textes personnels

Publié le 17 Juillet 2023

Dans la ville

Égrené tout au long de la journée

à heures exactes, l’on entend

le camion poubelles sur la place

les enfants en récréation

l’autobus dans la rue

les trains au loin

 

Et parfois, ponctuelle,

la sirène à midi pile

le premier mercredi de chaque mois

nous rappelle que la guerre, ou un accident thermonucléaire

peut à tout moment nous tomber sur le coin de la gueule, meurtrière

les feux d’artifice chaque 14 juillet

 

Ou qui ne prévient pas,

le roulement du tonnerre

la sonnette pressée par le facteur ou le livreur

les discussions dans le jardin voisin

les cris des enfants de l’autre côté du mur

les tirs de mortier, la nuit

un avion qui passe

 

Et puis le chant des oiseaux

le craquètement d’une pie

ou celui de la pluie

la grêle sur le toit

un chien qui aboie

les flonflons d’un cirque

un hélicoptère qui survole

un voisin qui éternue

une tondeuse à gazon

une tronçonneuse qui élague

une voiture qui arrive

 

et puis dans la maison

le gargouillis du lave-linge, un verre cassé, un volet qui grince, une fenêtre qui claque, la radio qui parle, l’aspirateur qui ronronne, la chasse d’eau qui se déclenche, des bruits de vaisselle, le micro-onde qui sonne, la cocotte qui siffle, le store qui s’ouvre

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 17 Juillet 2023

Ton cœur n’est pas de Pierre,
Ou alors de mica au soleil, brillant 
Bloc de sel lisse, réfléchissant
Minéral attirant, tel l’aimant (amant)
Du pur diamant (carbone ou charbon)
Cristal de roche, minéral luisant 
Silex tranchant (touchant)
Friable comme sable.
Pierre dorée, ammonite lovée
Granit (bite) rude (pas prude)
Calcaire poreux (heureux)
Belle carrière (encore en activité)
 

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 17 Juillet 2023

Eh, Ponge !

Rectangulaire, grêlée de petits trous, tel le grêlé 7/13*

avec des yeux dans les coins, tu es pas née, comme le poisson de même couleur.

Ton dos vert aussi irritant que du verre pilé

frotte les assiettes sales dans l’évier.

 

 

*Le Grêlé 7/13 est une série de bande dessinée créée par les dessinateurs Lucien Nortier et Christian Gaty et le scénariste Roger Lécureux. Elle a été publiée de 1966 à 1971 dans les hebdomadaires Vaillant (à partir du no 1078) puis Pif Gadget . Le dernier épisode, intitulé Les derniers combats, paraît en mai 1971 dans le numéro 118 de Pif Gadget.

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 30 Juin 2023

 

 
Sur cette page blanche
j'ai écrit des signes qui penchent.
Des signes que je ne comprends pas
Qui les déchiffrera ?
 
Ces curieux hiéroglyphes
que j'ai tracé d'un trait vif
sont-ils des sons, des mots cryptés
Un langage inventé ?
 
Lignes tracées, bien droites
ou bien sinueuses comme mon passé 
zigzags, dessins,
mais dans quel dessein ?
 
A qui envoyer ces cunéiformes
pour qu'il s'endorme
où expédier cette calligraphie
comment lancer ce défi ?

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 29 Juin 2023

Loin, à l'horizon

Vol lent, envoûtant

Couple de milans

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 7 Juin 2023

Chaque soir, je me pose la même question : qu'est-ce que le sommeil ? 

Quand je tombe de sommeil, j'ai l'impression de partir dans un univers magique, intergalactique. Le vent m'emporte vers la Sagrada Familia, mais je sais que c'est un mensonge que la pluie effacera. Je vole ou bien je nage entre rêve et réalité. Je revis des événements de la journée, je revois des personnes aimées, mortes aujourd'hui. Dans mon rêve, elles rayonnent comme des soleils, elles sont pleines de vie. 

Mais je me réveille parfois en sursaut, en sueur, et même les yeux ouverts, mon cauchemar me poursuit. Je dois alors me lever, boire un verre et je n'arrive pas à me recoucher de peur de retomber dans le même rêve.

Quand arrive le matin, je me souviens rarement de mes rêves mais presque toujours de mes cauchemars. Certains reviennent, lancinants, toujours les mêmes.

Mais je m'aperçois que je n'ai pas répondu à la question : qu'est-ce que le sommeil ?

Le sommeil est une nécessité, est-ce une perte de temps ? 

Martine

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 6 Juin 2023

De l'autre côté de ces maisons, l'on voit de grands bateaux. Longs et immobiles, ils semblent plongés dans un sommeil lourd et profond. Certains sont amarrés depuis un an mais depuis hier, une colonie de méchantes souris a envahi les cales et les ponts et elles ont commencé à ronger les cordages. 

De leurs souliers ferrés ou à l'aide de bâtons, les marins tentent de les chasser, en vain. A la fête du village, depuis une semaine, le vin coule à flot et certains marins semblent encore sous l'emprise de l'alcool, leurs gestes sont hésitants.

L'un d'entre eux a alors l'idée de déposer de petites soucoupes remplies de vin sucré. Une souris y goûte et toutes à sa suite lapent avec avidité cette boisson nouvelle. Le résultat ne se fait pas attendre. Enivrées, elles titubent. Il ne reste plus aux marins qu'à les jeter dans les eaux sombres du port. 

Le sommeil a les avantages de la mort sans son petit inconvénient mais cela, les rongeurs ne le savent pas. Elles passent immédiatement de vie à trépas, du sommeil d'ivrogne à la mort.

Maintenant, il faut agir, contrôler chaque amarre, chaque élingue et remplacer celles qui sont endommagées. Puis, pas un instant à perdre. Ils doivent reprendre le cours du temps, le cours de leur voyage. 

En riant, heureux, ils larguent les amarres, hissent les voiles et quittent ce village.

La nuit arrive. La capitaine prend ses repères, l'étoile polaire, la grande ourse le guident dans son voyage.

Et vogue la galère  !

Martine

Face au mur

La nuit qui précéda sa naissance, l'enfant savait déjà tous les rêves.

Puis, une fois né, vint le temps du lent émerveillement, ce temps fantastique qui, tel une ombre, avance lentement, au rythme de la lune et des étoiles.

Il fit mine d'ignorer le gong de l'éternité qui, pour lui, un jour sonnerait. Le diable, évidemment, était le seul à le croire. 

Il faut un temps pour tout. Un temps pour manger, un temps pour jouer et bien sûr, un temps pour rêver.

En grandissant, le temps des rêves grandissait avec lui. Il abolissait même tous les autres temps. Puis, jamais, aucune autre temporalité ne le maintint autant éveillé que celle qu'il passait à rêver. 

Il se mit à grandir avec tant de lenteur qui, finalement, il s'arrêta et resta tel qu'il était, petit, beau, les cheveux aux vents et les yeux dans le vague. 

La révolution technologique n'eut aucune prise sur lui. Le sport ne l'intéressait pas non plus.

Seule la course du soleil et des étoiles, l'envol des graines de pissenlit ou les friselis sur l'eau parvenaient à captiver son attention.

"Cet enfant est toujours dans les nuages" disait sa mère qui ne croyait pas si bien dire !

Martine

 

 

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 3 Juin 2023

Quelques cheveux blancs et voilà l'ancêtre qui s'avance. Deux générations nous séparent. Il est vieux, je suis jeune. Il me dépasse de deux têtes au moins.

Deux point communs nous rapprochent. Il aime faire la sieste, je la déteste mais ma mère, chaque après-midi m'oblige à m'allonger sur mon lit. Et le pire, c'est que j'arrive à m'endormir pendant que lui ronfle sur le fauteuil.

l'autre point commun, c'est la fête. Hors de toute convenance, nous faisons les fous sur l'herbe au borde la rivière. Les parents nous grondent comme des enfants, enfin surtout moi, mais gourmandent aussi "le vieux", comme ils l'appellent affectueusement. Allez, me dit mon père, ayez un peu de tenue, tout de même ! Il tire sur ma tresse, je monte sur mon dos et m'accroche à sa veste et hue ! Dada ! c'est la liesse. Nous allons nager dans l'eau fraîche pour calmer nos ardeurs.

Martine

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 17 Avril 2023

Pendant tout le voyage, pas un jour de ciel bleu. Dans ma cabine, Dieu merci, je suis à l'abri du vent et de la pluie.

Comme à mon habitude, je ne peux m'empêcher, quand je monte sur le pont, de fabriquer de petites cocottes en papier, comme des libellules. Avec ce vent, elles s'envolent et semble nous suivre.

Enfin ça y est ! Nous voilà arrivés dans un port, immense. Le ciel est toujours aussi nuageux. J'aperçois quelques poissons nager à la surface et une barque avec trois pêcheurs, un grands filet et des cannes à pêche. 

Nous sommes très nombreux sur le pont supérieur du bateau. Beaucoup de mines inquiètes, tristes, fatiguées. Tous n'ont pas eu cette chance, comme moi, de voyager en cabine.  Beaucoup sont de pauvres migrants, fuyant la misère.

Tout à coup, un drôle de bonhomme, habillé de blanc, chapeauté d'un haut-de-forme appelle, crie, nous parle à travers un grand cornet, un haut-parleur assez sommaire. Je ne comprends pas, mais il nous dit sans doute que nous sommes arrivés. Nous allons sortir du bateau. Deux employés ont soulevé les lourds crochets qui ferment les portes. 

Je n'ai qu'une valise, bien lourde, de tous mes souvenirs mais je ne suis pas le plus chargé. Un homme porte une énorme malle d'osier sur son épaule, des enfants, des femmes transportent des ballots, de lourds paquets à bout de bras.

Mais de femmes, il y en a moins que d'hommes. Certaines sont voilées, revêtues de blanc, les hommes, comme moi, portent de sombres imperméables, des chapeaux, melon ou autre. Je suis la foule, disciplinée, guidée de temps à autre par d'autres hommes aux mêmes uniformes que celui qui parlait dans le haut-parleur. Nous avançons lentement, très lentement. 

Une foule silencieuse et triste à la fois. 

Je m'interroge sur ce que sera ma vie ici. Ma fille et ma femme me manquent déjà. Je ne sais pas si j'ai bien fait de les laisser pour partir, en avant-garde, dans ce pays inconnu.  

 

 

 

Mes chéries,

Quel voyage ! Il a duré si longtemps... Et pas un seul jour de ciel bleu. Le bateau tanguait tant que je suis rarement sorti de ma cabine.

Si tu avais vu tous ces malheureux sur le pont, en plein vent, sous la pluie, ces hommes, ces femmes, ces enfants et même des nourrissons, pauvres hères !

J'ai senti qui nous arrivions en voyant voler dans le ciel une multitude de gros insectes ou de petits oiseaux blancs, comme des libellules. 

Quel soulagement, j'en étais encore tout nauséeux. Seul la vue du petit portrait de notre famille me soutenait ; je l'ai ensuite précieusement rangé dans la petite valise en carton, cadeau de mon père. Je pense si fort à vous, vous me manquez déjà, mes beautés !

Quelle foule immense, quel port gigantesque ! Je me sens tout petit mais pas le plus malheureux de ces gens.

Le seul problème c'est que je ne sais pas où aller. Des gens sur le bateau disaient que beaucoup de voyageur étaient renvoyés chez eux. Ce serait tout à la fois un grand malheur et un grand bonheur.

Un grand malheur d'avoir échoué, dépensé tant d'argent et de fatigue pour ce long voyage et un grand bonheur de vous retrouver.

Je suis si seul, je suis si alarmé de vous savoir loin de moi, en potentiel danger, moi qui ne suis plus là pour vous protéger. 

Soyez fortes mes chéries, je le serai moi-même autant que faire se peut.

Dès que je serai accepté dans ce grand et vaste pays de la Liberté je me mettrais à la recherche d'un logement et d'un travail. Je vous enverrai de l'argent pour vous faire venir afin que nous soyons tous enfin réunis.

Baisers à vous, votre papa et amour.

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 12 Mars 2023

Déchirer une feuille, un geste violent, bruyant pour dire quoi ?

 

Pour montrer sa souffrance intérieure. Se libérer de tout ce qui peut bloquer notre chemin vers l'avant. Tout geste violent peut engendrer une conséquence dont on ne mesure pas l'ampleur.

 

Une simple feuille déchirée peut provoquer un cataclysme, tout dépend ce qu'elle contenait. Déchirer le dessin, un poème, fait par un enfant peut déclencher une crise de larmes. Les morceaux ne se recollent jamais plus. Ce gamin se souviendra toute sa vie de cette offense et sa souffrance de s'effacera pas de sitôt. En humain il grandira avec une déchirure au cœur, et même s'il reste vivant, la douleur restera vive toute sa vie. Il devra se libérer de tout ce qui bloque son chemin pour aller de l'avant qui le prendra par la main pour aller voir vers demain. Et enfin apaiser sa faim et sa soif de vivre

 

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Rédigé par Martine Silberstein

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