Publié le 27 Mai 2014

Dimanche 27 avril

Nous avons d’abord joué les « vedettes » car nous avons rendez-vous avec Christophe, le correspondant du Progrès devant la mairie à 9h30. Photo, court interview. Le maire, Xavier Odot arrive, s’enquiert de notre voyage et s’en va.

Grigny. Vernaison. Irigny. Et là, rencontre improbable ! Antoine s’arrête net à la vue d’un groupe de scouts ou, plus précisément d’un scout. Ils viennent de la Croix-Rousse à vélo, sac au dos et vont à Vienne, en Isère. Ils jettent tous les deux leur vélo à terre et tombent dans les bras l’un de l’autre ! Emus, contents, surpris, étonnés… Ils étaient ensemble en Irlande l’été dernier. Nous repartons, chacun dans la direction opposée. Antoine en est tout remué. Il ne se rappellera le prénom de ce bon copain que plus tard : Martin ! Pierre Bénite. Oullins.

A sa fenêtre, un rastafari nous salue d’un grand signe de bras ! Il aurait aimé ce banc du canal de Bourgogne !

Entrée de Lyon côté Aquarium et confluence. Je connais ce parcours par cœur. C’est celui que je fais pour aller au travail.

Pour la suite, j’ai demandé à Bernard, un copain de vélo de me tracer le circuit pour Lyon intramuros et pour sortir de la ville ; c’est un vrai gone je savais que je pouvais compter sur lui ! Nous faisons d’abord notre première halte, à l’île Barbe, la faim se faisant déjà sentir. Je n’y étais jamais allée. Elle est vite visitée !

Du haut du pont nous sommes observés par de nombreux passants pendant que nous mangeons nos œufs, nos céréales cuites et notre pomme. Nous suivons ensuite à la lettre les indications que Bernard m’a envoyé par texto et nous traversons la Saône à plusieurs reprises. Après Collonges nous suivons la rive droite sur la bande cyclable, puis nous traversons le pont de Fontaines à Neuville.

Voilà que mon compteur est en panne ! Quelle chance ! Il a fonctionné jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Il nous manque les kilomètres de l’Ile Barbe jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Soit 14 kilomètres

Ensuite, à Neuville nous repassons sur l’autre rive. S’inspirant de l’histoire et de la topographie des lieux, Tadashi Kawamata a réalise une installation métamorphosant la configuration et l’architecture des lieux.

Une tour qu’il a construite à partir de planches de bois propose de nouvelles connections et une perception modifiée de l’architecture et de l’espace. Cet artiste a participé à de grandes manifestations internationales et a exposé dans de grands musées. Tadashi Kawamata est né en 1953 à Hokkaido (Japon). Il vit et travaille à Paris et à Tokyo.

Sur la route, à Quincieux Antoine trouve une carte d’identité. Nous la remettons à un spectateur qui regarde un tournoi de tennis. Celui qui a perdu sa carte habite Quincieux même. Il l’apportera à la mairie demain.

Je connaissais le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, pas celui de Jérusalem. Nous verrons, tout au long de notre parcours, quelques panneaux, rouges, assez grands, indiquant la route de ce pèlerinage.

A Quincieux, devant un atelier, posé sur un camion, trône un énorme bison.

A Trévoux, nouvelle traversée du pont.

Nous trouvons une piste cyclable, un chemin, plutôt, qui longe la Saône et nous emmène jusque sous le château de Trévoux. Il date du XIIIe siècle. Il a été habité par Utrillo, le peintre et sa mère Suzanne Valadon qui l’a acheté en 1923.

Là, nous nous arrêtons pour discuter avec un couple à vélo, lourdement chargés. Ils viennent de Lyon. Et pour cause ! Ils partent pour quatre mois et vont jusqu’à Copenhague via Paris et Bonn où ils ont des amis. Et ils reviendront en vélo. Ils ont conçu eux-mêmes leurs vélos à partir de cadres qu’ils ont achetés. Ils rechargent leur portable et leur GPS par électroaimant ou solaire, je ne sais plus. Ils ont même prévu des talkies-walkies quand le GPS ne passera plus. Il emmène un arc, pour se détendre, le soir. Lui est un routard du vélo (il a voyagé en Italie) mais pour elle, c’est une première ! Elle emmène son rat qui Il voyage dans une cage, protégée, en cas d’intempérie par un imperméable. Il se laisse bercer par les cahots de la route. Elle n’aime pas trop les chemins, ses trous, ses bosses et boum ! perd l’équilibre et tombe ! Et le rat ? Il va bien…

En chemin nous discutons, bien sûr et Antoine me parle de Kamoulox. Ka quoi ? Non, jamais entendu parler ! Au retour il faudra que j’aille voir… sur internet !

Nous arrivons à Villefranche. Là, nous sommes un peu perdus. Nous demandons notre chemin à deux messieurs. Parlent pas français. Un accent. « Vous êtes Bulgares ?! ». Oui ! Je leur sort les trois mots de bulgare que je connais mais qui ne nous sont d’aucune utilité : "tchaï, malini et da" (thé, framboise et oui) pour trouver notre chemin. Des réfugiés ? Des camionneurs en transit qui ne peuvent rouler le dimanche ? Nous n’en saurons pas plus.

Arnas. Blaceret. Saint-Etienne-les-Oullières. Odenas. A Charentay nous cherchons un gîte pour la nuit. Une famille sympa nous indique le gîte de la Belle-mère. Et s’il n’y a pas de place dans ce gîte on peut même revenir dormir chez eux ! Va pour le gîte de la belle-mère… Trois épis. 80€ la nuit, petit déjeuner inclus. Oups ! Un peu chérot !

Cette ancienne ferme est surmontée d’une très haute et très fine tour. L’histoire raconte que la belle-mère l’avait fait édifier afin de surveiller, de là-haut son gendre volage…

Nous retournons dans le village. Là, plus question de nous héberger… Bon, nous remontons sur nos vélos. Un peu plus loin, une ferme. Le temps n’est pas des plus beaux. Le vent se lève, la pluie menace. Nous nous dirigeons vers la ferme. Trois boîtes à lettres. Un drôle de gars nous observe. On dira que c’est un simple d’esprit. Antoine l’a surnommé, entre nous, Patrick. L’un des habitants de la ferme accepte que nous installions notre tente tout près du bâtiment où se trouvent trois voûtes. Dans la première, une carriole. Dans la deuxième une voiture. Et la troisième est transformée en niche géante pour chien gentil mais fugueur et, nous l’apprendrons au cours de la nuit, aboyeur quand des chats viennent à passer devant son bercail ! L’habitant me permet de recharger mon téléphone portable et nous montre où se trouve le robinet. Antoine remplit bidons et bouteille. Un aménagement permet même de poser assiettes et casseroles pour faire notre vaisselle ! La charrette sous l’abri de la voûte nous permet d’étaler notre matériel et nous sert tout à la fois de banquette, de table et d’étagère. Bien pratique en tout cas, car le vent, froid, souffle. Quelques gouttes de pluie. Presque rien. Les piquets de la tente ne tiennent pas en terre, dure. Qu’à cela ne tienne ! Sous cette même voûte je trouve des barres de métal très lourdes mais pas très grosses. Je les introduis dans les boucles de la tente où normalement l’on fixe les piquets. Et ça tient !

Celui qu’Antoine appelle Patrick nous observe de près. J’espère qu’il dort, la nuit ! Roland, au téléphone nous prévient : cette nuit, le thermomètre va descendre à 2°C ! La soupe en sachet bout. Elle nous réchauffe. Ce soir, pas de toilette ! Et les toilettes ? C’est à côté du poulailler !

Nous avons fait 66 kilomètres aujourd’hui.

Lundi 28 avril

J’ai eu froid, cette nuit ! A en claquer des dents.

Mais pas Antoine. Et surtout j’ai eu une épouvantable crise de crampes nocturnes qui ont un peu effrayées Antoine. Le vent n’a pas cessé que ce soit pendant l’installation de la tente jusqu’à ce que nous allions nous coucher. Il a plu deux fois. Le soir assez tard et le matin, assez tôt du bruit à côté. Quoi ? Le père de « Patrick » est au jardin de l’autre côté du muret pour aller cueillir des salades.

Saint-Lager. Belleville. Et là, youpi ! Une piste cyclable (intitulée Voie verte, comme de bien entendu…) ! Sans trop réfléchir, nous nous y engageons. Nous nous arrêtons à Cercié. D’abord à la pharmacie pour acheter de quoi remédier à mes crampes nocturnes, où la pharmacienne me propose du cuprum metalicum, la même médication homéopathique que m’administre Claudine, mon médecin. J’achète aussi l’indispensable Sporténine©. Là, un vieux bonhomme sympathique me vante les mérites du savon de Marseille (pas un autre, attention !) souverain contre ce mal. De retour à la maison j’ai regardé si cette croyance était fondée ou farfelue. Fait chaud, et le long de la voie verte il y a tout ce qu’il faut comme sanitaire. J’enlève les épaisseurs que j’ai en trop. Par prudence (ne sait-on jamais !) je regarde la carte. Et là ! Bingo !

Ce n’est pas la bonne direction… Nous ne faisons pas demi-tour mais obliquons à travers les vignes du Beaujolais vers Villié-Morgon (j’essaie de me souvenir où habite Toto Jambon, dans la cave de qui nous allions chaque année fêter dignement l’arrivée des vacances scolaires en mangeant un bien bon repas et en goûtant sa production viticole). Nous nous arrêtons à nouveau pour faire le plein dans une épicerie. Et aussi du savon de Marseille. Je veux essayer. On ne sait jamais. Et contre toute attente, l’explication serait que le vrai savon de Marseille est élaboré à base de potasse. Dans les crampes nocturnes dues à un déficit en potassium intracellulaire, les ions de potassium issus de la potasse pénètreraient la peau et se fixeraient dans les cellules musculaires. Donc, ce n’est pas n’importe quoi ! Contrairement à ce que dit Antoine. Et, anecdotique, l’épicier est cycliste ET plongeur niveau 3 !

Lancié. Romanèche-Thorins. La Chapelle-de-Guinchay. C’est à La Chapelle-de-Guinchay que nous faisons notre pause repas de midi, sur les marches de l’église. Nous nous lavons les mains, remplissons nos bidons et faisons la vaisselle à l’évier des services techniques municipaux. La conséquence d’une très récente foire qui s’est déroulé au village est que les sanitaires publics ont été dévastés !

Saint-Amour. Châne. Loché. Antoine est scandalisé par les désherbants répandus sur les vignobles. L’herbe est toute brûlée, jaune paille. Scandalisé aussi par un tag, une croix gammée. Mais nous rions en passant devant une cave dont le vin s’appelle « Pisse Vieille » ! Les maisons, en pierre, sont très belles.

Le giratoire d'Alain Girel, céramiste et ses verres géants

Charnay-Lès-Mâcon. Et là, Antoine me dit qu’il a entendu un bruit et s’arrête. Effectivement, je trouve une fine lamelle de métal. Je lui dis qu’il a sans doute roulé là-dessus et que c’est ce bruit qu’il a entendu ! Je jette le bout d’aluminium au loin. Mais, impossible de redémarrer ! La roue est complètement bloquée. Le pneu a une hernie juste là où il manque un morceau de jante, un fin et court morceau de jante. Ah ! C’était donc ça ! La hernie empêche le pneu de passer entre les patins de frein. Seule solution pour que, au moins, la roue puisse tourner (sinon il faut porter le vélo et avec les sacoches…), il faut dégonfler le pneu et décrocher les freins. On ira pas loin, comme ça ! Tout près, un garage. Le patron est seul, il n’est pas disponible pour nous emmener au vélociste le plus proche. Une famille de trois enfants (deux garçons de 8 et 11 ans) une fille de 14 ans et les parents nous rejoignent. Ils cherchent le début de la piste cyclable. Nous aussi, avant d’atterrir ici nous la cherchions. Mais là, ce n’est plus la priorité. Nous leur souhaitons bonne chance.

A côté, l’entreprise Miditraçage. Ils tracent les bandes blanches sur les routes. Un bureau. Et dans la cour, un camion et deux messieurs. Ils me disent que comme nous sommes lundi, le vélociste sera fermé. Reste Décathlon. Ils ne peuvent emmener qu’une personne et un seul vélo. Antoine reste donc au bureau et je monte dans le camion. Très sympas, les deux ouvriers sont venus avec moi jusqu’à l’atelier du magasin pour connaître le délai d’attente. Devant nous, un monsieur. Avec moi, une demi-heure d’attente. Trop long ! Sinon, ils m’auraient ramenée… Ils repartent chez eux, leur journée est finie. Je tourne en rond dans le magasin, en attendant. Au final, la roue est changée. Ils ont remis la cassette, la chambre à air et le pneu. Ils ne m’ont pas assommée ni fait croire qu’il fallait aussi changer les patins de frein (par exemple).Total de la réparation : 53,90€. Rien à dire, c’est correct ! Et je repars, munie des explications (écrites !) des réparateurs du vélo qui ne me font passer que par des petites routes. De retour à Miditraçage je remercie les deux employées de bureau (l’une est peut-être la patronne, Florence Jean-Stock) et nous partons à notre tour à la recherche de la piste cyclable. Mais là, il nous faut changer de carte. Nous ne sommes plus en Rhône-Alpes (la carte Michelin « indéchirable » de 2011 où 1 cm =2 km a été parfaite !).

Et un peu plus haut, à gauche, nous trouvons un chemin interdit à la circulation mais qui n’est pas labellisé comme piste cyclable. Comme il va dans la bonne direction, nous l’empruntons. Et c’est bien ça ! Il rejoint un peu plus loin la vraie voie verte que je connais pour avoir dormi à Cluny au gîte collectif communal. La Roche-Vineuse. Berzé-la-Ville. Et, juste avant Berzé-le-Châtel, une œuvre d’art brut, issu du cerveau d’un original. Il fait référence à Lamartine, originaire de la région. Son œuvre est basée sur la musique.

Puis devant Berzé-le-Chatel, jolie discussion en espagnol avec une dame, Mexicaine car sur son tee-shirt, un « Hola Chica !» m’a interpellée. Puis je fais la course avec son fils, lui à trottinette. Il est allé jusqu’à 20 kilomètre/heure ! Vif, le gamin ira loin ! Il s’est d’ailleurs bien éloigné de sa mère. Je lui demande son prénom, celui de son petit frère. Ils sont à consonance turc. Père turc, mère mexicaine. Un mélange pas si courant ! Il comprend un peu les langues de ses deux parents, les parle un peu. Plus le français, parfait ! Nous roulons dans un long tunnel. Cet ouvrage avoisine les 11°C. L’ouvrage a été utilisé comme champignonnière après l’arrêt de l’activité ferroviaire et sa désaffectation pendant de nombreuses années a permis à sept espèces de chauves-souris de s’implanter, dont le très rare "Grand Rinolphe". Le tunnel est fermé l’hiver (du 1er octobre au 15 avril) pour leur permettre d'hiberner. Et tout de suite après le tunnel, une côte très raide. Le problème du compteur est plus ou moins réglé. Il ne faut pas que la sacoche frotte contre l’aimant qui tourne et donne l’impulsion au compteur… Cluny est un peu plus loin.

A Taizé, le gîte est complet et la communauté religieuse n’accepte pas les cyclotouristes.

Un écureuil traverse la piste. Hésite. Revient sur ses pas. Repart. Nous avons eu tout loisir de l’admirer !

Près d’un lieu où les rochers abondent nous prenons le temps de discuter avec une jeune et jolie chevrière. Petit accent. Oui, elle est allemande.

A Cormatin nous arrivons au gîte de l’ancienne filaterie. On filait le crin de cheval dans ces ateliers. En particulier pour bourrer les selles. Nous retrouvons la famille de trois enfants qui cherchait son chemin alors que nous étions en panne. Ils sont tout étonnés de nous voir déjà arriver alors qu’ils sont là depuis peu de temps. Une dame nous installe dans notre chambre. Au moins nous aurons chaud ! Vraie salle de bain. Un lit chacun. Une galerie artisanale nous tente. On y trouve de tout : jouets, vêtements, parfums mais nous sommes davantage inspirés par ce qui se mange et achetons saucisson, fromage et confiture de sucrine (une cucurbitacée) et pamplemousse. Nous avons pu en goûter plusieurs, des confitures, avant d’arrêter notre choix sur celle-ci. Attenante aux chambres, une cuisine que les cyclotouristes peuvent utiliser. Elle est toute équipée. J’y fais cuire mon mélange de graines fait maison (lentilles, Ebly, boulgour…). Puis nous discutons, après le repas avec le père de famille. Je porte la veste de vélo Handivienne. Ce monsieur s’appelle Jacques et est le cousin de Michel Thivilliers, un copain du club, handicapé, qui fait du handbike ! Le monde est petit. Jacques est originaire de Bourg-en-Bresse. Après le repas, dodo ! Le petit déjeuner est inclus dans la nuitée qui nous coûtera 59€. Quand je pense aux 80€ du gîte de la Belle-mère…

65 kilomètres au compteur.

Mardi 29 avril

Le petit déjeuner est royal ! Céréales, yaourt, pain, confitures, thé, lait froid, café ou chocolat chaud. Pleins d’énergie, nous reprenons la route.

Sur la piste nous discutons avec un monsieur, un Hollandais, ancien proviseur de lycée. Sa femme, professeur de géographie. Il mettait en place les projets Comenius dans toute l’Europe, élargie à la Turquie. Aujourd’hui à la retraite, il s’investit encore beaucoup dans de nombreux projets.

Chat au pied d'une pompe pour approvisionner la loco en eau.... En haut, trottinette perchée sur un mât

Saint-Gengoux-le-National. Le wagon, restaurant à Saint-Désert (71)

Buxy. Jolie croix au cœur. Givry. Saint-Rémy, skate parc, tags :une cité jeune!

Arrêt dans une supérette. Et pause pipi à la mairie grâce à la police municipale car la mairie est fermée. J’appelle Lolo. Oh ! Miracle ! Elle décroche ! Elle est si occupée avec ses deux filles… C’est drôle, elle qui parle souvent de Chalon, j’ai toujours cru qu’elle en était originaire alors qu’en fait c’est à Saint-Rémy qu’elle est née.

Totem à Chalon, le long de la Saône. A Chalon-sur-Saône, pause repas le long de la Saône, un lieu de pique-nique bucolique et sympathique. Nous ne sommes pas les seuls à nous installer ici. Un peu plus loin, plusieurs camping-cars. Je demande au propriétaire de l’un d’entre eux où se trouve le point d’eau. Et c’est dans leur camping-car que je fais la vaisselle. Sympas, ces italiens !

Nous suivons la Saône et tombons sur un groupe de personnes attablées. Nous leur demandons la route. C’est un collectif d’artistes, acteurs (entre autres) de Chalon dans la rue, un festival annuel. Ils sont installés dans la friche portuaire. Un délaissé.

Ils se désolent que ce lieu soit non seulement abandonné par la ville mais surtout voué à la destruction. En particulier ces anciennes grues du port qui rouillent et qu’ils aimeraient voir rénovées et entretenues.

Un autre bâtiment est occupé par un collectif d’architectes. Un artiste nous conseille de poursuivre notre chemin le long des quais et de ne rejoindre la route qu’un peu plus loin. Antoine, passionné par les tags voudrait que je les photographie tous ! Certains sont de vraies œuvres d'art !

A la sortie des quais, un chemin plus ou moins praticable et à nouveau la route, dans la zone industrielle. Encore un tag. En sortant, un rond-point. Et c’est un accident mineur mais qui aurait pu mal tourner: au rond-point je vais tout droit. La voiture, derrière moi, me suis puis me coupe la route car elle, elle tourne à droite. Heureusement la voiture n’allait pas vite ! Elle heurte mon vélo sur le côté avant gauche. La sacoche amortit le choc. J’ai le temps de décaler, de poser le pied à terre. Ouf ! Je ne suis pas tombée ! Arrivé de l’autre côté, le conducteur complètement hors de lui s’arrête. Sort de sa voiture et commence à m’abreuver d’insultes. Les conducteurs n’approuvent pas sa conduite (dans les deux sens du terme !) et je vois bien les yeux ronds d’un chauffeur de poids-lourd qui, du haut de sa cabine a pu voir toute la scène. J’essaie de me défendre en expliquant au malotru qu’il est en tort. Il s’énerve encore plus. Je renonce, remonte sur mon vélo. Je suis ébranlée. Un petit peu envie de pleurer aussi. Pas devant Antoine. Il a eu aussi très peur ! Il était derrière moi. Nous continuons notre route. Plus de peur que de mal.

Nous trouvons le canal du centre. Champforgeuil.

Fragnes. Chagny. Alors que j’étais en train de réparer le vélo d’Antoine (il avait mis la béquille en contrebas par rapport au vélo, ce qui avait faussé les réglages), une dame est venue entamer une discussion avec nous. Où nous allions, d’où nous venions… Elle nous a fait part de son expérience au Kirghizstan et de son projet de voyage, toujours à vélo, en Argentine, avec des cols à 3000 mètres d’altitude. Une toute autre ampleur que notre petit voyage pépère à nous. Mais qui, bien que modeste, en impressionne quand même certains. Cette dame, depuis peu l’heureuse grand-mère d’un nouveau-né est venue lui rendre visite. Elle vient de Charente et emprunté le vélo de sa fille pour se détendre en pédalant un peu le long du canal. Nous voyons une sorte de biche dans un pré. Bizarre, elle est complètement immobile. Et à côté d’une grande cible. Bêtes que nous sommes ! C’est aussi une cible pour le tir à l’arc ! Notre compagne de route nous laisse un peu plus loin et nous, nous continuons sur notre lancée ! Nous roulons si bien qu’en longeant le canal nous sommes allés trop loin. Nous étions, il faut le dire, en pleine discussion avec cette dame à la conversation très intéressante. Nous avons dû faire demi-tour, soit 26 kilomètres de trop !

Car, au lieu de bifurquer légèrement sur notre droite après Chagny, nous avons carrément obliqué à gauche, toujours en suivant ce maudit (mais si joli !) canal du centre redescendant en quelque sorte vers le sud ! Heureusement que nous sommes allés dans le village pour faire remplir nos bidons dans un bistrot. Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai sorti ma carte, pas tout à fait sûre de moi. J’ai demandé le chemin pour Chagny. Ça les a bien fait rire ! Mais, sympa, le bistrotier et ses clients nous ont remis sur le droit chemin. Retour à Chagny ! Nous croisons une famille avec deux remorques : des bagages dans l’une, un enfant dans l’autre. Ils vont de l’Atlantique à la Mer Noire.

Nous avons trouvé un camping. Pas envie de sortir la tente car pendant ce retour sur la bonne voie, il s’est mis à pleuvoir pas mal ! L’employée du camping municipal (petit accent : elle est Brésilienne !) nous a loué un « chalet », sorte de mobil-home déguisé en chalet. 5 places pour nous deux ! 50€ la nuit, sans repas ni déjeuner ! Mais au chaud… C’est vrai qu’il est grand ! Nous avons dû signer un contrat de location (Ah ! l’administration !). J’achète un jeton de lavage et un de séchage. Nous fermons la porte de la chambre avec le grand lit et nous attribuons la chambre aux lits superposés. (Moi en bas). J’allume le chauffage à fond pour sécher nos vêtements. Je demande à un belge s’il peut me donner un peu de lessive. Comprend pas. Sa femme sort le nez et immédiatement me tend son bidon de lessive. Lui, avec humour : « C’est normal que je n’ai pas compris, je suis un homme !… »

A force de voir tous ces vignobles, l’envie d’en goûter un peu me prend.

Dans le village, à 300 mètres l’on nous dit que l’on trouvera une pizzéria. Antoine en a très envie. Et c’est dans un restaurant de haute tenue que nous « atterrissons » ! C’est quand même mieux ! Et ce n’est pas pour déplaire à Antoine… C’est un épicurien, ce garçon ! Ce restaurant l’Arôme est excellent. Pas très grand, il n’y a pas beaucoup de table. Les assiettes sont grandes. Les quantités qu’elles contiennent ne sont pas très importantes mais les mets sont si délicats ! La mise en bouche est une purée de carottes et un confit de saumon. Un délice. Ça nous change de notre éternel mélange de graines à l’huile d’olive et à la tomate. Je commande, sur les conseils avisés de la serveuse, un blanc, un Bourgogne Chitry Chardonnet. Les vélos restent dehors. Je ne pense pas qu’ils craignent grand-chose. En attendant, à portée de nos mains, une niche contient une bibliothèque avec des livres uniquement consacrés aux saveurs et aux mets qui nous mettent en appétit. Des écrivains racontent en de courtes nouvelles des expériences gustatives liée au grand art culinaire ou tout simplement à des souvenirs d’enfance. [Elles me font rappeler la charlotte aux pommes que me faisait maman avec du pain rassis trempé dans du lait, des œufs et des raisins secs macérés dans du rhum et versé dans un moule chemisé de caramel. Et puis la crème renversée aux œufs cuits dans la cocotte-minute. Ou encore la jardinière de légumes que je faisais avec papa. Mon père a toujours cuisiné et cuisine encore le salé et maman plutôt les gâteaux. Mais non, papa fait un excellent gâteau aux noisettes, il confectionne avec amour des orangettes avec ou sans chocolat, la nougatine aux amandes (mais ça fait longtemps). Et quand papa était absent pour ses long déplacement à l’étranger c’est bien maman qui faisait tout, le sucré comme le salé !] Mais aussi les livres que la patronne avait, petite fille (la chenille qui mange et fait des trous). Le cuisinier du restaurant a travaillé à Charbonnières-les-Bains. Ici, le lieu est beau. Cuisine nouvelle ? Tout est délicat, léger. Comme une mousse. La daurade et l’aïoli comme émulsionné qu’a choisi Antoine est goûteuse. Mon snack de tête de veau est original. Le tout pour à peine 59€ les deux menus, la bouteille d’eau pétillante, le verre de vin de jus de fruit !

Après manger je vais dans la petite cour, au fond de la salle.

Et là, surprise, des plaques de verre posées au sol dévoilent un escalier qui descend à la cave et aussi un puits peu profond, à peine une mètre, dans la cave, bien mis en valeur par un bel éclairage.

Le patron nous ouvre la trappe pour que nous puissions visiter. Une source traverse tout le village. C’est une ancienne chapellerie (XIXe jusqu'au milieu XXe). Pendant la guerre, ce fut le siège de la Kommandantur. Puis de 1958 à 1993 l'atelier d'un photographe.

Il pleut quand nous rentrons du restaurant. Je vais chercher les vêtements dans le sèche-linge. La nuit, la pluie qui tombe dans la gouttière puis arrive sur le sol (revêtu de métal ?!?) fait différents bruits. Du goutte à goutte (ploc ploc), au bruit d’un robinet qui coule, au tapotement énervé d’un doigt sur le coin d’une table au martèlement et jusqu’au bruit de moteur. Antoine n’a rien entendu de tout cela. Il a dormi comme une souche ! Mais moi, j’ai eu trop chaud. Et ce bruit !

Environ 72 kilomètres parcourus aujourd'hui.

Mercredi 30 avril

Hier nous avons réservé un pain viking. Aux graines. Il est bon mais je suis déçue, il est tout mou. Il nous faut faire un (bref !) état de lieux. Une lampe ne fonctionne pas. Nous ne savions pas qu’il fallait louer des draps. Heureusement nous avions nos duvets à capuche !

La gérante nous indique la route à suivre pour ne pas commettre la même erreur qu’hier. D’abord le trajet pour sortir du village. Puis Corpeau. Nous nous trompons un peu et arrivons à Ebaty. Des personnes nous remettent sur le droit chemin et nous disent qu’un peu plus loin nous devrons prendre une petite « bambée » sur notre droite. Bambée ! Quel joli nom ! Bombée. Une petit côte, quoi ! Puligny-Montrachet.

Dans une supérette Casino, nous achetons tout ce qu’il nous faut. Mais le papier toilette ne se vend, au minimum, que par quatre rouleaux ! Encombrant, même si c’est bon marché ! La gérante nous propose gentiment de nous en racheter deux ! Sympa ! Nous traversons plusieurs villages en travaux: les touristes arrivent cet été !

Pommard et Beaune. Nous aurions voulu faire la route des vins que nous ne nous y serions pas pris autrement ! La route zigzag entre les vignes, bien balisée pour les cyclotouristes que nous sommes, elle est truffée de petites pancartes blanches représentant un vélo de couleur verte. Impossible de se perdre ! Ça monte, ça descend, jamais méchamment. Bien agréable, ce balisage.

Nous mangeons sur la place du village de Savigny-de-Beaune à côté de la fontaine.

Un chat mendie quelques miettes de notre repas: du pâté en croûte, des tomates et des céréales cuites en salade. Comme dessert, une pomme. Avec de l’eau de notre bouteille, petite vaisselle. Rincée à la fontaine. Et à partir de Savigny-de-Beaune, la vallée commence et c'est une merveille ! Bouillant : maison ronde de lutin, avec de l’herbe qui pousse sur le toit. Une petite cascade au creux d’un à-pic, et la grotte à ses pieds. Lieu-dit La Forge : Grande cascade faite de la main de l’homme pour actionner un moulin

Une merveille botanique, cette vallée. Je reconnais le fraisier, l'ancolie, le muguet, le coucou, l'anémone pulsatile, l'euphorbe, le sceau de Salomon, l'orchidée, le tout accompagné de chants et de cris d’oiseaux. Merle, coucou, pic vert. Il fait frais sous le couvert des arbres et le soleil est au rendez-vous. Impression de sérénité. S’il fallait trouver une image du cyclocamping, ce serait la découverte de cette vallée.

Bécoup. Et là, dans la magnifique descente… catastrophe ! Ma sacoche avant droite frotte dangereusement les rayons, le bruit et les vibrations ne trompent pas. Je m’arrête brusquement. C’est le porte bagage qui s’est désolidarisé du cadre sur un des points d’attache : la vis est toujours là, mais plus le boulon ! Je cherche dans mon sac à outils et je trouve un boulon correspondant à la taille de la vis. Je fais signe à une voiture qui descend afin que le conducteur prévienne Antoine pour qu’il ne s’inquiète pas. Mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas dû comprendre mon signe. La voiture qui montait, en revanche, elle, s’arrête mais sa conductrice est pressée. Elle ne redescendra pas. Clé Allen, clé à pipe. C’est réparé ! Je repars mais ça recommence, ça ne tient pas… Je mets alors la sacoche sur le porte-bagage derrière moi, bien fixé par un tendeur et je repars à nouveau. Je vois arriver Antoine, plein de courage, remonte à ma rencontre ! Pont-d’Ouche. Nous avons changé de département, nous sommes en côte d'Or. Une entreprise de métallerie, fabricant des portails et autres ouvrages. J’entre dans un bureau, je leur demande s’ils ont une vis et un boulon à me donner. Espérant secrètement qu’un ouvrier pourrait y jeter un œil. Et c’est une fin de non-recevoir. Ils sont en plein inventaire ! La secrétaire m’oriente sur l’entreprise voisine. Mais les limites géographiques entre les deux entreprises ne sont pas claires, je retombe sur un ouvrier de la même entreprise que précédemment. Plein de bonne volonté, lui, il est prêt à y jeter un coup d’œil. Mais il doit demander le feu vert à son chef. Il ne revient toujours pas. Tant pis, nous, on s’en va ! Une belle piste cyclable s’ouvre devant nous, le long du canal de Bourgogne, direction Dijon. Parfait ! C’est ce que j’avais stabiloté sur ma carte. En avant ! J’appelle même Jean-Claude Perronet un champion de course à pied de Dijon, aveugle, qui court sur toutes les routes de France accompagné par des guides. Nous serons là-bas dans la journée.

Pont-d‘Ouche. Veuvey-sur-Ouche. La-Bussières-sur-Ouche. Saint-Victor-sur-Ouche. Gissey-sur-Ouche. Et là encore nous regardons la carte. Je retourne la carte et là ! Oh misère ! Je ne sais pas du tout ce que j’ai fabriqué… sur l'autre moitié de carte, le circuit suit bien ce même canal de Bourgogne mais… sur la branche gauche du canal et non la droite ! En effet, à Pont-d‘Ouche le canal forme comme un V, dont l’un orienté vers le nord-est (la direction dans laquelle nous sommes partis) et l’autre à vers le nord-ouest où nous aurions du aller… Deux option: faire demi-tour ou bien traverser et grimper les montagnes pour passer de l’autre côté. Plein de courage, nous optons pour la deuxième solution.

Agey. Nous nous arrêtons chez une habitante pour remplir nos bidons. Ça grimpe pas mal, mais on peut rester sur les vélos en mettant « tout à gauche. ». Rémilly-en-Montagne, qui porte bien son nom. Le-Trembloy. Charmoy. De petites routes qui ne sont pas sur ma carte. J’hésite, nous nous arrêtons et demandons notre chemin. La rivière porte un joli nom: la Sirène. Et voilà une très belle descente et à droite une montée vertigineuse, un vrai mur (si cette petite route était dessinée sur la carte elle aurait trois chevrons) qui nous oblige à poser pied à terre. Nous passons devant un hameau, Loizerolles avec sa chapelle et son château, le tout est une propriété privée fermée par des grilles. Si le château date de la moitié du XIXe siècle, le site a abrité une abbaye, en partie résidence des moines qui rejoignirent l'abbaye actuelle de La-Bussière-sur-Ouche après un incendie, vers 1130. Le château et ses dépendances (grange et calvaires classés, chapelle Saint-Sylvestre, habitations des anciens fermiers, prés, potager, bois, etc.) sont implantés sur près de 26 hectares. En 1988, la grange monastique « Dîmierre et le calvaire ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les murs en briques roses ont été conservés par leurs récents propriétaires. Un charmant petit château inconnu, loin de tout et pas facile à trouver par des touristes non avertis. Il est vraiment situé hors des sentiers battus et il apparaît sous nos yeux comme un rêve car en général en empruntant de telles routes, on atterrit plutôt dans des hameaux quasi abandonnés, voire dans une cour de ferme. C'est une riche famille anglaise, Joy et Martin Cummings qui en est propriétaire. Je dérape et tombe sur les graviers disposés devant la grille d'entrée. La selle a un peu tourné sur la droite, un peu, tant pis, nous continuons. Encore une belle descente !

Nous hésitons, ne nous arrêtons pas au premier gîte et poursuivons en direction du lac de Panthier (un réservoir artificiel de 120 hectares). Un site de pêcheur y publie les photos de très belles prises!! Ce réservoir alimente le canal de Bourgogne. Nous passons devant une drôle de maison. Elle est en tôle peinte d’un joli paysage et surmontée d’une éolienne. Sur le gouvernail de l'éolienne est écrit : « L’eau s’pisse » ! ». La maison est agrémentée d’un jardin (potager ?). Passé assez vite, nous nous promettons de la photographierons demain, quand nous repasserons devant.

Il est déjà dix-neuf heures trente quand nous arrivons au camping du lac de Panthier ! Dans le bâtiment de l’accueil, une piscine intérieure. Mais elle ferme à vingt heures. Tant pis ! Le temps d’installer la tente (le propriétaire du camping nous prête un marteau), de manger, il sera l’heure d’aller se coucher. Un monsieur sympa, cyclo-campeur comme nous, mais un peu collant engage la conversation, pose pleins de question, nous donne des conseils. Il a déjà fait l’Europe à vélo. Là, il fait juste la Bourgogne avec sa compagne. Il habite la Région parisienne. Quand je lui dis que j’ai froid sous la tente, il nous dit qu’avec un matelas et un drap isolant (à 50€ quand même) qui augmentent la chaleur de 5°C je ne devrais plus avoir froid. Bon, c’est vrai, il tracte une remorque, il peut transporter plus de matériel que nous! Sympa, il nous prête sa petite bouilloire d’un demi-litre qui nous fait gagner du temps pour faire chauffer l’eau de la soupe et des céréales. En échange, je lui prête ma passoire pour les pâtes. Il nous donne ce qu’il lui reste d’un sachet de pâtes car demain ils ont fini leur randonnée à vélo. Pendant ce temps, je prends une douche, bien agréable dans un bâtiment chauffé aux infrarouges. Antoine a commencé à monter, seul, la tente. C’est la première fois ! Il a grandi et fait des progrès depuis l’an dernier. Il ne file plus à trois kilomètres devant et m’attend à intervalles réguliers, ne se plaint plus sans cesse qu’il a mal quelque part. Quand je sens qu’il pédale avec moins d’ardeur ou qu’il devient taiseux c’est qu’il faut faire une pause. S’arrêter, manger une barre ou des fruits secs ou carrément le repas. Je ne l’écoute pas toujours quand il dit qu’il n’a pas faim ou que c’est trop tôt pour chercher un gîte car il présume souvent de ses forces. L’impression qu’il veut toujours aller plus loin, pas s’arrêter. .Des Anglais nous prêtent un tabouret sur lequel s’emboîte un plateau et le voilà transformé en table ! Assis sur le rebord d’un parterre de fleurs, tout près des éviers nous mangeons le saucisson acheté à Cormatin, nos céréales cuites avec de l’huile d’olive, du fromage et du pain avec de la confiture de figues.

Le compteur affiche73,82 kilomètres. Il a bien voulu se remettre en marche aujourd'hui.

Jeudi 1er mai

Antoine se plaint du sol qu’il a trouvé dur et moi, du froid. Avant de partir du camping je demande au propriétaire, s’il a une vis et un boulon pour réparer mon vélo. Il a bien des vis. Mais l’une est trop petite, l’autre trop grande ! Il me les donne toutes les deux, comme étalon, pour trouver, ailleurs, la bonne.

Nous repassons devant « L’eau s’pisse » mais le soleil est de face. Impossible de photographier l’éolienne. Dans le jardin se tient un homme. Il est prof de techno et c’est avec ses élèves qu’il a conçu et fabriqué la maison en paille et laine de mouton ainsi que l’éolienne. Mais qui l'habite ? Le prof ?...

Un magasin ouvert le 1er mai, le Casino de Créancey. Nous ne trouvons pas de petite bouteille de gaz. La nôtre sera vide assez vite. Nous achetons le modèle au-dessus. Pas de place ailleurs que dans le sac étanche que porte Antoine et qui renferme la tente et les duvets. Fruits. Barres de céréales. Yaourt à boire, pour Antoine. Tomate et jambon persillé. Ma sacoche posée derrière moi est encore plus en équilibre car elle est posée sur une autre sacoche devenue bombée depuis que j'y ai rangé des courses. Je demande à Antoine de rester derrière et de vérifier si elle ne risque pas de tomber.

Pouilly-en-Auxois. Nous retrouvons le canal. Et, curieux allons voir d'un peu plus près la voûte du canal de Bourgogne. C'est un tunnel de 3333m.

Construit à partir de 1775, le canal de Bourgogne relie la Seine à la Saône. La ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui du Rhône se situe dans la région de Pouilly. C'est d'ailleurs à Pouilly, dans ce long souterrain également appelé « la voûte ») que le canal passe de l'un à l'autre. Pendant plus de 7 ans des ouvriers mineurs creusèrent ce souterrain. Pour les mariniers, il ne fallait pas moins de 10 heures pour le traverser. C'est pourquoi, en 1867, on installa un toueur à vapeur engrené par une chaîne immergée.

En 1893, on le remplaça par un toueur électrique, et le trajet fut réduit à 2 heures seulement. Une autre difficulté dut être surmontée : la voûte n'étant pas assez haute, les bateaux les moins chargés touchaient le haut de la voûte. En 1910 fut trouvée la solution : on mit en service un bac transporteur sur lequel prenait place la péniche. Après avoir vidé une partie de l'eau contenue dans le bac, le bateau se trouvait à un niveau suffisamment bas pour être pris en charge par le toueur. De nos jours, les rares péniches traversent seules. Pour cela, il faut abaisser le niveau de tout le bief.

Quelques messieurs sont autour d’une voiture, capot ouvert, dans le garage d’une maison particulière. Une dame les regarde. Ça bricole sec ! Je demande si, par hasard, ils n’auraient pas le boulon qu’il me faut. Non seulement ils l’ont mais en plus ils se chargent, à deux, de réparer le vélo.Il ne manquait pas seulement un petit boulon mais aussi une rondelle, de l’autre côté de l’œillet. Le "réparateur en chef" me donne son adresse courriel pour que je lui envoie le compte-rendu de notre rando à vélo. L’une de mes clés Allen est toute usée, c'est celle que j’utilise le plus. Elle tourne dans le vide. Il m’en offre une qu’il a eue à Ikea et qui sert à monter les meubles. Elle est ancienne et semble plus solide que celle que j’avais. Antoine qualifie à juste titre cette famille de « chaleureuse ». Il s’appelle J. Royer et habite juste à côté d’un abri où est exposé le toueur.

Eguilly, magnifique ferme fortifiée. En fait c'était un château et une ancienne et importante place forte construite au XIIe siècle sur un site gallo-romain (daté lui du IVe siècle), un des rares châteaux fortifiés de plaine. D’habitude, ces édifices sont installés sur des hauteurs. Celui-ci a été érigé dans la vallée pour barrer le plus grand seuil de pénétration de France entre le nord et le sud, au carrefour de deux routes stratégiques romaines : la voie d’Alésia et celle reliant Autun à Langres. Transformé en château au XVe par les Choiseul, cent ans plus tard, Eguilly a été réduit en ferme par la famille Mac-Mahon. Lorsque l’autoroute A6 a été tracée, le projet coupait la propriété entre la cure et le château (impensable aujourd’hui). Il a été laissé plus de dix ans sans surveillance et a été pillé jusqu’en juin 1983 où un couple de Parisiens, l’ont acquis et fait classer au catalogue du patrimoine des Monuments Historiques. C'est maintenant un centre international d’art moderne et contemporain où sont exposées quelque 200 œuvres.

Gissey-le-Vieil. Nous pique-niquons sur une table ad-hoc. Nous mangeons du jambon persillé de la marque « Antoine Gourmand et Bourguignon depuis 1874 » ce qui le fait beaucoup rire, MON Antoine ! Et aussi du fromage fort du Villet. Fabriqué en Bourgogne, lui aussi.

A Saint-Thibault. Caravane ? Non! Bateau ! Nous voyons pour la deuxième fois une biche morte, flottant sur le canal. Les rebords élevés et très droits ne leur laissent aucune chance. Les pauvres, quelle mort atroce, s’épuiser ainsi à essayer de remonter sur la terre ferme ! Nous apercevons beaucoup de hérons cendrés. Peu farouches ils s’envolent au dernier moment.

Juste avant Pont-Royal, un énorme terrier (suivi de plusieurs autres le long de la piste cyclable) devant lequel un monticule de sable s’amoncelle. Sans doute un blaireau. Belle bête, sans doute, à voir la taille des trous ! Pont-Royal, tient son nom de la route royale n° 2 des Etats de Bourgogne, ouverte sous le règne du roi Louis XV. C'est un petit port sur le canal.

A Pouillenay, belle harmonie du bleu des volets avec le jaune du colza derrière la maison de l’éclusier remarquée par Antoine.

Nous aimons mieux la piste cyclable qui longe le canal du centre pour le côté roulant du revêtement et les passages pour les cyclos et les piétons sous les ponts mais moins la tonte systématique des bas-côtés, nous privant de l’herbe et des fleurs des champs car nous n’en voyons pas l’intérêt ! Le chemin de halage du canal de Bourgogne est resté « nature » : petit graviers, terre, trou, et herbe qui pousse au milieu et de chaque côté. Il est beaucoup moins fréquenté que le canal du Centre. A chaque pont il nous faut grimper la petite bambée pour ensuite redescendre de l’autre côté.

Sur le site du canal de Bourgogne géré par le conseil régional du même nom, on peut lire: "Contrairement à bien d’autres canaux, les maisons du canal de Bourgogne ne présentent pas d’unité architecturale. Cette mosaïque d’architectures s’explique par l’étalement de la construction sur plusieurs décennies et par une rupture forte, la Révolution française. En effet, les projets de l’Ancien Régime ne sont pas forcément reconduits sous l’Empire. Par ailleurs, l’Administration du canal étant entièrement refondue, une nouvelle hiérarchie d’ingénieurs s’impose et le financement est repensé. Ainsi, on ne dénombre pas moins de cinq types de maisons éclusières portant le nom de l’ingénieur qui en a fourni le plan. Il est aussi à noter qu’au fil du temps et selon les besoins des occupants, des ajouts ou des modifications sont très souvent venus distraire le parti d’origine. 188 maisons éclusières et 28 maisons de garde ont été recensées. Ces dernières se retrouvent sur les sites d’écluses, sur les ports, autour de réservoirs, le long d’un bief ou d’une rigole. En Côte-d’Or, quatre maisons de perception, bâties selon le même modèle, ont été recensées. Elles furent érigées à partir de 1835 et achevées en 1838 avec un niveau supplémentaire par rapport au projet d’origine. Elles se composent d’un rez-de-chaussée sur soubassement, de deux étages et d’un grenier. Certaines maisons éclusières combinaient plusieurs fonctions et accueillaient également les bureaux de la perception et les logements en rapport."

Ah ! Au secours ! Je pousse un cri ! Je viens de rouler sur un long serpent de couleur vert et jaune. Il fait presque toute la largeur du chemin. Ai-je rêvé cette couleur ? Je n’en avais jamais vu de cette sorte. Une couleuvre sans doute car je crois savoir que les vipères sont assez courte. J’ai crié car j’ai eu peur qu’elle ne se rebiffe et ne me morde ! Antoine est un peu plus loin devant. « Ah bon ?! Je savais pas que t’avais peur des serpents ! ». En fait non, pas vraiment peur mais j’ai été tellement surprise… j’aurais roulé sur n’importe quelle bête que je crois que j’aurais crié pareillement. Peur aussi de lui avoir fait mal, je crois. Voyons. Deux sacoches à plus de cinq kilos chacune. Moi, 60 kilos. Le vélo, au moins 20 kilos avec les outils, la chaîne, la sacoche avant où je range l’appareil photo, le petit sac en cuir avec mes papiers. Le pauvre ! Presque 80 kilos lui sont passés dessus. Antoine et moi retournons sur nos pas. Elle a disparu. Elle aura sans doute été mourir plus loin, victime d’une hémorragie interne. Je me lamente de la mort probable de cette jolie bestiole.

La pluie menace. Et tout à coup tombe dru ! Le vent la pousse en rideau. Nous nous abritons chacun le long d’un arbre. Elle passe de part et d’autre. Puis ralentit et cesse au bout d’un moment. Nous reprenons le chemin. Ça recommence et encore plus fort. Vite ! La maison d’écluse de Mussy et derrière, un appentis ! Nous pédalons de plus belle. Laissons les vélos en haut et descendons les escaliers plein d’orties (aïe !) quatre à quatre nous réfugier derrière la maison. Elle n’est pas habitée pour le moment mais ses habitants ont entrepris de créer un mur d’escalade sous cet abri. Une grande et épaisse planche verticale et une autre horizontale, au plafond sont couvertes de prises d’escalades colorées et de cordes, d’anneaux.

La pluie se calme, nous redémarrons. Venarey-Lès-Laumes. Jolie vue avec la péniche de « La joie de vivre » et cette ancienne cheminée d’usine surmontée d’un arbre.

Et nous arrivons à Montbard, ville natale du naturaliste Buffon. Entre 1733 et 1742, ce dernier, futur comte Georges-Louis Leclerc de Buffon annexe le château par engagement, le fait raser (ben mince, alors !), ne conservant que le rempart, l'église Saint-Urse et les deux tours actuelles, pour y établir un parc aménagé en jardin à la française, à l'anglaise et à l'italienne, constitués de quatorze terrasses plantées de différentes essences. Buffon s'établit en partie à l'Hôtel de Buffon, au Petit Fontenet voisin et dans la tour Saint-Louis qu'il fait diminuer d'un étage (décidément, il détruit tout!) pour installer son cabinet de travail d'été et sa bibliothèque. Il y côtoie son ami le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et y rédige de 1749 à 1788 son « Histoire Naturelle », une encyclopédie monumentale en trente-six volumes. En 1768, il fonde les forges de Buffon - une des plus importantes entreprises métallurgiques de son temps - à Buffon à 3 km au nord-ouest de la ville. En 1774, le roi Louis XV de France le fait premier comte de Buffon.

Nous quittons le canal. Après le plat du canal, ça recommence à monter. Une petite ville s’appelle La-Mairie. Drôle de nom !

Arrans, Antoine refuse de squatter une maison en rénovation. Et la seule personne à qui je demande de nous héberger, fait une drôle de tête quand je lui présente ma requête.

Verdonnet. Bon, là il pleut depuis le début de l'après-midi, il commence à se faire tard et il faut vraiment trouver une solution pour dormir ce soir. Une dame décharge ses courses. Juste à côté, une sorte de chalet tel que l’on peut en trouver à Casto, les rideaux aux fenêtres en plus. Y range-t-on des outils ? Sert-elle de refuge aux enfants ? Je demande à la dame si elle en est propriétaire. Oui. Si elle veut bien que nous l’occupions pour la nuit. Oui, mais il n’y a pas de chauffage, d’eau ni de toilettes. « Oh, vous savez, nous, du moment qu’on a un toit sur la tête… ». « Attendez, je demande à mon mari si vous pourriez dormir dans la salle des fêtes ». Ben oui, son mari c’est… le maire ! Elle réussit à presque le convaincre. Il est encore un brin soupçonneux. Je lui dis que je comprends, que j’ai longtemps travaillé en mairie comme assistante sociale ET responsable du CCAS. Que je comprends, que la mairie et la salle des fêtes n’est pas sa propriété, qu’il en est responsable devant ses concitoyens. Ma proposition de lui confier ma carte d’identité pour la nuit, une caution de taille, le décide finalement à accepter de nous héberger. C’est tout simplement génial ! La cousine du maire est partie pour trois ans en tandem avec son mari faire le tour du monde. Elle aura sûrement dormi, comme nous, dans des bâtiments publics. En ce moment elle est au Chili. Elle a intitulé son blog : « Le tandem et la vie ».

Grâce à monsieur Cernesson, le maire, nous aurons accès aux toilettes, au lavabo, et même à la cuisine. En ce qui concerne les radiateurs nous n’en allumons qu’un, pour sécher nos affaires que nous pendons (chaussures comprises) sur le portant où sont accrochés les cintres. Je déplie les deux parties de la tente et les étale sur les chaises pour les faire sécher. Il nous ouvre même un local, très ancien, pour ranger nos vélos à l’abri et me confie une très grosse et lourde clé de métal. Elle pèse au moins 300 grammes ! A la cuisine il y a une bouilloire, ce qui nous permet d’avoir rapidement de l’eau chaude pour cuire nos graines et faire de la soupe. Je réalise même, suprême dessert de luxe, des bananes au chocolat noir aux noisettes! Dire qu'Antoine aurait voulu, comme d’habitude encore avancer mais en fait il n’en pouvait plus de faim, de froid et de fatigue. Il n’est capable de rien faire ou presque. Il est courageux, ce garçon ! Nous fermons la cuisine. Elle sera plus facile à chauffer. L’eau qui bout réchauffe aussi l’atmosphère. Nous entendons des bruits de l’autre côté. Qu’est-ce ? Le couple fête les 18 ans de leur fille le week-end prochain et vide la voiture pleine de victuailles. La femme du maire, aide-ménagère, a besoin que sa voiture soit vide, demain, pour emmener les personnes âgées en courses. J’appelle le cyclo d’Ampilly-le-Sec pour le remercier d’avoir dessiné le parcours. On aurait presque pu dormir chez lui… sauf qu’il n’y était pas.

Nous avons fait 91 kilomètres

Vendredi 2 mai

Il reste du gâteau de riz pour le petit déjeuner. Et j’ai aussi fait cuire hier soir le reste de graines avec des figues. Ce matin, saupoudré de sucre, c’est un délice. Trop sucré pour Antoine. Dégoûté, il n’arrive pas à le finir. Je fais mes fonds de poche et donne 4€ au maire en dédommagement de l’eau et de l’électricité que nous avons utilisé. Après inspection des locaux (nous avons fait le ménage et tout remis en place), il me rend ma carte d’identité.

La femme du maire nous klaxonne en passant sur la route parallèle à celle que nous empruntons.

Fontaines-les-Sèches (pourquoi ces noms: Fontaines-les-Sèches, Coulmier-le-sec, Ampilly-le-Sec...? La région doit avoir un problème d'alimentation en eau, non ?!)

Laignes et la résurgence de sa rivière, la Laigne (sans s!).

Là, pas de problème d'eau! Marrant, à l’abri (il pleut encore !) sous une maison trois puis quatre hommes jouent les commères et font des commentaires sur les passants. Je les ai entendus quand je suis arrivée à leur hauteur. Je cherchais du réseau pour mon téléphone. Hier soir, c’est tout juste si j’ai pu prévenir Roland comme je fais tous les soirs, que tout allait bien. Je retire de l’argent et nous achetons du pain et faisons aussi quelques courses. Nous mangeons au moins un pain et demi par jour. Entre la charcuterie, le fromage, la confiture et le chocolat… Il repleut, un peu, par intermittence. Griselles. A droite Villiers-les-Moines. Villedieu. (Très croyants, ici !). Molesme et sa "table des morts" qui nous intrigue. Les-Riceys.

Pargues est incroyable ! Ce grand bâtiment de brique surmonté d’une tour, elle-même surmontée d’une tour elle-même surmontée d’une éolienne. Qu’est-ce ? Nous posons la question à une jeune femme qui sort par un petit portillon qui fait face à ce monument. « Je sais pas ». « Quoi ? ! Vous avez ça tous les matins en vous levant et tous les soirs en vous couchant et vous ignorez ce que c’est ?!! Vous n’êtes pas bien curieuse, mademoiselle ! ». « Je crois que c’était un moulin. Maintenant c’est la salle des fêtes ». De retour à la maison je fais un tour sur internet. Et je trouve un article du journal de l'Est-Eclair: "Par arrêté du 28 novembre dernier et sur avis de la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS), le préfet de Région a inscrit le château d'eau et l'éolienne de Pargues, ainsi que le lavoir qui complète le dispositif, au titre des Monuments historiques. L'ensemble est représentatif de ce patrimoine industriel et technique dont la Champagne-Ardenne est riche mais dont le souci de conservation ne remonte à guère plus d'une décennie. L'ensemble de Pargues marque l'identité de la commune et est inédit en Champagne-Ardenne. Sa construction est décidée en 1901 : il s'agit alors de rendre pérenne l'alimentation en eau pure d'une série de fontaines-abreuvoirs disséminées dans le village. La construction est effective en 1902, sur des plans de l'architecte Ludovic Sot. Le mécanisme est fourni par Henri David, constructeur à Orléans. Pour compléter l'ensemble, un lavoir est construit, doublement alimenté par la fontaine et le château d'eau. Le mécanisme de l'éolienne de 1902, aux imposantes ailes de bois (presque 10 m de diamètre), sera remplacé en 1922 par un matériel américain « aermotor » - société qui existe toujours -, installé par un constructeur belge. Ont prévalu dans ce choix la qualité de la tour de pierre et brique de Ludovic Sot, le témoignage de la volonté « hygiéniste » des édiles et le caractère unique de l'ensemble.

Autre curiosité du village, l’église, sorte de Sainte-Sophie aux dômes arrondis, en réfection. Elle serait, selon un article, toujours de l'Est-Eclair, "exceptionnelle par son chœur du XVIIe, dans un département qui est un véritable gisement d'églises du XVIe siècle, comment expliquer la présence d'une église aussi atypique que la Nativité-de-la-Vierge de Pargues ? Si la nef est classiquement du XIIe siècle, laissée telle par le manque de moyens financiers des ouailles à qui la charge relevait, le chœur reconstruit au XVIIe siècle est un époustouflant exercice de style. Une coupole monumentale éclairée par un lanternon, contenue par trois demi-coupoles formant au sol une croix latine aux contours sinueux… Le maniérisme de chœur à plan centré est encore accentué par le dispositif qui permet d'aborder l'édifice. En pente légère, la nef du XIIe siècle conduit naturellement le pas et le regard vers le chœur monumental et baroque qualifié par Jonathan Truillet, le conservateur régional des Monuments Historique de « beau et rare ». Dans une mise en scène théâtrale qui vaut bien celle de certaines églises de Rome. Elle est restée en chantier pendant quatre ans, C'est un édifice d'exception parmi le patrimoine monumental protégé de Champagne-Ardenne. Un superbe décor pour le jardin du Prieuré, situé au sud de l'église, classé parmi les premiers « jardins remarquables » de l'Aube. "

Chaource. J’ai promis à Antoine d’y acheter du fromage. Donc, direction la fromagerie. J’aime les maisons de cette région. Comme en Alsace ou en Normandie, elles sont à colombage. Autre curiosité, cette maison dont les murs sont agrémentés de morceaux de verre et la camionnette de Dédé La Bricole ?

Alors que nous roulions, et je que je racontais à Antoine l’histoire, véridique, de cet évêque, mort dans un bordel, à ce moment-là, nous dépassons un papy, un cyclo, muguet à la main, qui sortait d’un chemin. Je ne sais pas ce qu’il a entendu de l’histoire mais il riait beaucoup !

Pique-nique à l’abri de la pluie sous une avancée de toit construite entre les piliers extérieurs d’une église. Juste à un carrefour.

J’ai froid. Je sors la couverture de survie (merci Jacqueline !) et m’enveloppe les jambes avec. Côté doré à l’extérieur. Faut voir la tête des automobilistes qui passent devant nous ! Et tout particulièrement de l’un d’entre eux. D’abord, il nous jette un coup d’œil distrait. Puis, brutalement, son regard revient sur nous, l’œil rond, médusé ! Nous avons bien ri en voyant son expression ! La pluie a cessé.

Je vais faire la vaisselle au lavoir. Mince ! La tasse a coulé au fond. Pas trop profond, mais quand même. Il a fallu que je remonte bien haute ma manche !

La réparation de la fixation de mon porte-bagage n’a pas tenu, malgré toute l’attention dont il a bénéficié. Et pour cause ! L'oeillet est fendu. Comment faire ? Tout à coup, mais oui, mais que je suis bête ! Mon porte-bagage arrière comporte des barres… Pourquoi diable n’ai-je pas pensé plus tôt à y fixer ma sacoche ? Je me sens vraiment ridicule. Sur ce porte-bagage est fixée une sacoche qui est composée de trois parties solidaires : une derrière la selle et les deux autres de part et d’autre du porte-bagage. Il suffit que je vide la petite sacoche qui est fixée à droite, que je la replie et qu’à la place je la fixe Comme ça j’en ai une grosse à l’avant gauche et l’autre grosse à l’arrière droit. C’est un plus peu équilibré. J’ai aussi une sacoche de guidon.

Antoine, depuis le début a déjà vus une biche, un lièvre (ou un lapin), des grues cendrées et des écureuils. Moi, je n’ai vu qu’un écureuil, un serpent (le pôvre !) et des grues cendrées.

Nous traversons la nationale. Metz-Robert. Puis là, nous tournons un peu en rond.

Mais c’est sans importance, les maisons sont exceptionnelles. J’aurais envie de toutes les photographier ! Jeugny. Machy (deux maisons côte à côte). Et même un lavoir à Longeville-sur-Mogne.

Un peu de nationale jusqu’à Bouilly. Puis enfin c’est Laines-aux-bois. Arrivés à l’entrée, devant le panneau du village, nous téléphonons à Maryline. Nous cherchons sa rue et, à sa fenêtre, une dame nous interpelle. « Ma sœur vous attends ! C’est un peu plus loin ! ». Ce matin nous pensions arriver à Laines-aux-bois pour le repas de midi. Mais, après avoir regardé la carte et au vu du nombre de kilomètres restant, nous avions admis que nous n’arriverions qu’en fin d’après-midi. Il est au moins 18heures. Nous avons fait 105 kilomètres aujourd’hui ! Notre record depuis le départ. L’accueil est vraiment très agréable et chaleureux, tant de la part de Philippe, son mari, que de Maryline. Nos vélos sont à l’abri dans le garage. Il faut dire que le couple fait partie d’un réseau, Bet y Casa et ont l’habitude d’accueillir plusieurs fois par an des personnes de passage. Les personnes paient 25€ la nuit avec le petit déjeuner. Mais là, c’est spécial ! J’ai connu Maryline par Facebook ®. Comme quoi… les réseaux sociaux, ça a du bon ! Comme j’ai écrit ce livre des Sportifs exceptionnels Maryline m’a contactée (ou c’est moi, je ne sais plus). Je lui promets de lui envoyer mon livre. Suite à un accident qu’elle a eu bébé, à 20 mois (une vis sans fin - courante en agriculture- son bras est passé dedans), elle n’a qu’un bras. Elle a créé un site au nom sympa (je trouve) : Abracadeuxbras. Elle veut développer un marché dans son créneau à elle, sur toute la France, pour venir en aide, par des conseils pratiques, à des personnes, comme elle, qui n’ont pas de bras du tout ou seulement un moignon. Quand elle annonce que ce n’est pas gratuit, les personnes ne comprennent pas. « Mais, dit-elle, pour acheter du pain ou louer un karcher, vous payez bien, non ?! ». [Alors je profite de la diffusion de mon journal de voyage de Grigny à Grigny à de nombreuses personnes pour lancer cet appel : allez sur son site et faites le connaître autour de vous. Voilà, Maryline, c’est fait !]. Donc, comme elle a l’habitude d’accueillir des voyageurs, elle est très bien organisée : sur notre lit, un petit panier avec savon, shampoing, gants, serviettes, et même petit tube de dentifrice et oh ! Suprême luxe, de la crème hydratante pour le corps ! Après la douche, ce fut bien agréable de s’en enduire les jambes en particulier, si exposées au vent et au soleil. Une vraie peau de croco ! Ils me proposent de laver et sécher notre linge. Ce n’est pas du luxe ! Vraiment très sympas.

Philippe nous propose un parcours pour poursuivre notre route évitant les grands axes, surtout la nationale, très accidentogène. « Passez par le chemin blanc ! ». Le chemin blanc ? mais oui, celui qui longe la voie de chemin de fer ! Il note toutes les villes et villages, étapes du parcours.

Au repas nous voyons émerger Justine, 14 ans, en pleine révision du brevet. Son frère, Tanguy, arrivera quand le repas est presque fini.

Maryline vient à Villeurbanne à une conférence le 10 juin. Elle finira à 18h. Elle ne rentrera pas sur Laine-aux-Bois le soir même. L’occasion pour moi de lui rendre la pareille et de l’héberger.

Samedi 3 mai

J’ai bien cru que nous n’arriverions pas à émerger de ce lit si moelleux, si doux et si chaud ! Qu’est-ce qu’on était bien ! Le linge est sec. Nous partons il est 9h30. Comme nous n’avons rien à ranger (ni tente ni sacoche) le départ est rapide.

Curieux, ce morceau d’église dans le village ! L'église est ancienne, du début du XVIe siècle. Nous y rencontrons un belge qui fait le chemin de Saint-Jacques, à pied et seul.

Prugny. Messon : le mur de cette ferme est agrémenté de deux tours. Etait-elle anciennement fortifiée ? Encore une maison avec une grosse tour ronde.

Fontvanne. A l’entrée d’une école, une sculpture à faire faire des cauchemars à toute une génération de gamins traumatisés. Il est si hâve, cet enfant en bronze, et ce masque de loup, cette chouette ! Y’a pas idée !

Nous avons roulé sur le "chemin blanc" jusqu’à Estissac. Bernard Hinault arrive cet après-midi ! Nous faisons la connaissance de Gérald, président de la région Champagne-Ardenne en sortant de chez le boucher. Il nous demande de le photographier. Il aimerait que je passe ses amitiés à Jean-Jacques Pech, adhérent de l’Atscaf dont je fais aussi partie et président de la région Rhône-Alpes. Ce sera fait ! En sortant d’Estissac je photographie un lavoir. Ma marotte !

C’est à Neuville-sur-Vanne qu’est né le fondateur de la ville de Montréal. Et la ville est jumelée avec son homologue québécoise, comme de juste appelée aussi Neuville !

Neuville puis Villemaur-sur-Vanne. Pique-nique au bord de l'étang de Paisy-Codon. Pas très paisible. Des jeunes vont et viennent en mob et voiture, dérapages. Enfin ils s’en vont ! N’en reste qu’un, un vrai pêcheur, celui-là ! Il nous montre, sur son portable, des carpes énormes qu’il a pêchées puis remis à l’eau. La plus grosse, 13 kilos ! Le vent ne facilite pas l’utilisation du camping-gaz.

A Paisy-Codon nous prenons un bout de la nationale. Pas moyen de faire autrement. Puis à nouveau de paisibles routes.

Aqueduc de la Vanne entre Villeneuve-les-Archevêques et Chigy.

Un village en folie, Vareilles, mais de la folie douce, celle que l’on aimerait voir fleurir plus souvent dans les âmes et dans les cœurs. A l’occasion des Saints de glace, les habitants organisent leur 18è fête, chacune année différente. Cette année il va faire froid ! Alors, habillons les arbres ! De laine colorée, de serpillères multicolores, d’aluminium brillant. Décorons-les de pompons et de mobiles ! Les croqueurs de pommes sont invités. Tout comme les amateurs de plantes succulentes. Mais aussi des artistes. Leur site : http://lemaquisdevareilles.fr/FSG/publier/index.html. Autre chose qui me plaît bien dans ce village, une épicerie qui est aussi une librairie et son triporteur. Et encore son lavoir.

Noé et son lavoir. Car Antoine a un copain qui porte ce prénom.

Nous voilà à Sens. Où aller ?! Dans quel sens ? Un boulevard (mail) fait le tour de la ville ! C’est grand, ici, et c’est la fête aussi. Pendant longtemps, du 26 avril au 11 mais même si la fête foraine ne dure "que" du 30 avril au 11 mai. La circulation est bien contrariée. La foule, nombreuse. Nous demandons à un petit groupe qui nous oriente un peu plus loin. Nous retombons sur la foire. Immense. Elle fait le tour de la ville, comme le mail.

Nous demandons à une petite famille sympathique. Ils nous orientent à leur tour. Leur petit Jérémy mange une belle gaufre à la chantilly. Ça fait envie. Et puisqu’ils nous proposent de garder nos vélos, pourquoi ne pas profiter de la fête à neuneu ? Ce sera Chantilly, Nutella® et bonbons (fraises Tagada®) pour Antoine. Sucre pour moi.

Nous cherchons Saint-Clément. Trouvé ! Nous voilà sortis de Sens.

Mais nous nous fourvoyons dans un lieu très sympa où nous demandons notre chemin. Une envie pressante et nous voilà dans un club de fêlés de modélisme, l’A2tech ! Deux pistes où peuvent évoluer sur l'une, des voitures, (très grand circuit surmonté d’une plateforme) et de l’autre côté, des 4X4. C’est la mère du président qui fournit toutes les explications. Le club comporte aussi une piste à l’intérieur du bâtiment. Ils font également voler des avions et des drones. Le club et ses adhérents participent à des courses nationales et peut-être même internationales. Les sélections sont sévères, comme sur les vraies courses de voitures même si les modèles réduits roulent sur de courtes durées (il faut les alimenter en carburant assez souvent). C’est très règlementé. Peu d’ados et d’enfants. Ou alors de grands enfants, des adultes ! Et même un magasin réservé aux adhérents. Antoine est aux anges. Je crois qu’il serait bien resté plus longtemps. Mais la route nous appelle.

Saint-Denis-les-Sens. Nous cherchons encore un peu notre route car elles sont très étroites, ici, et les panneaux très peu nombreux à moins de prendre la nationale. Mais c’est ce que nous souhaitons éviter au maximum.

Noslon, et ses pommiers. Noslon ce serait le nom du village et aussi celui du propriétaire des vergers. Si c’est son château, c’est pas mal, en effet. Cuy. Toujours pas de gîte en vue. A Gisy-les-Noble, nous demandons à… un homme (un noble ?). Il nous dit " Je suis l’homme qui emmène l’âne ! Allez à Pont-sur-Yonne, vous trouverez des gîtes !"

Dans ce village, nous trouvons une maison à la tour carrée et une autre où est inscrit PC 1933 (Parti communiste ? Va savoir pourquoi !). Un peu plus loin, une jolie chapelle.

Nous trouvons l’Yonne, et son pont. Hôtel des trois rois. Ah non, pas un hôtel à trois étoiles ou trois épis. Trop cher ! Nous cherchons dans la ville quelque chose d’autre. Il n’y a rien. Les autres hôtels sont fermés. Pas de gîte. En fait, l’Hôtel des trois rois c’est juste son nom. Ce qui m’a trompée c’est son logo : trois couronnes. L’hôtel n’a aucune étoile Alors, va pour cet hôtel ! La patronne nous annonce un hôtel familial et sans chichi. Une quinzaine de chambres. Je n’ai même pas demandé le prix de la nuit ! Nos vélos sont en sécurité dans le garage. La douche. J’ai le visage qui a cuit au soleil. La peau me tire. Et le mollet et le genou droit aussi mais pas pour la même raison. Un peu d’Ibuprofène me soulage bien. L’impression que j’ai mal à la marche mais pas en pédalant. Je suis devenue une vraie homocyclus !

La chambre est simple mais le repas, pas mal. Je bois, ce soir-là encore, un verre de vin. De l’Irancy, cette fois, du rouge. Coca pour Antoine. Une bouteille de Badoit. Chèvre croustillant. Entrecôte, sauce au roquefort et pâtes. Crème brûlée. Nous avons trop mangé… La tisane a essayé de faire glisser le tout et aussi de me réchauffer. J'ai froid. Ce doit être la fatigue, car nos 70 kilomètres de la journée nous ont quand même bien éreintés ! A l’opposé, dans la salle, des marcheurs mangent eux aussi. Ils habitent l’Essonne. Sur le menu, la légende des trois rois.

Je cite le texte inscrit en préambule du menu que nous avons sous les yeux : "En 1814 sous le règne Napoléonien trois rois venus de Prusse, d'Angleterre et de Russie aidés par le général Ragus chargé de surveiller les armée ennemies fit une halte anticipée à Fontainebleau, prit par une soudaine envie de jouer aux cartes. La trahison prenant forme, les trois rois prirent le temps de se restaurer dans notre hôtel afin de débattre des différentes possibilités d'attaquer l'armée de Napoléon. Mais le complot échoua par la faute de la trahison dans le camp ennemi, ce qui permit à Napoléon de gagner la bataille du confluant."

Dimanche 4 mai

Hier je me suis couchée les cheveux mouillés et, comme souvent, j’ai une crinière de lionne au réveil ! Le casque matera ma chevelure. Le petit déjeuner n’est servi qu’à 8 heures. Et nous nous sommes réveillés à 7heures. Nous allons nous promener de l’autre côté du pont. Grand bien nous fasse ! C’est jour de marché. Pain cuit au feu de bois vendu par un baba cool. Un peu cher, mais il semble bon. Manchons de poulet. Nous n’en prenons pas assez pour bénéficier du cadeau d’un manchon de plus mais le rôtisseur nous en donne quand même un ! Fruits, légumes. Puis c’est l’heure du petit déjeuner ! Thé ou chocolat chaud, pain beurré et confiture. La note n’est pas trop salée. 109€ au total. Nous reprenons la route d’hier et suivons l’Yonne, et dans le bon sens, cette fois ! Ça suffit de se tromper ! Bon, même si nous arrivons dans la cour d’une belle ferme, avec son arbre qui trône, en plein mitan.

Je pensais que c’était Sens-Grigny qui faisait 92 kilomètres… mais c’est Montereau-Grigny qui fait cette distance ! Nous ne serons donc pas à Grigny demain ! Il reste environ 130 kilomètres. Et donc nous arriverons lundi à Grigny. Ce sera plus facile de joindre le service communication de la mairie où nous sommes attendus pour une interview car le 2 mai je n’ai pas réussi.

Serbonnes. Vinneuf. Nous faisons quelques courses au petit Casino. Et là, il nous faut encore changer de carte ! Celle d’Ile-de-France, cette fois. Nous sommes en Seine-et-Marne.

Barbey. Saint-Germain-Laval. Montereau-Fault-Yonne. Sur la fresque, cette citation de Napoléon, à Montereau le 18 février 1814: "Allez, mes amis, le boulet qui doit m'emporter n'est pas encore fondu". Cette ville d'Histoire dominée par une bâtisse impressionnante, le prieuré Saint-Martin, tient son nom de "Fault" du verbe "faillir", choir, car l'Yonne "tombe", se jette, ici dans la Seine même si le débit de l'Yonne est ici plus élevé que celui de la Seine. C'est sur le pont de Montereau que Jean sans Peur a été assassiné en 1419 dans le but d'empêcher un rapprochement du Dauphin avec le parti bourguignon et de venger l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407. Le très beau prieuré Saint-Martin domine la ville. Napoléon est lui aussi passé par là, une fresque met son passage en valeur. En effet, le 18 février 1814, Montereau est le lieu d'une des dernières victoires de Napoléon contre les Autrichiens.

De Montereau-Fault-Yonne à Grigny, fin du voyage, maintenant c’est le tracé du dernier cyclo sympa que nous utilisons. Je lui enverrais, à lui aussi, le récit de notre voyage à vélo.

Vernou-la-Celle-sur-Seine. Mammès. Alors que nous pique-niquions au bord de la Seine, à côté d’un marché, un couple à vélo nous aborde et engage la conversation. Le monsieur a déjà fait pas mal de cyclocamping, comme nous, d’où son intérêt pour nos vélos. Il est adhérent de l’association du Cyclo Camping International (CCI). Notre route passe devant leur maison. Nous ne sommes pas pressés car nous avons jusqu’à demain pour arriver et relativement peu de kilomètres à faire ! Nous acceptons donc bien volontiers leur invitation. Il me fait un plan, qui n’est pas à l’échelle. J’ai l’impression qu’ils n’habitent qu’à deux ou trois kilomètres de là. Hésitants sur la route à prendre, nous leur téléphonons.

Sur le trajet nous faisons une brève incursion à Moret-sur-Loing pour une pause technique. Incursion que nous ne regrettons pas. C’est vraiment très beau…et touristique. La ville a conservé de nombreux monuments d'origine médiévale, dont le pont sur le Loing. La liste des peintres ayant représenté la ville est longue (je connais surtout Alfred Sisley). Elle a servi de décor pour deux films.

Sorques, où habite la famille qui nous a invités est à 9 kilomètres le long du canal du Loing qui se jette dans la Seine. Une péniche est un gîte d’étape. Tiens, faudrait essayer… Mais à quel prix ?! A l’entrée de la rue Vincent a apposé une affichette ! Nathalie et Vincent ont des enfants de l’âge d’Antoine, Camille, 17 ans et Maxime, 15 ans. Le couple a l’habitude d’héberger des cyclocampeurs. Nous y partageons un long moment bien agréable. Ils ont vécu cinq ans en Chine, pour des raisons professionnelles. Vincent travaille dans l’industrie mais je ne sais plus ce qu’il fait (ingénieur ? Technicien ? Commercial ?). Toujours est-il que cela ne fait pas très longtemps qu’ils sont revenus en France, ici. Les enfants sont bilingues et vont à l’école internationale de Fontainebleau. Nathalie est prof de sciences nat. dans un collège très loin d’ici à Villeneuve-L’archevêque, avant Sens ! Nous y sommes passés. Elle dit ne mettre QUE quarante-cinq minutes ! En Chine elle enseignait dans l’école où étaient scolarisés les enfants. Quant à Vincent, il part toute la semaine car lui travaille encore plus loin, à Nevers.

Ils m’offrent le café, puis, à Antoine et moi, un thé surprise. Une boule de feuilles qui, une fois imprégnée d’eau bouillante remonte à la surface. La théière transparente fait merveille. Nous sommes au spectacle. Ces feuilles liées par une cordelette blanche qui forment une boule s’ouvre et découvre une toute petite fleur rouge de chrysanthème. Il y a même du sucre dedans. On peut en trouver dans les magasins de thé. Antoine demande s’ils ont un skate, sa passion du moment. Les enfants vont en chercher un, puis un autre, couverts de toiles d’araignées. Acheté en Chine chez Décathlon, ça roule encore un peu, pour le plus grand bonheur d’Antoine. Partie de volley entre les jeunes. Le ciel est bleu, le vent souffle, à l’ombre, sous l’arbre (une sorte d’érable), il fait frais. Quand elle était petite, Camille avait un poupon qui s’appelait Antoine. Et Antoine… en avait un qui s’appelait Camille ! Leur Camille, qui aura sûrement son baccalauréat, va partir en septembre faire ses études à l’école Paul Bocuse à Ecully. Si elle le veut, et/ou en cas de besoin, elle sera la bienvenue à la maison. Nous avons déjà accueillie une stagiaire pendant un mois, un Japonais pendant une semaine et demi, deux cyclotouristes Anglais pendant une nuit... Sans compter les copains et copines des enfants. La maison est ouverte. C’est si elle veut, quand elle veut !

Vincent nous conduit au camping, très calme, près de chez eux au bord du Loing. Nous le suivons à vélo tout en continuant à discuter. Pas cher, le camping. Même pas 10€. A la tombée de la nuit, les moustiques sont violents. Les chaussettes par-dessus le pantalon sont du plus bel effet ! Les gens, ici aussi sont sympas. Je recharge mon portable dans la caravane d’un retraité qui séjourne ici avec sa femme à la belle saison. Il nous prête son marteau et redresse même les piquets sur une souche d’arbre. Ils ont des voisins qui ne plaisent pas trop à Antoine : des beaufs, dit-il … ! Un drapeau avec la photo de Johnny Halliday est planté à côté de leur tente, la dame a un blouson avec la photo du même Johnny, lui porte queue de cheval et mégot au bec. Ils ont même la photo géante peinte de leur chien, genre chihuahua sur une toile au fond de l'auvent.

Il est très tôt et nous allons visiter le village de Gretz-sur-Loing avec nos vélos tous légers, tout légers ! Un village chargé d'Histoire qui remonte au XIe siècle mais encore très vivant où nous croisons un groupe de jeunes partis fêter leur anniversaire ! Deux lavoirs, une ruine, une ancienne borne. Nathalie et Vincent nous ont donné un dépliant sur le village car ils ont l’habitude de recevoir. C’est un village où beaucoup d’artistes ont séjourné, bénéficiant, comme Moret-sur-Loing, de la proximité de Paris. Honoré de Balzac y retrouvait sa maîtresse. Ainsi que des musiciens, peintres… du monde entier: Suédois, Ecossais, Allemands. Des plaques sur les maisons commémorent leur passage.

Nous mangeons une soupe de pâtes à la chinoise vraiment très relevée… ça dégage bien le nez… et ça réchauffe !

Pendant qu’Antoine, à la tombée de la nuit, fait la vaisselle je fais un tour du camping, très grand. Je comprends d’où viennent les moustiques : il y a un étang. Un héron cendré s’envole. Je l’ai dérangé. Certains emplacements sont vraiment très excentrés et isolés, les campeurs font même un feu de bois. Rien de tel pour chasser les insectes indésirables.

Quand je vais rechercher mon portable, le monsieur me dit qu’il aurait dû nous proposer de manger à l’abri, sous son auvent…

Nous n’avons fait que 63 kilomètres aujourd’hui. Pas grave, nous sommes presque arrivés à Grigny !

Lundi 5 mai

Pas si calme, le camping ! Une route le longe et la circulation, dense en journée, même si elle se calme le soir, ne s’arrête pas, même la nuit ! J’ai entendu la chouette hululer, cette nuit ! Joli !

Magnifique, la traversée de la forêt de Fontainebleau. Un souvenir : une journée d’escalade avec l’école sur les rochers des gorges de Franchard. Nous prenons une toute petite route, interdite aux voitures (sauf service !), toute en descente. Un vrai régal !

Juste en bas de cette descente, Barbizon, encore un petit village de peintres, un des endroits mythiques de la période pré-impressionniste en France. Dès 1830, ce qui est encore un hameau de bûcherons accueillera en effet à l'auberge Ganne (maintenant un musée, ses murs sont peints par certains des artistes), tous les peintres (du monde entier; Etats-Unis, Russie, Allemagne, Pays-Bas, France, bien sûr) qui viennent chercher l'inspiration auprès de la nature. Dans le désordre, Sisley, Renoir, Monet, et j'en passe, pour ne citer que les Français. Puis ce seront les écrivains, les philosophes, les chanteurs et les comédiens qui prendront le relais.

Nous demandons notre chemin pour aller de Barbizon à Macherin, le village (hameau ?) suivant mais ce ne doit pas être sur le chemin du cuistot, il n’en a jamais entendu parler ! Arbonne-la-Forêt à l'Histoire ancienne (dès le Mésolithique) et plus récente (La résistance aux Allemands et aussi le tournage de nombreux films dont La guerre du feu et plusieurs autres dont trois avec Bourvil).

A Courances, son parc considéré comme l'un des plus beaux de France est labellisé jardin remarquable. Son château est classé du XVIIe. Nous sommes dans l'Essonne.

Passage dans le village de Dannemois. Nous longeons un moulin (de nos jours un hôtel-restaurant-cabaret-musée-boutique de souvenirs) où vécut un chanteur très célèbre, Claude François pour ne pas le citer... !

Nous suivons, non pas le chemin des écoliers mais la rivière L’Ecole. Nous pique-niquons devant la petite mairie de Saint-Germain-sur-Ecole, en Seine-et-Marne.

Nous demandons à utiliser les toilettes et remplissons nos bidons ainsi que la casserole pour cuire les pâtes. Deux employées, un jardinier. Combien d’habitants ? 300. Mais l’une des deux employées est La Maire ! 250 grammes de pâtes soit deux assiettes et demi pour Antoine et une et demi pour moi. La demi, je la saupoudre de sucre. Ouf, le ventre est plein, le plein de calories est fait !

Soisy-sur-Ecole et sa verrerie d'art (la tradition remonte à 1856).

Yannick Noah a vécu à Nainville-les-Roches

Auvernaux. Une dame, seule, sur le côté de la route, l’air bien embêtée. « Vous avez besoin d’aide ? Une crevaison ? ». « Non, les gens du village causent trop ! J’en ai assez ! J'aime mieux les gens d'la ville.». Arrive un homme. « Et voilà, avec tous leurs travaux, je sais pas ce qu’ils font mais on peut plus passer ! Ça va plus du tout ». Deux fadas. A déparler, à plus savoir quoi dire! En fait de travaux qui empêchent de passer, juste la réfection d’un joli mur par deux ouvriers qui ne nous regardent même pas passés. Trop occupés.

Chevannes et son (fameux !) concours (record à battre !) du plus grand orchestre de cuillères en bois ! Mennecy. Lisses. Bondoufle. A Courcouronnes (proviendrait du mot gaulois cour-cou-ronne signifiant « village en couronne sur la hauteur »). Nous demandons notre route à des policiers municipaux qui circulent dans leur voiture.

Non seulement ils nous l’indiquent mais en plus nous demandent de les suivre. Warning, les bras dehors pour demander aux voitures de nous laisser passer !! Nous sommes V.I.P ! Très drôle et sympas ! Ils nous emmènent jusqu’à une piste cyclable qui suit des jardins ouvriers. Elle passe sous l'autoroute. Et nous arrivons à Ris-Orangis puis à Grigny.

Mais là, malgré les indications données par Gilles Dao, directeur du service communication (rien que ça !) nous ne trouvons pas la rue du port. Vieille église ? Non, celle de la rue des Sablons (ND-de-toute-joie) en bois et béton est dégradée, mais pas vieille, elle date, à vue de nez du milieu du XXe siècle (1973 après vérification). Nous nous arrêtons devant le service de la Protection Maternelle et Infantile (P.M.I). Avec toute les visites à domicile que les assistantes sociales et puéricultrices font, c’est bien le diable sir elles ne connaissent pas le quartier ! J’entre. Elles m’expliquent et me photocopient le plan. Sympas ! Nous y sommes presque: elle descend raide cette rue du port ! Dire qu’il faudra tout remonter !

Mais en bas, quel accueil par Gilles Dao et Marie Follly ! Tous ceux que l’on rencontre dans les couloirs ou qui passent la tête par la porte de Gilles Dao : Ah ! C’est vous !? Le responsable de la communication a travaillé sur le dessin animé (la bande dessinée ?) de Lucky Lucke. Il a fait (ou contribué) au très beau logo/dessin animé de Thalassa (celui qui permettait de voir un coquillage se transformer un bateau et en je ne sais plus quoi d’autre encore !). En farfouillant aussi un peu sur le net je découvre qu'il est écrivain. Il connaît une Mireille élue pendant plusieurs mandats successifs à Gennevilliers (Mireille Fougère me souffle mon père). Grigny en Essonne est dirigée par les communistes. Très renseigné, il sait que Grigny dans le Rhône et Pierre-Bénite sont passés à droite.

Mais après cet accueil chaleureux, la photo, le thé offert, c'est déjà l'heure de repartir. Malheureusement il faut remonter à Paris pour essayer d'attraper un train. Pas un TGV, trop cher et trop compliqué avec nos vélos. Non, un TER.

RER de Grigny. Un gars plus malin que les CRS nous fait passer en ouvrant la grande porte vitrée située dans l’alignement des tourniquets car celui pour les poussettes et les fauteuils roulants n’est pas assez long pour nos vélos et le sas ne peut se fermer. Nous discutons ensuite avec ce gars sur le quai. Un bon bougre qui nous explique (une voix annonce de nombreux retards sur la ligne) qu’habiter en banlieue n'est pas facile si l'on veut travailler à cause de tous ces retards. C'est ainsi qu'il explique son refus de payer les tickets. Il fraude toujours. Jamais pris ? Si deux fois en 12 ans… ça vaut le coup. Nous, nos billets (4,90€ chacun, Antoine a plus de 12 ans) étaient déjà achetés. Ce sont les CRS qui les ont validés et faits passer...

Nous avons un TER à 19h31 mais il est déjà près de 19h15 et ce n’est pas à gare de Lyon mais à Bercy que nous devons le prendre. En plus, il arrive à 22h49 à Dijon et il n’y a pas de correspondance pour Lyon avant le lendemain matin. Antoine aurait tant aimé dormir dans son lit ce soir ! C’est râpé ! Alors… Sinon, nous avons un train à 7h38 demain matin, direct pour Lyon mais avec de nombreux arrêts. Je téléphone à Frédérique et à Jérôme qui connaissent bien Paris. Ils n’ont pas d’amis qui habitent le secteur. On aurait mieux fait de dormir à Grigny, au moins des personnes auraient pu nous héberger ! Mais nous n’aurions pas pu prendre ce premier train et nous serions retrouvés dans le RER avec la cohue des personnes qui vont au travail. Nous achetons des sandwichs pendant que Roland nous cherche un hôtel « pas trop cher » dans le coin. Il en trouvé un ! Un Kyriad qui peut nous accueillir avec nos vélos.

Nous demandons notre chemin à un monsieur pour sortir de la gare de Lyon. Il va dans la même direction que nous, gare de Bercy. Nous discutons tout en marchant. Mes jambes ont plus l’habitude, maintenant de pédaler que de marcher ! Aïe, mon mollet droit me tire ! Notre trio rencontre un cyclocampeur Californien à la recherche des Champs Elysées. Il va bientôt reprendre l’avion. Nous laissons notre guide à une station de métro.

Pas cher, pas cher ! Finalement un trois étoiles à 106€ la nuit ! Nous montons les vélos debout dans l’ascenseur. Mais la chambre est grande comme un mouchoir de poche ! Un vélo dans la bagagerie, celui d’Antoine et le mien, débarrassé de ses sacoches, entre le mur et les lits. Pour le prix nous avons deux lits, une douche (avec de l’eau !), un peu de savon et de shampoing et aussi deux petits gâteaux avec des sachets de thé, de café soluble, des capsules de lait et une bouilloire. De quoi ne pas partir le ventre vide demain matin.

Mardi 6 mai

Levés très tôt (pas envie de le rater, ce train !) nous arrivons très tôt à la gare de Bercy, toute proche. Nous avons grignoté nos biscuits dans la chambre et Antoine a apprécié son thé avec les deux capsules de crème. Nous prenons un vrai petit déjeuner au bar de la gare. Et nous remangerons encore dans le train. Notre fond de riz au lait que nous avions transvasé dans une boîte pas si étanche (heureusement isolé dans un sac). Encore bon ? Bon ! et des bananes séchées aussi. C’est que, partis à 7h38 nous n’arrivons à Lyon qu’à 12h45 !

Comme un voyage à l’envers, nous passons à vive allure à travers les paysages que nous avons traversé à la force de nos mollets, lentement souvent quand ça montait, un peu plus vite quand ça descendait. Nous nous arrêtons dans les gares de villes où nous sommes passés. Sens. Montbard. Beaune. Chagny. Chalon-sur-Saône. Belleville. Villefranche-sur-Saône. Saint-Germain-au-Mont-D’or. Il est vrai que notre route (ou les chemins blancs !) suivaient ou traversaient souvent les voies ferrées. Nous avons fait 78 kilomètres entre hier et ce matin.

Arrivés à Part-Dieu, coup de fil à Roland. Fait faim. Il nous invite au resto. Puis nous repartons à Grigny à vélo. Nous repassons à Oullins où nous pouvons admirer le travail de la Cité de la création.

23 kilomètres, la boucle est bouclée.

Et l'année prochaine ? Antoine a déjà dés idées. Le Danube. Ou le canal du midi au bord duquel habite l'une de ses grandes sœurs.

Lavoir de Noslon

Lavoir de Noslon

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journal de voyage à vélo

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Publié le 27 Mai 2014

Dimanche 27 avril

Nous avons d’abord joué les « vedettes » car nous avons rendez-vous avec Christophe, le correspondant du Progrès devant la mairie à 9h30. Photo, court interview. Le maire, Xavier Odot arrive, s’enquiert de notre voyage et s’en va.

Grigny. Vernaison. Irigny. Et là, rencontre improbable ! Antoine s’arrête net à la vue d’un groupe de scouts ou, plus précisément d’un scout. Ils viennent de la Croix-Rousse à vélo, sac au dos et vont à Vienne, en Isère. Ils jettent tous les deux leur vélo à terre et tombent dans les bras l’un de l’autre ! Emus, contents, surpris, étonnés… Ils étaient ensemble en Irlande l’été dernier. Nous repartons, chacun dans la direction opposée. Antoine en est tout remué. Il ne se rappellera le prénom de ce bon copain que plus tard : Martin ! Pierre Bénite. Oullins.

A sa fenêtre, un rastafari nous salue d’un grand signe de bras ! Il aurait aimé ce banc du canal de Bourgogne !

Entrée de Lyon côté Aquarium et confluence. Je connais ce parcours par cœur. C’est celui que je fais pour aller au travail.

Pour la suite, j’ai demandé à Bernard, un copain de vélo de me tracer le circuit pour Lyon intramuros et pour sortir de la ville ; c’est un vrai gone je savais que je pouvais compter sur lui ! Nous faisons d’abord notre première halte, à l’île Barbe, la faim se faisant déjà sentir. Je n’y étais jamais allée. Elle est vite visitée !

Du haut du pont nous sommes observés par de nombreux passants pendant que nous mangeons nos œufs, nos céréales cuites et notre pomme. Nous suivons ensuite à la lettre les indications que Bernard m’a envoyé par texto et nous traversons la Saône à plusieurs reprises. Après Collonges nous suivons la rive droite sur la bande cyclable, puis nous traversons le pont de Fontaines à Neuville.

Voilà que mon compteur est en panne ! Quelle chance ! Il a fonctionné jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Il nous manque les kilomètres de l’Ile Barbe jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Soit 14 kilomètres

Ensuite, à Neuville nous repassons sur l’autre rive. S’inspirant de l’histoire et de la topographie des lieux, Tadashi Kawamata a réalise une installation métamorphosant la configuration et l’architecture des lieux.

Une tour qu’il a construite à partir de planches de bois propose de nouvelles connections et une perception modifiée de l’architecture et de l’espace. Cet artiste a participé à de grandes manifestations internationales et a exposé dans de grands musées. Tadashi Kawamata est né en 1953 à Hokkaido (Japon). Il vit et travaille à Paris et à Tokyo.

Sur la route, à Quincieux Antoine trouve une carte d’identité. Nous la remettons à un spectateur qui regarde un tournoi de tennis. Celui qui a perdu sa carte habite Quincieux même. Il l’apportera à la mairie demain.

Je connaissais le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, pas celui de Jérusalem. Nous verrons, tout au long de notre parcours, quelques panneaux, rouges, assez grands, indiquant la route de ce pèlerinage.

A Quincieux, devant un atelier, posé sur un camion, trône un énorme bison.

A Trévoux, nouvelle traversée du pont.

Nous trouvons une piste cyclable, un chemin, plutôt, qui longe la Saône et nous emmène jusque sous le château de Trévoux. Il date du XIIIe siècle. Il a été habité par Utrillo, le peintre et sa mère Suzanne Valadon qui l’a acheté en 1923.

Là, nous nous arrêtons pour discuter avec un couple à vélo, lourdement chargés. Ils viennent de Lyon. Et pour cause ! Ils partent pour quatre mois et vont jusqu’à Copenhague via Paris et Bonn où ils ont des amis. Et ils reviendront en vélo. Ils ont conçu eux-mêmes leurs vélos à partir de cadres qu’ils ont achetés. Ils rechargent leur portable et leur GPS par électroaimant ou solaire, je ne sais plus. Ils ont même prévu des talkies-walkies quand le GPS ne passera plus. Il emmène un arc, pour se détendre, le soir. Lui est un routard du vélo (il a voyagé en Italie) mais pour elle, c’est une première ! Elle emmène son rat qui Il voyage dans une cage, protégée, en cas d’intempérie par un imperméable. Il se laisse bercer par les cahots de la route. Elle n’aime pas trop les chemins, ses trous, ses bosses et boum ! perd l’équilibre et tombe ! Et le rat ? Il va bien…

En chemin nous discutons, bien sûr et Antoine me parle de Kamoulox. Ka quoi ? Non, jamais entendu parler ! Au retour il faudra que j’aille voir… sur internet !

Nous arrivons à Villefranche. Là, nous sommes un peu perdus. Nous demandons notre chemin à deux messieurs. Parlent pas français. Un accent. « Vous êtes Bulgares ?! ». Oui ! Je leur sort les trois mots de bulgare que je connais mais qui ne nous sont d’aucune utilité : "tchaï, malini et da" (thé, framboise et oui) pour trouver notre chemin. Des réfugiés ? Des camionneurs en transit qui ne peuvent rouler le dimanche ? Nous n’en saurons pas plus.

Arnas. Blaceret. Saint-Etienne-les-Oullières. Odenas. A Charentay nous cherchons un gîte pour la nuit. Une famille sympa nous indique le gîte de la Belle-mère. Et s’il n’y a pas de place dans ce gîte on peut même revenir dormir chez eux ! Va pour le gîte de la belle-mère… Trois épis. 80€ la nuit, petit déjeuner inclus. Oups ! Un peu chérot !

Cette ancienne ferme est surmontée d’une très haute et très fine tour. L’histoire raconte que la belle-mère l’avait fait édifier afin de surveiller, de là-haut son gendre volage…

Nous retournons dans le village. Là, plus question de nous héberger… Bon, nous remontons sur nos vélos. Un peu plus loin, une ferme. Le temps n’est pas des plus beaux. Le vent se lève, la pluie menace. Nous nous dirigeons vers la ferme. Trois boîtes à lettres. Un drôle de gars nous observe. On dira que c’est un simple d’esprit. Antoine l’a surnommé, entre nous, Patrick. L’un des habitants de la ferme accepte que nous installions notre tente tout près du bâtiment où se trouvent trois voûtes. Dans la première, une carriole. Dans la deuxième une voiture. Et la troisième est transformée en niche géante pour chien gentil mais fugueur et, nous l’apprendrons au cours de la nuit, aboyeur quand des chats viennent à passer devant son bercail ! L’habitant me permet de recharger mon téléphone portable et nous montre où se trouve le robinet. Antoine remplit bidons et bouteille. Un aménagement permet même de poser assiettes et casseroles pour faire notre vaisselle ! La charrette sous l’abri de la voûte nous permet d’étaler notre matériel et nous sert tout à la fois de banquette, de table et d’étagère. Bien pratique en tout cas, car le vent, froid, souffle. Quelques gouttes de pluie. Presque rien. Les piquets de la tente ne tiennent pas en terre, dure. Qu’à cela ne tienne ! Sous cette même voûte je trouve des barres de métal très lourdes mais pas très grosses. Je les introduis dans les boucles de la tente où normalement l’on fixe les piquets. Et ça tient !

Celui qu’Antoine appelle Patrick nous observe de près. J’espère qu’il dort, la nuit ! Roland, au téléphone nous prévient : cette nuit, le thermomètre va descendre à 2°C ! La soupe en sachet bout. Elle nous réchauffe. Ce soir, pas de toilette ! Et les toilettes ? C’est à côté du poulailler !

Nous avons fait 66 kilomètres aujourd’hui.

Lundi 28 avril

J’ai eu froid, cette nuit ! A en claquer des dents.

Mais pas Antoine. Et surtout j’ai eu une épouvantable crise de crampes nocturnes qui ont un peu effrayées Antoine. Le vent n’a pas cessé que ce soit pendant l’installation de la tente jusqu’à ce que nous allions nous coucher. Il a plu deux fois. Le soir assez tard et le matin, assez tôt du bruit à côté. Quoi ? Le père de « Patrick » est au jardin de l’autre côté du muret pour aller cueillir des salades.

Saint-Lager. Belleville. Et là, youpi ! Une piste cyclable (intitulée Voie verte, comme de bien entendu…) ! Sans trop réfléchir, nous nous y engageons. Nous nous arrêtons à Cercié. D’abord à la pharmacie pour acheter de quoi remédier à mes crampes nocturnes, où la pharmacienne me propose du cuprum metalicum, la même médication homéopathique que m’administre Claudine, mon médecin. J’achète aussi l’indispensable Sporténine©. Là, un vieux bonhomme sympathique me vante les mérites du savon de Marseille (pas un autre, attention !) souverain contre ce mal. De retour à la maison j’ai regardé si cette croyance était fondée ou farfelue. Fait chaud, et le long de la voie verte il y a tout ce qu’il faut comme sanitaire. J’enlève les épaisseurs que j’ai en trop. Par prudence (ne sait-on jamais !) je regarde la carte. Et là ! Bingo !

Ce n’est pas la bonne direction… Nous ne faisons pas demi-tour mais obliquons à travers les vignes du Beaujolais vers Villié-Morgon (j’essaie de me souvenir où habite Toto Jambon, dans la cave de qui nous allions chaque année fêter dignement l’arrivée des vacances scolaires en mangeant un bien bon repas et en goûtant sa production viticole). Nous nous arrêtons à nouveau pour faire le plein dans une épicerie. Et aussi du savon de Marseille. Je veux essayer. On ne sait jamais. Et contre toute attente, l’explication serait que le vrai savon de Marseille est élaboré à base de potasse. Dans les crampes nocturnes dues à un déficit en potassium intracellulaire, les ions de potassium issus de la potasse pénètreraient la peau et se fixeraient dans les cellules musculaires. Donc, ce n’est pas n’importe quoi ! Contrairement à ce que dit Antoine. Et, anecdotique, l’épicier est cycliste ET plongeur niveau 3 !

Lancié. Romanèche-Thorins. La Chapelle-de-Guinchay. C’est à La Chapelle-de-Guinchay que nous faisons notre pause repas de midi, sur les marches de l’église. Nous nous lavons les mains, remplissons nos bidons et faisons la vaisselle à l’évier des services techniques municipaux. La conséquence d’une très récente foire qui s’est déroulé au village est que les sanitaires publics ont été dévastés !

Saint-Amour. Châne. Loché. Antoine est scandalisé par les désherbants répandus sur les vignobles. L’herbe est toute brûlée, jaune paille. Scandalisé aussi par un tag, une croix gammée. Mais nous rions en passant devant une cave dont le vin s’appelle « Pisse Vieille » ! Les maisons, en pierre, sont très belles.

Le giratoire d'Alain Girel, céramiste et ses verres géants

Charnay-Lès-Mâcon. Et là, Antoine me dit qu’il a entendu un bruit et s’arrête. Effectivement, je trouve une fine lamelle de métal. Je lui dis qu’il a sans doute roulé là-dessus et que c’est ce bruit qu’il a entendu ! Je jette le bout d’aluminium au loin. Mais, impossible de redémarrer ! La roue est complètement bloquée. Le pneu a une hernie juste là où il manque un morceau de jante, un fin et court morceau de jante. Ah ! C’était donc ça ! La hernie empêche le pneu de passer entre les patins de frein. Seule solution pour que, au moins, la roue puisse tourner (sinon il faut porter le vélo et avec les sacoches…), il faut dégonfler le pneu et décrocher les freins. On ira pas loin, comme ça ! Tout près, un garage. Le patron est seul, il n’est pas disponible pour nous emmener au vélociste le plus proche. Une famille de trois enfants (deux garçons de 8 et 11 ans) une fille de 14 ans et les parents nous rejoignent. Ils cherchent le début de la piste cyclable. Nous aussi, avant d’atterrir ici nous la cherchions. Mais là, ce n’est plus la priorité. Nous leur souhaitons bonne chance.

A côté, l’entreprise Miditraçage. Ils tracent les bandes blanches sur les routes. Un bureau. Et dans la cour, un camion et deux messieurs. Ils me disent que comme nous sommes lundi, le vélociste sera fermé. Reste Décathlon. Ils ne peuvent emmener qu’une personne et un seul vélo. Antoine reste donc au bureau et je monte dans le camion. Très sympas, les deux ouvriers sont venus avec moi jusqu’à l’atelier du magasin pour connaître le délai d’attente. Devant nous, un monsieur. Avec moi, une demi-heure d’attente. Trop long ! Sinon, ils m’auraient ramenée… Ils repartent chez eux, leur journée est finie. Je tourne en rond dans le magasin, en attendant. Au final, la roue est changée. Ils ont remis la cassette, la chambre à air et le pneu. Ils ne m’ont pas assommée ni fait croire qu’il fallait aussi changer les patins de frein (par exemple).Total de la réparation : 53,90€. Rien à dire, c’est correct ! Et je repars, munie des explications (écrites !) des réparateurs du vélo qui ne me font passer que par des petites routes. De retour à Miditraçage je remercie les deux employées de bureau (l’une est peut-être la patronne, Florence Jean-Stock) et nous partons à notre tour à la recherche de la piste cyclable. Mais là, il nous faut changer de carte. Nous ne sommes plus en Rhône-Alpes (la carte Michelin « indéchirable » de 2011 où 1 cm =2 km a été parfaite !).

Et un peu plus haut, à gauche, nous trouvons un chemin interdit à la circulation mais qui n’est pas labellisé comme piste cyclable. Comme il va dans la bonne direction, nous l’empruntons. Et c’est bien ça ! Il rejoint un peu plus loin la vraie voie verte que je connais pour avoir dormi à Cluny au gîte collectif communal. La Roche-Vineuse. Berzé-la-Ville. Et, juste avant Berzé-le-Châtel, une œuvre d’art brut, issu du cerveau d’un original. Il fait référence à Lamartine, originaire de la région. Son œuvre est basée sur la musique.

Puis devant Berzé-le-Chatel, jolie discussion en espagnol avec une dame, Mexicaine car sur son tee-shirt, un « Hola Chica !» m’a interpellée. Puis je fais la course avec son fils, lui à trottinette. Il est allé jusqu’à 20 kilomètre/heure ! Vif, le gamin ira loin ! Il s’est d’ailleurs bien éloigné de sa mère. Je lui demande son prénom, celui de son petit frère. Ils sont à consonance turc. Père turc, mère mexicaine. Un mélange pas si courant ! Il comprend un peu les langues de ses deux parents, les parle un peu. Plus le français, parfait ! Nous roulons dans un long tunnel. Cet ouvrage avoisine les 11°C. L’ouvrage a été utilisé comme champignonnière après l’arrêt de l’activité ferroviaire et sa désaffectation pendant de nombreuses années a permis à sept espèces de chauves-souris de s’implanter, dont le très rare "Grand Rinolphe". Le tunnel est fermé l’hiver (du 1er octobre au 15 avril) pour leur permettre d'hiberner. Et tout de suite après le tunnel, une côte très raide. Le problème du compteur est plus ou moins réglé. Il ne faut pas que la sacoche frotte contre l’aimant qui tourne et donne l’impulsion au compteur… Cluny est un peu plus loin.

A Taizé, le gîte est complet et la communauté religieuse n’accepte pas les cyclotouristes.

Un écureuil traverse la piste. Hésite. Revient sur ses pas. Repart. Nous avons eu tout loisir de l’admirer !

Près d’un lieu où les rochers abondent nous prenons le temps de discuter avec une jeune et jolie chevrière. Petit accent. Oui, elle est allemande.

A Cormatin nous arrivons au gîte de l’ancienne filaterie. On filait le crin de cheval dans ces ateliers. En particulier pour bourrer les selles. Nous retrouvons la famille de trois enfants qui cherchait son chemin alors que nous étions en panne. Ils sont tout étonnés de nous voir déjà arriver alors qu’ils sont là depuis peu de temps. Une dame nous installe dans notre chambre. Au moins nous aurons chaud ! Vraie salle de bain. Un lit chacun. Une galerie artisanale nous tente. On y trouve de tout : jouets, vêtements, parfums mais nous sommes davantage inspirés par ce qui se mange et achetons saucisson, fromage et confiture de sucrine (une cucurbitacée) et pamplemousse. Nous avons pu en goûter plusieurs, des confitures, avant d’arrêter notre choix sur celle-ci. Attenante aux chambres, une cuisine que les cyclotouristes peuvent utiliser. Elle est toute équipée. J’y fais cuire mon mélange de graines fait maison (lentilles, Ebly, boulgour…). Puis nous discutons, après le repas avec le père de famille. Je porte la veste de vélo Handivienne. Ce monsieur s’appelle Jacques et est le cousin de Michel Thivilliers, un copain du club, handicapé, qui fait du handbike ! Le monde est petit. Jacques est originaire de Bourg-en-Bresse. Après le repas, dodo ! Le petit déjeuner est inclus dans la nuitée qui nous coûtera 59€. Quand je pense aux 80€ du gîte de la Belle-mère…

65 kilomètres au compteur.

Mardi 29 avril

Le petit déjeuner est royal ! Céréales, yaourt, pain, confitures, thé, lait froid, café ou chocolat chaud. Pleins d’énergie, nous reprenons la route.

Sur la piste nous discutons avec un monsieur, un Hollandais, ancien proviseur de lycée. Sa femme, professeur de géographie. Il mettait en place les projets Comenius dans toute l’Europe, élargie à la Turquie. Aujourd’hui à la retraite, il s’investit encore beaucoup dans de nombreux projets.

Chat au pied d'une pompe pour approvisionner la loco en eau.... En haut, trottinette perchée sur un mât

Saint-Gengoux-le-National. Le wagon, restaurant à Saint-Désert (71)

Buxy. Jolie croix au cœur. Givry. Saint-Rémy, skate parc, tags :une cité jeune!

Arrêt dans une supérette. Et pause pipi à la mairie grâce à la police municipale car la mairie est fermée. J’appelle Lolo. Oh ! Miracle ! Elle décroche ! Elle est si occupée avec ses deux filles… C’est drôle, elle qui parle souvent de Chalon, j’ai toujours cru qu’elle en était originaire alors qu’en fait c’est à Saint-Rémy qu’elle est née.

Totem à Chalon, le long de la Saône. A Chalon-sur-Saône, pause repas le long de la Saône, un lieu de pique-nique bucolique et sympathique. Nous ne sommes pas les seuls à nous installer ici. Un peu plus loin, plusieurs camping-cars. Je demande au propriétaire de l’un d’entre eux où se trouve le point d’eau. Et c’est dans leur camping-car que je fais la vaisselle. Sympas, ces italiens !

Nous suivons la Saône et tombons sur un groupe de personnes attablées. Nous leur demandons la route. C’est un collectif d’artistes, acteurs (entre autres) de Chalon dans la rue, un festival annuel. Ils sont installés dans la friche portuaire. Un délaissé.

Ils se désolent que ce lieu soit non seulement abandonné par la ville mais surtout voué à la destruction. En particulier ces anciennes grues du port qui rouillent et qu’ils aimeraient voir rénovées et entretenues.

Un autre bâtiment est occupé par un collectif d’architectes. Un artiste nous conseille de poursuivre notre chemin le long des quais et de ne rejoindre la route qu’un peu plus loin. Antoine, passionné par les tags voudrait que je les photographie tous ! Certains sont de vraies œuvres d'art !

A la sortie des quais, un chemin plus ou moins praticable et à nouveau la route, dans la zone industrielle. Encore un tag. En sortant, un rond-point. Et c’est un accident mineur mais qui aurait pu mal tourner: au rond-point je vais tout droit. La voiture, derrière moi, me suis puis me coupe la route car elle, elle tourne à droite. Heureusement la voiture n’allait pas vite ! Elle heurte mon vélo sur le côté avant gauche. La sacoche amortit le choc. J’ai le temps de décaler, de poser le pied à terre. Ouf ! Je ne suis pas tombée ! Arrivé de l’autre côté, le conducteur complètement hors de lui s’arrête. Sort de sa voiture et commence à m’abreuver d’insultes. Les conducteurs n’approuvent pas sa conduite (dans les deux sens du terme !) et je vois bien les yeux ronds d’un chauffeur de poids-lourd qui, du haut de sa cabine a pu voir toute la scène. J’essaie de me défendre en expliquant au malotru qu’il est en tort. Il s’énerve encore plus. Je renonce, remonte sur mon vélo. Je suis ébranlée. Un petit peu envie de pleurer aussi. Pas devant Antoine. Il a eu aussi très peur ! Il était derrière moi. Nous continuons notre route. Plus de peur que de mal.

Nous trouvons le canal du centre. Champforgeuil.

Fragnes. Chagny. Alors que j’étais en train de réparer le vélo d’Antoine (il avait mis la béquille en contrebas par rapport au vélo, ce qui avait faussé les réglages), une dame est venue entamer une discussion avec nous. Où nous allions, d’où nous venions… Elle nous a fait part de son expérience au Kirghizstan et de son projet de voyage, toujours à vélo, en Argentine, avec des cols à 3000 mètres d’altitude. Une toute autre ampleur que notre petit voyage pépère à nous. Mais qui, bien que modeste, en impressionne quand même certains. Cette dame, depuis peu l’heureuse grand-mère d’un nouveau-né est venue lui rendre visite. Elle vient de Charente et emprunté le vélo de sa fille pour se détendre en pédalant un peu le long du canal. Nous voyons une sorte de biche dans un pré. Bizarre, elle est complètement immobile. Et à côté d’une grande cible. Bêtes que nous sommes ! C’est aussi une cible pour le tir à l’arc ! Notre compagne de route nous laisse un peu plus loin et nous, nous continuons sur notre lancée ! Nous roulons si bien qu’en longeant le canal nous sommes allés trop loin. Nous étions, il faut le dire, en pleine discussion avec cette dame à la conversation très intéressante. Nous avons dû faire demi-tour, soit 26 kilomètres de trop !

Car, au lieu de bifurquer légèrement sur notre droite après Chagny, nous avons carrément obliqué à gauche, toujours en suivant ce maudit (mais si joli !) canal du centre redescendant en quelque sorte vers le sud ! Heureusement que nous sommes allés dans le village pour faire remplir nos bidons dans un bistrot. Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai sorti ma carte, pas tout à fait sûre de moi. J’ai demandé le chemin pour Chagny. Ça les a bien fait rire ! Mais, sympa, le bistrotier et ses clients nous ont remis sur le droit chemin. Retour à Chagny ! Nous croisons une famille avec deux remorques : des bagages dans l’une, un enfant dans l’autre. Ils vont de l’Atlantique à la Mer Noire.

Nous avons trouvé un camping. Pas envie de sortir la tente car pendant ce retour sur la bonne voie, il s’est mis à pleuvoir pas mal ! L’employée du camping municipal (petit accent : elle est Brésilienne !) nous a loué un « chalet », sorte de mobil-home déguisé en chalet. 5 places pour nous deux ! 50€ la nuit, sans repas ni déjeuner ! Mais au chaud… C’est vrai qu’il est grand ! Nous avons dû signer un contrat de location (Ah ! l’administration !). J’achète un jeton de lavage et un de séchage. Nous fermons la porte de la chambre avec le grand lit et nous attribuons la chambre aux lits superposés. (Moi en bas). J’allume le chauffage à fond pour sécher nos vêtements. Je demande à un belge s’il peut me donner un peu de lessive. Comprend pas. Sa femme sort le nez et immédiatement me tend son bidon de lessive. Lui, avec humour : « C’est normal que je n’ai pas compris, je suis un homme !… »

A force de voir tous ces vignobles, l’envie d’en goûter un peu me prend.

Dans le village, à 300 mètres l’on nous dit que l’on trouvera une pizzéria. Antoine en a très envie. Et c’est dans un restaurant de haute tenue que nous « atterrissons » ! C’est quand même mieux ! Et ce n’est pas pour déplaire à Antoine… C’est un épicurien, ce garçon ! Ce restaurant l’Arôme est excellent. Pas très grand, il n’y a pas beaucoup de table. Les assiettes sont grandes. Les quantités qu’elles contiennent ne sont pas très importantes mais les mets sont si délicats ! La mise en bouche est une purée de carottes et un confit de saumon. Un délice. Ça nous change de notre éternel mélange de graines à l’huile d’olive et à la tomate. Je commande, sur les conseils avisés de la serveuse, un blanc, un Bourgogne Chitry Chardonnet. Les vélos restent dehors. Je ne pense pas qu’ils craignent grand-chose. En attendant, à portée de nos mains, une niche contient une bibliothèque avec des livres uniquement consacrés aux saveurs et aux mets qui nous mettent en appétit. Des écrivains racontent en de courtes nouvelles des expériences gustatives liée au grand art culinaire ou tout simplement à des souvenirs d’enfance. [Elles me font rappeler la charlotte aux pommes que me faisait maman avec du pain rassis trempé dans du lait, des œufs et des raisins secs macérés dans du rhum et versé dans un moule chemisé de caramel. Et puis la crème renversée aux œufs cuits dans la cocotte-minute. Ou encore la jardinière de légumes que je faisais avec papa. Mon père a toujours cuisiné et cuisine encore le salé et maman plutôt les gâteaux. Mais non, papa fait un excellent gâteau aux noisettes, il confectionne avec amour des orangettes avec ou sans chocolat, la nougatine aux amandes (mais ça fait longtemps). Et quand papa était absent pour ses long déplacement à l’étranger c’est bien maman qui faisait tout, le sucré comme le salé !] Mais aussi les livres que la patronne avait, petite fille (la chenille qui mange et fait des trous). Le cuisinier du restaurant a travaillé à Charbonnières-les-Bains. Ici, le lieu est beau. Cuisine nouvelle ? Tout est délicat, léger. Comme une mousse. La daurade et l’aïoli comme émulsionné qu’a choisi Antoine est goûteuse. Mon snack de tête de veau est original. Le tout pour à peine 59€ les deux menus, la bouteille d’eau pétillante, le verre de vin de jus de fruit !

Après manger je vais dans la petite cour, au fond de la salle.

Et là, surprise, des plaques de verre posées au sol dévoilent un escalier qui descend à la cave et aussi un puits peu profond, à peine une mètre, dans la cave, bien mis en valeur par un bel éclairage.

Le patron nous ouvre la trappe pour que nous puissions visiter. Une source traverse tout le village. C’est une ancienne chapellerie (XIXe jusqu'au milieu XXe). Pendant la guerre, ce fut le siège de la Kommandantur. Puis de 1958 à 1993 l'atelier d'un photographe.

Il pleut quand nous rentrons du restaurant. Je vais chercher les vêtements dans le sèche-linge. La nuit, la pluie qui tombe dans la gouttière puis arrive sur le sol (revêtu de métal ?!?) fait différents bruits. Du goutte à goutte (ploc ploc), au bruit d’un robinet qui coule, au tapotement énervé d’un doigt sur le coin d’une table au martèlement et jusqu’au bruit de moteur. Antoine n’a rien entendu de tout cela. Il a dormi comme une souche ! Mais moi, j’ai eu trop chaud. Et ce bruit !

Environ 72 kilomètres parcourus aujourd'hui.

Mercredi 30 avril

Hier nous avons réservé un pain viking. Aux graines. Il est bon mais je suis déçue, il est tout mou. Il nous faut faire un (bref !) état de lieux. Une lampe ne fonctionne pas. Nous ne savions pas qu’il fallait louer des draps. Heureusement nous avions nos duvets à capuche !

La gérante nous indique la route à suivre pour ne pas commettre la même erreur qu’hier. D’abord le trajet pour sortir du village. Puis Corpeau. Nous nous trompons un peu et arrivons à Ebaty. Des personnes nous remettent sur le droit chemin et nous disent qu’un peu plus loin nous devrons prendre une petite « bambée » sur notre droite. Bambée ! Quel joli nom ! Bombée. Une petit côte, quoi ! Puligny-Montrachet.

Dans une supérette Casino, nous achetons tout ce qu’il nous faut. Mais le papier toilette ne se vend, au minimum, que par quatre rouleaux ! Encombrant, même si c’est bon marché ! La gérante nous propose gentiment de nous en racheter deux ! Sympa ! Nous traversons plusieurs villages en travaux: les touristes arrivent cet été !

Pommard et Beaune. Nous aurions voulu faire la route des vins que nous ne nous y serions pas pris autrement ! La route zigzag entre les vignes, bien balisée pour les cyclotouristes que nous sommes, elle est truffée de petites pancartes blanches représentant un vélo de couleur verte. Impossible de se perdre ! Ça monte, ça descend, jamais méchamment. Bien agréable, ce balisage.

Nous mangeons sur la place du village de Savigny-de-Beaune à côté de la fontaine.

Un chat mendie quelques miettes de notre repas: du pâté en croûte, des tomates et des céréales cuites en salade. Comme dessert, une pomme. Avec de l’eau de notre bouteille, petite vaisselle. Rincée à la fontaine. Et à partir de Savigny-de-Beaune, la vallée commence et c'est une merveille ! Bouillant : maison ronde de lutin, avec de l’herbe qui pousse sur le toit. Une petite cascade au creux d’un à-pic, et la grotte à ses pieds. Lieu-dit La Forge : Grande cascade faite de la main de l’homme pour actionner un moulin

Une merveille botanique, cette vallée. Je reconnais le fraisier, l'ancolie, le muguet, le coucou, l'anémone pulsatile, l'euphorbe, le sceau de Salomon, l'orchidée, le tout accompagné de chants et de cris d’oiseaux. Merle, coucou, pic vert. Il fait frais sous le couvert des arbres et le soleil est au rendez-vous. Impression de sérénité. S’il fallait trouver une image du cyclocamping, ce serait la découverte de cette vallée.

Bécoup. Et là, dans la magnifique descente… catastrophe ! Ma sacoche avant droite frotte dangereusement les rayons, le bruit et les vibrations ne trompent pas. Je m’arrête brusquement. C’est le porte bagage qui s’est désolidarisé du cadre sur un des points d’attache : la vis est toujours là, mais plus le boulon ! Je cherche dans mon sac à outils et je trouve un boulon correspondant à la taille de la vis. Je fais signe à une voiture qui descend afin que le conducteur prévienne Antoine pour qu’il ne s’inquiète pas. Mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas dû comprendre mon signe. La voiture qui montait, en revanche, elle, s’arrête mais sa conductrice est pressée. Elle ne redescendra pas. Clé Allen, clé à pipe. C’est réparé ! Je repars mais ça recommence, ça ne tient pas… Je mets alors la sacoche sur le porte-bagage derrière moi, bien fixé par un tendeur et je repars à nouveau. Je vois arriver Antoine, plein de courage, remonte à ma rencontre ! Pont-d’Ouche. Nous avons changé de département, nous sommes en côte d'Or. Une entreprise de métallerie, fabricant des portails et autres ouvrages. J’entre dans un bureau, je leur demande s’ils ont une vis et un boulon à me donner. Espérant secrètement qu’un ouvrier pourrait y jeter un œil. Et c’est une fin de non-recevoir. Ils sont en plein inventaire ! La secrétaire m’oriente sur l’entreprise voisine. Mais les limites géographiques entre les deux entreprises ne sont pas claires, je retombe sur un ouvrier de la même entreprise que précédemment. Plein de bonne volonté, lui, il est prêt à y jeter un coup d’œil. Mais il doit demander le feu vert à son chef. Il ne revient toujours pas. Tant pis, nous, on s’en va ! Une belle piste cyclable s’ouvre devant nous, le long du canal de Bourgogne, direction Dijon. Parfait ! C’est ce que j’avais stabiloté sur ma carte. En avant ! J’appelle même Jean-Claude Perronet un champion de course à pied de Dijon, aveugle, qui court sur toutes les routes de France accompagné par des guides. Nous serons là-bas dans la journée.

Pont-d‘Ouche. Veuvey-sur-Ouche. La-Bussières-sur-Ouche. Saint-Victor-sur-Ouche. Gissey-sur-Ouche. Et là encore nous regardons la carte. Je retourne la carte et là ! Oh misère ! Je ne sais pas du tout ce que j’ai fabriqué… sur l'autre moitié de carte, le circuit suit bien ce même canal de Bourgogne mais… sur la branche gauche du canal et non la droite ! En effet, à Pont-d‘Ouche le canal forme comme un V, dont l’un orienté vers le nord-est (la direction dans laquelle nous sommes partis) et l’autre à vers le nord-ouest où nous aurions du aller… Deux option: faire demi-tour ou bien traverser et grimper les montagnes pour passer de l’autre côté. Plein de courage, nous optons pour la deuxième solution.

Agey. Nous nous arrêtons chez une habitante pour remplir nos bidons. Ça grimpe pas mal, mais on peut rester sur les vélos en mettant « tout à gauche. ». Rémilly-en-Montagne, qui porte bien son nom. Le-Trembloy. Charmoy. De petites routes qui ne sont pas sur ma carte. J’hésite, nous nous arrêtons et demandons notre chemin. La rivière porte un joli nom: la Sirène. Et voilà une très belle descente et à droite une montée vertigineuse, un vrai mur (si cette petite route était dessinée sur la carte elle aurait trois chevrons) qui nous oblige à poser pied à terre. Nous passons devant un hameau, Loizerolles avec sa chapelle et son château, le tout est une propriété privée fermée par des grilles. Si le château date de la moitié du XIXe siècle, le site a abrité une abbaye, en partie résidence des moines qui rejoignirent l'abbaye actuelle de La-Bussière-sur-Ouche après un incendie, vers 1130. Le château et ses dépendances (grange et calvaires classés, chapelle Saint-Sylvestre, habitations des anciens fermiers, prés, potager, bois, etc.) sont implantés sur près de 26 hectares. En 1988, la grange monastique « Dîmierre et le calvaire ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les murs en briques roses ont été conservés par leurs récents propriétaires. Un charmant petit château inconnu, loin de tout et pas facile à trouver par des touristes non avertis. Il est vraiment situé hors des sentiers battus et il apparaît sous nos yeux comme un rêve car en général en empruntant de telles routes, on atterrit plutôt dans des hameaux quasi abandonnés, voire dans une cour de ferme. C'est une riche famille anglaise, Joy et Martin Cummings qui en est propriétaire. Je dérape et tombe sur les graviers disposés devant la grille d'entrée. La selle a un peu tourné sur la droite, un peu, tant pis, nous continuons. Encore une belle descente !

Nous hésitons, ne nous arrêtons pas au premier gîte et poursuivons en direction du lac de Panthier (un réservoir artificiel de 120 hectares). Un site de pêcheur y publie les photos de très belles prises!! Ce réservoir alimente le canal de Bourgogne. Nous passons devant une drôle de maison. Elle est en tôle peinte d’un joli paysage et surmontée d’une éolienne. Sur le gouvernail de l'éolienne est écrit : « L’eau s’pisse » ! ». La maison est agrémentée d’un jardin (potager ?). Passé assez vite, nous nous promettons de la photographierons demain, quand nous repasserons devant.

Il est déjà dix-neuf heures trente quand nous arrivons au camping du lac de Panthier ! Dans le bâtiment de l’accueil, une piscine intérieure. Mais elle ferme à vingt heures. Tant pis ! Le temps d’installer la tente (le propriétaire du camping nous prête un marteau), de manger, il sera l’heure d’aller se coucher. Un monsieur sympa, cyclo-campeur comme nous, mais un peu collant engage la conversation, pose pleins de question, nous donne des conseils. Il a déjà fait l’Europe à vélo. Là, il fait juste la Bourgogne avec sa compagne. Il habite la Région parisienne. Quand je lui dis que j’ai froid sous la tente, il nous dit qu’avec un matelas et un drap isolant (à 50€ quand même) qui augmentent la chaleur de 5°C je ne devrais plus avoir froid. Bon, c’est vrai, il tracte une remorque, il peut transporter plus de matériel que nous! Sympa, il nous prête sa petite bouilloire d’un demi-litre qui nous fait gagner du temps pour faire chauffer l’eau de la soupe et des céréales. En échange, je lui prête ma passoire pour les pâtes. Il nous donne ce qu’il lui reste d’un sachet de pâtes car demain ils ont fini leur randonnée à vélo. Pendant ce temps, je prends une douche, bien agréable dans un bâtiment chauffé aux infrarouges. Antoine a commencé à monter, seul, la tente. C’est la première fois ! Il a grandi et fait des progrès depuis l’an dernier. Il ne file plus à trois kilomètres devant et m’attend à intervalles réguliers, ne se plaint plus sans cesse qu’il a mal quelque part. Quand je sens qu’il pédale avec moins d’ardeur ou qu’il devient taiseux c’est qu’il faut faire une pause. S’arrêter, manger une barre ou des fruits secs ou carrément le repas. Je ne l’écoute pas toujours quand il dit qu’il n’a pas faim ou que c’est trop tôt pour chercher un gîte car il présume souvent de ses forces. L’impression qu’il veut toujours aller plus loin, pas s’arrêter. .Des Anglais nous prêtent un tabouret sur lequel s’emboîte un plateau et le voilà transformé en table ! Assis sur le rebord d’un parterre de fleurs, tout près des éviers nous mangeons le saucisson acheté à Cormatin, nos céréales cuites avec de l’huile d’olive, du fromage et du pain avec de la confiture de figues.

Le compteur affiche73,82 kilomètres. Il a bien voulu se remettre en marche aujourd'hui.

Jeudi 1er mai

Antoine se plaint du sol qu’il a trouvé dur et moi, du froid. Avant de partir du camping je demande au propriétaire, s’il a une vis et un boulon pour réparer mon vélo. Il a bien des vis. Mais l’une est trop petite, l’autre trop grande ! Il me les donne toutes les deux, comme étalon, pour trouver, ailleurs, la bonne.

Nous repassons devant « L’eau s’pisse » mais le soleil est de face. Impossible de photographier l’éolienne. Dans le jardin se tient un homme. Il est prof de techno et c’est avec ses élèves qu’il a conçu et fabriqué la maison en paille et laine de mouton ainsi que l’éolienne. Mais qui l'habite ? Le prof ?...

Un magasin ouvert le 1er mai, le Casino de Créancey. Nous ne trouvons pas de petite bouteille de gaz. La nôtre sera vide assez vite. Nous achetons le modèle au-dessus. Pas de place ailleurs que dans le sac étanche que porte Antoine et qui renferme la tente et les duvets. Fruits. Barres de céréales. Yaourt à boire, pour Antoine. Tomate et jambon persillé. Ma sacoche posée derrière moi est encore plus en équilibre car elle est posée sur une autre sacoche devenue bombée depuis que j'y ai rangé des courses. Je demande à Antoine de rester derrière et de vérifier si elle ne risque pas de tomber.

Pouilly-en-Auxois. Nous retrouvons le canal. Et, curieux allons voir d'un peu plus près la voûte du canal de Bourgogne. C'est un tunnel de 3333m.

Construit à partir de 1775, le canal de Bourgogne relie la Seine à la Saône. La ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui du Rhône se situe dans la région de Pouilly. C'est d'ailleurs à Pouilly, dans ce long souterrain également appelé « la voûte ») que le canal passe de l'un à l'autre. Pendant plus de 7 ans des ouvriers mineurs creusèrent ce souterrain. Pour les mariniers, il ne fallait pas moins de 10 heures pour le traverser. C'est pourquoi, en 1867, on installa un toueur à vapeur engrené par une chaîne immergée.

En 1893, on le remplaça par un toueur électrique, et le trajet fut réduit à 2 heures seulement. Une autre difficulté dut être surmontée : la voûte n'étant pas assez haute, les bateaux les moins chargés touchaient le haut de la voûte. En 1910 fut trouvée la solution : on mit en service un bac transporteur sur lequel prenait place la péniche. Après avoir vidé une partie de l'eau contenue dans le bac, le bateau se trouvait à un niveau suffisamment bas pour être pris en charge par le toueur. De nos jours, les rares péniches traversent seules. Pour cela, il faut abaisser le niveau de tout le bief.

Quelques messieurs sont autour d’une voiture, capot ouvert, dans le garage d’une maison particulière. Une dame les regarde. Ça bricole sec ! Je demande si, par hasard, ils n’auraient pas le boulon qu’il me faut. Non seulement ils l’ont mais en plus ils se chargent, à deux, de réparer le vélo.Il ne manquait pas seulement un petit boulon mais aussi une rondelle, de l’autre côté de l’œillet. Le "réparateur en chef" me donne son adresse courriel pour que je lui envoie le compte-rendu de notre rando à vélo. L’une de mes clés Allen est toute usée, c'est celle que j’utilise le plus. Elle tourne dans le vide. Il m’en offre une qu’il a eue à Ikea et qui sert à monter les meubles. Elle est ancienne et semble plus solide que celle que j’avais. Antoine qualifie à juste titre cette famille de « chaleureuse ». Il s’appelle J. Royer et habite juste à côté d’un abri où est exposé le toueur.

Eguilly, magnifique ferme fortifiée. En fait c'était un château et une ancienne et importante place forte construite au XIIe siècle sur un site gallo-romain (daté lui du IVe siècle), un des rares châteaux fortifiés de plaine. D’habitude, ces édifices sont installés sur des hauteurs. Celui-ci a été érigé dans la vallée pour barrer le plus grand seuil de pénétration de France entre le nord et le sud, au carrefour de deux routes stratégiques romaines : la voie d’Alésia et celle reliant Autun à Langres. Transformé en château au XVe par les Choiseul, cent ans plus tard, Eguilly a été réduit en ferme par la famille Mac-Mahon. Lorsque l’autoroute A6 a été tracée, le projet coupait la propriété entre la cure et le château (impensable aujourd’hui). Il a été laissé plus de dix ans sans surveillance et a été pillé jusqu’en juin 1983 où un couple de Parisiens, l’ont acquis et fait classer au catalogue du patrimoine des Monuments Historiques. C'est maintenant un centre international d’art moderne et contemporain où sont exposées quelque 200 œuvres.

Gissey-le-Vieil. Nous pique-niquons sur une table ad-hoc. Nous mangeons du jambon persillé de la marque « Antoine Gourmand et Bourguignon depuis 1874 » ce qui le fait beaucoup rire, MON Antoine ! Et aussi du fromage fort du Villet. Fabriqué en Bourgogne, lui aussi.

A Saint-Thibault. Caravane ? Non! Bateau ! Nous voyons pour la deuxième fois une biche morte, flottant sur le canal. Les rebords élevés et très droits ne leur laissent aucune chance. Les pauvres, quelle mort atroce, s’épuiser ainsi à essayer de remonter sur la terre ferme ! Nous apercevons beaucoup de hérons cendrés. Peu farouches ils s’envolent au dernier moment.

Juste avant Pont-Royal, un énorme terrier (suivi de plusieurs autres le long de la piste cyclable) devant lequel un monticule de sable s’amoncelle. Sans doute un blaireau. Belle bête, sans doute, à voir la taille des trous ! Pont-Royal, tient son nom de la route royale n° 2 des Etats de Bourgogne, ouverte sous le règne du roi Louis XV. C'est un petit port sur le canal.

A Pouillenay, belle harmonie du bleu des volets avec le jaune du colza derrière la maison de l’éclusier remarquée par Antoine.

Nous aimons mieux la piste cyclable qui longe le canal du centre pour le côté roulant du revêtement et les passages pour les cyclos et les piétons sous les ponts mais moins la tonte systématique des bas-côtés, nous privant de l’herbe et des fleurs des champs car nous n’en voyons pas l’intérêt ! Le chemin de halage du canal de Bourgogne est resté « nature » : petit graviers, terre, trou, et herbe qui pousse au milieu et de chaque côté. Il est beaucoup moins fréquenté que le canal du Centre. A chaque pont il nous faut grimper la petite bambée pour ensuite redescendre de l’autre côté.

Sur le site du canal de Bourgogne géré par le conseil régional du même nom, on peut lire: "Contrairement à bien d’autres canaux, les maisons du canal de Bourgogne ne présentent pas d’unité architecturale. Cette mosaïque d’architectures s’explique par l’étalement de la construction sur plusieurs décennies et par une rupture forte, la Révolution française. En effet, les projets de l’Ancien Régime ne sont pas forcément reconduits sous l’Empire. Par ailleurs, l’Administration du canal étant entièrement refondue, une nouvelle hiérarchie d’ingénieurs s’impose et le financement est repensé. Ainsi, on ne dénombre pas moins de cinq types de maisons éclusières portant le nom de l’ingénieur qui en a fourni le plan. Il est aussi à noter qu’au fil du temps et selon les besoins des occupants, des ajouts ou des modifications sont très souvent venus distraire le parti d’origine. 188 maisons éclusières et 28 maisons de garde ont été recensées. Ces dernières se retrouvent sur les sites d’écluses, sur les ports, autour de réservoirs, le long d’un bief ou d’une rigole. En Côte-d’Or, quatre maisons de perception, bâties selon le même modèle, ont été recensées. Elles furent érigées à partir de 1835 et achevées en 1838 avec un niveau supplémentaire par rapport au projet d’origine. Elles se composent d’un rez-de-chaussée sur soubassement, de deux étages et d’un grenier. Certaines maisons éclusières combinaient plusieurs fonctions et accueillaient également les bureaux de la perception et les logements en rapport."

Ah ! Au secours ! Je pousse un cri ! Je viens de rouler sur un long serpent de couleur vert et jaune. Il fait presque toute la largeur du chemin. Ai-je rêvé cette couleur ? Je n’en avais jamais vu de cette sorte. Une couleuvre sans doute car je crois savoir que les vipères sont assez courte. J’ai crié car j’ai eu peur qu’elle ne se rebiffe et ne me morde ! Antoine est un peu plus loin devant. « Ah bon ?! Je savais pas que t’avais peur des serpents ! ». En fait non, pas vraiment peur mais j’ai été tellement surprise… j’aurais roulé sur n’importe quelle bête que je crois que j’aurais crié pareillement. Peur aussi de lui avoir fait mal, je crois. Voyons. Deux sacoches à plus de cinq kilos chacune. Moi, 60 kilos. Le vélo, au moins 20 kilos avec les outils, la chaîne, la sacoche avant où je range l’appareil photo, le petit sac en cuir avec mes papiers. Le pauvre ! Presque 80 kilos lui sont passés dessus. Antoine et moi retournons sur nos pas. Elle a disparu. Elle aura sans doute été mourir plus loin, victime d’une hémorragie interne. Je me lamente de la mort probable de cette jolie bestiole.

La pluie menace. Et tout à coup tombe dru ! Le vent la pousse en rideau. Nous nous abritons chacun le long d’un arbre. Elle passe de part et d’autre. Puis ralentit et cesse au bout d’un moment. Nous reprenons le chemin. Ça recommence et encore plus fort. Vite ! La maison d’écluse de Mussy et derrière, un appentis ! Nous pédalons de plus belle. Laissons les vélos en haut et descendons les escaliers plein d’orties (aïe !) quatre à quatre nous réfugier derrière la maison. Elle n’est pas habitée pour le moment mais ses habitants ont entrepris de créer un mur d’escalade sous cet abri. Une grande et épaisse planche verticale et une autre horizontale, au plafond sont couvertes de prises d’escalades colorées et de cordes, d’anneaux.

La pluie se calme, nous redémarrons. Venarey-Lès-Laumes. Jolie vue avec la péniche de « La joie de vivre » et cette ancienne cheminée d’usine surmontée d’un arbre.

Et nous arrivons à Montbard, ville natale du naturaliste Buffon. Entre 1733 et 1742, ce dernier, futur comte Georges-Louis Leclerc de Buffon annexe le château par engagement, le fait raser (ben mince, alors !), ne conservant que le rempart, l'église Saint-Urse et les deux tours actuelles, pour y établir un parc aménagé en jardin à la française, à l'anglaise et à l'italienne, constitués de quatorze terrasses plantées de différentes essences. Buffon s'établit en partie à l'Hôtel de Buffon, au Petit Fontenet voisin et dans la tour Saint-Louis qu'il fait diminuer d'un étage (décidément, il détruit tout!) pour installer son cabinet de travail d'été et sa bibliothèque. Il y côtoie son ami le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et y rédige de 1749 à 1788 son « Histoire Naturelle », une encyclopédie monumentale en trente-six volumes. En 1768, il fonde les forges de Buffon - une des plus importantes entreprises métallurgiques de son temps - à Buffon à 3 km au nord-ouest de la ville. En 1774, le roi Louis XV de France le fait premier comte de Buffon.

Nous quittons le canal. Après le plat du canal, ça recommence à monter. Une petite ville s’appelle La-Mairie. Drôle de nom !

Arrans, Antoine refuse de squatter une maison en rénovation. Et la seule personne à qui je demande de nous héberger, fait une drôle de tête quand je lui présente ma requête.

Verdonnet. Bon, là il pleut depuis le début de l'après-midi, il commence à se faire tard et il faut vraiment trouver une solution pour dormir ce soir. Une dame décharge ses courses. Juste à côté, une sorte de chalet tel que l’on peut en trouver à Casto, les rideaux aux fenêtres en plus. Y range-t-on des outils ? Sert-elle de refuge aux enfants ? Je demande à la dame si elle en est propriétaire. Oui. Si elle veut bien que nous l’occupions pour la nuit. Oui, mais il n’y a pas de chauffage, d’eau ni de toilettes. « Oh, vous savez, nous, du moment qu’on a un toit sur la tête… ». « Attendez, je demande à mon mari si vous pourriez dormir dans la salle des fêtes ». Ben oui, son mari c’est… le maire ! Elle réussit à presque le convaincre. Il est encore un brin soupçonneux. Je lui dis que je comprends, que j’ai longtemps travaillé en mairie comme assistante sociale ET responsable du CCAS. Que je comprends, que la mairie et la salle des fêtes n’est pas sa propriété, qu’il en est responsable devant ses concitoyens. Ma proposition de lui confier ma carte d’identité pour la nuit, une caution de taille, le décide finalement à accepter de nous héberger. C’est tout simplement génial ! La cousine du maire est partie pour trois ans en tandem avec son mari faire le tour du monde. Elle aura sûrement dormi, comme nous, dans des bâtiments publics. En ce moment elle est au Chili. Elle a intitulé son blog : « Le tandem et la vie ».

Grâce à monsieur Cernesson, le maire, nous aurons accès aux toilettes, au lavabo, et même à la cuisine. En ce qui concerne les radiateurs nous n’en allumons qu’un, pour sécher nos affaires que nous pendons (chaussures comprises) sur le portant où sont accrochés les cintres. Je déplie les deux parties de la tente et les étale sur les chaises pour les faire sécher. Il nous ouvre même un local, très ancien, pour ranger nos vélos à l’abri et me confie une très grosse et lourde clé de métal. Elle pèse au moins 300 grammes ! A la cuisine il y a une bouilloire, ce qui nous permet d’avoir rapidement de l’eau chaude pour cuire nos graines et faire de la soupe. Je réalise même, suprême dessert de luxe, des bananes au chocolat noir aux noisettes! Dire qu'Antoine aurait voulu, comme d’habitude encore avancer mais en fait il n’en pouvait plus de faim, de froid et de fatigue. Il n’est capable de rien faire ou presque. Il est courageux, ce garçon ! Nous fermons la cuisine. Elle sera plus facile à chauffer. L’eau qui bout réchauffe aussi l’atmosphère. Nous entendons des bruits de l’autre côté. Qu’est-ce ? Le couple fête les 18 ans de leur fille le week-end prochain et vide la voiture pleine de victuailles. La femme du maire, aide-ménagère, a besoin que sa voiture soit vide, demain, pour emmener les personnes âgées en courses. J’appelle le cyclo d’Ampilly-le-Sec pour le remercier d’avoir dessiné le parcours. On aurait presque pu dormir chez lui… sauf qu’il n’y était pas.

Nous avons fait 91 kilomètres

Vendredi 2 mai

Il reste du gâteau de riz pour le petit déjeuner. Et j’ai aussi fait cuire hier soir le reste de graines avec des figues. Ce matin, saupoudré de sucre, c’est un délice. Trop sucré pour Antoine. Dégoûté, il n’arrive pas à le finir. Je fais mes fonds de poche et donne 4€ au maire en dédommagement de l’eau et de l’électricité que nous avons utilisé. Après inspection des locaux (nous avons fait le ménage et tout remis en place), il me rend ma carte d’identité.

La femme du maire nous klaxonne en passant sur la route parallèle à celle que nous empruntons.

Fontaines-les-Sèches (pourquoi ces noms: Fontaines-les-Sèches, Coulmier-le-sec, Ampilly-le-Sec...? La région doit avoir un problème d'alimentation en eau, non ?!)

Laignes et la résurgence de sa rivière, la Laigne (sans s!).

Là, pas de problème d'eau! Marrant, à l’abri (il pleut encore !) sous une maison trois puis quatre hommes jouent les commères et font des commentaires sur les passants. Je les ai entendus quand je suis arrivée à leur hauteur. Je cherchais du réseau pour mon téléphone. Hier soir, c’est tout juste si j’ai pu prévenir Roland comme je fais tous les soirs, que tout allait bien. Je retire de l’argent et nous achetons du pain et faisons aussi quelques courses. Nous mangeons au moins un pain et demi par jour. Entre la charcuterie, le fromage, la confiture et le chocolat… Il repleut, un peu, par intermittence. Griselles. A droite Villiers-les-Moines. Villedieu. (Très croyants, ici !). Molesme et sa "table des morts" qui nous intrigue. Les-Riceys.

Pargues est incroyable ! Ce grand bâtiment de brique surmonté d’une tour, elle-même surmontée d’une tour elle-même surmontée d’une éolienne. Qu’est-ce ? Nous posons la question à une jeune femme qui sort par un petit portillon qui fait face à ce monument. « Je sais pas ». « Quoi ? ! Vous avez ça tous les matins en vous levant et tous les soirs en vous couchant et vous ignorez ce que c’est ?!! Vous n’êtes pas bien curieuse, mademoiselle ! ». « Je crois que c’était un moulin. Maintenant c’est la salle des fêtes ». De retour à la maison je fais un tour sur internet. Et je trouve un article du journal de l'Est-Eclair: "Par arrêté du 28 novembre dernier et sur avis de la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS), le préfet de Région a inscrit le château d'eau et l'éolienne de Pargues, ainsi que le lavoir qui complète le dispositif, au titre des Monuments historiques. L'ensemble est représentatif de ce patrimoine industriel et technique dont la Champagne-Ardenne est riche mais dont le souci de conservation ne remonte à guère plus d'une décennie. L'ensemble de Pargues marque l'identité de la commune et est inédit en Champagne-Ardenne. Sa construction est décidée en 1901 : il s'agit alors de rendre pérenne l'alimentation en eau pure d'une série de fontaines-abreuvoirs disséminées dans le village. La construction est effective en 1902, sur des plans de l'architecte Ludovic Sot. Le mécanisme est fourni par Henri David, constructeur à Orléans. Pour compléter l'ensemble, un lavoir est construit, doublement alimenté par la fontaine et le château d'eau. Le mécanisme de l'éolienne de 1902, aux imposantes ailes de bois (presque 10 m de diamètre), sera remplacé en 1922 par un matériel américain « aermotor » - société qui existe toujours -, installé par un constructeur belge. Ont prévalu dans ce choix la qualité de la tour de pierre et brique de Ludovic Sot, le témoignage de la volonté « hygiéniste » des édiles et le caractère unique de l'ensemble.

Autre curiosité du village, l’église, sorte de Sainte-Sophie aux dômes arrondis, en réfection. Elle serait, selon un article, toujours de l'Est-Eclair, "exceptionnelle par son chœur du XVIIe, dans un département qui est un véritable gisement d'églises du XVIe siècle, comment expliquer la présence d'une église aussi atypique que la Nativité-de-la-Vierge de Pargues ? Si la nef est classiquement du XIIe siècle, laissée telle par le manque de moyens financiers des ouailles à qui la charge relevait, le chœur reconstruit au XVIIe siècle est un époustouflant exercice de style. Une coupole monumentale éclairée par un lanternon, contenue par trois demi-coupoles formant au sol une croix latine aux contours sinueux… Le maniérisme de chœur à plan centré est encore accentué par le dispositif qui permet d'aborder l'édifice. En pente légère, la nef du XIIe siècle conduit naturellement le pas et le regard vers le chœur monumental et baroque qualifié par Jonathan Truillet, le conservateur régional des Monuments Historique de « beau et rare ». Dans une mise en scène théâtrale qui vaut bien celle de certaines églises de Rome. Elle est restée en chantier pendant quatre ans, C'est un édifice d'exception parmi le patrimoine monumental protégé de Champagne-Ardenne. Un superbe décor pour le jardin du Prieuré, situé au sud de l'église, classé parmi les premiers « jardins remarquables » de l'Aube. "

Chaource. J’ai promis à Antoine d’y acheter du fromage. Donc, direction la fromagerie. J’aime les maisons de cette région. Comme en Alsace ou en Normandie, elles sont à colombage. Autre curiosité, cette maison dont les murs sont agrémentés de morceaux de verre et la camionnette de Dédé La Bricole ?

Alors que nous roulions, et je que je racontais à Antoine l’histoire, véridique, de cet évêque, mort dans un bordel, à ce moment-là, nous dépassons un papy, un cyclo, muguet à la main, qui sortait d’un chemin. Je ne sais pas ce qu’il a entendu de l’histoire mais il riait beaucoup !

Pique-nique à l’abri de la pluie sous une avancée de toit construite entre les piliers extérieurs d’une église. Juste à un carrefour.

J’ai froid. Je sors la couverture de survie (merci Jacqueline !) et m’enveloppe les jambes avec. Côté doré à l’extérieur. Faut voir la tête des automobilistes qui passent devant nous ! Et tout particulièrement de l’un d’entre eux. D’abord, il nous jette un coup d’œil distrait. Puis, brutalement, son regard revient sur nous, l’œil rond, médusé ! Nous avons bien ri en voyant son expression ! La pluie a cessé.

Je vais faire la vaisselle au lavoir. Mince ! La tasse a coulé au fond. Pas trop profond, mais quand même. Il a fallu que je remonte bien haute ma manche !

La réparation de la fixation de mon porte-bagage n’a pas tenu, malgré toute l’attention dont il a bénéficié. Et pour cause ! L'oeillet est fendu. Comment faire ? Tout à coup, mais oui, mais que je suis bête ! Mon porte-bagage arrière comporte des barres… Pourquoi diable n’ai-je pas pensé plus tôt à y fixer ma sacoche ? Je me sens vraiment ridicule. Sur ce porte-bagage est fixée une sacoche qui est composée de trois parties solidaires : une derrière la selle et les deux autres de part et d’autre du porte-bagage. Il suffit que je vide la petite sacoche qui est fixée à droite, que je la replie et qu’à la place je la fixe Comme ça j’en ai une grosse à l’avant gauche et l’autre grosse à l’arrière droit. C’est un plus peu équilibré. J’ai aussi une sacoche de guidon.

Antoine, depuis le début a déjà vus une biche, un lièvre (ou un lapin), des grues cendrées et des écureuils. Moi, je n’ai vu qu’un écureuil, un serpent (le pôvre !) et des grues cendrées.

Nous traversons la nationale. Metz-Robert. Puis là, nous tournons un peu en rond.

Mais c’est sans importance, les maisons sont exceptionnelles. J’aurais envie de toutes les photographier ! Jeugny. Machy (deux maisons côte à côte). Et même un lavoir à Longeville-sur-Mogne.

Un peu de nationale jusqu’à Bouilly. Puis enfin c’est Laines-aux-bois. Arrivés à l’entrée, devant le panneau du village, nous téléphonons à Maryline. Nous cherchons sa rue et, à sa fenêtre, une dame nous interpelle. « Ma sœur vous attends ! C’est un peu plus loin ! ». Ce matin nous pensions arriver à Laines-aux-bois pour le repas de midi. Mais, après avoir regardé la carte et au vu du nombre de kilomètres restant, nous avions admis que nous n’arriverions qu’en fin d’après-midi. Il est au moins 18heures. Nous avons fait 105 kilomètres aujourd’hui ! Notre record depuis le départ. L’accueil est vraiment très agréable et chaleureux, tant de la part de Philippe, son mari, que de Maryline. Nos vélos sont à l’abri dans le garage. Il faut dire que le couple fait partie d’un réseau, Bet y Casa et ont l’habitude d’accueillir plusieurs fois par an des personnes de passage. Les personnes paient 25€ la nuit avec le petit déjeuner. Mais là, c’est spécial ! J’ai connu Maryline par Facebook ®. Comme quoi… les réseaux sociaux, ça a du bon ! Comme j’ai écrit ce livre des Sportifs exceptionnels Maryline m’a contactée (ou c’est moi, je ne sais plus). Je lui promets de lui envoyer mon livre. Suite à un accident qu’elle a eu bébé, à 20 mois (une vis sans fin - courante en agriculture- son bras est passé dedans), elle n’a qu’un bras. Elle a créé un site au nom sympa (je trouve) : Abracadeuxbras. Elle veut développer un marché dans son créneau à elle, sur toute la France, pour venir en aide, par des conseils pratiques, à des personnes, comme elle, qui n’ont pas de bras du tout ou seulement un moignon. Quand elle annonce que ce n’est pas gratuit, les personnes ne comprennent pas. « Mais, dit-elle, pour acheter du pain ou louer un karcher, vous payez bien, non ?! ». [Alors je profite de la diffusion de mon journal de voyage de Grigny à Grigny à de nombreuses personnes pour lancer cet appel : allez sur son site et faites le connaître autour de vous. Voilà, Maryline, c’est fait !]. Donc, comme elle a l’habitude d’accueillir des voyageurs, elle est très bien organisée : sur notre lit, un petit panier avec savon, shampoing, gants, serviettes, et même petit tube de dentifrice et oh ! Suprême luxe, de la crème hydratante pour le corps ! Après la douche, ce fut bien agréable de s’en enduire les jambes en particulier, si exposées au vent et au soleil. Une vraie peau de croco ! Ils me proposent de laver et sécher notre linge. Ce n’est pas du luxe ! Vraiment très sympas.

Philippe nous propose un parcours pour poursuivre notre route évitant les grands axes, surtout la nationale, très accidentogène. « Passez par le chemin blanc ! ». Le chemin blanc ? mais oui, celui qui longe la voie de chemin de fer ! Il note toutes les villes et villages, étapes du parcours.

Au repas nous voyons émerger Justine, 14 ans, en pleine révision du brevet. Son frère, Tanguy, arrivera quand le repas est presque fini.

Maryline vient à Villeurbanne à une conférence le 10 juin. Elle finira à 18h. Elle ne rentrera pas sur Laine-aux-Bois le soir même. L’occasion pour moi de lui rendre la pareille et de l’héberger.

Samedi 3 mai

J’ai bien cru que nous n’arriverions pas à émerger de ce lit si moelleux, si doux et si chaud ! Qu’est-ce qu’on était bien ! Le linge est sec. Nous partons il est 9h30. Comme nous n’avons rien à ranger (ni tente ni sacoche) le départ est rapide.

Curieux, ce morceau d’église dans le village ! L'église est ancienne, du début du XVIe siècle. Nous y rencontrons un belge qui fait le chemin de Saint-Jacques, à pied et seul.

Prugny. Messon : le mur de cette ferme est agrémenté de deux tours. Etait-elle anciennement fortifiée ? Encore une maison avec une grosse tour ronde.

Fontvanne. A l’entrée d’une école, une sculpture à faire faire des cauchemars à toute une génération de gamins traumatisés. Il est si hâve, cet enfant en bronze, et ce masque de loup, cette chouette ! Y’a pas idée !

Nous avons roulé sur le "chemin blanc" jusqu’à Estissac. Bernard Hinault arrive cet après-midi ! Nous faisons la connaissance de Gérald, président de la région Champagne-Ardenne en sortant de chez le boucher. Il nous demande de le photographier. Il aimerait que je passe ses amitiés à Jean-Jacques Pech, adhérent de l’Atscaf dont je fais aussi partie et président de la région Rhône-Alpes. Ce sera fait ! En sortant d’Estissac je photographie un lavoir. Ma marotte !

C’est à Neuville-sur-Vanne qu’est né le fondateur de la ville de Montréal. Et la ville est jumelée avec son homologue québécoise, comme de juste appelée aussi Neuville !

Neuville puis Villemaur-sur-Vanne. Pique-nique au bord de l'étang de Paisy-Codon. Pas très paisible. Des jeunes vont et viennent en mob et voiture, dérapages. Enfin ils s’en vont ! N’en reste qu’un, un vrai pêcheur, celui-là ! Il nous montre, sur son portable, des carpes énormes qu’il a pêchées puis remis à l’eau. La plus grosse, 13 kilos ! Le vent ne facilite pas l’utilisation du camping-gaz.

A Paisy-Codon nous prenons un bout de la nationale. Pas moyen de faire autrement. Puis à nouveau de paisibles routes.

Aqueduc de la Vanne entre Villeneuve-les-Archevêques et Chigy.

Un village en folie, Vareilles, mais de la folie douce, celle que l’on aimerait voir fleurir plus souvent dans les âmes et dans les cœurs. A l’occasion des Saints de glace, les habitants organisent leur 18è fête, chacune année différente. Cette année il va faire froid ! Alors, habillons les arbres ! De laine colorée, de serpillères multicolores, d’aluminium brillant. Décorons-les de pompons et de mobiles ! Les croqueurs de pommes sont invités. Tout comme les amateurs de plantes succulentes. Mais aussi des artistes. Leur site : http://lemaquisdevareilles.fr/FSG/publier/index.html. Autre chose qui me plaît bien dans ce village, une épicerie qui est aussi une librairie et son triporteur. Et encore son lavoir.

Noé et son lavoir. Car Antoine a un copain qui porte ce prénom.

Nous voilà à Sens. Où aller ?! Dans quel sens ? Un boulevard (mail) fait le tour de la ville ! C’est grand, ici, et c’est la fête aussi. Pendant longtemps, du 26 avril au 11 mais même si la fête foraine ne dure "que" du 30 avril au 11 mai. La circulation est bien contrariée. La foule, nombreuse. Nous demandons à un petit groupe qui nous oriente un peu plus loin. Nous retombons sur la foire. Immense. Elle fait le tour de la ville, comme le mail.

Nous demandons à une petite famille sympathique. Ils nous orientent à leur tour. Leur petit Jérémy mange une belle gaufre à la chantilly. Ça fait envie. Et puisqu’ils nous proposent de garder nos vélos, pourquoi ne pas profiter de la fête à neuneu ? Ce sera Chantilly, Nutella® et bonbons (fraises Tagada®) pour Antoine. Sucre pour moi.

Nous cherchons Saint-Clément. Trouvé ! Nous voilà sortis de Sens.

Mais nous nous fourvoyons dans un lieu très sympa où nous demandons notre chemin. Une envie pressante et nous voilà dans un club de fêlés de modélisme, l’A2tech ! Deux pistes où peuvent évoluer sur l'une, des voitures, (très grand circuit surmonté d’une plateforme) et de l’autre côté, des 4X4. C’est la mère du président qui fournit toutes les explications. Le club comporte aussi une piste à l’intérieur du bâtiment. Ils font également voler des avions et des drones. Le club et ses adhérents participent à des courses nationales et peut-être même internationales. Les sélections sont sévères, comme sur les vraies courses de voitures même si les modèles réduits roulent sur de courtes durées (il faut les alimenter en carburant assez souvent). C’est très règlementé. Peu d’ados et d’enfants. Ou alors de grands enfants, des adultes ! Et même un magasin réservé aux adhérents. Antoine est aux anges. Je crois qu’il serait bien resté plus longtemps. Mais la route nous appelle.

Saint-Denis-les-Sens. Nous cherchons encore un peu notre route car elles sont très étroites, ici, et les panneaux très peu nombreux à moins de prendre la nationale. Mais c’est ce que nous souhaitons éviter au maximum.

Noslon, et ses pommiers. Noslon ce serait le nom du village et aussi celui du propriétaire des vergers. Si c’est son château, c’est pas mal, en effet. Cuy. Toujours pas de gîte en vue. A Gisy-les-Noble, nous demandons à… un homme (un noble ?). Il nous dit " Je suis l’homme qui emmène l’âne ! Allez à Pont-sur-Yonne, vous trouverez des gîtes !"

Dans ce village, nous trouvons une maison à la tour carrée et une autre où est inscrit PC 1933 (Parti communiste ? Va savoir pourquoi !). Un peu plus loin, une jolie chapelle.

Nous trouvons l’Yonne, et son pont. Hôtel des trois rois. Ah non, pas un hôtel à trois étoiles ou trois épis. Trop cher ! Nous cherchons dans la ville quelque chose d’autre. Il n’y a rien. Les autres hôtels sont fermés. Pas de gîte. En fait, l’Hôtel des trois rois c’est juste son nom. Ce qui m’a trompée c’est son logo : trois couronnes. L’hôtel n’a aucune étoile Alors, va pour cet hôtel ! La patronne nous annonce un hôtel familial et sans chichi. Une quinzaine de chambres. Je n’ai même pas demandé le prix de la nuit ! Nos vélos sont en sécurité dans le garage. La douche. J’ai le visage qui a cuit au soleil. La peau me tire. Et le mollet et le genou droit aussi mais pas pour la même raison. Un peu d’Ibuprofène me soulage bien. L’impression que j’ai mal à la marche mais pas en pédalant. Je suis devenue une vraie homocyclus !

La chambre est simple mais le repas, pas mal. Je bois, ce soir-là encore, un verre de vin. De l’Irancy, cette fois, du rouge. Coca pour Antoine. Une bouteille de Badoit. Chèvre croustillant. Entrecôte, sauce au roquefort et pâtes. Crème brûlée. Nous avons trop mangé… La tisane a essayé de faire glisser le tout et aussi de me réchauffer. J'ai froid. Ce doit être la fatigue, car nos 70 kilomètres de la journée nous ont quand même bien éreintés ! A l’opposé, dans la salle, des marcheurs mangent eux aussi. Ils habitent l’Essonne. Sur le menu, la légende des trois rois.

Je cite le texte inscrit en préambule du menu que nous avons sous les yeux : "En 1814 sous le règne Napoléonien trois rois venus de Prusse, d'Angleterre et de Russie aidés par le général Ragus chargé de surveiller les armée ennemies fit une halte anticipée à Fontainebleau, prit par une soudaine envie de jouer aux cartes. La trahison prenant forme, les trois rois prirent le temps de se restaurer dans notre hôtel afin de débattre des différentes possibilités d'attaquer l'armée de Napoléon. Mais le complot échoua par la faute de la trahison dans le camp ennemi, ce qui permit à Napoléon de gagner la bataille du confluant."

Dimanche 4 mai

Hier je me suis couchée les cheveux mouillés et, comme souvent, j’ai une crinière de lionne au réveil ! Le casque matera ma chevelure. Le petit déjeuner n’est servi qu’à 8 heures. Et nous nous sommes réveillés à 7heures. Nous allons nous promener de l’autre côté du pont. Grand bien nous fasse ! C’est jour de marché. Pain cuit au feu de bois vendu par un baba cool. Un peu cher, mais il semble bon. Manchons de poulet. Nous n’en prenons pas assez pour bénéficier du cadeau d’un manchon de plus mais le rôtisseur nous en donne quand même un ! Fruits, légumes. Puis c’est l’heure du petit déjeuner ! Thé ou chocolat chaud, pain beurré et confiture. La note n’est pas trop salée. 109€ au total. Nous reprenons la route d’hier et suivons l’Yonne, et dans le bon sens, cette fois ! Ça suffit de se tromper ! Bon, même si nous arrivons dans la cour d’une belle ferme, avec son arbre qui trône, en plein mitan.

Je pensais que c’était Sens-Grigny qui faisait 92 kilomètres… mais c’est Montereau-Grigny qui fait cette distance ! Nous ne serons donc pas à Grigny demain ! Il reste environ 130 kilomètres. Et donc nous arriverons lundi à Grigny. Ce sera plus facile de joindre le service communication de la mairie où nous sommes attendus pour une interview car le 2 mai je n’ai pas réussi.

Serbonnes. Vinneuf. Nous faisons quelques courses au petit Casino. Et là, il nous faut encore changer de carte ! Celle d’Ile-de-France, cette fois. Nous sommes en Seine-et-Marne.

Barbey. Saint-Germain-Laval. Montereau-Fault-Yonne. Sur la fresque, cette citation de Napoléon, à Montereau le 18 février 1814: "Allez, mes amis, le boulet qui doit m'emporter n'est pas encore fondu". Cette ville d'Histoire dominée par une bâtisse impressionnante, le prieuré Saint-Martin, tient son nom de "Fault" du verbe "faillir", choir, car l'Yonne "tombe", se jette, ici dans la Seine même si le débit de l'Yonne est ici plus élevé que celui de la Seine. C'est sur le pont de Montereau que Jean sans Peur a été assassiné en 1419 dans le but d'empêcher un rapprochement du Dauphin avec le parti bourguignon et de venger l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407. Le très beau prieuré Saint-Martin domine la ville. Napoléon est lui aussi passé par là, une fresque met son passage en valeur. En effet, le 18 février 1814, Montereau est le lieu d'une des dernières victoires de Napoléon contre les Autrichiens.

De Montereau-Fault-Yonne à Grigny, fin du voyage, maintenant c’est le tracé du dernier cyclo sympa que nous utilisons. Je lui enverrais, à lui aussi, le récit de notre voyage à vélo.

Vernou-la-Celle-sur-Seine. Mammès. Alors que nous pique-niquions au bord de la Seine, à côté d’un marché, un couple à vélo nous aborde et engage la conversation. Le monsieur a déjà fait pas mal de cyclocamping, comme nous, d’où son intérêt pour nos vélos. Il est adhérent de l’association du Cyclo Camping International (CCI). Notre route passe devant leur maison. Nous ne sommes pas pressés car nous avons jusqu’à demain pour arriver et relativement peu de kilomètres à faire ! Nous acceptons donc bien volontiers leur invitation. Il me fait un plan, qui n’est pas à l’échelle. J’ai l’impression qu’ils n’habitent qu’à deux ou trois kilomètres de là. Hésitants sur la route à prendre, nous leur téléphonons.

Sur le trajet nous faisons une brève incursion à Moret-sur-Loing pour une pause technique. Incursion que nous ne regrettons pas. C’est vraiment très beau…et touristique. La ville a conservé de nombreux monuments d'origine médiévale, dont le pont sur le Loing. La liste des peintres ayant représenté la ville est longue (je connais surtout Alfred Sisley). Elle a servi de décor pour deux films.

Sorques, où habite la famille qui nous a invités est à 9 kilomètres le long du canal du Loing qui se jette dans la Seine. Une péniche est un gîte d’étape. Tiens, faudrait essayer… Mais à quel prix ?! A l’entrée de la rue Vincent a apposé une affichette ! Nathalie et Vincent ont des enfants de l’âge d’Antoine, Camille, 17 ans et Maxime, 15 ans. Le couple a l’habitude d’héberger des cyclocampeurs. Nous y partageons un long moment bien agréable. Ils ont vécu cinq ans en Chine, pour des raisons professionnelles. Vincent travaille dans l’industrie mais je ne sais plus ce qu’il fait (ingénieur ? Technicien ? Commercial ?). Toujours est-il que cela ne fait pas très longtemps qu’ils sont revenus en France, ici. Les enfants sont bilingues et vont à l’école internationale de Fontainebleau. Nathalie est prof de sciences nat. dans un collège très loin d’ici à Villeneuve-L’archevêque, avant Sens ! Nous y sommes passés. Elle dit ne mettre QUE quarante-cinq minutes ! En Chine elle enseignait dans l’école où étaient scolarisés les enfants. Quant à Vincent, il part toute la semaine car lui travaille encore plus loin, à Nevers.

Ils m’offrent le café, puis, à Antoine et moi, un thé surprise. Une boule de feuilles qui, une fois imprégnée d’eau bouillante remonte à la surface. La théière transparente fait merveille. Nous sommes au spectacle. Ces feuilles liées par une cordelette blanche qui forment une boule s’ouvre et découvre une toute petite fleur rouge de chrysanthème. Il y a même du sucre dedans. On peut en trouver dans les magasins de thé. Antoine demande s’ils ont un skate, sa passion du moment. Les enfants vont en chercher un, puis un autre, couverts de toiles d’araignées. Acheté en Chine chez Décathlon, ça roule encore un peu, pour le plus grand bonheur d’Antoine. Partie de volley entre les jeunes. Le ciel est bleu, le vent souffle, à l’ombre, sous l’arbre (une sorte d’érable), il fait frais. Quand elle était petite, Camille avait un poupon qui s’appelait Antoine. Et Antoine… en avait un qui s’appelait Camille ! Leur Camille, qui aura sûrement son baccalauréat, va partir en septembre faire ses études à l’école Paul Bocuse à Ecully. Si elle le veut, et/ou en cas de besoin, elle sera la bienvenue à la maison. Nous avons déjà accueillie une stagiaire pendant un mois, un Japonais pendant une semaine et demi, deux cyclotouristes Anglais pendant une nuit... Sans compter les copains et copines des enfants. La maison est ouverte. C’est si elle veut, quand elle veut !

Vincent nous conduit au camping, très calme, près de chez eux au bord du Loing. Nous le suivons à vélo tout en continuant à discuter. Pas cher, le camping. Même pas 10€. A la tombée de la nuit, les moustiques sont violents. Les chaussettes par-dessus le pantalon sont du plus bel effet ! Les gens, ici aussi sont sympas. Je recharge mon portable dans la caravane d’un retraité qui séjourne ici avec sa femme à la belle saison. Il nous prête son marteau et redresse même les piquets sur une souche d’arbre. Ils ont des voisins qui ne plaisent pas trop à Antoine : des beaufs, dit-il … ! Un drapeau avec la photo de Johnny Halliday est planté à côté de leur tente, la dame a un blouson avec la photo du même Johnny, lui porte queue de cheval et mégot au bec. Ils ont même la photo géante peinte de leur chien, genre chihuahua sur une toile au fond de l'auvent.

Il est très tôt et nous allons visiter le village de Gretz-sur-Loing avec nos vélos tous légers, tout légers ! Un village chargé d'Histoire qui remonte au XIe siècle mais encore très vivant où nous croisons un groupe de jeunes partis fêter leur anniversaire ! Deux lavoirs, une ruine, une ancienne borne. Nathalie et Vincent nous ont donné un dépliant sur le village car ils ont l’habitude de recevoir. C’est un village où beaucoup d’artistes ont séjourné, bénéficiant, comme Moret-sur-Loing, de la proximité de Paris. Honoré de Balzac y retrouvait sa maîtresse. Ainsi que des musiciens, peintres… du monde entier: Suédois, Ecossais, Allemands. Des plaques sur les maisons commémorent leur passage.

Nous mangeons une soupe de pâtes à la chinoise vraiment très relevée… ça dégage bien le nez… et ça réchauffe !

Pendant qu’Antoine, à la tombée de la nuit, fait la vaisselle je fais un tour du camping, très grand. Je comprends d’où viennent les moustiques : il y a un étang. Un héron cendré s’envole. Je l’ai dérangé. Certains emplacements sont vraiment très excentrés et isolés, les campeurs font même un feu de bois. Rien de tel pour chasser les insectes indésirables.

Quand je vais rechercher mon portable, le monsieur me dit qu’il aurait dû nous proposer de manger à l’abri, sous son auvent…

Nous n’avons fait que 63 kilomètres aujourd’hui. Pas grave, nous sommes presque arrivés à Grigny !

Lundi 5 mai

Pas si calme, le camping ! Une route le longe et la circulation, dense en journée, même si elle se calme le soir, ne s’arrête pas, même la nuit ! J’ai entendu la chouette hululer, cette nuit ! Joli !

Magnifique, la traversée de la forêt de Fontainebleau. Un souvenir : une journée d’escalade avec l’école sur les rochers des gorges de Franchard. Nous prenons une toute petite route, interdite aux voitures (sauf service !), toute en descente. Un vrai régal !

Juste en bas de cette descente, Barbizon, encore un petit village de peintres, un des endroits mythiques de la période pré-impressionniste en France. Dès 1830, ce qui est encore un hameau de bûcherons accueillera en effet à l'auberge Ganne (maintenant un musée, ses murs sont peints par certains des artistes), tous les peintres (du monde entier; Etats-Unis, Russie, Allemagne, Pays-Bas, France, bien sûr) qui viennent chercher l'inspiration auprès de la nature. Dans le désordre, Sisley, Renoir, Monet, et j'en passe, pour ne citer que les Français. Puis ce seront les écrivains, les philosophes, les chanteurs et les comédiens qui prendront le relais.

Nous demandons notre chemin pour aller de Barbizon à Macherin, le village (hameau ?) suivant mais ce ne doit pas être sur le chemin du cuistot, il n’en a jamais entendu parler ! Arbonne-la-Forêt à l'Histoire ancienne (dès le Mésolithique) et plus récente (La résistance aux Allemands et aussi le tournage de nombreux films dont La guerre du feu et plusieurs autres dont trois avec Bourvil).

A Courances, son parc considéré comme l'un des plus beaux de France est labellisé jardin remarquable. Son château est classé du XVIIe. Nous sommes dans l'Essonne.

Passage dans le village de Dannemois. Nous longeons un moulin (de nos jours un hôtel-restaurant-cabaret-musée-boutique de souvenirs) où vécut un chanteur très célèbre, Claude François pour ne pas le citer... !

Nous suivons, non pas le chemin des écoliers mais la rivière L’Ecole. Nous pique-niquons devant la petite mairie de Saint-Germain-sur-Ecole, en Seine-et-Marne.

Nous demandons à utiliser les toilettes et remplissons nos bidons ainsi que la casserole pour cuire les pâtes. Deux employées, un jardinier. Combien d’habitants ? 300. Mais l’une des deux employées est La Maire ! 250 grammes de pâtes soit deux assiettes et demi pour Antoine et une et demi pour moi. La demi, je la saupoudre de sucre. Ouf, le ventre est plein, le plein de calories est fait !

Soisy-sur-Ecole et sa verrerie d'art (la tradition remonte à 1856).

Yannick Noah a vécu à Nainville-les-Roches

Auvernaux. Une dame, seule, sur le côté de la route, l’air bien embêtée. « Vous avez besoin d’aide ? Une crevaison ? ». « Non, les gens du village causent trop ! J’en ai assez ! J'aime mieux les gens d'la ville.». Arrive un homme. « Et voilà, avec tous leurs travaux, je sais pas ce qu’ils font mais on peut plus passer ! Ça va plus du tout ». Deux fadas. A déparler, à plus savoir quoi dire! En fait de travaux qui empêchent de passer, juste la réfection d’un joli mur par deux ouvriers qui ne nous regardent même pas passés. Trop occupés.

Chevannes et son (fameux !) concours (record à battre !) du plus grand orchestre de cuillères en bois ! Mennecy. Lisses. Bondoufle. A Courcouronnes (proviendrait du mot gaulois cour-cou-ronne signifiant « village en couronne sur la hauteur »). Nous demandons notre route à des policiers municipaux qui circulent dans leur voiture.

Non seulement ils nous l’indiquent mais en plus nous demandent de les suivre. Warning, les bras dehors pour demander aux voitures de nous laisser passer !! Nous sommes V.I.P ! Très drôle et sympas ! Ils nous emmènent jusqu’à une piste cyclable qui suit des jardins ouvriers. Elle passe sous l'autoroute. Et nous arrivons à Ris-Orangis puis à Grigny.

Mais là, malgré les indications données par Gilles Dao, directeur du service communication (rien que ça !) nous ne trouvons pas la rue du port. Vieille église ? Non, celle de la rue des Sablons (ND-de-toute-joie) en bois et béton est dégradée, mais pas vieille, elle date, à vue de nez du milieu du XXe siècle (1973 après vérification). Nous nous arrêtons devant le service de la Protection Maternelle et Infantile (P.M.I). Avec toute les visites à domicile que les assistantes sociales et puéricultrices font, c’est bien le diable sir elles ne connaissent pas le quartier ! J’entre. Elles m’expliquent et me photocopient le plan. Sympas ! Nous y sommes presque: elle descend raide cette rue du port ! Dire qu’il faudra tout remonter !

Mais en bas, quel accueil par Gilles Dao et Marie Follly ! Tous ceux que l’on rencontre dans les couloirs ou qui passent la tête par la porte de Gilles Dao : Ah ! C’est vous !? Le responsable de la communication a travaillé sur le dessin animé (la bande dessinée ?) de Lucky Lucke. Il a fait (ou contribué) au très beau logo/dessin animé de Thalassa (celui qui permettait de voir un coquillage se transformer un bateau et en je ne sais plus quoi d’autre encore !). En farfouillant aussi un peu sur le net je découvre qu'il est écrivain. Il connaît une Mireille élue pendant plusieurs mandats successifs à Gennevilliers (Mireille Fougère me souffle mon père). Grigny en Essonne est dirigée par les communistes. Très renseigné, il sait que Grigny dans le Rhône et Pierre-Bénite sont passés à droite.

Mais après cet accueil chaleureux, la photo, le thé offert, c'est déjà l'heure de repartir. Malheureusement il faut remonter à Paris pour essayer d'attraper un train. Pas un TGV, trop cher et trop compliqué avec nos vélos. Non, un TER.

RER de Grigny. Un gars plus malin que les CRS nous fait passer en ouvrant la grande porte vitrée située dans l’alignement des tourniquets car celui pour les poussettes et les fauteuils roulants n’est pas assez long pour nos vélos et le sas ne peut se fermer. Nous discutons ensuite avec ce gars sur le quai. Un bon bougre qui nous explique (une voix annonce de nombreux retards sur la ligne) qu’habiter en banlieue n'est pas facile si l'on veut travailler à cause de tous ces retards. C'est ainsi qu'il explique son refus de payer les tickets. Il fraude toujours. Jamais pris ? Si deux fois en 12 ans… ça vaut le coup. Nous, nos billets (4,90€ chacun, Antoine a plus de 12 ans) étaient déjà achetés. Ce sont les CRS qui les ont validés et faits passer...

Nous avons un TER à 19h31 mais il est déjà près de 19h15 et ce n’est pas à gare de Lyon mais à Bercy que nous devons le prendre. En plus, il arrive à 22h49 à Dijon et il n’y a pas de correspondance pour Lyon avant le lendemain matin. Antoine aurait tant aimé dormir dans son lit ce soir ! C’est râpé ! Alors… Sinon, nous avons un train à 7h38 demain matin, direct pour Lyon mais avec de nombreux arrêts. Je téléphone à Frédérique et à Jérôme qui connaissent bien Paris. Ils n’ont pas d’amis qui habitent le secteur. On aurait mieux fait de dormir à Grigny, au moins des personnes auraient pu nous héberger ! Mais nous n’aurions pas pu prendre ce premier train et nous serions retrouvés dans le RER avec la cohue des personnes qui vont au travail. Nous achetons des sandwichs pendant que Roland nous cherche un hôtel « pas trop cher » dans le coin. Il en trouvé un ! Un Kyriad qui peut nous accueillir avec nos vélos.

Nous demandons notre chemin à un monsieur pour sortir de la gare de Lyon. Il va dans la même direction que nous, gare de Bercy. Nous discutons tout en marchant. Mes jambes ont plus l’habitude, maintenant de pédaler que de marcher ! Aïe, mon mollet droit me tire ! Notre trio rencontre un cyclocampeur Californien à la recherche des Champs Elysées. Il va bientôt reprendre l’avion. Nous laissons notre guide à une station de métro.

Pas cher, pas cher ! Finalement un trois étoiles à 106€ la nuit ! Nous montons les vélos debout dans l’ascenseur. Mais la chambre est grande comme un mouchoir de poche ! Un vélo dans la bagagerie, celui d’Antoine et le mien, débarrassé de ses sacoches, entre le mur et les lits. Pour le prix nous avons deux lits, une douche (avec de l’eau !), un peu de savon et de shampoing et aussi deux petits gâteaux avec des sachets de thé, de café soluble, des capsules de lait et une bouilloire. De quoi ne pas partir le ventre vide demain matin.

Mardi 6 mai

Levés très tôt (pas envie de le rater, ce train !) nous arrivons très tôt à la gare de Bercy, toute proche. Nous avons grignoté nos biscuits dans la chambre et Antoine a apprécié son thé avec les deux capsules de crème. Nous prenons un vrai petit déjeuner au bar de la gare. Et nous remangerons encore dans le train. Notre fond de riz au lait que nous avions transvasé dans une boîte pas si étanche (heureusement isolé dans un sac). Encore bon ? Bon ! et des bananes séchées aussi. C’est que, partis à 7h38 nous n’arrivons à Lyon qu’à 12h45 !

Comme un voyage à l’envers, nous passons à vive allure à travers les paysages que nous avons traversé à la force de nos mollets, lentement souvent quand ça montait, un peu plus vite quand ça descendait. Nous nous arrêtons dans les gares de villes où nous sommes passés. Sens. Montbard. Beaune. Chagny. Chalon-sur-Saône. Belleville. Villefranche-sur-Saône. Saint-Germain-au-Mont-D’or. Il est vrai que notre route (ou les chemins blancs !) suivaient ou traversaient souvent les voies ferrées. Nous avons fait 78 kilomètres entre hier et ce matin.

Arrivés à Part-Dieu, coup de fil à Roland. Fait faim. Il nous invite au resto. Puis nous repartons à Grigny à vélo. Nous repassons à Oullins où nous pouvons admirer le travail de la Cité de la création.

23 kilomètres, la boucle est bouclée.

Et l'année prochaine ? Antoine a déjà dés idées. Le Danube. Ou le canal du midi au bord duquel habite l'une de ses grandes sœurs.

Lavoir de Noslon

Lavoir de Noslon

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journal de voyage à vélo

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Publié le 5 Mai 2014

Consigne

L'imaginaire de l'enfance. Au fond de sa poche, toujours plein de choses: un caillou, un bouchon, une ficelle, un bout de bois. Et pourquoi pas un bout de lune, une canne à pêche et un bateau ?

1/4 de feuille chacun

Un mot (concret) u objet du fond de sa poche. Un objet d'aujourd'hui ou d'hier.

La feuille tourne, chacun dit ce que représente cet objet.

Une autre feuille

Un objet encore plus secret. Chacun écrit ce que c'est, ce que ce pourrait être.

Plusieurs brins de poésie passent entre les mains

En choisir 1 et ne garder qu'un mot, qui nous parle, bien.

Jouer avec le pôle matériel de chacun des 3 objets. Son, syllabe. assonance, allitération, métaphore.

Écrits des enfants

Avec l'or que j'ai dans ma poche et aussi les billets ça fait beaucoup d'argent. Et j'ai dix sous et deux pièces. Ma monnaie ne tient pas vraiment dans ma poche. Ma richesse fait monter ma popularité. Ce qui est bien c'est que j'ai assez d'argent pour m'acheter une PSP.

Quand quelqu'un m'a fait remarquer que je rote, je lui mets un casier judiciaire. Et puis moi je dors avec de l'or mais pas lui.

Quand je vais à Chasse c'est pour me moquer de Chris. Avec la vitesse que j'ai personne ne peut me rattraper.

Dans ma maison j'ai une souricière. Mon rire est tellement rigolo.

La rivière qui passe devant chez moi est potable. Il n'est pas forcément dit que n'importe qui puisse toucher à mon eau.

Le recommandé du maire était super mais non, je vais te laisser le faire.

Plus de sucrerie.

De pousser la rivière va jusqu'à l'océan.

Dans le dos de ma mamie je vois son âge. Pour qu'elle aile mieux je la soigne de tous ses regards. Je vais assez vite mais plus vite qu'Elisa. Elle fait son possible mais elle est moins forte que moi car je la bats sans courir.

B. CM2

Je donne ma monnaie, mes jouets, ma célébrité, mes billets, mon cœur, mes billes, ma cloche. Je les donnerais à mon petit frère. La solution pour mon bien. Il décroche Mon cœur. Il éteint mon cœur.

M. CE1

Dans le fond de ma poche il y a un trésor, un gros trésor. Des bonbons qui rotent. Un petit chien qui hennit. Un castor gourmand qui fait des farces. Il mange des sucettes, plein de sucettes, des sucreries, des friandises.

E. CE2

La pierre est dorée car elle brille. D'aller au super marché. Un collier c'est très beau mais c'est beau. Damien est un garçon très gentil mais il est très intelligent. Un chat ça fait miaou.

R. CP

Je suis enrhumé et j'ai beaucoup de mouchoirs à cause de mes crottes de nez et je dois les essuyer. J'ai pris un papier et j'ai fait un dessin. J'ai pris un carton pour aller chercher Sur la route des grosses mûres et j'ai vue une grue.

S. CE1

Pour Noël j'ai commandé Mario Karte 8, trop bien ! Quand j'ai ouvert le cadeau j'étais trop contente. Il faut une clé pour l'ouvrir. J'ai eu aussi un téléphone, un bonnet et ce qui m'a le plus impressionné c'était un chat. Je l'ai appelé Tigrou car il était gris tigré. Maintenant je vais à la pêche avec mon bonnet et mon chat. J'ai toujours mon téléphone dans ma poche. Chez moi je joue à cache-cache avec mes cousins. Maxence a trouvé une très bonne cachette. Le lendemain en rentrant de l'école je glisse ma clé dans la serrure. La porte grince. J'attends ma mère en dessinant ma médaille d'argent.

E. CM1

Un jour Julie était deuxième à un cross. La récompense était beaucoup d'argent ! Il y avait des milliers de pièces rondes de 1 euros. Le jour suivant elle alla à l'animalerie. Comme elle était riche, elle s'acheta un caniche argenté et elle rentra chez elle en vélo, son caniche dans son panier. Enfin elle arriva chez elle. Elle mit le chien dans la niche qu'elle avait préparée et alla se coucher. C'est alors que le matin elle ne trouva plus son argent. Elle fouilla dans sa poche, rien. Enfin elle découvrit un trou dans sa poche. Elle alla à l'école toute triste. Quand la cloche sonna elle arriva. Un gros cadeau tomba à ses pieds. Elle l'ouvrit c'était un manteau, une peau de bête, de l'argent et un chapeau.

A. CE1

Il était une fois un chat qui se promenait dans la forêt. Il sort et voit un petit garçon qui s'appelle Jules. Il tomba amoureux et ils font un mariage. Ils sont papa et maman et ils sont gentils.

M. CP

Je suis allée à une mine. J'ai trouvé de l'or, mon premier trésor. L'or brillait de mille feux. J'entends "coucou !". Mon cochon et mon lama sont malades. L'or est plutôt rond mais ça fait rien et de l'argent. Et je fais une ballade. Et je ne regarde pas. Je fonce dans un arbre très fort. Fin.

E.CE2

Ma petite sœur a fait un dessin. Il y a un pneu. Il y a un nid dans l'arbre. Et nous dans son dessin on mange des œufs et du pain. Et la voisine avait une niche et un petit chien.

C.CE1

Je m'appelle Lola. Un jour j'ai vu mes parents jouer avec des joujoux, le jour suivant je suis rentrée de l'école et j'ai vu mes parents avec des gants en train de regarder dans la cage de mon chat, un caillou avec dessus un escargot. Et sur la porte des toilettes un mot était accroché et ce mot disait: "les toilettes sont glissantes"

A.CE2

Un secret bien caché au fond des bois

Un secret bien caché au fond des bois

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Ateliers d'écriture Ecole primaire

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Publié le 10 Février 14

Lettre à mon arrosoir

Lettre à mon arrosoir

Tu es le bienfaiteur du jardin.

Grand cou qui ne se monte pas du col. Oiseau étrange, sans tête. Colvert, jaune, vert ou rose. Rose arrosoir du soir. Noir arrosoir du matin. Je t'attrape, et te remplis le ventre, pas trop. Débordement d'humeur, tu pleures à chaudes larmes, inondant, emplissant mon gris tablier.

Histoire d'amour entre une jolie pensée et mon bel arrosoir. La rose est jalouse. Tu en ris, Henri, tu en gargouilles de ta belle humeur. Tu trônes au fond du jardin, sur la margelle du puit. Tu te perds parfois sous un buisson, apporté par un enfant polisson. Tu joues à cache-cache avec la pluie. Un escargot, un ami, vient souvent te rendre visite. Le vent, fripon, s'amuse de temps en temps à te bousculer. Tu tombes alors à la renverse et te retrouves couché dans l'herbe, sur le côté, mal à l'aise, un peu moins fier, malheureux.

Nous sommes copains, toi et moi, le rouge gorge.

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Textes personnels

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Publié le 3 Février 14

Coton

Tout à coup, c'est l'illumination !

Et si je jouais à cache-tampon avec les étoiles ? Ça c'est de bon ton !

L'étoile-éléphant, l'étoile-poussin, l'étoile-canard... Il y en a tant dans la constellation de la Toupie!

Notons que ce ne sont que des cailloux, après tout!

Ce n'est pas si facile, et pour être terre à terre, l'on peut même dire que c'est coton !

Bien plus difficile que de mettre un coup de tampon sur un tissu de soie. Ou même sur une commande de l'armée de terre, de mer ou de l'air...

Quoiqu'en l'air, il y a les étoiles avec lesquelles je peux jouer à cache-tampon !

Ça c'est de bon ton !

L'étoile-éléphant, l'étoile-poussin, l'étoile-canard... Il y en a tant dans la constellation de la Toupie!

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Textes personnels

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