Plus grande, les garçons m’intéressaient bien, alors je partais « courir le guilledou ».

Maintenant, mon métier c’est d’écrire et il m’est arrivée d’être payée pour rédiger un discours pour les 50 ans de mariage d’une dame, ce jour-là, je suis devenue « son nègre ».

Bref ! des expressions nous en connaissons tous ! Et souvent elles changent quand on change de région. De plus, chaque famille a les siennes propres, parfois liées à son histoire et elles se transmettent de générations en générations, si bien que l’on se souvient plus de son origine. Elles sont peut-être directement traduites d’une langue étrangère ou du patois. Comme du provençal, chez moi, « bouleguès pas pitchou ! » (Ne bouge pas, petit) ou « « qu'es acò ? (qu’est-ce que c’est ?) ou encore les cacarinettes ! (coccinelle mais aussi idées « fadades »!).

 

1) D’abord, avant de lire (ou en lisant… comme d’habitude, vous faites comme vous voulez !) vous cherchez les expressions familiales, familières, habituelles ou amusantes ou encore bizarre que vous connaissez. Vous en faites une liste (vous pouvez-même nous me les envoyer, pour que je partage avec les autres !). Vous pouvez aussi bien sûr partir des expressions que je vous propose. Pour trouver la définition : dictionnaire, dictionnaires des expressions, ou un moteur de recherche sur internet !  

 

2) Puis avec 5 expressions (ou plus si vous voulez !) que vous avez trouvé et/ou celles que je propose, vous jouez avec les mots et vous chercher 5 mots ou expressions par association d’idée. (Exemple : coccinelle : chanson, rouge, noir, bête à bon dieu, ciel). Ce qui fait 25 !

 

3) Parmi ces 25 mots ou expressions, vous en prenez 5 et vous cherchez un ou des antonymes (leur contraire) mais un contraire qui ne « saute pas obligatoirement aux yeux » (tiens, encore une autre expression !). Par exemple, noir. On peut écrire blanc. Mais aussi heureux ou bien lumière ou encore pur.

 

4) Avec l’ensemble de ces mots et expressions l’idée est d’écrire un texte sur le thème « Le jour d’après ». Pas seulement, comme vous imaginez sur le jour après le confinement, mais n’importe quel jour de n’importe quel après ! Le jour après une rencontre, le jour après la création du monde, le jour après votre naissance, après tout ce que vous voulez et même après le confinement !

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Consignes d'écriture

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Publié le 2 Juin 2020

Cet atelier sera un atelier où nous écrirons des haïkus. Difficile exercice quand on a l’habitude de couvrir des pages et des pages entières d’une écriture fine et serrée ! Mais rien ne vous empêchera d’écrire plusieurs haïkus…

Un haïku, qu’est-ce que c’est ?!?

Le haïku est un court poème, né au Japon à la fin du 17° siècle. En Occident, il s’écrit principalement sur trois lignes selon le rythme court / long / court : 5 / 7 / 5 syllabes dans sa forme classique.

Les poètes contemporains peuvent écrire des haïkus sous des formes beaucoup plus brèves encore et même bousculer le rythme.

Le haïku comporte un kigo (mot de saison) qui le lie à la réalité. Un kireji (césure), parfois représentée par un tiret ou ~, marque un silence pendant la lecture, soulignant la tension entre une ligne et le reste du poème. Il présente deux idées (images) juxtaposées.

Il est par excellence la capture de l’instant présent dans ce qu’il a de singulier et d’éphémère, en ce monde où se côtoient permanence et impermanence. Il est peinture de « l’ici et maintenant », de l’ordinaire saisi avec une extrême simplicité afin de restituer toute la poésie de l’émotion offerte aux sens.

Le haïku favorise le lien social, l’écoute et le dialogue. Il véhicule un esprit pacifique et bienveillant. (Ce n’est pas moi qui ai écrit toute cette définition mais je trouve que le haïku, correspond juste à ce dont nous avons besoin en ce moment)

Voici quelques exemples de haïkus, de très anciens comme Bashō  (un japonais surnommé ainsi parce dans son jardin poussait un bashō, c’est-à-dire un bananier) aux plus récents, dont je ne sais rien !

 

Bashô (17° siècle)                                  Issa (19° siècle)

Sur une branche nue                               Les enfants imitant les cormorans

un corbeau s'est posé                              sont plus drôles

soir d'automne                                         que les cormorans

 

Buson (18° siècle)                                Blanche (contemporain)

La rivière d'été                                       "Il neige" dit-elle

passée à gué, quel bonheur                  et du fil à linge elle ôte

savates à la main                                  en souriant une culotte

 

Antonini (contemporain)                      Fabre (contemporain)

Neige sur la vallée                                  Chante, petit oiseau, chante                   

la jeune boulangère                                aide-nous à trouver

colle son front au carreau                       un nom au bébé

 

Et un dernier, écrit aujourd’hui :

 

Chevignard (contemporain)

cohue du métro –

sur ce manteau bleu marine

un cheveu blanc

 

Des Haïkus que j’ai écrits :

 

Un arbre seul

Une cigogne a fait son nid 

Elle attend l'été

 

En 2017

Héberger un homme                                                    Tu es un pirate

Un nomade venu d'ailleurs                                           Sur l'océan tu navigues

Fuyant son pays                                                           Sans loi ni cravate

 

La vache qui rit, rit                                                      Toi le fureteur

Mais personne ne sait pourquoi                                 Fouine curieuse et indiscrète

C'est un canular                                                         Tu es un voleur

 

Je suis un fêtard

J’ai créé mon avatar

Pour boire dans un bar

 

D'autres haïkus, sur le thème du jardin

Tondeuse en panne

Jardin en folie

C'est la jungle                                                                                                              

 

Grimper dans le griottier                                                             

Souvenir d'enfance

Le tronc est rugueux

 

Le soleil brille                                                                      Jardins potagers

Les griottes roses                                                               A la campagne ou en ville

Acidité                                                                                 La nature est là

 

Haïkus écrits lors d'un voyage au Japon en 2014, pays de  Bashō  car où, mieux qu'au Japon écrire des Haïkus !?

 

Dimanche 19 octobre                                            Lundi 20 octobre

Réveil en pleine nuit                                             Les doigts de la pluie

Pollution, c'est la crise d'asthme                           Assaillent nos carreaux endormis

Tendresse d'un ami                                               Fraîcheur de la nuit 

 

Vendredi 24 octobre                                                         Samedi 25 octobre

Dans un temple, un monde !                                            Le vol d'une cigogne

Feuille d'érable,                                                                Joie, bonheur de l'amateur

Indifférente à l'agitation                                                    La photo est réussi

 

Mardi 28 octobre     

Le verre, transparent,                                                                   

A des reflets d'eau, d'argent                                                       

Qui brillent au soleil 

 

Mercredi 20 octobre

Pots sur le trottoir

Les jardins lilliputiens

Pullulent dans la rue

                                                                     

 

 

Haïkus écrits en Allemagne en octobre 2919

Le soleil rasant                                                                                  Une biche surgit, vive,

Vois, éclaire d’un jour nouveau                                                        Là où on ne l’attend pas

La sombre forêt                                                                                 Orée d’une forêt

 

Si vous voulez en savoir plus, je suis allée sur ce site :

https://www.association-francophone-de-haiku.com/definition-du-haiku/

et aussi le site d’amis qui se réunissent 2 jeudis par mois, à Lyon pour n’écrire que des haïkus ! Si, si !! Il y a des gens comme cela.

 http://kukailyon.blogspot.com/ Ils ont publié un livre que je pourrai apporter quand nous nous verrons « en vrai » si certains sont intéressés !

 

 

Nous pouvons maintenant nous aventurer au-delà du kilomètre autorisé et partir à l’aventure dans la limite de 100 kilomètres ; à pied ou à vélo ? En voiture pour la journée ou en train pour la semaine ?  Peur ou joie ? Crainte ou bonheur ?

Imaginez être un lapin de garenne, une biche des bois ou un chien de ferme voire même le paysan ébahi ou réjoui au seuil de sa maison …

En respectant les règles du 5-7-5, partagez cet instant fugace, cet instantané comme une photographie prise au vol, quels haïkus écririez-vous ?

Ne vous tracassez pas pour le nombre de pieds (5-7-5), même si normalement, par exemple blanche ne fait qu’un pied (on ne dit pas blancheee !) et, autre exemple, casserole n’en fait que 3 syllabes…

 

Et, comme d’habitude, les consignes ne sont que des propositions, si vous voulez faire toute autre chose, libre à vous ! L’essentiel est de passer un bon moment en compagnie de l’écriture !

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Consignes d'écriture

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Publié le 2 Juin 2020

L’idée de cet atelier m’est venue d’un texte de Bruno Geneste, je cite :

« Tu dis lumière de froid

et je te réponds que le ciel

remue l’énigme

trace et nous révèle

à ce qui respire dans l’invisible ».

Je l’ai trouvé dans un article intitulé Voyage en haute presqu’île, le chamanisme poétique de Bruno Geneste, dans la revue Rumeurs N° 5 (Actualité des écritures).

Si vous avez des livres de poésie à portée de main, plongez au plus profond des poèmes et remontez les perles précieuses de vos auteurs favoris. Sinon, en pièces jointes je vous en propose quelques-uns parmi ceux de ma bibliothèque.

Consignes de l’atelier

1°/J’ai imaginé l’atelier sur le principe : « Tu dis … et je te réponds… »

2°/ Afin de trouver davantage d’idées, et si vous en avez envie, vous pouvez jouer avec les mots composant le vers. Par exemple pour le texte qui précède, avec les mots clé, cave, poche et tablier. Trouver de nouveaux mots par association d’idée, en cherchant des synonymes, des antonymes (contraires), des rimes, en mélangeant les lettres, des mots commençant par le même son etc…    

 

Je vous propose d’écrire un texte fonctionnent en binôme (« Tu dis … et je te réponds… ») selon le principe suivant :

Pour illustrer la consigne, j’ai écrit à partir d’un texte anonyme trouvé dans un document, Le rire du patois :

La clé de la cave

c’est elle qui l’avait

dans la poche de son tablier 

 

                ***

 

Tu dis la clé de la cave

c’est elle qui l’avait

dans la poche de son tablier 

Et je te réponds c’est là qu’était caché

le plus précieux de ses trésors en temps de guerre,

le ravitaillement qui permettait

à toute une famille de se nourrir chaque jour à sa faim.

 

Autre exemple

Vers tiré de La rose publique d’Eluard : « Les explosion du temps, fruits toujours mûrs pour la mémoire » 

Et le titre d’une livre de Dany Laferrière : Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? 

 

Paul Eluard dit

Les explosions du temps,

fruits toujours mûrs pour la mémoire 

Je lui réponds

La grenade est un fruit

toujours mûr pour l'espoir

La grenade est une arme

toujours prête pour la victoire

Granada es tu ciudad, Lorca

ahì encontrasté la muerte y su guadaña*

Grenade est une île

où vivaient les indiens Caraïbe, tranquilles

cette grenade dans la main du jeune nègre

est-elle une arme ou un fruit ? 

la grenade est un mot à double tranchant

saignant, de tout temps

des larmes de sang

en gouttes sucrées

 

*Grenade est ta ville, Lorca

Là tu trouvas la mort et sa faux

 

Mon cœur me dit :

« Aies confiance. Rien n’arrive par hasard ! Tu as déjà traversé plus NOIR ... »

Je lui réponds qu’il a probablement raison.

Mais que ma tête, elle, n’est pas en raccord...

Je n’ai pas son approbation ...

 

Ma tête me murmure :

« Attention ! JE NE SUIS PAS D’ACCORD !!!

Rien n’est joué ! Il faut se méfier !

ANTICIPER pour se PROTÉGER et qu’importe la santé ... »

 

Entre les deux, je tente d’équilibrer...

En effet.

Pour ma part, je ne crois pas au hasard.

Chaque épreuve traversée, je me suis relevée.

Chaque épreuve dominée, des leçons en ont été tirées.

 

Alors entre ma tête et mon cœur, je HURLE.

Je leur hurle d’être en accord.

Je leur demande foi, courage et confiance.

Anticiper, protéger, placer ses pions sur l’échiquier ...

« Grâce » à lui, j’ai appris.

Je n’irai pas jusqu’à lui dire Merci.

Cependant, ma tête et mon cœur sont d’accord sur une chose !

L’avoir quitté, c’est nous avoir sauvé, elle et moi.

 

Alors, en nous remémorant certaines choses, mon cœur s’adoucit.

Il se rappelle par quoi NOUS sommes passés...

 

Avec douceur, il me dit :

 

« Je suis parfois dur avec toi alors que nous revenons de loin !

Regarde !  

Jette un œil sur ton rétroviseur intérieur.

Quel chemin parcouru ! N’est-ce pas ? 

Alors fini d’être aussi dure avec toi.

Prendre conscience que les étapes du passé préparent un avenir bien plus doux. »

 

Ma tête, elle, enchaîne !

« Je plussoie ! Je suis en ACCORD total avec le cœur !

Aujourd’hui l’avenir nous appartient.

Reste à traverser quelques épreuves afin d’atteindre les leçons à retenir.

Une fois ce chemin parcouru et les sentiers battus explorés, nous n’aurons plus à lutter, à anticiper, à jouer à l’échiquier de ce DÉSÉQUILIBRÉ ... »

 

En accord, enfin, mon instinct est serein.

Car demain, grâce au passé, nous serons fort d’avoir lutté

POUR LA VÉRITÉ

 

« Le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

Pourtant, JE SUIS ENFIN RACCORD

Gwenaëlle Robert

 

 

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 2 Juin 2020

Chercher un mot que vous pouvez déclinez en de multiples autres mots comme par exemple :

 

Papier : Papier buvard, Papier brouillon, Papier d’Arménie, Papier journal…

 

(Dans cette chanson vous trouverez votre inspiration pour trouver d’autres idées) : 

https://www.youtube.com/watch?v=ShSVjRJu4ow)

 

 

Boîte : Boîte à musique, Boîte à chaussures, Boîte à lettres, Boîte noire…

https://www.youtube.com/watch?v=8r0wuPoUuiE

 

Eau : Eau de pluie, Eau de seltz, Eau oxygénée, Eau bénite…

https://www.youtube.com/watch?v=L5JLqh4_h68

 

Chapeau : Chapeau de paille, Chapeau claque, Chapeau cloche, Chapeau de lampe…

https://www.youtube.com/watch?v=UkvmdU2VaeU

 

Livre : Livre de chevet, Livre de messe, Livre de comptes, Livre de cours…

Pas trouvé de vidéo ayant le livre pour thème…

 

Arbre : Arbre à pain, Arbre à cames, Arbre fruitier, Arbre à thé

https://www.youtube.com/watch?v=i8zNbCJnQes

 

Et sans doute d’autres mots, je sais maintenant que vous ne manquez pas d’imagination …  

 

Une fois que vous aurez trouvé LE mot qui vous plaît, qui vous inspire, par association d’idées, trouvez tous les mots, toutes les expressions qui vous viennent à l’esprit… et écrivez un poème qui peut devenir une chanson, une fiction, un souvenir, ce que vous voulez.  

Jeudi c’est l’Ascension, grimpez les collines qui vous entourent à pied ou à vélo, c’est caillouteux ; montez la crème en chantilly, avec les fraises, c’est délicieux, ou les œufs en mayonnaise pour les asperges, c’est savoureux ; mais ne vous obligez pas écrire, je comprendrai très bien cela. Mais si vous écrivez, vous vous élèverez par l’esprit et là, quel pied c’est talentueux !   

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Consignes d'écriture

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Publié le 2 Juin 2020

Ecrire : pourquoi ? Comment ?

Un parcours d'auteur

Etre à l’écoute, avoir un regard curieux et bienveillant sur les personnes et sur les choses. Ressentir une envie irrépressible de transmettre, de raconter des expériences du quotidien, parfois banales et cependant très riches. Goûter à l’amour des mots et à la musicalité des phrases. 

Ecriture

2019   in Le train comme vous ne l’avez jamais lu  Editions de l’atelier

2018   Entrées dans le métier C. Besset, « Composer les paniers » ; in Choisir ses techniques L. Lacrouts-Cazenave, « L’engin qu’il me fallait » et J. Bruyas, « Une machine faite exprès pour nous » ; in Du champ à l’assiette : J. Bruyas, « Des fermiers unis ». Editions Educagri : [Livres collectifs]

2018   in L’autre trésor public [Livre collectif] aux Editions de l’atelier, « La tête froide dans le feu de l’action », texte recueilli auprès d’un sapeur-pompier.

2016/2017     in Mines de faire (auto-édité), et Vous faites quoi dans la vie ? [Livre collectif] aux Editions de l’ateliers ainsi que sur le site http://www.direletravail.coop/ : « En gilet jaune mais pas toujours bien vu », texte recueilli auprès de Jean, agent du département chargé de l’entretien de la voirie ; « Gérer sans routine »", le récit d’un directeur adjoint d’hôpital ; « Construire un foyer », témoignage d’un travailleur social auprès de réfugiés dans un foyer de la banlieue lyonnaise ; « De la corvée d’eau à Tunis au hammam à Givors : une vie de travail » en 9 épisodes (sur le site), le témoignage de Malika, ouvrière en fromagerie en Tunisie ensuite en France, puis propriétaire d’un hammam à Givors.

2013   in Des sportifs Exceptionnels, témoignage de 24 sportifs handicapés de 8 à 65 ans. Louis, Zoé, Christophe, Camille et tous les autres sportifs goûtent leur bonheur d’être au monde et ce, grâce à leur activité sportive. Edition Autre Vue.

 

2011   Corps et âme. Leporello de poésie érotique publié aux Editions Cosmogone.

 

2007   Ma princesse est atteinte de leucodystrophie. Biographie publiée aux Editions Bellier en avril 2007, puis rééditée aux Editions de l'Harmattan en septembre 2010. J'ai été interviewée au sujet de Ma princesse est atteinte de leucodystrophie à la radio, en France sur Radio Pluriel et RCF [Radio Chrétiens de France], au Québec sur Ckia et Radio Canada. Ce livre a été présenté sur la 5 (Emission Les maternelles) et FR3 Rhône-Alpes (Emission C'est mieux le matin). J'ai aussi été invitée à faire des conférences au Québec dans des associations (Lions Club et Rotary club) et dans un Cegep (lycée, au Québec).

 

2005   Vagabondages. Recueil de nouvelles auto-édité en novembre 2005.

 

2002   Rayon de soleil. Roman auto-édité précédé d'une souscription.

Chaque publication est une aventure, un vécu riche en émotions: chercher un éditeur, un illustrateur. Invitée dans une bibliothèque, une association et une coopérative ainsi que sur les antennes de radios (RCF, Radio Pluriel et Loire FM), je partage ma passion de l'écriture avec les auditeurs.

 

Biographies écrites pour trois personnes.

 

Rédaction de discours, hommage.

 

Rédactrice web pour une entreprise de Brignais spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation de dispositifs médicaux destinés aux chirurgies dentaires (Global D) et une entreprise spécialisée dans le diagnostic immobilier (c1Diag,).

 

Journaux de voyage : Brésil, Cuba, Inde, Québec, Tunisie, USA, Mexique, Thaïlande, Martinique, Japon ; Récits de voyages itinérants à vélo.

 

Publication dans une dizaine de revues littéraires (poésie, nouvelles, récits de voyage à vélo): Filigranes, Les Alpes vagabondes, Ecrits Vains, BDL, Interventions à haute voix, Art et poésie, L'Arche d'Ouvèze, Libelle, Art'en-Ciel et Le randonneur.

Concours littéraires, cinq prix : Trois prix successifs par le Rassemblement Art et culture de Saint-Chamond ; Société des poètes et écrivains des pays de l’Ain, et Grand prix universitaire de la nouvelle.

Ecrivain public écriture de flyers et de lettres pour Maryse Bouchet, émailleur d'art. Conception et rédaction de cartels pour une exposition dans le cadre de la Biennale d'art contemporain. Rédaction de documents (flyers, texte de présentation, carte de visite, marque-page) pour la communication du site internet De Pages en Miles.

 

 

Animations

Lectures à haute voix

 

L'auberge des arts, Galerie d'art associative, à Givors ; Bibliothèques de Givors; Conservatoire de Givors; Collège Saint Thomas d'Aquin de Mornant: Librairie A plus d'un titre, à Lyon; Maison de retraite Le charme des sources à Grigny; Résidence pour personnes retraitées à Givors

 

 

Conteuse en crèche

 

Crèche de Givors et de Grigny avec des textes personnels ou empruntés à la littérature de 2004 à 2007.

 

 

Animation d'ateliers d’écriture

 

Auprès d'adultes

 

Bibliothèque de Charly autour des 10 mots dans le cadre de la semaine de la francophonie

 

MJC de Charly

 

Association artistique Les amis de Loire-sur-Rhône autour de la biographie.

 

Culture pour tous autour de la critique artistique.

 

Résidences, foyers-restaurants et maisons pour personnes retraitées Les Arcades à Brignais ; Jean Vinson à Givors en collaboration avec Natacha Mégard, artiste plasticienne en résidence ; Le charme des sources à Grigny, Le Foyer rhodanien des aveugles à Lyon et Les verts monts à Charly.

 

La caravane des cinq sens, à Brignais, dans le cadre de la semaine bleue pour les personnes âgées.

 

Etablissement de rééducation fonctionnelle pour personnes handicapées Germaine Revel à Saint-Maurice-sur-Dargoire.

 

Etablissements de réinsertion professionnelle pour personnes handicapées (LADAPT à Lyon et à Irigny) depuis juin 2013.

 

Parc de la tête d'or (Ville de Lyon) à l'occasion du congrès mondial des roses

 

Kiwanis de la ville de Vienne sur le thème du chocolat à l'occasion du Choco Show (atelier intergénérationnel)

 

Ecriture Plurielle, association de Pierre-Bénite ateliers mensuels (ateliers intergénérationnels)

 

Artcafé, association de Millery ateliers hebdomadaires

Centres de vacances de la CCAS de Camplong d’Aude et de Pleaux (Cantal)

Foyer Restaurant municipal d’Irigny

 

Animation d'ateliers d’écriture auprès d'enfants et d'adolescents

 

Ecoles primaires de Givors, Charly et La Mulatière.

 

ITEP Les eaux vives, à Grigny (sur le thème de la nature au bord du Rhône).

 

Collèges de Bans à Givors, Emile Malfroy (classes de 6è, SEGPA et ULIS) à Grigny et Louis Querbes à Vourles (écriture d'un conte avec la classe environnement et de journaux de voyage avec la classe cirque et la classe aviation. Aide personnalisée).

 

Lycées Casanova à Givors et Lycée Jacquard d’Oullins (sensibilisation au handicap)

 

Lycée Saint Thomas d'Aquin, à Oullins (écriture d'une nouvelle).

 

Centre social à Grigny écriture d'un conte et d'un spectacle.

 

Cours particuliers (soutien scolaire et FLE).

 

Conférences sur le thème des troubles de l'apprentissage avec Parents-AGIR et Véronique Sézanne.

 

Parc de la Tête d'or (Ville de Lyon) à l'occasion du congrès mondial des roses.

 

Kiwanis de la ville de Vienne sur le thème du chocolat à l'occasion du Choco Show (avec des enfants de l'école primaire : institut Robin)

 

Ecriture Plurielle, association de Pierre-Bénite ateliers mensuels

 

Résidences d’écriture

 

2018   A l’Honor-de-Cos. « Dix jours pour écrire le travail ». Organisé par la librairie coopérative Le temps de lire, à Lafrançaise en partenariat avec La ferme des lettres. Financé par Occitanie livre et lecture. Pays invité : l’Allemagne.             

2019   Canton d’Unna, près de Dortmund. Projet organisé et financé par le Pen Club de Westphalie, pays de la Ruhr. Lectures au lycée et à la bibliothèque de Kamen, auprès du comité de jumelage avec Louviers au château d’Holzwickede.

 

Diplômes et expériences professionnelles

Deug de psychologie. Diplôme d'Etat d'assistante sociale.

Assistante sociale pendant 26 ans.

 

 

 

Cadre professionnel

 

Je travaille dans le cadre de la coopérative d'activités Graines de SOL située au 64 rue Roger Salengro, 69310 Pierre- Bénite.

Curriculum Vitae

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #C.V

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