Je t'aime, où t’envoles-tu, ma chérie ?
Je ne sais pas, c'est le vent, il me pousse, il souffle sur moi.
D'accord je te suis
C'est ainsi qu'ils arrivèrent de l'autre côté du monde. Ils étaient complètement perdus. Dans une poche de son vieux pull, le jeune homme se souvint qu'il avait une boussole. Tout à coup il se mit à pleuvoir très fort puis le vent se calma et ils chutèrent brusquement sur une île. Était-elle déserte ? C'était une île très riche en fruits de toutes sortes. Aussi décidèrent-ils d’y fonder une famille.
Martine
Berthe avait maintenant 75 ans. Elle avait hérité de la maison de sa mère. Celle-ci était morte l'an passé mais elle avait tant de choses à faire qu'elle n'avait pas encore eu le temps de monter au grenier.
En ce 11 novembre 2024, elle poussa la porte qui grinça. Munie de gants, de balai, de chiffons, d'une grande poubelle, de cartons et d'un tablier elle entreprit de nettoyer le grenier. Elle ouvrit toutes les boîtes. Des photos en vrac des albums. Elle les rangea précieusement dans le premier carton.
Quand elle ouvrit la deuxième boîte, elle tomba en arrêt devant son contenu et les larmes coulèrent sur ses joues ridées. Ses ballerines ! sa mère les avait gardés ! Tel un tourbillon d'émotions, toute sa vie remonta à la surface. Petit rat d'opéra dès l'âge de 8 ans, elle avait travaillé ensuite d'arrache-pied pour monter dans la hiérarchie. Elle était parvenue au sommet de son art et avait atteint le grade de danseuse étoile. Elle avait voyagé dans le monde entier, répondu à des dizaines d'interviews. On ne peut pas dire qu'elle soit devenue riche, mais elle gagnait bien sa vie. Le temps a passé et la voilà, assise sur ce vieux sofa de velours vert tout défraîchi, dans la pénombre du grenier de son enfance. La lumière du jour baissait, la lune se leva. Tout à coup, du museau, Malou son chat poussa la porte du grenier. Elle s'ouvrit en grinçant.
Alors, Malo ! Il miaula. Tu as faim ?
Miaou !
Excuse-moi, je t'avais complètement oublié ma pauvre ! Oh ! La nuit est déjà tombée !
Le chat sauta sur ses genoux en ronronnant.
Oh là là toutes ces vieilles histoires... cela ne me rajeunit pas ! Cette maison de poupée ! c'est mon grand-père qui me l'avait fabriqué.
Miaou !
Oui tu as faim. Pour l'occasion je vais te préparer un festin de roi. viens, descendons.
Elle cuisina deux bonnes cuisses de poulet aux champignons et des pâtes de riz chinoises. La chatte eut droit à un morceau de gâteau à la crème.
Chut ! Tu ne diras rien au vétérinaire, Malo, c'est un secret entre nous !
Miaou !
Après le repas Berthe alla se coucher.
Malo s'installa à côté d'elle sur la couette. Elle fit des rêves bizarres, de souris jouant d'une flûte vivante se tortillant comme un serpent. Berthe, quant à elle, rêva au prince charmant de son enfance venant assister au balai des petits rats d'opéra sur son magnifique cheval blanc.
Martine
Le ciel rosit, ce soir, c'est l'heure, je vais aller me coucher.
Oh là là, que c'est haut, il faut encore que je grimpe, que je grimpe, encore et encore ! Quel idée d'avoir choisi un hôtel aussi élevé. C'est que je suis fatigué, moi, après une journée à voyager. Depuis ce matin, j'ai dû faire au moins, je ne sais pas, moi, au moins deux kilomètres ! J'en peux plus, mais bon, comme l'on dit, quand faut y aller, faut y aller ! Ouf ... Ouf ... Ouf ... ! Je n'en vois pas le bout.
Mais que je suis bête ... "Bête à cornes" comme disait ma maman, pourquoi que je dormirai pas dans ma maison ambulante, hein ?
Ah tiens, voilà un palier, miracle, je n'avais pas vu cette porte. SALON. Pourquoi pas ? Je pourrai entrer et me repose un peu, et même, s'il y a un fauteuil confortable faire un petit somme.
Ah, tiens, "Bonjour M'sieur Dame! Excusez le dérangement !". Ah ben, ils ne m'ont même pas entendu. Sont p't'être sourds? Ah, non, je vois, l'Amour. Voilà, c'est ça, ils sont amoureux. Ah ! L'Amour ! Que c'est beau ... Ils ne regardent même pas leur échiquier ... Le blanc des yeux, ils se regardent dans le blanc des yeux.
Bon, si c'est comme ça, ben moi j'vais faire un p'tit somme. Bonne nuit M'sieur Dame
Martine
Un jour, ou plutôt une nuit, je me suis réveillé en sursaut à cause d'un cauchemar. Je me suis levé et il n'y avait plus d'électricité, alors j'ai allumé une bougie pour mon chandelier. J'ai marché pendant une heure et je me suis retrouvée coincée dans une ampoule.
Je pensais être coincé pour toujours mais une lumière est arrivée et a allumé toute la pièce.
Je me suis retrouvé sur une plage magnifique avec, devant moi, un énorme coquillage, avec beaucoup de perles dedans, j'y suis resté cinq heures à le contempler.
Je suis parti dans un monde imaginaire et j'ai commencé à voler comme des pensées positives pour une personne.
Mais au début j'étais à nouveau dans le noir avec mon chandelier et la bougie. Une clé a ouvert la porte et j'ai découvert un autre univers qui m'a fait monter dans un ciel couleur or. Des oiseaux chantaient de très belles mélodies.
Puis je suis redescendu sur Terre avec un escalier, enfin la terre ferme. En vrai, je ne l'ai pas vraiment fait car c'était un rêve. Je me suis rendormi deux secondes après m'être réveillé.
Candice
Il m'a tuée, je suis morte sous les coups de mon propre marteau. Il m'a enduit de ciment et a taillé mon beau visage à nouveau : personne ne viendra me chercher, personne.
J'existe toujours, enfermée dans mes os, ma chair et ce ciment.
J'existe, moi, tailleuse de pierre, j'ai fini de la même manière que mes œuvres pour la gloire de cet homme.
J'existe et je peux le faire, oui, j'existe et je me vengerais. Je le tuerais.
Je vais vous raconter ce qui me peine le plus dans ma mort. C'est moi, moi Françoise, qui l'ai fabriqué de mes propres mains, ce marteau. Mon marteau qui visiblement n'a aucune reconnaissance, m'a agressé, puis m'a tué. Je me suis fait trahir par ma propre conception.
Bon, ayant reçu plusieurs coups sur la tête, j'ai pu croire que mon marteau était mon tueur. Mais c'était mon meilleur ami. Je suis devenue telle une statue d'ange pleureur. Devant lui je suis apparue, il a regardé mon beau visage, qu'il a lui-même taillé, plus précisément mes yeux.
Soudainement son visage se décomposa, il était terrifié et détourna le regard. J'en profitais pour lui tordre le cou.
Moi, je suis morte de mon marteau, lui est mort de son œuvre d'art. J'existe et je me suis vengée. Françoise existait et elle s'est vengée.
Dalya