Publié le 27 Mai 2014

Fukushima mon amour,

Coup de foudre ? Non, mon amour pour toi, artiste hurluberlu est venu peu à peu, jour après jour, heure après heure et s’égrènent les secondes.

Je t’ai rencontré au musée. Je venais tous les jours. J’avais pris un abonnement pour toute la durée de l’exposition. C’était la fin de l’hiver et j’étais bien, ici, dans ce cocon douillet. Bien mieux qu’à déambuler dans la rue en attendant de reprendre mon travail, un sandwich à la main, mieux que dans le tohu-bohu du métro ou le charivari du supermarché.

Je m’asseyais devant une œuvre, toujours la même, ébahie par tant d’imagination. De toutes les toiles, sculptures ou installations plus oufs ou timbrées les unes que les autres, c’est devant cette œuvre que je me sentais le plus en harmonie. Ce n’était sans doute pas un hasard.

Tu venais chaque jour, silencieux devant la même œuvre. Nous étions assis côte à côte sur la même banquette. Je te voyais, comme moi, plongé dans la contemplation de ces sphères accrochées au plafond. Ce fut ainsi chaque jour pendant une semaine, en silence, sans un regard, comme en suspens.

Nous avons commencé à parler le lundi suivant ou le mardi, peu importe. Tu ne connaissais que quelques mots de français « merci, d’accord, ça va ». Tu me dis ton prénom. Tu n’étais pas d’ici. Tu venais de l’autre bout du monde. C’est ton prénom qui m’a intrigué. Pas très courant, le même que celui de… Je venais de comprendre que tu étais l’auteur de cette installation que j’admirais tant. Tu venais, anonyme, observer ton œuvre vivre dans ce décor, prêtant attention à l’effet que produisait ton œuvre sur les visiteurs. Je m’approchais alors du cartel. Nom, prénom, date et lieu de naissance, lieu de vie actuel.

Le printemps revenant je te proposais de t’emmener visiter les environs. A l’heure dite je te retrouvais sur la place. Nous partîmes visiter l’immense parc, bouffée d’oxygène dans cette ville sombre et polluée. Un soleil farouche nous réchauffa un peu. Tout à coup nos corps se rapprochèrent pour éviter les zigzags d’un jeune homme juché sur des rollers. Surprise. Regards. Nos mains s’étaient involontairement effleurées.

Au loin, un air d’accordéon nous attira. Une guinguette, quelques danseurs qui valsaient et cette musique qui ambiançait l’atmosphère. Tu m’enlaças et, comme par jeu me fis faire quelques tours de piste. Ivre, non du vin blanc que tu n’avais pas bu, mais de bonheur, tu rayonnais. Il était l’heure, nous dûmes nous séparer…

Tu avais vingt ans de moins que moi. Tu t’envolais le lendemain pour le pays du Soleil levant.

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Biennale d'art contemporain

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Publié le 27 Mai 2014

Cette année pour les soldes les joyeux Bouquins sont descendus de leur montagne. Ils ont pris le train pour se rendre à la capitale des Gones. Et comme ils ont une trésorerie saine, pas de problème !

Caliméro, Isola, Schiste et Ophélie arrivent à Perrache. Ils vont en tram jusqu'à la Confluence. Mille euros, tel est leur budget. Ils font quelques emplettes et se retrouvent nez à nez avec Gérard Collomb venu, lui aussi faire les soldes dans ce magasin situé dans un quartier à haute énergie positive.

En haut, au premier étage, un haut parleur diffuse de la musique. Un peu plus loin, devant un magasin, une jeune fille distribue des prospectus. Un chèque à faire. Trop d'info, tue l'info. Des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, une main pour tenir le stylo. Dans quel ordre commencer ?

Fatigués, après avoir fait quelques emplettes, ils se reposent en assistant à un flash mob qui se déroule sur un carrefour. Picasso a une voix très sonore qui accapare leurs oreilles. Beau succès lyonnais !

Reposés, ils ont encore un peu de temps devant eux avant de reprendre leur train. Ils avancent jusqu'au pont Pasteur pour observer la confluence du Rhône et de la Saône. Là, ils voient, sortant d'une boutique, un poulet courant à toute vitesse pour échapper à son poursuivant, un boucher, couteau à la main. Ne sachant où aller, le poulet saute dans le Rhône. Le boucher, entraîné par son élan, ne peut s'arrêter et tombe dans l'eau froide du fleuve. Arrive alors un homme qui saute à son tour pour sauver ce pauvre boucher qui, ne sachant nager, se débat comme un beau diable au milieu des tourbillons. Finalement, le sauveteur ramène le boucher à terre et, le croyez-vous ? le poulet posé sur la tête du boucher sera lui aussi épargné par les flots.

Les joyeux Bouquins devenu joyeux Bouquetins, retrouvèrent avec plaisir l'air de leur montagne.

Ils n'auront pas froid, cet hiver, équipés qu'ils sont maintenant de casquettes, pulls et chaussettes de laine achetés en solde dans les magasins de la Confluence. Mais que d'émotions !

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Atelier d'écriture de Givors

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Publié le 27 Mai 2014

Il était une fois un chevalier oublié par son roi. Son suzerain avait oublié jusqu'à son nom. Et pourtant, Hassan-Ibn-al-Madrassa était superbe, juché sur son cheval noir à la crinière et aux ailes luisantes ! Comment ce roi pouvait-il avoir oublié ce chevalier si brave ?

Sans doute car ce roi habitait dans un palais juché sur la plus haute montagne du royaume. Si haute que les vents des quatre points cardinaux balayaient les forces maléfiques du suzerain pour les répandre dans tout le pays.

Hassan-Ibn-al-Madrassa vivait, lui, au fond de la mer des Anges noirs, loin de l'atteinte des tempêtes déclenchées par le roi. Il galopait sur son cheval sous la surface des vagues mugissantes. Il n'avait ni feu, ni lieu, se déplaçant au gré de ses envies.

Peu à peu, tout au fond de lui naquit un désir, celui de trouver le trésor caché par son lointain ancêtre, le grand Ibn-al-Soufi, un très grand savant, un peu sorcier. Ce trésor n'était ni un coffre empli de pierres précieuses, ni une malle pleine de soieries, ni même un meuble incrusté de bois rares. Non, le trésor caché de son lointain ancêtre, le grand Ibn-al-Soufi était un parchemin sur lequel était inscrite une phrase magique qui rend sage tout homme qui la lit. Il ne connaissait ni cette phrase, sinon, à quoi bon chercher le parchemin sur laquelle elle était inscrite, ni le lieu où ce parchemin était caché. Et encore moins le chemin pour y parvenir.

Hassan-Ibn-al-Madrassa s'adressa alors à sa mère et lui posa cette question: << Ô mère ! J'ai en moi ce besoin profond de partir à la recherche de ce parchemin appartenant à mon ancêtre, le grand Ibn-al-Soufi sur lequel est inscrite une phrase magique qui rend sage tout homme qui la lit. M'autorises-tu à partir pour cette quête? >>

Question à laquelle sa mère répondit: << Mon fils, cela faisait longtemps que j'attendais que tu m'interpelles à ce sujet. Je suis vieille, maintenant, et je désespérais que tu n'ai, un jour, ce désir. Sache que je suis d'accord. Et pour parvenir à ton but, cueille vite ces trois plantes de notre jardin, ces trois plantes à forme humaine: la mandragore, le gingembre et le cactus. Toutes trois tu les mettras dans ce sac que voilà. Elles te permettront de t'identifier auprès des personnages que tu rencontreras. Le soir tombe. Pars vite et ne rejoins la surface de la mer qu'à la nuit noire. Quitte ce pays. Je n'ai plus qu'une chose à te dire: le parchemin se trouve dans l'un des trois pays ayant une frontière commune avec notre royaume. Adieu, mon fils et que Dieu soit avec toi ! >>

Hassan-Ibn-al-Madrassa enfourcha son cheval à la crinière et aux ailes luisantes, ne se retournant que pour un signe à sa mère et s'éloigna au grand galop. Quand il arriva à la plage, les étoiles et la lune étaient masquées par de sombres nuages.

Il s'éloigna sans plus tarder, chevauchant sur cette plage afin de s'éloigner au plus vite de son royaume. Il talonna son fougueux destrier tant qu'il vit la plus haute montagne du royaume là où les vents des quatre points cardinaux balaient les forces maléfiques du roi pour les répandre dans tout le pays.

Il galopa ainsi toute la nuit. Ce n'est que lorsqu'il vit le soleil pointer à l'horizon qu'il sut qu'il était enfin hors d'atteinte de son roi, son roi qui avait oublié jusqu'à son nom.

Il s'arrêta pour reprendre haleine et permettre à son cheval de boire tout son saoul dans un étang. Il avait si soif d'avoir tant couru qu'il l'assécha.

Il descendit de sa monture et s'allongea au sol pour un sommeil court, mais réparateur, non, sans, auparavant, entourer trois fois les rênes autour de son pied droit.

A peine avait-il clôt ses paupières qu'un cri suraigu lui déchira le tympan. Il fut aussitôt sur pied.

<< Qui ose me réveiller dans mon sommeil réparateur bien que fugace ? >>

Devant lui se tenait un Simorgh, cet oiseau fantastique aux mille couleurs.

<<C'est moi, noble chevalier ! Moi, le Simorgh ! Sais tu que tu t'es assoupi au pied de MON arbre ?! De MON Cèdre ?! Que fais tu ici, sur MON Territoire ?>>

Hassan-Ibn-al-Madrassa se mit aussitôt sur pied. Le Simorgh le foudroya du regard. Ses yeux étaient deux pierres, deux émeraudes. Le chevalier fut immédiatement pétrifié, statufié. L'oiseau, satisfait, s'envola à la cime du Cèdre. Le corps d'Hassan-Ibn-al-Madrassa était immobile mais son intelligence restait vive et son âme, éveillée.

C'est ce moment que choisit un étrange cheval bleu pour caracoler devant notre héros. Le cheval s'agenouilla à ses pieds. Il se redressa aussitôt. De ses quatre sabots il tambourina le sol, faisant trembler la terre. Le chevalier sortit alors de sa léthargie. L'étrange cheval bleu avait disparu. Avait-il rêvé? Il appela le Simorgh.

<<Oiseau! Oiseau ! Viens, je t'en prie!>> Le Simorgh, en un battement d'aile descendit un peu plus bas, dans l'arbre. >>

<<Que s'est-il passé ? Qui t'a délivré ?>>

<<Un songe, je crois. >>

<<Mensonge!>>

<<En rêve un étrange cheval bleu m'est apparu. Il caracolait devant moi, puis s'est agenouillé à mes pieds. Il s'est ensuite redressé. Après, de ses quatre sabots il a tambouriné le sol à en faire trembler la terre. Je suis sorti alors de ma léthargie. Et quand j'ai ouvert les yeux, l'étrange cheval bleu avait disparu. Avais-je rêvé? C'est alors que je t'ai appelé pour te faire découvrir une plante. >>

L'oiseau, posé maintenant sur une branche basse du Cèdre ne broncha pas. Il avait fermé les yeux.

<<Oiseau, oiseau aux mille couleurs, j'ai une plante pour toi, rien que pour toi !! >>

Le Simorgh ouvrit un œil, puis l'autre.

<<Oiseau, oiseau aux mille couleurs, et aux yeux d'émeraude, cette plante c'est ma mère qui me l'a donnée avant que je ne parte pour ce grand voyage.>

Le Simorgh ouvrit les ailes et descendit, d'un vol silencieux jusqu'aux pieds Hassan-Ibn-al-Madrassa. Le chevalier ouvrit le sac que sa mère lui avait confié avant son départ. Il en sortit une racine de gingembre, une racine qui avait forme humaine, la racine que lui avait remise sa mère. Puis il prit un bol, un pilon et réduit la racine en purée. Il l'offrit alors au Simorgh. Le parfum épicé et chaud du gingembre monta jusqu'aux narines de l'oiseau. <<Mmh ! Que cette odeur est puissante!>> Le Simorgh goûta le gingembre. <<Mmh! que cette plante est forte !>> Le Simorgh mangea tout le contenu du bol. <<Mmh! cette plante m'a donné vigueur et énergie ! Viens, suis moi, je vais te conduire à l'antre du démon. >>

<<Mais pourquoi veux tu me conduire à l'antre du démon? >>

<<C'est ainsi, c'est ton destin! Cette deuxième épreuve est la suite de ta quête. >>

<<Deuxième épreuve? Mais quelle était la première ?>>

<<La première ? Mais tu viens de la passer! Tu devais réussir à m'apprivoiser! >>

<< Oh! Merci, mère, que serais-je devenu, sans toi?!>>

<<Mais c'est simple! Vois-tu ces rochers, tout autour de toi? Ce furent des hommes, eux aussi, comme toi ! Pour eux aussi l'étrange cheval bleu est apparu en songe. Mais il ne resta qu'un rêve ! Assez parlé ! Enfourche ton cheval et viens, maintenant, suis-moi!>>

Hassan-Ibn-al-Madrassa convaincu, obéit. Il monta sur son cheval et suivit le Simorgh qui volait à quelques mètres au-dessus de lui. Au bout d'une journée il se posa sur un arganier.

<<Arrêtons-nous ici. Moi, je vais repartir d'où je viens. Toi, suis ce chemin tracé par les chèvres. Quand tu seras arrivé à l'oued, accroche les rênes de ton cheval à l'anneau qui est scellé à la pierre du lavoir. Ne crains rien, il y sera en sécurité. Et toi, remontes le cours d'eau sans faire de bruit jusqu'à une cabane en bois. Tu t'y reposeras toute la nuit. Au premier chant du coq tu te lèveras et poursuivras ta route en remontant toujours le cours de la rivière. Quand le soleil sera au zénith tu trouveras l'antre du démon. C'est à ce moment de la journée qu'il dort le plus profondément. Tu y entreras et verras une éléphante blanche. Tu la délivreras car elle est prisonnière du démon. Ensuite, cours jusqu'à ce que tu retrouves ton étalon noir. Ne crains rien, le démon déteste l'eau. >>

Hassan-Ibn-al-Madrassa fit comme le lui enjoignait le Simorgh. Il marcha sur le chemin tracé par les chèvres et trouva l'oued. Il accrocha les rênes de son cheval à l'anneau qui était scellé à la pierre du lavoir et remonta le cours d'eau jusqu'à une cabane en bois. Au sol était posé une planche recouverte d'un grand sac rempli de paille. Il s'y reposa toute la nuit. Au premier chant du coq il se leva et poursuivit sa route sans faire de bruit en remontant toujours le cours de la rivière. Quand le soleil fut au zénith il trouva l'antre du démon. Il entra dans la grotte et l'aperçu qui dormait profondément. Puis il vit l'éléphante blanche. Elle était liée par de lourdes chaînes. Il la délivra. Mais elle ne voulait pas sortir. Il saisit la racine de mandragore, une racine qui avait forme humaine, la racine que lui avait remise sa mère. Elle concéda à quitter l'antre non sans remercier son sauveur. Ils furent tellement silencieux que le démon ne se réveilla point. Ensuite, le chevalier couru jusqu'à son étalon noir.

Là, il monta sur son dos et tous deux partirent au galop. La nuit tombait. Il vit l'étoile polaire et aussitôt après une pauvre cabane en pierres. Il entra. Sur le côté un bat-flanc. Il s'y étendit et s'endormit très vite. Dans son rêve il vit l'éléphante blanche. Elle lui parlait. Au matin il entendit le coq et fut debout en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Il attrapa son sac et le trouva étrangement lourd. Il l'ouvrit. Et là, surprise il y trouva une petite statue de pierre blanche, reproduction trait pour trait de l'éléphante qu'il avait délivrée. Il la prit dans ses mains, caressa ses défenses, ses oreilles. Quelle ne fut pas sa stupéfaction d'entendre cet objet lui dire: <<Je te remercie de m'avoir délivrée. Désormais, si tu as besoin de moi et de mes pouvoirs magiques, caresse mes défenses et mes oreilles, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te venir en aide>>.

<< Pour commencer peux tu me dire sur quelle route je dois maintenant diriger mes pas ?>>

<<Vois-tu ce désert de roches et de sable? Il te faut le traverser. Mais tu ne seras pas seul. Rends-toi au caravansérail que tu vois là. Prends langue avec Abbas, le chef de la méharée qui doit partir demain, dès l'aube. Vous voyagerez de concert. >>

Hassan-Ibn-al-Madrassa se rendit au caravansérail, un bâtiment fait de pisé que lui avait indiqué l'éléphante blanche. Il y trouva Abbas, le chef de la méharée. Il l'invita à partager son thé brûlant. Notre chevalier se présenta auprès de lui. Mais ce dernier ne le connaissant pas, Abbas refusa sa proposition de traverser le désert en sa compagnie. Hassan-Ibn-al-Madrassa sortit alors le cactus de son sac, une plante qui avait forme humaine, la plante que lui avait remise sa mère. Abbas lui dit :<< Mais pourquoi ne m'avoir pas présenté plus tôt cette plante ? Maintenant, sois certain que j'accepte ta proposition de faire ensemble notre chemin. Mais j'émets une condition! >>. <<Laquelle ?>>. <<Que chaque jour tu me racontes une nouvelle histoire ! La route est si longue jusqu'à la Bibliothèque de tous les savoirs ! >>.

Hassan-Ibn-al-Madrassa se dit en son fort intérieur qu'il lui serait facile de raconter chaque jour une histoire nouvelle. Quand il était petit sa mère, chaque soir lui inventait un conte, toujours différent. Mais une grande question traversa son esprit. Comment, cet homme qu'il ne connaissait pas savait l'objet de sa quête !? Il rejoignit sa chambre. A travers la fenêtre il s'endormit en écoutant la fille du propriétaire chanter au son de l'oud. Il était à la fois heureux d'être bientôt au bout de son périple mais triste aussi de devoir laisser son bel étalon noir au caravansérail. Il savait qu'il y serait bien traité mais ignorait quand il pourrait le retrouver.

Le lendemain, avant même le lever du soleil, la caravane s'ébranlait, portant son lourd chargement de pierres de sel. Hassan-Ibn-al-Madrassa et Abbas voyageaient côte à côte. Et comme il s'y était engagé, chaque jour le chevalier racontait une histoire à son compagnon. Ce n'est que lorsque la nouvelle lune apparut dans le ciel qu'ils arrivèrent là où se trouve où La Bibliothèque de Tous les Savoirs, dans une ville sise au cœur du désert. Hassan-Ibn-al-Madrassa prit alors congé Abbas. Son compagnon, enchanté d'avoir voyagé aux côtés d'un homme si lettré, regrettait presque d'avoir à le quitter.

Le chevalier traversa la ville. Il entra dans le souk et commanda un thé à un jeune marchand ambulant.

<<Toi, noble Etranger, que viens tu chercher ici ? >>.

<<Pour ne rien te cacher, je cherche La Bibliothèque de Tous les Savoirs. >>

<<Toi aussi ! Mais qu'avez-vous donc, Etrangers, pour tous venir dans notre modeste ville voir La Bibliothèque de Tous les Savoirs ?>>

<<Les autres, je ne sais pas. Mais en ce qui me concerne, je sais pourquoi je cherche La Bibliothèque de Tous les Savoirs. >>

<<Et ?>>

<<Tu es bien trop curieux!>>

<<C'est vrai, c'est vrai ! Mais c'est grâce à moi que tout un chacun, ici, dans cette ville sait ce que fait son voisin, qu'une naissance est survenue dans l'oasis la plus proche, qu'un chibani est mort, d'où vient l'Etranger nouvellement arrivé chez nous et pourquoi il est venu. >>

<<A toi, je ne peux le dire>>

<<A qui vas tu te confier, alors? >>

<<A l'imam. Emmène-moi chez lui ! >>

<<Entendu. Suis-moi>>

Et Hassan-Ibn-al-Madrassa suivit le marchand de thé jusque chez l'imam. Là, le marchand de thé le laissa devant la porte. Notre héros cogna trois fois. Un homme tout de blanc vêtu lui ouvrit. Entretemps, notre curieux qui s'était caché à l'angle de la ruelle revint écouter à la porte.

<<Bonjour ! Je cherche l'imam. Est-ce vous ?>>

<<Oui, c'est moi !>>

Le jeune marchand de thé n'en revint pas ! Quoi ! Ce perfide serviteur se présentait comme l'imam en personne! Il devait prévenir notre homme !

<<Ah ! Enfin ! Tu es bien le descendant de Muhammad Zahra, l'ami du grand Ibn-al-Soufi, mon lointain ancêtre, un très grand savant, un peu sorcier? >>

<<Mais bien sûr ! Et toi, tu es... !?>>

<<Mais je suis...>> Là, Hassan-Ibn-al-Madrassa eu un temps d'arrêt. <<Si tu es l'imam, alors tu sais qui je suis et ce que je suis venu chercher!>>

<<Mais bien sûr! Mais ne nous précipitons pas... Viens au salon, nous allons boire le thé pour sceller notre rencontre!>>

Et le perfide serviteur de l'imam offrit un siège à notre héros et partit faire chauffer l'eau. L'imam n'allait pas tarder à rentrer et il ne fallait pas qu'il rencontre cet homme dont il ne connaissait pas encore le nom. Il mit une demi-pincée de pavot dans le thé de son hôte et revint le lui servir. Hassan-Ibn-al-Madrassa tomba aussitôt dans un profond sommeil. Le serviteur tira le chevalier dans un débarras. Ouf! Il était temps ! L'imam arrivait.

<<Tiens, Habib, comme c'est gentil d'avoir déjà préparé le thé ! Mais je vois que tu as déjà commencé à boire le tiens ! L'autre verre est pour moi, je suppose !?>>

<<NON ! NON ! Ne buvez pas celui-là, maître ! C'est le premier jet de la théière. Il est amer et peu infusé!>>

Et vite, le serviteur le jette à terre.

<<Mais que t'arrive t-il, Habib, tu sembles bien troublé...?!>>

<<Tout va bien, Maître ! Tout va bien, Maître !>>

<<Ne me caches tu rien ? Ton comportement est bien étrange, ce me semble...! >>

<<Je vous dis que tout va bien, Maître !>>

<<N'avons nous pas eu de la visite... J'ai rencontré avant d'arriver ici le jeune marchand de thé. Il m'a dit avoir conduit un noble et beau chevalier en ma maison. >>

<<Euh ! Non, vous savez bien qu'il déborde d'imagination!>>

<<SUFFIT ! Arrête de mentir et dis-moi immédiatement où est passé l'Etranger ! >>

<<C'est que, il était un peu fatigué...>>

<<Où est-il !>>

<<Bon, bon, il est ... dans le débarras!>>

<<Sors de ma maison et ne revient JAMAIS!>>

Et ce n'est qu'après de nombreuses heures de sommeil qu'Hassan-Ibn-al-Madrassa se réveilla et put discuter avec l'imam. Il se présenta à lui et lui confia l'objet de sa quête. Le sage l'emmena jusqu'à La Bibliothèque de Tous les Savoirs. Là, notre Héros trouva le parchemin. Il s'était conservé comme au premier jour. Il le déroula et y lut la phrase magique qui rend sage tout homme qui la lit: "Connais-toi toi-même".

Il appela alors son cheval noir à la crinière et aux ailes luisantes et c'est au coucher du soleil que son fougueux destrier arriva. Il monta sur son étalon et s'envola dans la nuit sans lune. De retour dans son pays il apprit de la bouche de sa mère, que le tyran était mourant. Une lune plus tard il était mort.

Les habitants du Royaume vinrent alors le trouver. Ils avaient appris que sa quête avait été fructueuse et que le Chevalier était désormais un homme sage. Ils lui demandèrent d'accepter de diriger le pays car ils savaient que notre héros serait un roi juste et magnanime et que tous, hommes et bêtes, riches et pauvres vivraient dorénavant en bonne entente dans un monde de justice.

Puis le Roi fit ensuite appeler la fille du propriétaire du caravansérail, Celle dont la voix avait bercé ses rêves au son de l'oud. Il lui demanda si elle acceptait de devenir sa femme. Elle consentit à épouser cet homme si sage et si respecté.

Peu de temps après le mariage la mère d'Hassan-Ibn-al-Madrassa mourut, heureuse que son fils soit devenu un homme sage. Son ancêtre Ibn-al-Soufi serait fier de lui !

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Textes personnels

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Publié le 27 Mai 2014

Atelier d'écriture de Givors, février 2014

Premier texto envoyé:

Bonjour ! Si tu savais comme je suis bien, là, au chaud, à bavarder avec toi !

Second texto envoyé:

Je suis fatiguée, j'ai bien roulé aujourd'hui. Enroulée dans ma couverture de laine, je vais bientôt dormir.

Troisième texto:

Non, il faut que je mange. Ici, pour cuisiner, c'est simple, nul besoin de mettre le poulet au four.

Texto suivant:

J'ai mangé. Je suis assise sur mon duvet. Je vais un peu écrire dans mon journal.

Nouveau texto:

Je n'ai pas de canapé mais je me suis bien calée. J'entends les oiseaux chanter leur mélopée.

Encore un :

J'ai ouvert pour faire entrer la lumière du soir. Le coucher de soleil est magnifique.

Je continue:

Je vais lire, maintenant. J'ai emporté un tout petit recueil de poésie dans mes sacoches.

Huitième texto :

Bizarre, j'entends du bruit au dehors. Je n'arrive pas à l'identifier ni à en déceler la provenance.

La suite:

C'est comme si quelqu'un tapait du pied. J'espère que ce n'est pas un rôdeur.

Texto explicatif :

Ouf ! Ce n'était qu'un pivert qui cherchait sa pitance dans le tronc d'un arbre.

C'est le dernier texto:

La chaleur m'envahit. Cette fois, je suis cuite, je m'allonge, je vais dormir.

Réponse à mes textos:

Tu m'as fait vivre un bien joli moment. Demain, vas voir si le paysan veut te vendre du lait.

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Atelier d'écriture de Givors

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Publié le 27 Mai 2014

Histoire (vraie) de la dame qui n’avait qu’un bras

L’histoire ne dit pas si elle était née comme ça, ou si elle l’avait perdu un jour, par distraction, comme l’on perd ses gants ou son parapluie.

Mais, peu importe, l’essentiel n’est pas là !

Alors, me direz-vous, comment faisait-elle, le matin pour s’habiller ? Ou le soir, pour quitter sa robe ? Pour faire ses tartines ? Pour tailler sa haie ? Et pour aller travailler, prenait-elle sa voiture, son vélo ou sa moto ? Comment s’y prenait-elle pour couper son beefsteak ? Pour se laver les dents ? Changer la couche de son bébé ? Ou poser du vernis sur les ongles de sa main C’est ce que je vais tenter de vous raconter aujourd’hui.

Voilà son secret : c’était une magicienne. Quand elle avait besoin de s’habiller, de quitter sa robe, faire ses tartines, de tailler sa haie, de conduire sa voiture, son vélo ou sa moto, de couper son beefsteak, de se laver les dents, de changer la couche de son bébé ou de poser du vernis sur les ongles de sa main, elle disait : A BRAS CAS DEUX BRAS !

Et, hop ! Elle pouvait s’habiller, quitter sa robe, faire ses tartines, tailler sa haie, conduire sa voiture, son vélo ou sa moto, couper son beefsteak, se laver les dents, changer la couche de son bébé ou poser du vernis sur les ongles de sa main. C’était aussi simple que cela !

Mais si vous voulez découvrir son secret, rien de plus simple : vous allez sur son site internet A BRAS CAS DEUX BRAS et vous aurez tout, mais alors absolument tout sur ses secrets, ses trucs, ses astuces et tour de main. Eh ! oui, car avec une seule main, c’est qu’on peut en faire, des choses, que c’en est pas croyable !

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Rédigé par Martine Silberstein

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Publié le 27 Mai 2014

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Vendredi 26 octobre

Grigny. Insomnie. Il est 4h30 du matin. Je ne me rendors qu’une heure trente plus tard… Le réveil est difficile et tardif. Il est 8h30 quand je me réveille à nouveau, toute triste car Antoine est déjà parti au collège... je ne le reverrai que dans douze jours et je ne lui ai pas dit au revoir ce matin…

Finalement, je vais lui dire à la loge de son collège. Mes parents sont arrivés hier soir pour s’occuper d’Antoine. C’est mon père et Pauline qui me conduisent à la gare de Givors. Je leur dit au revoir et vais prendre mon billet. Puis passe sous les voies pour rejoindre le quai et prendre mon train de 13h48. Annonce sur le panneau lumineux : le prochain train part à… 16h48 ! Retour à la gare. Autre panneau lumineux. Il annonce que le prochain train pour 13h48 est un … autocar ! Va pour le car, par l’autoroute c’est finalement assez rapide. Je suis presque à l’heure.

Roland arrive à la gare de Part-Dieu, il a fini son travail. Nous montons dans le TGV à destination de Paris. Puis le RER et enfin l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. L’avion décollera à 22h30. Nous sommes bien en avance. Le temps pour Roland de retrouver ses collègues de travail venus de toutes la France (Bordeaux, Lille, Metz, Paris, Lyon…) et pour moi de retrouver certains visages connus lors de voyages précédents (Brésil, Inde, Afrique du sud). Au sol, près de notre lieu de rendez-vous un projecteur envoie une image d’aquarium au sol pour le plus grand bonheur des petits qui essaient d’attraper les poissons multicolores.

Ma valise

Ma valise

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Dans l’avion, et pour la première fois de ma vie je vois la piste d’envol sur le petit écran qui me fait face. Deux caméras sont en effet fixées sur l’avion, permettant la vision en direct du paysage qui se déroule sous et face à l’avion. Un peu bizarre quand même. Je lis. Je dors. Nous mangeons. Au choix, menu poulet, saumon ou lasagne végétarienne. Crumble de fruits rouges nappé de crème. Pas mauvais ! Je regarde un film historique thaïlandais sous-titré en anglais. Il retrace le combat des Thaï contre l’envahisseur. Je dors. Je visionne un dessin animé : le Lorax qu’Antoine n’avait pas eu envie d’aller voir. Une fable écologiste. Petit déjeuner : au choix, soit pizza chaude et collée au fond de la boîte ou sandwich à l’œuf. Bof ! Je me contente d’un thé.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Arrivée à Muscate, pays d’Oman, émirat arabe à 7h45. Avec mes euros j’achète un petit paquet de gâteaux et nous allons boire thé ou café. Pour moi ce sera un thé vert dans une très grande tasse. Je ne peux pas dire que j’ai bien ni beaucoup dormi dans l’avion. Ensuite, promenade dans l’aéroport. Véronique nous fait remarquer, d’un air amusé, le détournement d’une grande aire de jeux composée de modules en mousse et destinée au défoulement d’enfants contraints à une longue immobilité dans un voyage aérien interminable en immense dortoir où tous les adultes dorment dans des positions toutes plus variées les unes que les autres se conformant à la géométrie des tapis et coussins ! Qui, les jambes presque à la verticale, ou lové autour d’un plot arrondi, ou encore étalé de tout son long… c’est drôle à voir, effectivement. Je poursuis mon exploration de l’aéroport et croise Brigitte, collègue de Roland, expert-comptable à Lyon et que, me dit-elle, Roland a formé.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Elle m’entraîne du côté de la mosquée réservée aux femmes. Une petite pièce couverte de tapis. Au fond, des étagères sur lesquelles sont posés des Corans et des lutrins en bois. Sur le mur d’en face un tapis a été apposé, il représente la Kaaba vers lequel les musulmans s’orientent pour faire leur prière. Marrante et nature, cette Brigitte ! Elle me fait aussi remarquer la salle des ablutions. Nous entrons. Personne. Une rangée de cubes en pierre le long d’une rigole surmontée de robinets alignés le long du mur. De l’autre côté, une rangée de lavabos surmontés de miroirs. Après cette première partie de voyage, rien de tel qu’un bain de pieds pour se délasser. C’est bien agréable ! Nous poursuivons par une toilette de chat : le visage, le cou et les avant-bras. Me prends l’envie d’aller aux toilettes. A la turque ? Les autres toilettes sont prises. Comme dans tous les pays arabes, un tuyau pour se laver le derrière. Parfait ! Cette fois la toilette est parachevée ! Fatiguée, je m’allonge sur une banquette métallique et m’assoupi sur ce banc, pas très confortable. Mince ! Il est quelle heure ? A quelle heure décolle l’avion ? Personne du groupe aux alentours. Direction le bureau d’information. Je lui montre mon coupon d’embarquement. Elle me répond en anglais puis, à ma demande y note le numéro de la porte où me diriger. J’arrive avant Roland, les autres sont là. L’avion décolle à 10h30.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Une fois arrivés dans l’avion je prends place sur mon siège. Permutation avec Valérie afin que son mari soit à côté d’elle. Puis débarquent les Dalton… euh, les rois du pétrole. Ils sont au moins quatre, sinon plus. Et ils s’imposent en faisant faire des permutations à tous ceux qui sont sur une rangée, obligeant plus ou moins à dégager trois filles du groupe. On s’en fiche un peu mais c’est leur mâle façon de faire. Chacune trouve un siège… pas moi ! Je leur dis en français qu’ils sont les Dalton, ça en fait marrer certains. Mais bon, ces quatre hommes en longue djellaba blanche et toque de même couleur sont de grossiers personnages sous d’affables apparences. Finalement j’atterris au premier rang, bien installée mes grandes jambes et moi à côté d’une famille de Suisses-Allemands de Berne dont je ne comprends pas un traître mot de leur idiome. Le bébé dort déjà dans les bras de son père. Son frère finira par le rejoindre au pays des songes ainsi que leur grande sœur, suivie des parents ! J’ai dormi (bien !) dans ce deuxième avion. Et si tous ces hommes en djellaba plus quelques autres étaient des terroristes ? Et qu’ils se soient imposés à nous pour rester ensemble et communiquer sur leurs noirs desseins ? Ils vont et viennent dans l’avion, jusqu’en première classe sans qu’aucune remarque ne leur soit faite, alors que je me fais réprimander quand, pour aller au plus près je me rends aux toilettes de la classe affaire. Je fais semblant de ne pas comprendre et y vais tout de même. Leurs chiottes n’ont rien de plus que les autres, à part la crème pour les mains et du parfum de meilleures qualité. A la descente de l’avion, une personne du groupe me révèle LA véritable raison de leur regroupement : ils se sont complètement saoulés la gueule à coup de bières et de pinard ! L’avion est discret, en dehors d’une surveillance des hommes de la Loi de l’Islam !!

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Samedi 27 octobre

A notre descente d’avion à Bangkok vers 19h15 d’affriolantes Thaïlandaises entourent notre cou d’un collier de fleurs d’orchidées, cependant qu’un photographe immortalise cet instant. Nous faisons connaissance de Kong, celui qui sera notre guide tout au long de ce voyage. Il parle très correctement notre langue, émaillant ses propos de tics de langage qui, à la longue seront risibles mais un peu pénibles aussi ! « Voyons », « Voyez », « N’est-ce pas », « Ça veut dire que voilà »… C’est un homme qui, il le dit lui-même est stressé et nous annonce d’emblée la couleur : le réveil sonnera à… 5h45 demain matin !

Nous nous rendons au restaurant situé au bord de la rivière Chao Phraya (prononcer Praya). Puis rejoignons The Royal River Hôtel lui aussi sis sur les rives de Chao Phraya.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Dimanche 28 octobre

Roland s’est réveillé en sursaut à une heure du matin, persuadé d’avoir entendu toquer à la porte. Nous nous rendormons jusqu’à ce que le téléphone sonne à 5h45. Petit déjeuner très varié. Nous partons visiter le temple du Bouddha couché. Je trouve son visage sympathique, serein, calme et détendu. Avec ses deux grandes oreilles bien ouvertes, il est à notre écoute. Mais ce que nous entendons, dès l’entrée m’intrigue. Ce son ressemble à une musique métallique, un tintement. Il est très grand, tout en longueur (quarante-cinq mètres, tout de même, ce n’est pas rien !), recouvert d’or et ses pieds, eux, sont entièrement incrusté de nacre formant de délicats dessins. Et le bruit, me direz-vous ?! Et bien c’est le résultat de ce qui ressemble à une forme de prière. Comme les catholiques qui égrènent le chapelet ou les musulmans qui font passer entre leurs doigts un petit collier de perles correspondant chacun à une prière, les bouddhistes sèment une toute petite pièce de monnaie dans chacune des jarres en métal alignées le long d’un mur. Ils les achètent à une vielle femme qui leur remet dans une coupelle dont elle a dûment pesé le contenu.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Dehors une petite statuette de bouddha est couverte de fragments de feuilles d’or qui volètent au vent. Dans ce temple, c’est le resto du cœur des chats abandonnés. Je ne sais pourquoi mais beaucoup n’ont pas de queue ou bien la queue coupée. Cela leur donne une allure un peu bizarre.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Dans un des temples que nous visitons aujourd’hui a lieu la fête de la prolongation de la vie. Tous les protagonistes sont vêtus de blanc. Le temple lui-même est orné d’un réseau de ficelles blanches, qui se croisent et s’entrecroisent autour des chaises où viendront d’asseoir les fidèles. Ils s’entoureront la tête et les bras avec. Cela me fait penser à le religion juive où les pratiquants s’entourent les bras et la tête de lanières de cuir où sont fixées des petites boîtes contenant des bandes de parchemin sur lesquels sont inscrits les versets de la bible et que l’on appelle des phylactères. Cette fête de la prolongation de la vie et toutes les fêtes en général se calquent sur la lune.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Sous une galerie est peinte une fresque représentant le Ramakien, la version thaïlandaise du Ramayana, la geste indienne. L’armée du roi Rama est composée de singe dont le chef se nomme Anoumane. Le démon, lui, a dix visages et deux bras. Il kidnappe la femme du roi, Sita. La Terre est le monde des Désirs.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous partons ensuite faire une balade en bateau sur les canaux et visitons le marché flottant de Bangkok. Notre embarcation, elle, se déplace à la rame, contrairement à d’autres dont le moteur fume et pétarade ! Ils sont très gros et très vieux pour la plupart d’entre eux, ancien moteur de 4L, et sont prolongés d’une tige au bout de laquelle se trouve une hélice. Cela ressemble un peu au mixeur plongeant de mes parents ! Nous avons vu, outre, les boutiques flottantes destinées aux touristes et vendant vêtements, gadgets et autres chapeaux des barques fast-food où se préparent de délicieux repas. Les boutiques sont elles aussi sur les quais, accessibles uniquement par voie d’eau.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous avons pu observer à plusieurs reprises d’énormes mais paisibles et farouches varans qui paressent au bord de l’eau. Ils savent nager et se nourrissent de poissons ou d’animaux morts (chats, chiens), de fameux éboueurs ! Un joli et minuscule colibri ou martin-pêcheur voletait au dessus de l’eau. Nous croisons des enfants dont les mains s’agitent à notre passage. Sur le côté, plus calme, des liserons d’eau envahissent le rivage. Manguier, bananiers poussent non loin de là.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous sommes dimanche et c’est encore les vacances. Les enfants se baignent, l’eau est marron. Les maisons sur pilotis affleurent l’eau et le passage d’une maison à une autre se fait par de petits pontons souvent légèrement immergés. Il faut quitter ses chaussures… Beaucoup d’habitations ont été détruites par la récente inondation. Certaines ont résisté mais sont toutes de guingois. Les habitants rangent leurs vêtements sur des cintres parfois suspendus juste au dessus de l’eau. Il doit faire très humide dans les maisons et là, rangés ainsi, ils sont à l’air libre. De bois et de tôle, ou riches maisons de teck, un bois souvent importé, tradition et modernité, elles sont presque toutes équipées de parabole, voire de lave-linge, nous dit Kong.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous rejoignons la rivière Chao Phraya. Un train de quatre péniches sans moteur est halé par un remorqueur. Des plantes, des hommes, une tente sur l’une d’entre elles. Nous donnons du pain à de voraces carpes, énormes !

En ville les panneaux publicitaires sont très étonnants : les enfants ont les yeux bleus et leurs parents, blonds comme les blés. Le discours de Kong est émaillé d’expression incongrues : « franchement que ; et bien que voilà donc». Nous déambulons dans le marché aux fleurs. Le guide nous a prévenus : « Ne respirez pas leur odeur ! » Pourquoi ? « Parce qu’elles sont destinées aux offrandes au dieu Bouddha et leur parfum lui est réservé, et à lui seul. »

Le 5 décembre est fêté l’anniversaire du roi. Toutes les personnes nées ce jour là reçoivent elles aussi un cadeau de la famille royale !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Lundi 29 octobre

Nous attendons le car. Etonnant mais attendu : un bonze, tondu, pied nu et ceint de jaune safran, un bol métallique grand comme un saladier demande l’aumône. Un homme y dépose des sachets de nourriture puis se prosterne à ses pieds.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nos bagages sont sur le trottoir en attendant d’être rangés dans la soute du car. Un oiseau est posé sur un fil électrique, juste au dessus et plof ! Une tache blanche macule une valise. Lip, l’aide du chauffeur s’empresse de la nettoyer.

Visite d’une fabrique de sucre de coco. Il n’a pas du tout le goût du fruit. Ce sont des singes dressés qui vont les cueillir. Là, nous avons rencontré des Russes venant de la ville où l’on fabrique les Kalachnikovs. Un homme fait une démonstration avec un serpent : il le pose sur les épaules des touristes qui se font prendre en photo, et lui donnent de l’argent.

Kong nous fait goûter une pâtisserie locale, une sorte de crêpe à base de farine de riz, de meringue et de noix de coco râpée (mais sans le goût de coco). C’est une crêpe sèche en forme de nave. Brigitte et Kong nous font aussi goûter du ramboutan et du mangoustan.

Nous arrivons au pont de la rivière Kwaï. Il permet à la voie ferrée de traverser la rivière. La voie a été construite de 1942 à 1945 par des soldats américains, hollandais, philippins, birmans et anglais, prisonniers. Très nombreux sont ceux qui sont morts au cours de cette construction. Le pont a été détruit pendant la guerre. Puis après le film portant ce nom, il a été reconstruit, non pas à l’identique, comme autrefois mais comme… celui du film ! Nous le traversons à pied, il n’y a quasiment pas de trains qui empruntent cette voie ferrée. De l’autre côté, un jardin où, dans une volière se trouve un drôle d’oiseau. Et sur une table un durian, ce fruit énorme qui est si délicieux, au goût subtil et extraordinaire mais à l’arôme absolument horrible car il pue… la merde !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Parfois le paysage ressemble à celui de Cuba. Nous approchons des montagnes et ce sont des champs de cannes à sucre.

Nous montons dans un petit bateau à moteur. Une course d’aviron de 20 à 30 rameurs passe à côté de nous. Elle est organisée pour fêter la fin de la saison des pluies. Arrivés à quai nous allons manger dans un resto flottant au pied du pont de la rivière Kwaï. A l’entrée de la salle, des limules. Ce qui se mange est dans la carapace : des petites boules jaunes. Beaucoup plus de sortes de fruits différents par rapport à d’habitude sont présentés sur le buffet. Il y en a deux sortes qui ressemblent à des litchis de part leur consistance blanche et translucide. Les restes de notre repas sont donnés à des poisons, voraces !

Roland avait emporté du travail… ( !) il l’a fini à une heure du matin ! Il a essayé de l’envoyer par courriel mais n’y est pas parvenu car le clavier de l’ordi est en thaï !

Je ressens une sensation bizarre à l’angle gauche de mon sourcil gauche, un peu comme quand la paupière saute. Mais là, rien ne se voit.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous partons ensuite en car pour rejoindre à nouveau la voie de chemin de fer et nous promener sur les rails, les rails semblent suspendus dans le vide. Nous arrivons à une grotte dans laquelle se trouve un bouddha doré dont la coiffe touche le plafond. La cavité n’est pas du tout aménagée car, à part l’entrée qui est vaste et haute de plafond, le fond est escarpé et étroit, tout juste éclairé par une ampoule. C’est là que se sont abrités les soldats japonais pour se protéger des bombes américaines. Nous reprenons le car pour rejoindre la gare. Ce train n’est pas que touristique, il est aussi emprunté par les écoliers en uniforme bleu marine et blanc, garçons et filles. Les filles en socquettes.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Mardi 30 octobre

Le soir, il fait nuit quand nous atteignons l’hôtel au bord de la rivière Kwaï. Le matin je prends en photo deux martins pêcheurs bleu métallique, des fleurs de toutes sortes. Notre hôtel est composé de bungalows en bois éparpillés dans un immense parc aux arbres et à la pelouse très bien entretenus. La douche est rustique et j’aime beaucoup. Elle nous change des hôtels de luxe des centres ville. Le bac est en pierre, rectangulaire. Sinon, tout est en bois. Hier soir Roland a réussi a envoyé son travail par courriel mais il a fini tard. Comme il faisait nuit il s’est un peu perdu pour revenir du restaurant jusqu’au bungalow …En principe il y a des transports en commun, sorte de minibus en plein air qui se promènent dans tout le parc et qui emmènent les touristes égarés à leur chambre ou au restaurant, mais là, il était trop tard ! Dans ce parc, un golf. Un étang, aussi. Un pont et une tyrolienne le traverse.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous quittons la région de Kanchanaburi et partons en direction d’Ayutthaya et de la ville de Copburi. Paysage de plaine fluviale et de rizières.

Deux monuments d’Ayutthaya datent du XVe siècle. Le troisième est plus récent et ressemble à ceux de Bangkok. C’est dans celui-là que j’ai vu une femme avec une longue boîte contenant des baguettes. A genoux elle secouait doucement sa boîte. Quand une baguette en sortait elle la regardait et lisait ce qui était écrit dessus et la remettait dans la boîte. Sur les baguettes sont écrit des prédictions en fonction du signe zodiacal de la personne.

L’an dernier une inondation a envahit les rues d’Ayutthaya.

Nous achetons une sauterelle en fine paille tressée et une paire de lunettes en forme de vélo, pour Christian.

Kong nous distribue des chips de crevette et une sorte de barbe à papa en forme de vermicelles ou plutôt de cheveux d’épouvantail ou de ficelle. Cette confiserie se mange roulée au milieu d’une crêpe colorée en vert avec du randou panadou, une plante. Tout cela est bien nourrissant : nous ne mangeons que dans une heure.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Puis nous nous arrêtons au bord du lac Phrayao et dégustons une spécialité locale : une salade de minuscules crevettes vivantes mélangées à du jus de citron, de la citronnelle, de la menthe et du piment, le tout bien secoué. Autant dire qu’à l’arrivée elles ne gigotent plus vraiment, les pauvres crevettes ! Il va sans dire qu’elles sont pêchées dans des nasses aux mailles extrêmement fines. Il existe de toutes petites bananes dont la traduction en français et « Rhabillez-vous jeune homme » et d’autres, plus grandes, « Aïe ! Maman » soit disant aphrodisiaques. Kong nous dit que les graines de la fleur de lotus sont bonnes et ont un peu le goût de noisette. Le roi a son propre drapeau, jaune tandis que celui de la reine est bleu.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

La ville de Copburi est envahie de singes, très à l’aise. Sur une place, une fontaine où ils

plongent, s’éclaboussent, jouent, et s’attrapent à grands cris. Ce peuplement a une origine mythique. Une armée de singes aurait défendue le roi. De nos jours, ils montent sur les voitures et se font déposer un peu plus loin, grimpent dans les immeubles (les fenêtres sont grillagées) et sur les poteaux télégraphiques. Ils vivent des offrandes faites aux Dieux et de ce que leur donne la municipalité. Un couple de commerçants que nous sommes allés visiter leur permet même d’entrer dans leur boutique de pièce détachées. La municipalité a essayé de stériliser les singes pour qu’au moins ils ne se reproduisent plus et pour les attraper ils ont mis du somnifère dans leur boisson préférée. Mais en voyant leurs congénères endormis après en avoir bu, tous les autres se sont méfiés, et rien n’a pu être fait… Pourquoi pas les piqûres hypodermiques ?

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

C’est dans la ville de Copburi qu’a eu lieu le premier contact entre le Royaume de Siam et la France.

Nous mangeons en plein air sur une terrasse sur pilotis surplombant un étang. Des jarres sous lesquelles brûle une flamme sont posées sur une barque en bois, jolie présentation pour notre buffet. Après le repas nous repartons et en passant je vois un bébé thaïlandais torse nu, en couche, posé sur une table. Un homme, un occidental, chemisette et pantalon, lui fait des gouzigouzis sur le ventre. A côté, un dalmatien. En face, une rizière. Ramassé un épi ( ?) de riz.

Parmi les personnes du groupe certains sont venus avec leurs (grands) enfants, comme Brigitte, la collègue de Roland. Une autre est venue avec ses filles et la copine des filles.

En fin de journée nous arrivons à Phitsanulok. Il y a longtemps un grand incendie a détruit toute la ville sauf… une statue de Bouddha !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Tout le groupe sans exception a bénéficié de massage. Je crois que pour Kong c’est la première fois ! En arrivant tout le monde se déchausse et reçoit une paire de savates en plastique. Les masseuses nous prennent par la main comme si nous étions des enfants. Main ferme et douce à la fois ; amicale et protectrice. Envie d’aller aux toilettes. Nin, « ma » masseuse a compris et cela l’a fait rire. Elle m’y mène en me prenant par la taille en répétant pipi, pipi ! Certains se retrouvent en couple dans la même pièce, comme nous, d’autres sont en groupe, dans des sortes de dortoirs où s’alignent des matelas. La masseuse de Roland se prénomme Mê. Elle louche affreusement mais est très attentive à ne pas le brusquer et à l’installer correctement puisqu’il ne peut pas plier sa jambe. La mienne, de masseuse est très énergique, j’ai même mal à un moment donné et le lui fait comprendre. Les adducteurs, le nerf sciatique sont malmenés. La position est inconfortable. Elle saisit sans ménagement aucun la chair des cuisses entre le pouce et l’index. Sur le dos, puis à plat ventre. Massage du dos. Puis à nouveau des jambes. Tête, cou, épaule et encore les jambes. Tous les segments du corps y passent. Même les pieds. Elle sait deux ou trois mots de français, pas plus mais « Aïe ! » assorti de la mimique qui va avec, elle comprend ! De l’huile et encore de l’huile, deux sortes d’huile, elle n’arrête pas d’en rajouter ! Ça tombe bien, j’ai la peau très sèche. Je ferme les yeux pendant qu’elle s’active sur mes articulations et jette un œil de temps en temps sur Roland qui a beaucoup de difficultés à se laisser aller à la détente et au lâcher-prise ! La clim est trop froide mais elle ne peut la régler, elle me couvre d’un drap. Elles, ont chaud. La clim est bruyante, nous n’entendons qu’à peine la musique relaxante (chants d’oiseaux et piano). Mê va plus vite ou bien c’est parce qu’elle ne peut pas masser Roland aussi complètement que Nin le fait avec moi. Une fois le massage terminé nous nous retrouvons tous en bas pour boire un thé et déguster un gâteau, une mini banane et un longane, un fruit à l’écorce lisse et à la pulpe semblable à celle du litchi (blanche et translucide). Nous retrouvons nos chaussures respectives. Puis sortons. Les masseuses sont dehors, riant, parlant toutes ensemble sur le trottoir. Je les regarde remuer les épaules, les bras. Leur travail dure une heure et est très intense, fatigant ! Je sors masser Nin… surprise, elle rit encore plus, visage très rond.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Après les massages nous retirons de l’argent liquide puis allons au marché de nuit faire des achats (cadeaux). Foulard pour ma mère, un sac pour chaque fille, cartes postales (visages d’enfants) et pour finir un tee-shirt de boxe Thaï pour Antoine. Temple de Phitsanulok : les chants entonnés, sentiment de sérénité.

Sur le chemin entre le marché et l’hôtel Kong nous offre du rhum local accompagné de chips de bananes au paprika. Vu un homme, un lépreux vendant des billets de loterie.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous arrivons à l’hôtel à 21 heures. Repas en musique. C’est une chanteuse, aidé d’un ordi (paroles) accompagnée par un musicien (synthé). A la fin du repas tout le monde veut chanter, surtout Michel et Brigitte (maman de Valentin et Mattéo, collègue de travail de Roland) qui se déchaînent au karaoké. Les autres dansent et chantent. Nous ne nous arrêtons que quand le musicien et la chanteuse veulent partir, à plus de minuit. Tous les matins c’est lever à 6h30 du matin !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Mercredi 31 octobre

Il pleut. Avant le repas, hier soir, nous sommes allés à la piscine (précédé d’une douche à la chambre : quelle chaleur !). Puis, après le repas, avec Eric et Cathy ainsi que Brigitte et Valentin nous avons chanté car Eric a apporté sa guitare. Nous nous sommes installés sur des canapés à l’étage où se trouve le salon de massage, loin des chambres, situées plus haut dans les étages. Eric et sa compagne, Cathy ont fait partie d’un groupe, « Les Grenouilles givrées ! »

Aujourd’hui nous allons à Sukhôtai où se trouvent un bouddha et un temple très anciens. En fin de journée nous partons au nord direction Chiang Rai. Chiang signifie ville. Kong nous raconte la découverte du Mékong par un scientifique français, Henri Moureau parti à la recherche d’insectes et qui découvrit sa source en 1665. Il est mort du paludisme. Sa tombe a été découverte en 1992 au Laos. Il a ouvert l’Indochine à la France. Il est connu (en Thaïlande) pour son journal de voyage (aucune trace dans mon Petit Larousse !). Blablabla, Kong nous raconte des histoires au sujet de la Chine, de Taïwan, on s’y perd ! Blablabla, les Anglais, l’opium, l’année 1993. Puis aussi : les minorités anciennement nomades cultivaient du riz, le récoltaient, puis une fois le champ asséché semaient des grains de choux, de maïs et d’opium. Ensuite par incision elles recueillaient la sève du pavot qui était achetée par les chinois (de 1947 à 1959). Transformée en opium par cuisson avec de la graisse de cochon ( ?) elle était consommée dans les fumeries. En boulette il était chauffé dans un bol puis fumé dans une pipe. Les fumeurs restaient couchés car cette substance provoque des délires. Ils buvaient aussi beaucoup de thé. Ce commerce était non seulement autorisé mais aussi taxé par l’Etat. Il a été interdit en 1959 car sa consommation provoquait des comportements délictueux, voire même des assassinats. Il existe un livre : Les peuples du triangle d’or. Blablabla, 1960, la guerre du Vietnam. Une base US s’installe à Pattaya, en Thaïlande, haut lieu de consommation d’héroïne (elle aussi issu du pavot) et de la prostitution également. Mais en Thaïlande l’on continue à cultiver le pavot pour produire de la morphine (15 000 tonnes de pavot par an). Blablabla, Kong continue à nous parler de drogues : la marijuana ne pousse pas ici, ce qui n’empêche pas qu’il y a des consommateurs, consommation d’amphétamine, de strychnine aussi et même de cigarettes en alu faites d’un mélange d’amphétamine et d’héroïne. Ici est produite de l’ecstasy. La mafia règne… En Thaïlande la peine de mort n’a pas été abolie. Dans le film « Trois hommes et un couffin » la drogue cachée dans le couffin vient de … Thaïlande ! Il en sait bien beaucoup, le Kong, d’où les plaisanteries-questions de la part du groupe…

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

​Le sens de Sukhothai : Sukho = bonheur et thaï = aube. Nous allons voir « Le bouddha marchant » et un autre, « Le bouddha parlant ». J’ai ramassé des graines de teck, une coquille d’huître et la coquille d’un très gros escargot. Dans l’herbe poussent plein d’une sorte de trèfle, tous à quatre feuilles !

Là où se trouve « Le bouddha couché » est l’université du massage. Il y a 108 points sur le corps. La Terre est la chair (la cendre…la rizière…la terre). L’eau est le liquide, salive, urine…. Le vent est le rot et le pet. Le feu, la fièvre. Les quatre doivent s’équilibrer.

Nous mangeons dans un restaurant en plein air, à peine abrité d’un toit en bois. Des charrettes, des balancelles, des fleurs… la campagne, quoi ! Drôle, de prénom ! Sur le badge d’une serveuse est écrit « Trainee ». En France, on se fait charrier pour moins que ça dans la cour de récré ! Rectification : « trainee », en anglais signifie « stagiaire » ! Oups… désolée, je ne connais pas la langue de Shakespeare ! Une (petite) araignée dans les WC a révolutionné quelques personnes du groupe. Ici, l’eau est rare et les restrictions sont de rigueur ! La chasse d’eau ne se remplit pas trop…les mains, après un savonnage se rincent dans une bassine.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Alternance au cours de la journée de pluies fines, avec des pluies très forte et d’éclaircies ensoleillées selon les paysages traversés. Forêts et routes forestières, routes bitumées et pâturages alternent. Pause technique à la station service, puis direction Phrayao baigné par un immense lac de 39 kilomètres carrés. Kong nous raconte l’histoire du prince Itata, le futur roi. Selon la prédiction des moines à l’âge d’une semaine il perd sa mère, la reine. Il est élevé par sa tante, elle-même mariée et qui a déjà un enfant. Un jour il rencontre une personne malade, le lendemain un vieillard puis le troisième jour un mort. C’est le cycle de la vie. Il devient religieux pour échapper à ce cycle, il abandonne tout et devient ermite.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous partons visiter un village traditionnel où est cultivé le thé. Mais pourquoi quitter le car pour monter en 4X4 alors que nous empruntons une route, certes un peu sinueuse mais parfaitement goudronnée. Folklore ? Repos du chauffeur et de son aide ? Le thé de Ceylan a été découvert par les anglais. Il est chauffé dans un récipient puis séché au soleil puis au four ( ?). Nous y achetons une pipe à opium dont le brûloir, tout petit est en forme de tête de chat en porcelaine blanche, dessin bleu et le tuyau, en métal. Et aussi un bracelet brodé ainsi qu’un collier bleu. Dans ce village certaines personnes du groupe distribuent aux enfants, dans une école, peignes, savons, et autres échantillons de shampoing que Kong nous avait demandé de conserver. Moi, finalement, cela me gêne de le faire ainsi, comme on distribuerait des cacahouètes à des singes. Je me dirige vers le bureau du directeur et remets mes cadeaux à un adulte. Il saura quoi en faire. Les distribuera t-il aux enfants, à d’autres adultes ou gardera t-il tout pour lui ? Dans ce village cohabitent maisons en brique et maisons traditionnelles de bois et de paille pour le toit. A côté d’un homme qui travaille le bois je ramasse un copeau qui sent bon : du santal ?

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

​Retour au car. Kong nous distribue des bananes séchées, sucrées au miel ainsi que des galettes de riz d’abord cuit au jus de pastèque, séché, frit dans l’huile puis sucré : une spécialité de Lampam. Un pur délice ! Autre gourmandise : des sortes de bonbon de caramel au lait de coco et à la farine se présentant dans des feuilles de bananier. Et encore une autre spécialité, de Chiang Maï, cette fois, petits gâteaux de noix de cajou et meringue. Ce jour là ou un autre jour ce sera de la nougatine au lait de coco, graines de sésame et cacahouètes.

Tiens ! Une mosquée ! Preuve que tous ne sont pas bouddhistes.

Chiang Sae se trouve au bord du Mékong. Nous faisons une longue balade dans un grand bateau sur le fleuve Mékong. Un énorme insecte à carapace marron (blatte ?) loge dans l’un des gilets de sauvetage, pour la plus grande frayeur de ces dames. C’est la seule fois où Kong nous laisse nos tickets, les autres fois les organisateurs ne doivent pas pouvoir lui donner de facture, alors, pour justifier de ses dépenses, il les garde ! En face, sur l’autre rive se trouve le Laos. Nous nous y rendons. Un marché étale ses marchandises pour touristes. Contrefaçon Hermès et autres marques… et petits enfants miséreux, en loque, aux regards implorants font la manche, leur petite sœur enveloppée dans une bande de tissus portée sur les reins. Deux grands garçons font une course de billes endiablée à travers les tréteaux des commerçants. J’ai acheté deux lots de timbres (vrais ?) du Laos et de la Thaïlande pour mon père et Roland a acheté des piastres (des vraies ?). L’occasion pour lui de raconter à Hervé et à sa femme une histoire de trafic de piastres auquel aurait été mêlé Mitterrand. Finalement, nous avons fait cette « croisière » payante et non comprise dans le prix du voyage pour pas grand-chose. En revanche, ceux restés à terre ont dégusté différentes sortes de thé, savouré une fleur de cette plante et mâché une feuille délicieuse. Nous retrouvons le car un peu plus loin.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

​Plantations d’ananas, d’hévéa (dont on tire le caoutchouc) et de manioc. Les ananas sont originaires d’Amérique du sud. Ils sont arrivés en même temps que l’hévéa. En ce qui concerne l’ananas, on coupe les feuilles, puis le fruit et on le replante ainsi jusqu’à trois fois. Traversée d’un village, arrêt. Ateliers de tissage en plein air. Achat d’un foulard bleu, pour maman. Dans ce village montagnard un habitant nous parle en français. Il a appris notre langue à l’école des missionnaires. Dans un jardin, un bébé se baigne dans une bassine, attendrissant ! Puis nous montons sur une pirogue à moteur sur le Maecok. Mae voudrait dire maman. Et beaucoup de rivière porte le nom de maequelque chose, car l’eau est la mère de toute chose. Là, la balade est nettement plus intéressante et agréable, comprise, elle, dans le voyage. Un très vieux bateau amarré sert de support pour une pompe amenant l’eau d’irrigation. Beaucoup d’acacias aux fleurs roses, comme des plumets. Le triangle d’or : Birmanie, Laos et Thaïlande. Triangle aussi car il est composé de trois rivières Mae Sae, Rouak et Mékong. C’est là qu’avait (a ?) lieu le trafic d’opium. Cette drogue découverte, selon Kong, par les Egyptiens est extraite du pavot.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

​Nous retournons vers Chiang Maï. La ville de Chiang Maï, suite au mariage arrangé du prince de cette ville avec la princesse de Bangkok a été annexée et leurs habitants ont été contraints de parler la langue de Bangkok ; les livres écrits en dialecte de Chiang Maï ont été brûlés !

Apéro whisky et rhum accompagné de noix de cajou grillées, puis, petites pâtes de fruit à la banane, chacune emballée dans un sachet plastique puis dans une feuille sèche de bananier. Elles sont accolées deux par deux et forment une boule au milieu de laquelle passe une boucle en fil : une idée de cadeau, pour Noël, à accrocher dans le sapin ?! L’aide du chauffeur et bagagiste, prénommé Lip passe toujours avec un sac en plastique pour ramasser les déchets, le car est nickel chrome ! Sans compter les pauses où, avec seau et éponge il astique l’extérieur…Je ne sais pas comment s’appelle le chauffeur.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Avant d’arriver à l’hôtel nous nous sommes arrêtés sur un site touristique où se déroulent des dégustations d’ananas avec explication et démonstration de la préparation de ce fruit (enlever la peau et les yeux). Là, dans le même bâtiment un aquarium bas est installé au pied d’une banquette : les petits poissons sont chargés de nettoyer les peaux mortes des pieds des personnes qui veulent bien se prêter à ce jeu… J’y ai mis la main, à défaut du pied : c’est rigolo, ça chatouille !

Jeudi 1er novembre

Visite aux éléphants. Ils pèsent chacun environ quatre tonnes et mangent 250 kilos par jour. Un éléphant coûte le prix d’une Toyota : 6 à 700 000 baths. Leur gestation dure deux ans. Leur naissance est déclarée dans un registre. Parfois il arrive que l’éléphant soit blanc, ce qui est très rare : il est offert au roi. Le bébé, à la naissance, pèse 100 kilos et est couvert de poils. Il tète avec sa bouche. On reconnaît le mâle à une boule située sur la tête. Elle suinte quand il est en rut. Les éléphants dorment couchés. Ils ont été utilisés pendant la guerre par la cité d’Ayutthaya contre l’occupation birmane. Ils transportaient aussi les troncs de teck. Ce sont les anglais qui ont commencé à les exploiter. Les éléphanteaux sont séparés de leur mère à l’âge de trois ans et commencent à être dressé. Cette séparation est faite avec l’aide d’un chaman, ça aide ! Ils commencent à travailler à l’âge de 11 ans jusqu’à 25 ans. Ils ne travaillent que le matin. L’après midi, ils se débrouillent seuls pour manger dans la nature. Ensuite, de 26 à 46 ans ils continuent à travailler mais de manière moins pénible. Ils prennent ensuite leur retraite : ils sont relâchés dans la nature. Si le cornac meurt avant l’éléphant, il appartient à ses héritiers.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous montons sur le dos d’un éléphant à partir d’une plateforme. Malade ? Vieux ? Handicapé ? Têtu ? Le notre n’avance pas et nous nous faisons peu à peu doubler par tous les autres, y compris ceux d’un autre groupe ! Un peu peur dans le sentier qui mène à la rivière, très pentu alors qu’à côté, un autre chemin est plus accessible… Je me crispe sur les barres, car sinon nous glissons, Roland et moi. Dans la rivière notre cornac lui donne des coups avec ses pieds sur les oreilles. Nous cheminons très lentement… Alors, après la rivière, notre cornac descend et l’encourage à avancer en tapant le sol, les branchages à ses côtés. Plusieurs plateformes se succèdent le long du parcours où nous « devons » payer quelques baths en échange de quoi notre éléphant reçoit à manger : des tronçons de canne à sucre ou des bananes. Il ne se précipite pas pour autant ! Nous avons pris un raccourci et nous rattrapons ainsi notre groupe.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Spectacle des éléphants : les petits font les « clowns », grimpant sur les barres, couinant comme un jouet en s’agenouillant brusquement, tandis que les grands tirent des troncs attachés à des chaînes ; ils coordonnent leurs efforts et à deux, poussent avec leur trompe les troncs sur des barres. Puis c’est le clou : les éléphants dessinent. J’avais vu une vidéo et je n’y croyais qu’à moitié. Mais c’est vrai ! Par contre, étrangement, le cornac est dissimulé derrière l’éléphant tout le temps où il peint. Que s’y passe t-il : lui donne t-il des ordres, exerce t-il des petites poussées sur sa patte ? Toujours est-il que la trompe qui tient le pinceau est sûre, le trait ferme et sans hésitation. La couleur est choisie par le maître.

Des hommes jettent le caca d’éléphant à coup de pelletées dans la remorque d’un camion. Constitué exclusivement de végétaux, il est recueilli puis lavé, pressé comme dans nos moulins pour en faire du papier ! Rien ne se perd ! Tout est bon dans l’cochon et tout se récupère dans l’éléphant. Avec sa peau des sacs sont confectionnés. Leurs dessins sont vendus (cher !).

J’ai enfin trouvé Kong pour lui demander d’interroger le cornac au sujet de notre monture. Il rechigne (Kong) en me disant que les cornacs font des circuits et qu’il a déjà du partir. Mais il est tellement lent qu’il est encore là ! Explication : notre éléphant est vieux.

http: // http: //www.dailymotion.com/video/x4wbv9_elephant-peintre-Bravo-L-artiste_animals

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Suite du circuit. Nous passons à côté d’une plantation d’œillets… d’Inde. Puis de rizières. Il existe 300 sortes de riz. Il est consommé depuis 3000 ans par les êtres humains. Les hommes préhistoriques le connaissaient. On le sème trois fois par an. Il s’écoule entre 3 à 5 mois entre la plantation et la récolte. La terre est labourée par des buffle, et aujourd’hui souvent par des tracteurs. Pour les grandes surfaces, déjà germé, il est semé à la volée dans la boue. Ou bien semé, on le laisse ensuite germer dans les rizières de plus petite surface. La terre est moins boueuse que dans l’autre système. Il est ensuite repiqué. Il existe des machines à repiquer. Quand le travail est fait à la main, les paysans le font deux à trois brins à la fois et à reculons.

Les minorités sèment en bouquet et seulement à la saison des pluies. Le paysan fait un trou dans la terre et y met deux ou trois grains. Quand il germe c’est l’occasion d’une cérémonie. Le riz est « enceinte » comme une femme. Quand il est doré on enlève alors l’eau de la rizière. Le riz est battu, puis engrangé dans un grenier. Il est décortiqué à la main, au pied ou à la machine puis vanné au vent.

Nous nous arrêtons dans une serre où sont cultivées des orchidées, toutes plus colorées les unes que les autres, aux formes, taille et port différents. Impossible de toutes les photographier tant elles sont nombreuses. Nous en achetons. Elles se vendent dans des bouteilles en verre dont le fond est rempli de gélatine et les racines plongent dans ce gel. Un mode d’emploi est donné avec ainsi qu’un engrais. Casser la bouteille dans un seau d’eau en arrivant et mettre les orchidées dans un récipient adapté rempli de fibres de coco ou de charbon de bois afin d’absorber l’humidité.

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Puis nous passons au fond de cette grande bâtisse où se déroule une démonstration de spécialités de la cuisine thaï : la soupe à la citronnelle. Les ingrédients sont variés : citronnelle, bien sûr, coriandre fraîche, calenga (calenka ?), feuilles de bergamote ou feuilles de citronnelle, tomates cerises, oignons, champignons (pleurotes). Le tout coupé dans un grand bol. Verser dans de l’eau bouillante. A la fin ajouter des gambas crues (ou bien de la viande en fines lanières) et au dernier moment le niocman. Nouilles sautées façon thaï : tous les restes de la maison, des œufs, des oignons crus, du tofu de soja, navets, cacahouètes pilées, sauce tamari (jus tamarin et lait de coco), de l’eau, des restes de pâtes et à la fin, divers légumes crus coupés fin.

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Nous repartons en car pour des visites qui n’ont rien de touristiques mais davantage du commerce ! Il faut bien que le guide gagne de la gratte, sinon, son métier n’est pas intéressant, financièrement parlant ! Pendant que le groupe entre dans une joaillerie, je fais la sieste dans le car. Puis un atelier où l’on travaille la laque. C’est la résine noire d’un arbre, le laquier. Huit couches sont appliquées ! Elles sèchent en une semaine. Parfois y est incrustée de la feuille d’or ou des débris de coquilles d’œuf. Puis encore dans un magasin de soieries. Pour « faire bien » présentation et explications sont données avant l’entrée dans la boutique proprement dite (caution touristico-culturelle à nos achats). Les cocons sont ébouillantés pour en dérouler le fil. Une vieille femme tisse sur un métier traditionnel juchée sur une estrade. Dans le magasin l’obséquiosité dégoulinante d’une vendeuse me poursuivant de ses propositions de chemisier, écharpe et autre robe dès que mon regard ou ma main se porte sur un portant m’agace au plus haut point ! Moi, ce que j’aime c’est toucher, caresser, palper, frôler ces étoffes soyeuses et sensuelles. Leurs nuances colorées, leurs reflets mordorés. « Vous voulez essayer ? C’est bien, vous savez ? ». Je joue à cache-cache avec elle. Je passe vite de rayon en rayon jusqu’à ne plus la voir. Finalement je m’adresserais à une autre vendeuse afin qu’elle me coupe un morceau de soie blanche dont Marinette, ma belle-mère me fera un beau chemisier car rien ne me convient ici, aucune forme non plus. Même dans les catalogues mis à disposition des clients.

Possibilité est donnée à ceux/celles qui le souhaitent de se faire faire un vêtement sur-mesure. Deux hommes du groupe ont donc décidé de se faire tailler un costard.

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Ce soir, c’est le grand jeu ! Kong jubile, moi, bof ! Ceux qui ont payé le supplément (après tout, pourquoi ne pas essayer ?!) montent dans un tuktuk, sorte de mobylette à trois roues avec banquette à l’arrière. Nous sommes au ras du sol, et nous nous en rendrons vite compte ! Et le clou de l’animation c’est que notre groupe est escorté par deux vrais ( ??) flics de la police municipale, avec gyrophare bleu qui font des allers retours, fiers comme Artaban juchés sur leur moto. Un peu pitoyable… Au ras du sol, et donc de la circulation et donc aussi, par conséquent, au ras des pots d’échappement. Ils ne sont pas aux normes européennes ! Ça crache noir… Et ces flics d’opérette, soit ils sont vraiment de la police municipale (nationale ?) et alors… que fait la police !!! Car nous les payons (grassement) et eux utilisent leurs uniformes, et surtout leur matériel ! Reversent-ils une partie de leurs recettes à la mairie ? Gardent-ils tout pour eux ? Bref ! De la blague tout ça…

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012
Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous visitons ensuite le temple d’où provient « Le bouddha d’émeraude », en fait de jade couleur émeraude. A l’origine il était couvert de stuc. Le temple un jour s’est écroulé, un bonze a trouvé une statue dans les gravats. Un morceau de stuc manquait à la hauteur du nez, le bonze a vu qu’il était vert et l’a apporté à son maître. Le bouddha a alors été dégagé du stuc qui l’entourait. Juste à côté de ce temple se trouve un laquier, arbre immense !

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Nous allons ensuite au marché. J’y achète des galettes de riz, des bananes séchées mais moelleuses et des bonbons de banane entourés de feuilles, comme ceux que Kong nous a fait goûté. Puis nous arrivons au restaurant pour touristes où a lieu un spectacle de danses traditionnelles. Et pendant que nous déambulions et baguenaudions dans le marché l’un d’entre nous s’est fait « attrapé » par la couturière qui lui a fait essayé des morceaux de la veste en cours de confection. La ville n’est pas immense, un groupe de touristes est repérable ; est-elle habituée aux circuits empruntés dans les dédales des étals ? Le portable de Kong n’est sans doute pas étranger à ses étranges pratiques commerciales !

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Vendredi 2 novembre

Il a fallut se déchausser pour entrer dans le resto d’ hier soir. Et pour aller aux toilettes des chaussons étaient disposés à l’entrée, tout doux comme de vrais chaussons. Après avoir bu un thaï maï servi dans un ananas pas spécialement petit (…°) ! Nous étions bien gais [Je dénonce : Eric et Cathy, Jean-Paul et sa femme, Valérie, Gérald, Roland et moi… !]. Puis certains d’entre nous l’ont découpé car il restait encore pas mal de pulpe. Gérald était à côté de moi, et nous riions tellement, il était tellement gai (ivre ?) qu’à un moment il m’a longuement serré dans ses bras en me frottant le dos à de nombreuses reprises. Nous sommes pris en en photo par les employés. Hervé en achète une : le cadre est entouré d’une moumoute… très kitch, rose et bleue ! Nous n’avons pas tellement regardé les danseurs et les danseuses. Ce sont des danses de la région de Chian Maï, ville dont est originaire Kong ;

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Ce matin nous sommes monté en car au dessus de la ville pour visiter un dernier temple. Des cyclos ahanaient pour grimper la côte. C’est la première fois que j’en vois autant à la fois et surtout qui en font pour leur plaisir, habillés en cyclos. Puis certains d’entre nous ont pris le funiculaire. De la même manière qu’il faut se déchausser dans chaque temple, dans le resto d’hier, eh bien là aussi, dans les toilettes du temple obligation était faite de se déchausser, en échange de quoi une paire de claquettes était mise à notre disposition. Le sol, en cours de lavage est inondé. Lors de la visite d’un autre temple la consigne, à l’entrée des toilettes était de mettre des sandalettes mais j’avais gardé mes chaussures.

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Dans le temple sur la colline dominant Chiang Maï Monica et Cali (diminutif de Carloggera, sicilienne, comme Charles, le beau-frère dont le vrai prénom est Carloggero) ont acheté un lotus et des tiges pour faire une offrande aux dieux. Ici il y a sept bouddhas, un pour chaque jour de la semaine, plus deux pour les années bissextiles. Celui qui a la main devant lui, à plat, au bout de son bras étendu demande d’arrêter les disputes. Celui qui est couché a atteint le nirvâna. Celui qui a les deux bras croisés sur la poitrine est celui qui a atteint la sagesse. Etc… Nous descendons à pied les 300 marches. Puis nous partons visiter une fabrique d’objets en cuir et une autre d’objets en bronze. Dans le car on nous passe le DVD tourné pendant la visite aux éléphants et aux orchidées. A la descente du car le vendeur, bien sûr, nous en propose l’achat.

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Dans le car et afin de nous faire gagner du temps à l’aéroport, pour l’enregistrement, Kong propose de nous emprunter nos passeports… qu’il nous rendra demain matin à l’aéroport. « C’est mon ami Momo et sa femme qui s’en occuperont, ils ont bien l’habitude ! ». L’angoisse de Brigitte crevait les yeux. Alors que, tout le monde, serein, confiait son document officiel, elle a dit « Non, on verra demain matin » et a tenu bon. Ses yeux étaient écarquillés et ses arguments ont convaincus deux autres personnes : « Je ne sais pas si, cette nuit, mon passeport et celui de mes fils ne vont pas être dupliqués pour ensuite être réutilisés à des fins malhonnêtes, forcément malhonnêtes ! ». Bon ! Par ailleurs Kong propose aussi de confier le linge de ceux qui le souhaitent, dans des sacs nominatifs, à une personne qu’il connaît très bien (« mon ami Momo ») et qui se chargera de le ramener, tout propre avant le départ le lendemain. Une pratique bien rôdée d’après lui. Un sac en plastique est remis à chacun d’entre nous. Une autre façon de gagner un peu d’argent.

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Dans l’aéroport nous mangeons les plateaux repas qu’une personne nous a donné à notre descente du car. Belle coordination ! Quatre sièges sont réservés aux moines et aux prêtres. Nous étions assis dessus, ils étaient inoccupés, et pour cause ! Un employé de l’aéroport nous fait gentiment dégager : un moine arrive, bonnet de lutin, robe pourpre ceinturée de safran, écharpe dorée et… téléphone portable à la main (on n’échappe pas à la civilisation !) C’est seul, le premier et prioritaire sur tous qu’il monte dans l’avion. Les moines ne paient pas les tuktuk. Et l’avion ?

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Puis nous allons prendre l’avion. Je suis assise à côté de deux Thaïs, très silencieux, même pas un « bonjour ! ». L’un dort, l’autre lit son journal. Ça fait du bien de ne plus entendre la voix de Kong pendant un trajet. Reposant ! Les discours qu’il tient sont intéressants mais sa voix est soporifique ou bien c’est nous qui sommes fatigués. Et jamais je ne retiendrais la foule d’informations qu’il délivre, les dates, les relations entre la Thaïlande et les pays qui l’environnent, l’histoire de Bouddha, ses incarnations successives… A-t-il vraiment vécu ? (Et Jésus ?). Quand est-il vraiment né ? Mort ? Combien de fois s’est-il réincarné ?

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C’est à noter : hier notre avion avait de l’avance par rapport à l’horaire annoncé quand il a atterri à Phuket ! Notre minibus a ainsi évité les embouteillages. Cette bande côtière dont les habitations et les bâtiments avaient été balayés par le tsunami a entièrement été reconstruite ! Il n’y paraît plus ! Notre hôtel est au tout au bout d’une bande de terre si étroite que notre véhicule doit passer sous un hôtel pour poursuivre sa route ! Le passage est très bas de plafond et j’ai bien cru que notre chauffeur se fourvoyait puisque nous nous rendons dans un village de bungalow (promis par la brochure) mais il connaît la route. Puis elle se poursuit, très étroite, ne laissant la place qu’à un véhicule à la fois ! Ce qui n’est pas le cas du chauffeur d’un autre minibus. C’est le chauffeur d’un troisième minibus qui l’a finalement guidé, lui téléphonant, s’arrêtant pour l’attendre, puis redémarrait. Et Monika trouva là l’occasion de montrer son fort caractère, exigeant du chauffeur qu’il fournisse des explications à ses multiples arrêts et départs, ses errements, … jusqu’à ce qu’il lui passe, énervé, son boss au téléphone ! Ce n’est pas lui, qui est perdu, c’est l’autre chauffeur ! Les chauffeurs des deux véhicules arrivés après nous ont du s’y reprendre à deux fois pour repartir, à vide, tellement le pourcentage de la pente est élevé !

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Pendant le trajet Valérie nous a expliqué, à Isabelle et à moi en quoi consiste son travail de psychomotricienne. Très vivant et intéressant !

Notre chambre est très belle ! Située dans une maison en bois, sur pilotis, l’intérieur est tout en bois ! Les portes sont elles aussi en bois. Le plafond est couvert des dalles de paille tressée. La salle de bain n’est pas très grande mais bien agréable tout de même ! A nos pieds, la piscine, un peu plus loin, en bas, la mer. On a vu pire, comme situation ! J’y cours, à la mer. Oh ! Une étoile de mer bleue ! La mer est chaude, le sable, ouille ! brûlant. Et la plage, petite. Rinçage à la douche et piscine ! Puis nous avons rendez-vous, Roland et moi avec David, le propriétaire d’un club de plongée. C’est Eric, le copain handi de Saint-Etienne qui vient plonger avec nous à l’étranger lors des voyages organisés par Vienne Plongée qui nous l’a indiqué. Pointure, taille, niveau, assurance, signature de documents. Nous avons rendez-vous demain matin.

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Nous allons prendre l’apéro sur la terrasse de Michel et Mathéo. Leur maison ressemble à un cube de béton, très vaste, haut de plafond, modern et très design. Michel ne peut s’empêcher de faire le pitre. Il fait un striptease avec son nouveau costard, tout content de nous expliquer comment la jolie couturière lui a couru après dans le marché pour le lui faire essayer. Il fait partie d’une association, la ligue de l’improvisation et est donc très à l’aise sur scène ! Il y a des éclairs, c’est beau ! Nous dominons la mer et les brusques illuminations nous révèlent le paysage.

Nous allons ensuite dans le bungalow salle à manger, lui aussi sur pilotis. Le repas est plutôt simple par rapport à tous les restaurants où nous avons déjà mangé. Puis dodo.

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Samedi 3 novembre

Cette nuit, orage. Petit déjeuner à la salle à manger après une grasse matinée… jusqu’à 7 heures au lieu des 6h30 habituels… ! Même s’il est prévu que nous déjeunions dans le bateau. Camille, la jeune femme qui vient avec nous se fait attendre ! Elle arrive. Nous partons chercher d’autres plongeurs dans d’autres hôtels avec le taxi. Trois anglais (irlandais ? Ecossais ?) et deux japonais puis nous arrivons dans la baie (le port) de Chalong. Mais comme le bateau est au bout d’une longue jetée… on y va en minibus, sorte de camion 4x4 ouvert de tout côté.

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J’espère pouvoir voir requins, murènes, hippocampes ! Notre chef de palanquée s’appelle Yann. Il est français. Il équipe ma bouteille et va me chercher des plombs supplémentaires en plus des cinq kilos que j’avais déjà prévu afin de m’aider à faire mon palier.

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Dans ce gros bateau plusieurs clubs sont réunis. Une grande salle avec des tables et des bancs. Plusieurs nationalités, les chefs de palanquée sont souvent du même pays d’origine que les plongeurs qu’ils accompagnent. Une famille avec des enfants plongeurs d’environ huit ans, pas plus. Les gosses ont l’air complètement crevé ! Traits tirés, yeux cernés, rouges.

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Nous naviguons sur la mer d’Andaman. Première plongée. Mise à l’eau. Tout va bien, l’eau est bonne. Mais tout à coup, un truc énorme, un plongeur ? Une bouteille ? Un rocher ? tombe sur ma bouteille. Impression que ma poitrine a aussi reçu un énorme choc. Je fais signe à mon chef de palanquée en me tapant la tête avec mon poing fermé pour lui signifier que j’ai reçu un choc. Il ne semble pas comprendre. Il croit peut-être que c’est à la tête que j’ai été touchée. Roland et Yann s’affairent derrière moi, autour de mon bloc, mon détendeur, c’est là qu’il y a un problème. Nous remontons. Eux ont entendu une explosion et ont vu de l’air fuser au niveau du tuyau reliant ma bouteille et mon manomètre.

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Je remonte sur le bateau avec Yann. Une personne déséquipe ma bouteille et en rééquipe une autre. Nous sautons à l’eau. Roland et Camille y étaient restés. Et nous redescendons. Mon oreille gauche « passe » mal, puis ça va. Puis à nouveau plus du tout. Une douleur entre l’oreille et la gorge ; des sensations bizarres de gratouillement mêlées de brûlure, ainsi que des bruits semblables à des gargouillements entre l’oreille et la gorge, toujours. Je me pince le nez, manœuvre de Valsalva (se pincer le nez et faire semblant de se moucher), ça « passe » un peu. Je me mouche, bon, on continue. Je ne dis rien. Mais la douleur est là, vraiment là et je le dis à Roland en agitant la main à plat devant lui de droite à gauche, signe, en plongée qui signifie que ça ne va pas e en lui montrant mon oreille. Je remonte, ça semble « passer » un peu. L’eau est à 29°C, il y a plein de gorgones et aussi des coraux comme des branches blanches, sans embranchement, très longs. On continue mais ça ne « passe » pas même si je ne redescends pas. Nous nageons tous deux au dessus de Camille et de Yann. Vraiment mal, envie et besoin de remonter. Yann fait signe à Camille de remonter. Nous remontons tous à la surface. La plongée est finie. Puis, au sec, sur le bateau, sensation d’oreille bouchée ; d’entendre à travers de la ouate, sons très atténués. J’essaie la manœuvre de Valsalva. Aïe ! Quand je rote un peu, aïe ! Je me rince l’oreille gauche à l’eau douce (il y a des douches dans les WC du bateau), aïe aïe aïe ! Bon, il y a un problème, c’est sûr ! Tout le monde est remonté, le bateau avance. Tout le long de la croisière, thé, café, gâteaux sont à disposition.

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C’est l’heure de manger. Riz nature, légumes, pommes de terre très épicées, viande en sauce. Eau plate, pétillante, thé et café à volonté. Pendant ce temps le bateau poursuit sa navigation. La corne sonne, il est temps de s’équiper. Les moustiques ne sont pas très virulents, ici !

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Deuxième plongée, je ne suis pas les autres, évidement, après cet accident ! Mais Yann me confie à un monsieur ( ?) quand je lui dis que je veux faire du PMT (Palme/ Masque / Tuba). Mais finalement il s’occupe d’un groupe de femmes russes, accrochées toutes ensembles à une bouée, telles les branches d’une étoile de mer géante ; toutes équipées de masque.

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Nous somme à l’île de Koh Phi Phi Lee, à Palong Wall. Nous ne sommes pas loin de l’île où a été tourné le film La plage. Je mets la tête sous l’eau et vois des requins pointe noire. AÏE ! L’eau qui rentre dans mon oreille gauche me donne la sensation d’une lame pénétrant l’oreille jusqu’au cerveau. Mais… les requins à pointe noire frôlant le fond sableux ! C’est la première fois de ma vie que je vois ainsi plusieurs requins, pas si loin de moi, finalement, qui flotte à la surface. Je vois aussi un poisson crocodile et un needle (poisson aiguille). M. !!! Je remets la tête sous l’eau, c’est trop tentant, cette vision magique ! AÏE ! La douleur est à la limite du soutenable, et M. !!!Je dois m’y résoudre, c’est fini pour moi, j’essaie de nager jusqu’à une plage et un passage au pied de la falaise et qui débouche de l’autre côté, sur l’île vu quand nous sommes passés devant en bateau. Sous cette voûte rocheuse, une corde pend, comme pour un jeu. Vision d’enfance, d’île au trésor, de Robinson Crusöe… mais c’est plus loin que ce que je crois. Je nage en direction du bateau, l’appelant avec le signe conventionnel (les bras en l’air, se rejoignant parles mains et formant un rond). Il vient me chercher, trop lentement à mon goût ! Les exercices en piscine, avec Vienne Plongée, aujourd’hui me sont profitables : palmer lentement pour pouvoir rester en surface…

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Tout le monde est à bord. Mes équipiers me demandent comment je vais… je leur raconte. Je suis bonne pour aller chez le médecin dès notre débarquement ! Et que c’est t-il passé, vraiment avec mon équipement ? Qui est responsable ? Yann ? D’où vient le tuyau ? Qui le fournit ? Le bateau ?

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Camille a vue une tortue mais pas les requins, moi si, c’est toujours une consolation… Il pleut. Yann nous parle de sa vie, de sa maison. Dans sa chambre il y a une grande baie vitrée équipée de rideaux tout à fait opaques. Et hier soir, malgré l’opacité des rideaux il a vu une luminosité très vive et immédiatement après a entendu le tonnerre. Le modem de l’ordinateur sur lequel il travaillait a… grillé ! Il a vécu en Chine, où il a connu sa femme, une chinoise et où il eu deux enfants. Il exportait vers l’Europe des tableaux d’artistes avec qui il est en contact direct (il fait faire les tableaux puis rémunère lui-même les peintres). Il habite à Phuket mais poursuit ce travail en plus de celui de propriétaire de club de plongée. Il vit en Thaïlande depuis un an et demi. Ses enfants (6 et 8 ans) parlent chinois et anglais, pas encore français… Ils sont scolarisés dans une école internationale.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

La sensation bizarre que je ressens depuis le début du séjour, à l’angle de mon sourcil gauche n’a pas cessé depuis mon accident de plongée. Y aurait-il un lien de cause à effet ? Quel lien entre ce tuyau qui a explosé et ma douleur à l’oreille ? Si j’avais eu mal tout de suite après… mais non, même pas ! Yann dit que c’est le stress qui a suivi qui fait que j’ai contracté très fort mes muscles à cet endroit et ce qui fait que je n’ai pas pu faire « passer » mes oreilles…et qui a eu pour conséquence une moins bonne circulation de l’air entre ma gorge et mon oreille ??? Volonté de minimiser sa responsabilité dans mon accident de plongée ? Tout est imaginable, tout est envisageable. N’empêche que maintenant mon oreille est dans le « brouillard » le plus complet. Je dois aller voir un médecin à ma descente du bateau, j’en suis maintenant convaincue ! Il me donne l’adresse et le nom de son médecin de famille, celui qui soigne ses enfants, un bon médecin ! J’espère que ce n’est rien et que l’ibuprofène (anti-inflammatoire et antidouleur) suffira, comme il le pense ! Le tympan est-il touché ? Il peut se réparer, cicatriser.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

J’ai demandé à voir ce tuyau à plusieurs reprises mais Yann est resté très évasif, « C’est là, au milieu… ». J’aimerais aussi savoir si c’est le matériel de son club ou celui du bateau ! Comment, au milieu de ce fatras reconnaissent-ils leurs « petits » ?

Il pleut pas mal quand nous débarquons. Yann a appelé un taxi en lui donnant l’adresse de son toubib, le docteur Thi Thi. Il s’est aussi assuré que Camille avait bien intégré le taxi qui la ramène à l’hôtel. Le cabinet du docteur Thi Thi, fermé ! Le taxi nous emmène dans une autre clinique : fermée aussi ! Nous réalisons que nous sommes dimanche ! Et c’est à l’hôpital que nous arrivons finalement. Kong nous avait bien dit que le système de santé est si performant en Thaïlande que l’on vient de l’étranger pour se faire soigner… Norme iso 9000 je ne sais quoi. Il n’a pas menti : personnel nombreux, télés dans la salle d’attente très bien agencée, propre, délai d’attente très court, délivrance de médoc immédiat et en plus ils appellent un taxi que l’on règle à l’hôpital! A la télé passe un dessin animé avec des petits bonzes et leurs petits bols d’offrande. Dans l’hôpital, distributeur de boissons et de nourritures et même des boutiques ! L’une d’elle est encore ouverte. En attendant le taxi nous achetons à manger. J’ai vu une dame dans la salle d’attente boire une soupe instantanée fumante. Il y en a sur les étagères, j’en prends une et y verse de l’eau bouillante car il y a même une bouilloire à disposition ! Pas mauvais ! Il ne manque même pas l’autel pour prier dans la salle d’attente ! Il se justifie pleinement… Que d’espoirs lui ont été confiés, que de désespoirs a-t-on du lui reprocher !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Arrivés à l’hôtel les autres sont encore à table. Et ça hurle, et ça chante ! Chacun son tour sa chanson régionale. Avec Brigitte nous entonnons la chanson des canuts.

Comme Camille ne leur a rien dit… personne n’est au courant de mon accident. C’est moi qui le leur dis.

Le cri du gecko ressemble au bruit d’un bisou, un bruit très aigu ! Dans une maison, c’est un porte-bonheur mais, gare ! S’il tombe devant toi avant de quitter ta maison c’est un mauvais présage.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Dimanche 4 novembe

Rêve de cette nuit : poursuite d’un innocent par un tueur armé d’un pistolet. Il lui tire dessus une première fois en touchant le front, puis, comme il n’est pas mort et s’enfuit, il le traque et l’abat d’une balle en pleine poitrine, devant nous, dont un petit enfant (quatre ou cinq ans). Bizarre, en me réveillant douleur à l’oreille (tête) et à la poitrine (choc du tuyau qui a explosé, ressenti comme une explosion dans la poitrine). J’ai mal, une douleur aigüe selon la position de la tête.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Ce matin et aujourd’hui toute la journée : plage ! Sans mettre la tête sous l’eau, bien sûr… barbotage dans la mer et papotage sur la plage et au resto où nous avons très bien mangé pour pas très cher. Puis à nouveau papotage sur la plage puis massage du corps et du visage.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Entre autres papotages, Dominique m’a expliqué son travail de photographe. Il travaille régulièrement pour les éditions Fleurus qui éditent des livres de créativité manuelle. Les étapes sont photographiées (déguisement, maquillage). Les enfants ne sont pas payés mais reçoivent des livres en cadeau, ce sont souvent les enfants des salariés ou des amis des salariés, voire du photographe. Sinon, c’est compliqué (et cher !) de les déclarer à la DDASS. Il réalise aussi des reportages pour les entreprises, pour la com. interne ou le marketing.

Sur la plage un vendeur ambulant de lanternes chinoises : une bougie allumée lui permet de s’envoler haut dans le ciel. Selon leur forme et leur couleur, elles sont souvent prises pour des OVNI !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Je suis allée à la plage en groupe, avec la navette de l’hôtel et je suis revenue seule, à pied et pied nu ! Des mecs européens (certains, assez vieux) sur leur scooter avec, derrière eux, la petite thaïlandaise qu’ils se « payent ».

Ce soir les grenouilles et les grillons ( ?) font retentir leurs chants dissonants et assourdissants ! La même grenouille que celle qui a fait fuir Camille quand elle l’a vue posée sur le papier toilette des WC en face de la réception ?

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Lundi 5 novembre

Hier soir nous avons fait une virée à Palong. Rues et quartiers chauds, très chauds même ! Où sont les préceptes bouddhistes ?

Putes à tous les étages, putes se trémoussant le popotin peu habillées face à une barre verticale aux rythmes langoureux ou trépidants d’une musique moderne devant un public (et pas seulement) masculin émoustillé par cette vision. Quel âge ont-elles ? Toutes majeures ? Hum…

Drag Queens se faisant photographier, mains au sein par de jeunes touristes européennes.

Pauvres petits lémuriens aux yeux immenses ouverts sur ce pauvre monde (ils ne doivent pas vivre longtemps, tripotés par toutes ces mains !) ou énormes iguanes juchés sur l’épaule de son propriétaire. Il faut payer pour se faire photographier avec ces animaux, sans doute unique moyen de subsistance de leur maître.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Nous cherchons le pub irlandais dans lequel nous avons rendez-vous, organisé par Camille. Nous entrons dans le premier, ce n’est pas le bon. Dommage : les chanteuses thaïlandaises chantent vraiment bien ! Le nom du pub est écrit sur un papier. Je découvre que Camille a (que nous avons) rendez-vous avec David, le propriétaire du club de plongée, aux beaux yeux bleus. Deux enfants, une femme. Nous le retrouvons dans l’autre pub. Un chanteur à guitare et violon anime la soirée. Il nous dit que dans l’autre pub ce ne sont pas des Thaïlandaises qui chantent mais des Philippines. Nous sortons et laissons Camille avec David.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Bordels, bars à putes. Les garçons de notre petit groupe égarés au milieu de la foule se voient abordés par une nuée de vendeurs de toutes sortes : partie de ping-pong et autres joyeusetés ! Ping pong ? Deux femmes s’envoient une balle et la « crache » par le vagin ! Nous observons aussi de l’autre côté de la rue piétonne un bien vieux monsieur à un bar, assis sur une chaise, attablé avec une jeune (bien jeune thaïlandaise) sur les genoux, puis une autre vient papillonner autour de lui, lui vider les bourses au sens propre (sale) et figuré.. Révoltant, dégueulasse !

Dans la rue déambulent des jeunes femmes russes grandes et blondes et, au cas où nous aurions la comprenette difficile elles portent une pancarte autour du cou : « Russian girl » ou quelque chose d’approchant.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Valérie, dans un bar, s’est vue aguichée par des femmes thaïs et deux hommes européens. « Ils font ça à combien ? » Nous demande t-elle, outrée ! En comparaison, le bar irlandais fait figure de havre, même si deux ou trois putes thaïs y rient à gorge déployée, histoire de se faire remarquer, dans la fureur du son qui oblige tous les clients à hausser la voix pour se faire entendre.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Mes oreilles ? Roland veut m’acheter un médicament à base d’huile pour les cicatriser et entre dans une pharmacie du quartier, ouverte au milieu de cette foule, même tard la nuit. Ils ne connaissent pas. Par contre Viagra®, testostérone fleurissent sur les étals.

Même Burger King® s’y met : des filles dansent lascivement devant le fast food pour attirer le chaland…

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Sur le chemin du retour (sans Camille) nous voyons un homme dans un ravin, inanimé, victime d’accident avec son scooter, complètement ivre mort. Un couple d’étrangers (des russes) nous dit qu’ils ne savent pas quoi faire ne parlant ni anglais ni thaï ! Ils attendaient qu’un véhicule passe. Nous aussi, dans un pays étranger comme ici, qu’aurions nous fait ? Ils voulaient le sortir du fossé. Surtout ne pas manipuler une personne inanimée après un tel accident ! Notre chauffeur appelle une ambulance. Michel dégage le scooter du milieu de la route et le met dans le fossé, à côté de l’homme. Le couple reste auprès de lui. L’homme, au moment de notre départ bouge un peu, veut se relever, s’assoit puis retombe, la tête sur la terre.

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Lundi 6 novembre

Camille nous explique qu’elle est passée environ une heure après et que les secours venaient à peine d’arriver sans lampe torche, avec pour seul éclairage la lumière des phares du tuktuk !

Après les femmes de mauvaise vie d’hier soir, dans l’avion, ici, des êtres (femmes arabes) entièrement voilés dont on ne voit qu’à peine les yeux, avec des enfants. Notre première escale avant Paris est Oman.

Certains ont encore les pieds en vacances : ils ont gardé leurs tongs !

Voyage en Thaïlande du 26 octobre au 6 novembre 2012

Animaux:

Oiseaux, varan, carpes voraces, limule,

Enorme carpe vorace

Enorme carpe vorace

Echassier

Echassier

Limule

Limule

Singe des villes

Singe des villes

Petit oiseau

Petit oiseau

Chien des temples

Chien des temples

Mignonnes limaces rose

Mignonnes limaces rose

Escargot géant

Escargot géant

bête à cornes

bête à cornes

Vers de bambou, comestibles

Vers de bambou, comestibles

carpes d'agrément

carpes d'agrément

Cochon noir

Cochon noir

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journaux de voyages

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Publié le 27 Mai 2014

Notre jardin
Notre jardin

Samedi 8 mars

Nous sommes levés depuis ce matin, 5 heures. Il est 23h30 (heure française. 15h30 heure martiniquaise) et nous sommes dans un gîte tout ce qu’il y a de simple. A cinq minutes de la mer, près du village de Sainte-Luce, au sud-est de la Martinique.

Nos voisines
Nos voisines

Voiture. TGV. Taxi. Avion. Voiture de location.

Bêlement de chèvres et de moutons, meuglement d’une vache, gloussement des poules, aboiement d’un chien, cris et pleurs d’un enfant. Cocorico du coq. Pas de doute, nous sommes à la campagne Sur la route, en bas du jardin circulent des voitures ; plus loin, une route, plus passagère. Les moustiques. Des chauves-souris. La nuit tombe vite, ici. Vers six heures du soir. Des bruits nocturnes, maintenant que bêtes et enfant se sont tus. Les voisins viennent d’arriver, la télévision est allumée sur un match de foot. Des insectes ou des grenouilles grésillent dans le bois et la rivière environnants. Un insecte ou une grenouille, plus près, se fait entendre, bruit de crécelle. Je suis assise sur la terrasse, jambes en l’air pour améliorer la circulation, les pieds gonflés par dix heures d’avion.

Une guirlande clignote sous l’abri-terrasse.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Nous avons été accueillis par un père et sa fille, la mère est arrivée ensuite. Le gîte est sommaire et fonctionnel. Une terrasse agrémentée d’une table ronde de bar, en marbre, et ses deux chaises de jardin en plastique ainsi que d’un étendage « fait- maison » en bois et cordes. Dedans, un coin cuisine dans le renfoncement, à gauche en entrant dans une grande pièce cuisine/salle à manger/salon. Une télévision est fixée en hauteur, sur une tablette. Une table, quatre chaises. Une table basse et deux fauteuils bas de jardin en plastique, une étagère faite maison où est disposée de la documentation sur l’île. Un lit une place, le long du mur. Nous y posons nos sacs et nos valises. Face à l’entrée, la salle de bain, lavabo et douche, une table. Juste avant, à droite, les WC. En face, la chambre. Un lit et sa moustiquaire, une armoire, une étagère faite maison, et de l’autre côté une table de nuit et sa lampe de chevet. Derrière la porte, une table à repasser. Point de clim mais des fenêtres et une porte ajourée par des volets mobiles laissant passer l’air. Juste un ventilateur, si l’on veut. Pas de gaz de ville. Mais quand même l’eau courante et l’électricité !

Calebasses
Calebasses

La déco : une énorme coquille de lambi sur la table basse de la salle, un bouquet sec, fait de palme et de plantes juste au dessus, un tableau et, sur le plan de travail de la cuisinière, deux magnifiques fleurs-pays. Dans la salle de bain, deux coquillages.

A côté de moi, dans l’avion, une Martiniquaise du Lamentin qui ne se lamentait pas de son sort. Agent d’accueil dans un hôpital elle revenait d’un séjour de formation d’une semaine, en métropole car elle veut devenir coach. Elle nous recommande la plage du Diamant.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Nos hôtes mettent le premier petit déjeuner à notre disposition: biscottes, café, thé, sucre, une bouteille d’eau fraîche et beurre nous attendent dans le réfrigérateur. Dans une corbeille, du sel et du sucre, une petite boîte d’allumette. Dans un placard, liquide vaisselle et nettoyant. Minimum vital, cela me va bien. Le couple qui nous a accueillis à l’aéroport pour nous louer une voiture – une clio, simple, aussi- était sympa.

Dans l’avion nous avons bu un excellent jus de goyave et un autre de cerise-pays (acérola). Nous avons ris un repas et un en-cas. Pas mauvais.

Râpe à manioc
Râpe à manioc

Ce soir, resto. Demain nous réserverons les plongées et feront les courses. Roland pense pouvoir revoir un ancien copain de la cité d’Anthony qui habite en Martinique, à Fort-de-France.

Dans la montée du soir, les éclats de voix passionnés des joueurs de dominos, accompagnés des claquements des rectangles noirs et blancs sur la table.

Bougainvilliers
Bougainvilliers

Dimanche 9 mars

Dans le jardin, un bougainvillier, une roue pour râper le manioc, un calebassier. Les fruits de ce dernier sont toxiques et secs, ils servent à faire des percussions. Averse à cinq heures ce matin. Le jour commençait déjà à poindre le bout de son nez ! Il repleut à nouveau à 8h30. Nous n'avons pas trop été embêtés par les moustiques. Ou bien, ici, peut-être sont-ils silencieux ? La moustiquaire nous a tout simplement bien protégés.

Calebassier
Calebassier

Hier soir, en allant au resto, embouteillage à la sortie du jardin ! Une réunion politique en vue des élections municipales. Un candidat, propriétaire d’une entreprise située dans notre rue organisait un meeting dans la cour. Les voitures étaient garées sur les bas-côtés de la route, ne laissant que peu de place pour se croiser. A notre retour, plus de cent véhicules stationnaient dans la rue, sans compter celles garées dans les champs alentour.

"Tag" à Anse-Figuier
"Tag" à Anse-Figuier

Chez Momo, le resto qui domine la mer aux Anses d’Arlet, nous prenons un ti-punch (alcool et jus de fruit), un assortiment de hors-d’œuvre : acras, crudités (choux rouge, carotte, salade et concombre), crabe farci et boudin. Puis du vivaneau (poisson) grillé. Il a la même couleur que le rouget grondin. Il est carnassier, cela se voit à ses petites dents fines et acérées. Il est présenté recouvert de persil et de tomates citronnées et épicées ; il est accompagné d’une purée de patates douces et de riz. La salade de fruits conclut le repas : banane, ananas, billes de pastèques sur un fond de sirop d’orgeat se mariant très bien avec la salade.

Tourterelle
Tourterelle

Bien dormi sous la moustiquaire. Quatre balais la maintiennent écartée autour du lit. Me suis levée quatre fois cette nuit ! Réveil à 8 heures (13h en France), donc, finalement, bien dormi. Lire Raphaël Confiant me met dans le bain de la Martinique avec son Allée des soupirs. Bain de langue, bain d’odeurs et bain de mœurs. Découverte de cette île. Un roman qui parle des années 60 et de régions lointaines : l’Algérie et papa-de-Gaulle, la France. Un oiseau chante, voix grave, sur cinq notes. C’est une tourterelle ocre, aux reflets dorés et roses intenses. Elle a des taches sur le dos, plus sombres

Pourquoi ces trous ? (Dans les ruines de Saint-Pierre)
Pourquoi ces trous ? (Dans les ruines de Saint-Pierre)

Courses au supermarché puis réservation au club de plongée de Sainte-Luce. Nous avons acheté local : sucre, eau, jus de fruits, confiture, chocolat. Mais impossible de trouver le papier WC par moins de six rouleaux ! Une dame et sa fille sont confrontées à la même question. Proposition de partager. Mais finalement, non. Nous repartons avec nos six rouleaux chacune !

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Nous allons nous restaurer dans un petit snack (La marée). Roland prend une Lorraine, une bière locale brassée au Lamentin, près de Fort-de-France. Lorraine est aussi le nom d'un village en Guadeloupe. Lambis assaisonnés et grillés, tomates, chou blanc et riz. En dessert, sorbet de papaye pour moi et crème brûlée pour Roland. Café. Sieste dans la voiture.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Puis, plongée. Rien à porter, à part la stab (sur le dos), l’ordi (autour du poignet), le masque (autour du cou) et les palmes. Nous allons jusqu’au ponton en shorty. La bouteille et les plombs (deux kilos m’ont suffit car je suis en shorty) sont sur le bateau. Notre binôme devait normalement suivre une palanquée mais l’un d’entre eux, est bronchiteux, ils sont remontés. Nous avons plongé à la Pointe Borgnaise. Serpentine (annelée de beige et d’ivoire), poissons trompettes, crevettes, crabes, éponges tonneaux, une murène dans un trou et une autre qui nageait et bien d’autres choses encore. Poissons perroquets, rascasses. Une espèce de poisson s’approchait très près de moi (un peu violet sur le corps et jaune autour de la bouche). Je lui tends la main, il m’a mordillée le dessus de la main ! Très surprise, je l’ai vite retirée !

Colibris à Balata
Colibris à Balata

Hier, 8 mars, c’était la journée de la Femme mais c’est aujourd’hui que se déroule une course exclusivement organisée pour elles. L’ambiance est sportive et festive !

Nous rentrons au gîte nous reposer un peu. Un colibri butine les fleurs de bougainvillier (ou bougainvillée). C’est une plante qui a été importée du Brésil par monsieur Bougainville au XVIIIe siècle.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Je pars me balader à la tombée de la nuit. Vent frais. Au retour, près de la rivière qui coule au fond de cette vallée de Montravail, des lumières volètent. Elles s’éteignent, se rallument un peu plus loin. Chez nous les lucioles sont des vers, ici, ce sont des papillons. Je croise un cycliste courageux qui grimpe la montée pourtant bien pentue, sans lumière.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Lundi 10 Mars

Ce matin je me suis réveillée à 7h30. C’est un vrai petit déjeuner : toasts grillés, thé, confiture de mangue, jus de prunes de Cythère. Il pleut pas mal. Nous partons ensuite pour la plongée.

Nous retrouvons Marie, de Décines, sans mari ni enfant aujourd’hui. Elle est géologue dans les carrières Beylat. Ils sont plongeurs tous les deux mais à tour de rôle, pour s’occuper des enfants. Hier ils étaient tous les quatre sur le bateau. Ses enfants et son mari avaient fait du PMT (Palmes-masque-tuba). Brillantes, lisse, belles. Un garçon de 8 ans fait son baptême, sa sœur, 13 ans passe son N1. Les vacances des enfants sont ici adaptées aux fêtes locales : carême, carnaval… Un instituteur plonge avec nous.

Sainte-Luce
Sainte-Luce

Nous plongeons à La Caye des boucaniers. Une caye est un récif corallien (cayo, en cubain). Beaucoup d’éponges multicolores : roses, oranges, violines. Des poissons-anges de différentes sortes. Le temps s’est levé et les fonds sont ensoleillés. Encore une serpentelle. Un crabe qui ressemble à un faucheux ces araignées aux grandes pattes très fines, un crabe flèche. Les gros calots abandonnés au fond de la mer par un enfant oublieux sont des algues.

A midi, resto « Câlin créole », à côté du club. Le soir, le patron chante. Poisson froid cuit par le citron et crudités. Colombo de poulet et légumes. Glace. Le digestif, du rhum au schrub, est offert. Le schrub vient d'Alsace. C'est une liqueur d'écorces d'orange macérée dans du rhum.

Sainte-Luce
Sainte-Luce

Alors que nous mangions, un homme s’est garé avec son pick-up de l’autre côté de la rue et a, par deux fois, déchargé des casiers sur la plage. Ils sont faits mains, en bois et en grillage. Les frégates superbes, oiseaux aux ailes immenses et à la queue en forme de ciseaux, survolent la mer. Leurs plumes ne sont pas imperméables. Ils sont condamnés à chaparder, en vol, du poisson aux autres espèces ou aux pêcheurs. L’un d’entre eux nettoie son poisson sur la plage, attirant cinq ou six de ces oiseaux magnifiques.

Ecomusée d'Anse-Figuier
Ecomusée d'Anse-Figuier

C’est le pays de la canne à sucre. Pour le sucre… et le rhum. C’est la zafra (récolte, en cubain) en ce moment. Les camions grillagés en transportent de grandes quantités. 65% du rhum produit ici est consommé sur place. Avec la banane, c’est la ressource essentielle de l’économie agricole.

Sieste à l’ombre du gîte, dans l’herbe. Les nuages ont entièrement disparu. Place au ciel bleu ! Le vent, bien agréable, est rafraîchissant.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Roland essaie à plusieurs reprises de téléphoner à son ancien copain de cité-U qui habite à Fort-de-France, mais n’arrive pas à le joindre. Personne, pas même un répondeur. Nous allons chez lui, au risque de tomber sur un os.

Les pubs sont aux couleurs des habitants de la Martinique. « Fier de mes eaurigines », une affiche pour l’eau de source de l’île sur laquelle pose un homme, noir. Sur d’autres posent des personnes de couleur, noires ou métis.

Nous arrivons chez Maurice Juston. Nous avons mis assez longtemps pour trouver sa maison. Mon instinct et mon sens de l’orientation me faisaient dire à Roland de tourner à gauche mais à plusieurs reprises il s’est évertué à aller à droite sauf quand il se rendait compte qu’il se trompait (nous faisons demi-tour devant le foyer de l’enfance du Conseil Général) ou que des personnes à qui il demandait son chemin lui confirmaient que j’étais dans le vrai… Les rues du morne sont vraiment très raides ! Le nom de la rue principale n’est pas affichée, seules le sont les rues, ruelles et impasses perpendiculaires. Auparavant Roland a essayé de trouver l’entreprise de Maurice dans une ZAC, en vain. Normal, elle a changé de nom !

Balisier
Balisier

Maurice est chez lui et nous accueille, en caleçon. Moi je m’en fiche, c’est comme un maillot de bain. Mais au bout d’un moment il part se changer et revient avec short et tee-shirt. « Je vis en vieux garçon ». Il vit seul. Mais au cours de la conversation j’apprends qu’il a été marié et a des enfants. Il a été responsable de la cantine d’Arcueil et dit connaître mon père. De retour en Métropole je téléphonerais à mes parents. Il nous fait visiter son jardin. Bois d’inde, citronnelle, anthurium, yucca. Avocatier sans avocat, manguier sans mangue : ce n’est pas la saison. Mais alors, d’où viennent les fruits que nous mangeons ? Héliconia (balisier), oiseau de paradis. Il nous explique que les lumières voltigeantes que j’ai vues hier sont ici appelées bêtes-à-feu. Et les insectes qui produisent un bruit de crécelle sont des cabri-bois.

Fleur de bananier
Fleur de bananier

Mardi 11 mars

Il m’a semblé entendre la pluie tomber cette nuit mais ce matin le ciel est bien bleu avec quelques petits nuages blancs qui se promènent doucement. Après avoir pris mon petit déjeuner, je me suis recouchée pour lire et écrire. Il fait frais, dans la chambre. Roland travaille dehors, sur son ordi.

Jardin de Balata
Jardin de Balata

Anse Figuier. Nous partons visiter l’écomusée installé dans une ancienne distillerie. Au rez-de-chaussée des vitrines sur les premiers habitants de l’île. C’étaient des groupes de cueilleurs, chasseur, pêcheurs, des nomades venus d’Amérique centrale et du sud. Ils se métissent entre eux. Puis plus tard, un autre groupe, les Arawaks arrivent du delta de l’Orénoque Ils se fixent en Martinique et cultivent la terre. Ils apportent leur connaissance en céramique. Un deuxième métissage se produit avec les premiers habitants. Puis de nouveaux agriculteurs, des guerriers anthropophages, les Caraïbes arrivent à leur tour. Ils conquièrent la Martinique. Tuant les hommes, asservissant les femmes, c’est une troisième vague de métissage, sous la contrainte, cette fois. Quand les Européens arrivent, ils les combattent.

L’ancienne machine de la distillerie se trouve au rez-de-chaussée. Et dans d’autres vitrines c’est la période de l’esclavagisme, la culture du coton, de la canne, du café, de la banane, du cacao qui se donnent à voir. Au début on cultivait le tabac mais sa production n’a pas duré. A l’étage, l’histoire de l’auteur du livre Rue-cases-nègres, Joseph Zobel. Cet homme est né ici, en terre martiniquaise puis est parti vivre en métropole, à Uzeste. Il est romancier (romans, poésie) mais aussi maître Ikebana (art floral japonais). Il avait aussi appris la peinture japonaise. Un touche-à-tout.

Jardin de Balata
Jardin de Balata

Les élections municipales battent leur plein ! Des militants arpentent les rues des villes et des villages, tee-shirt aux couleurs et aux slogans de leur candidat, haut-parleurs sur les voitures, à pied, aussi, distribuant des tracts à tous les passants, même aux touristes que nous sommes. Leur local est repeint à neuf, toutes fenêtres et portes ouvertes. Les meetings se font sur les places et l’on entend les discours de loin.

Ecole de Saint-Anne
Ecole de Saint-Anne

Après le musée nous sommes retournés à Sainte-Luce attendre Maurice à la Baraque O’bama. Acras. Maurice les trouve fades. Il demande du piment. La moitié d’un petit, vert, lui est apporté dans une coupelle. Il suffit de tamponner ses acras une ou deux fois sur le piment pour qu’aussitôt il soit bien épicé. Surprenant ! Il pense que c’est là que l’on mange les meilleurs lambis. Meilleurs qu’à Sainte-Anne où il a un chantier. Mais ici, contrairement au snack d’hier, les lambis sont secs et l’assaisonnement moins bon. Ils sont accompagnés de légumes-pays (patate douce et igname). Dessert : mousse passion. Comme pour la mangue et les avocats, je me demande d’où viennent ces lambis puisqu’ils bénéficient de sévères mesures de protection. Sont-ils frais ou congelés ? D’élevage ou pêchés dans les parages… ou dans des pays lointains ? Si vous commandez un CRS ne vous attendez pas à voir débarquer des hommes casqués et munis d'un bouclier. Non, le CRS est beaucoup plus pacifique puisqu'il s'agit d'un citron rhum sucre !

Il nous emmène ensuite dans son 4 X 4 sur un chantier où il a dépensé beaucoup d’argent et pour lequel il n’a jamais été payé ! Il en garde une forte amertume. Il a faillit (ou il a ?) déposé le bilan de son entreprise à cause de ce client.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Puis nous allons sur le chantier de Sainte-Anne où il construit une école primaire. Là, un homme prend des photos. Sur un chantier interdit au public. Il l’interpelle et l’autre, très à l’aise, lui dit que le site n’est pas délimité ni fermé et que n’importe qui peut y entrer, même les enfants, et que c’est dangereux. Maurice se présente alors comme constructeur mais l’homme ne se dévoile pas immédiatement. Il finit par dire qu’il est le candidat d’opposition. Il oppose de vigoureuses critiques à la construction de l’école à cet endroit, une ancienne mangrove asséchée. « Pas écolo », d’après lui, « d’avoir ainsi asséché cet espace naturel et dire que le maire actuel se revendique écolo ! ». Toujours d’après lui, « les maringouins (espèce de moustique) vont attaquer les enfants dès quinze heures ! ». Maurice relance la conversation et propose au candidat de lui poser toutes les questions qu’il veut au sujet de ce chantier ! Et l’autre d’interpeller notre ami : « Et pourquoi croyez-vous que l’école du village a été construite sur les hauteurs il y a 95 ans ? Ils n’étaient pas bêtes, nos ancêtres ! Là-haut, il y a du vent et donc pas de maringouins! ». Maringouins ? Et le club Med d’à côté ? Ben, ils ont la clim… oui, mais la piscine ?! Argument, contre-arguments. Ils ont discuté très longtemps. Le candidat démontrant qu’il devrait y avoir la clim dans cet établissement et que les fenêtres à volets mobiles s’ils laissent passer l’air, laisseront aussi passer tous les insectes piqueurs ! Le gars dit s’y connaître en construction, ce serait son métier. Finalement, il s’en va. Maurice lui lance : « Et si vous voulez reconstruire l’école sur les hauteurs, je suis intéressé ! ». Maurice s’empresse de téléphoner au maire, son commanditaire pour l’informer de la discussion. Il espère être payé, cette fois, même si le maire actuel n’est pas réélu !

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Notre ami peut maintenant nous faire visiter le chantier et nous expliquer ses points forts : climatisation naturelle : l’air peut circuler entre le toit et le plafond, les cloisons sont des sandwichs, isolants, comme dans les camions frigorifiques ; le terrain où est située l’école est en pente, laissant passer l’eau en cas de forte pluie et l’air entre les classes ; les bâtiments sont en acier galvanisé propre à résister à l’eau, aux tremblements de terre et aux cyclones. C’est une école provisoire mais, souvent, le provisoire peut durer… plus de dix ans. Cantine, salle d’ordinateurs, secrétariat, cour de récré en plein air, préau.

Anse des Salines, Saint-Anne
Anse des Salines, Saint-Anne

Nous reprenons la voiture et Maurice nous fait passer par la ville de Sainte-Anne. En passant devant son atelier il fait un coucou à son amie Marie-Gé, une artiste-peintre. Puis il nous emmène à la grande anse des Salines qu’il dit être la plage plus longue (trois kilomètres de sable blond) et la plus belle de Martinique. Le guide du Routard confirme. Elle tire son nom d’anciens marais salants (du XVIIe au XXe siècle) aujourd’hui abandonnés et remis en eau par le maire. Avec l’aide de l’ONF il a aménagé les abords de la plage pour empêcher le stationnement sauvage et l’accès en voiture sur la plage. Si, si, certains ne se gênaient pas ! Des cheminements en caillebotis ont été créés. Nous descendons, l’eau est bonne.

Fleurs de bananier, jardin de Balata
Fleurs de bananier, jardin de Balata

Retour à Sainte-Luce. Nous continuons de discuter autour d’un verre. Maurice ne peut souper avec nous. Nous avons commandé une pizza. Nous attendons qu’elle soit prête. Nous avons aussi fait quelques courses au petit supermarché du village. Nous irons la manger au gîte. Souvenirs d’Anthony. PCF. Aimé Césaire. Vie et évolution de la vie en Martinique. Le crack qui, ici fait des ravages, a touché l’un de ses amis. Nous nous quittons.

Notre repas est simple : jus de fruits, pizza et banane.

Île du Diamant
Île du Diamant

Mercredi 12 mars

Ce matin nous allons plonger au Diamant. Ma voisine d’avion me recommandait d’aller voir la plage de ce village.

Sur les routes, il n’est pas rare de voir un homme marcher, une machette à la main. Impensable en France !

Les cyclistes sont fous ici ! Et ils sont nombreux à partager cette folie ! Les mornes ont des pentes avec des pourcentages énormes… le soleil est cuisant… Il y a même des courses ! Roland connaît une personne qui a gagné le tour de la Martinique. Et il n’est pas originaire de l’île ! Encore plus fou !

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Champ d’ananas. 80% sert à faire de la conserve et du jus.

Ce n’est pas un écureuil que j’ai vu à deux reprises traverser la route. Je m’en doutais car la deuxième fois l’animal mangeait une charogne écrasée par une voiture, au risque, à son tour de se faire écraser ! Et pourtant ça y ressemble. C’est une mangouste. Même taille, même couleur. Dans mes souvenirs d’enfant (j’avais lu un texte de Rudyard Kipling sur une mangouste qui mangeait un serpent), une mangouste était beaucoup plus grosse que celles que j’ai vues. Les mangoustes ont été importées d’Inde pour lutter contre les rats. Mais elles se sont attaquées aux serpents, aux oiseaux nichant à terre et aux œufs de tortues marines. Les rats, eux, sont des grimpeurs et ont continué à proliférer et à ravager les champs…

Difficile de trouver où se trouve le club de plongée car il est installé au pied d’un hôtel pour l’instant abandonné. La route d’accès est donc barrée. Il faut passer par des chemins détournés.

Des trois, c’est la plus belle plongée depuis le début de notre séjour ! Le rocher du diamant bénéficie d’un arrêté de protection du biotope. A l’abri du vent et des vagues derrière cette île, nous avons attaché notre bateau. Trois personnes de la même famille font un baptême : le père, la fille, le gendre. Ils voyagent à huit de la même famille dans un minibus, ils sont de Nantes. Et ont une expression bien à eux : « Y’a pas creux » ?? « Ben, y’a pas profond ! ». En fait, si. La profondeur du site est à dix mètres sous le bateau. Sous l’eau, nous sommes passés par une anfractuosité très large à l’aller et, me semble t-il, une autre au retour. Le chef de palanquée est le responsable du club. Il ne veut pas que nous soyons autonomes, peut-être à cause des courants et des différents passages existants sous l’île. Et c’est bien car il nous montre plein de choses ! La marionnette à tête jaune, un petit poisson dont seule la tête dépasse et qui, sitôt que l’on s’approche de lui s’enfonce dans son trou de sable. Des crevettes aux pinces violettes fluo. Des langoustes. Des chevaliers ponctués qui ont deux nageoires comme des voiles, qui flottent. Des crabes flèches. Des vers de feu qui ressemble à des chenilles. Ils sont souvent dans des éponges en forme de tonneau. Beaucoup de vie, des algues que je n’avais encore jamais vues : oranges à points noirs, toutes petites. Une serpentelle aussi orange et marron. Comme il n’y a plus d’électricité, les propriétaires du club remplissent les blocs chez eux. Et plus d’eau courante non plus et donc c’est avec deux bouteilles d’eau chacun, chauffées sur un réservoir noir, que l’on se rince. Tant de personnes vivent sur terre avec tellement moins d’eau par jour et par personne (pour se laver, cuisiner ET faire tant d’autres choses encore !), que je ne trouve vraiment pas ça gênant !

Mancenilliers
Mancenilliers

Le rocher du diamant est comme une vigie gardant la baie. En 1804 les Anglais l’ont transformé en forteresse. Equipé de canons, il était même doté d’une chapelle.

Nous nous arrêtons au marché couvert du Diamant pour acheter de quoi manger. Des caïmitias (caïmites), des fruits qui peuvent être de la taille d’une petite pomme, violet ou vert-jaune mais il en existe de plus gros, comme les gros avocats d’ici. J’ai récupéré les graines dans l’espoir de les faire germer, de retour à Grigny. Un gros avocat. De petites bananes. Et une goyave. Je vais aussi à la boulangerie acheter une baguette et aussi un zachari, une pâtisserie aux légumes. Zachari que je retrouverais dans L’allée des Soupirs, de Confiant. Nous pique-niquons sur la plage assis sur la branche basse d’un arbre. Des enfants sont juchés et discutent sur un autre arbre aux branches basses. Comme en France, ils n’ont pas école le mercredi. Leurs manmans travaillent peut-être au marché. Pluie soudaine, mais pas de mancenillier en vue, heureusement ! Cet arbre est entièrement toxique même si son nom vient de manzana (pomme en espagnol). Ses fruits, son écorce, sa sève. Et s’il pleut, surtout si une branche est cassée, il ne faut pas s’y abriter : l’eau qui tombe de ses feuilles brûle même à travers les vêtements. Pour les reconnaître, ils sont « décorés » d’un anneau de peinture rouge. Pourquoi ne les coupe t-on pas ?

Ruines de Saint-Pierre
Ruines de Saint-Pierre

Nous reprenons la route. Comme demain nous allons plonger tôt à Saint-Pierre et que c’est un peu loin, nous partons la veille pour dormir à l’hôtel et être frais dispo le lendemain. Dans cette perspective, nous avons, avant de partir plonger à Diamant, préparé nos affaires dans la voiture. Nous n’auront ainsi pas besoin de revenir sur nos pas au gîte de Sainte-Luce.

Fort-de-France
Fort-de-France

Nous passons par Fort-de-France où nous faisons une petite halte. Visiblement, un bateau de croisière a jeté l’ancre dans le port, débarquant des hordes de touristes américains et, plus particulièrement un très grand groupe d’hommes repérés par Roland comme étant exclusivement homosexuels. Quelle meilleure façon de faire des rencontres que de participer à une croisière entre-soi ?

Dans un square je m’assois, épuisée par ma plongée de ce matin. Mes jambes pèsent au moins dix kilos chacune ! Nous repartons en voiture. J’essaie de me reposer, de faire une micro sieste, mais je n’y arrive pas.

Prison (ruine de Saint-Pierre)
Prison (ruine de Saint-Pierre)

Nous arrivons à Saint-Pierre. C’est une petite ville côtière située au pied du volcan, la montagne Pelée. Le vendredi 8 mai 1902 elle a entièrement été détruite par des nuées ardentes (fumées toxiques), un phénomène qui a soufflé toutes les maisons. 30 000 victimes. Fumée, touchés, coulés ! Je cite le Géoguide : « le 2 mai le volcan s’embrase… l’air devient brûlant et la cendre tombe tellement dru qu’on l’entend s’empiler sur le sol … l’air devient si irrespirable… que les fers-de-lance, serpents mortels s’enfuient vers la ville où ils tuent une cinquantaine de personnes… le 5 mai des oiseaux tombent du ciel, raides morts, puis une première émission phréatique expulse un gros nuage noir, émission violente de vapeur d’eau et de gaz, mélangée à de grandes quantités de matériaux solides –cendre, roches, ponces et pour finir, un torrent de boue dévale la pente à 160 kilomètre/heure et déclenche une série de raz-de-marée. Le 8 mai, le bouchon qui fermait le volcan a sauté. Le magma peut maintenant s’échapper librement et une première nuée ardente sort du volcan, puis le magma explose sous la pression des gaz et pulvérise la moitié de la ville, puis une deuxième vague de nuées (aérosol de particules microscopiques dans un gaz sous pression) dévale la montagne à 200 km/h et 150°C, les tonneaux de rhum s’embrasent et la température monte à 900°C. Seuls rescapés, deux hommes, l’un prisonnier derrière les murs épais de son cachot qui avait la chance de tourner le dos au morne orienté en direction de la mer et un homme caché sous son lit, un cordonnier». Le prisonnier (quand même brûlé au troisième degré) a finalement retrouvé la liberté et a été exhibé dans le monde entier par le cirque Barnum. Pourtant des signes avant coureurs auraient du faire s’enfuir tous les habitants. Ils sont restés à cause de l’organisation d’élections prévues à ce moment-là dit une légende. Quand je vous dis qu’ils sont motivés, plus que nous, par ce genre d’évènements… En fait peut-être parce qu’ils avaient confiance en la solidité de leur ville… qui a toujours résisté aux ouragans, tremblements de terre, et autre incendies. Pas de connaissance en vulcanologie à l’époque. Enfin, ils sont habitués et fatalistes aux risque naturels, comme tous les Martiniquais. Et au dernier moment, quand bien même auraient-ils voulu partir, la route était mauvaise et peu de bateau auraient pu les sauver. Leur ville était assez isolée.

Pêcheurs à Prêcheur
Pêcheurs à Prêcheur

Nous visitons le musée qui raconte l’histoire de la ville et du volcan qui l’a détruite. Nous allons aussi visiter les ruines de l’ancien théâtre et jeter un coup d’œil sur le cachot qui a permis au prisonnier de rester vivant. Nous buvons un coup dans un bistrot et partons en direction de Prêcheur. C’est la tombée de la nuit. Là, se déroule le long des rochers, une partie de pêche bien spécifique à la Martinique. Sur terre, deux équipes d’hommes et de femme. Dans l’eau, trois bateaux et trois nageurs. Un grand filet muni de longues cordes à ses deux extrémités. Tous avancent, bien coordonnés. Deux bateaux envoient chacun une corde aux deux équipes qui sont en hauteur, sur les rochers. Et là, tous tirent sur la corde, toujours bien coordonnés. Puis après la corde vient le filet. Il restera ainsi, accroché par ses deux extrémités, toute la nuit, et sera relevé demain matin très tôt. La pêche sera partagée en trois. Une partie pour les pêcheurs, une pour les tireurs et les nageurs, la troisième pour les propriétaires des bateaux. Il fait maintenant nuit. La nuit tombe très vite, ici en Martinique. Nous partons au restaurant.

Ponton de Saint-Pierre
Ponton de Saint-Pierre

Ici aussi, comme à Saint-pierre, les meetings politiques sont annoncés à grand renfort de voitures munies de haut-parleurs. Et, chance, il se déroule sur la place toute proche de la salle de restaurant ! Nous en entendons quelques échos. Après manger nous y allons faire un tour. Quelle véhémence cet orateur !

Saint-Pierre
Saint-Pierre

Notre hôtel à Saint-Pierre date de 1641 : l’hôtel de l’Anse. Bâti sur une ancienne chapelle presque entièrement détruite en 1902, il est très simple. Notre chambre est tout en haut.

Jeudi 13 mars

Nous ne nous sommes pas levés assez tôt. Nous n’avons donc pas vu ralé senn-lan (tirer le filet) !

Belle plongée sur deux épaves avec un pilote/chef de palanquée alcoolique et fumeur « invertébré » ! Le Dahlia et le Diamant. Le club se trouve tout près de l’hôtel. Et le bateau mouille sur la plage. Personne ne nous dit d’enfiler les palmes ! Et nager sans palme avec le masque autour du cou et stab et bouteille sur le dos : pas très pratique ! Surtout pour Roland… Le bateau suit la côte sur quelques centaines de mètres en direction de Saint-Pierre. Car les épaves sont bien sûr près de la côte. Notre guide est un très bon conteur, nous rapportant par le menu l’histoire des deux épaves. L’un est le bateau du gouverneur qui a coulé en 1902 et l’autre un démineur qui a survécu pendant toute la deuxième guerre mondiale. Il a ensuite été revendu et a coulé car son capitaine a fait un peu trop chauffer le moteur. Sa coque était en bois. Ainsi, elle ne déclenchait pas les mines électromagnétiques. Dis, c’est quand qu’on plonge ? Rascasses, crabes flèche, oursin diadème.

Monument aux morts de Fonds-Saint-Denis
Monument aux morts de Fonds-Saint-Denis

La plongée finie, nous quittons Saint-Pierre et partons visiter l’arrière pays. Plantations de bananiers. Une déviation nous fait prendre une route aux pentes vertigineuses ! 25 %. Mais ce peut être beaucoup plus ! Dans le village de Fonds-Saint-Denis, le soldat du monument aux morts est bien particulier : son uniforme est peint en bleu, aux couleurs des soldats de 14-18, il porte des bandes molletières. Il est lui-même peint en noir et ses yeux blancs ressortent exagérément. En face, un petit resto, Kay Tijo dont la terrasse surplombe un paysage montagnard typique. Nous sommes les seuls touristes. La pluie alterne avec le soleil. Ils fabriquent eux-mêmes le jus de prunes de Cythère, un délice ! L’arbre est en face de nous. Ce jus est bien meilleur que celui que nous avons acheté en pack. Il a le goût de l’herbe que l’on mâchonne lors des promenades estivales. Puis soupe de touloulou (crabe) aux légumes et crevette (entière). Je trouve les pinces du crabe. Je décortique et je mange le contenu. La soupe est relevée, mais pas trop. Roland mange du féroce d’avocat, un mélange de manioc, avocat et morue. Puis un cabri aux légumes-pays m’est servi. Banane, gratin de cristophine et patate douce. La sauce est sombre, du vin, peut-être. Des clous de girofle, c’est sûr. Roland, lui, mange du chatrou (poulpe) aux légumes-pays. Salade de fruits et café. Le sucre est présenté dans une petite bouteille, sans chichi. Il est brun, excellent. C’est le meilleur resto depuis le début de notre séjour. Je le dis au jeune serveur. Entre temps d’autres convives sont arrivés. Ils mangent tous côté rue. Aucun blanc.

Cascade du Gendarme
Cascade du Gendarme

Ce village de Fonds-Saint-Denis est réputé le plus propre et le plus fleuri de Martinique. Il est vrai que les bas-côtés sont colorés. Il est sur la ligne de crête qui relie les vallées de la rivière Carbet et celle de la rivière Mahaut.

Nous montons ensuite à l’observatoire volcanologique du morne des cadets d’où la vue est panoramique. Nous ne pouvons entrer, ce n’est pas l’heure. Mais le long des escaliers (certaines marches sont à changer : dangereuses !) sont implantés des panneaux explicatifs sur les différents types de volcan et le travail qui se fait dans cet observatoire (instruments de mesure : sismographe).

Nous nous arrêtons à la cascade du Gendarme. Roland se baigne. Fraîche mais pas froide. Nous achetons une bouteille d’essence de vanille à une pacotilleuse.

Porcelaine
Porcelaine

Nous prenons ensuite le chemin du retour. Nous nous arrêtons au jardin de Balata. Il a été crée par un homme (non, il ne s’appelle pas Balata mais Jean-Philippe Thoze!) encore vivant. Il est âgé d’environ 70 ans. Voyageur infatigable, il est allé dans le monde entier, récoltant graines et pousses. Paysagiste, il a aménagé cet espace dans le jardin de son enfance. Fougères arborescentes. Ficus étrangleur poussant autour d’un palmier dont, contrairement à son nom, il ne gêne pas la croissance. Le palmier est une herbe, pas un arbre. Des bambous de trente mètres du Sri Lanka poussent de dix mètres en quinze jours si les conditions lui sont favorables ! Nous empruntons un pont de singe, surplombant la canopée. Intéressant ! En Martinique les fleurs sont vraiment très colorées, vives, mais n’ont pas d’odeur. La rose de porcelaine porte bien son nom. Certains de ss pétales semblent vernissés. Les broméliacées (dont fait partie l’ananas) poussent sur n’importe quel support comme des fils électriques. Elles ne développent de racines que si elles poussent sur la terre. Leurs feuilles forment un creux où stagne l’eau qui leur permet de croître. Une interview du créateur du jardin passe en boucle, dans sa maison natale. Des trombes d’eau dégringolent au moment où je visionne le film. Roland rentre, trempé.

Crosse de fougère

Crosse de fougère

Broméliacées

Broméliacées

Cimetière de Saint-Anne
Cimetière de Saint-Anne

Nous passons chez Maurice. Il n’est pas là. Nous entrons au gîte.

Ici, comme en Corse, des cimetières aux tombes immaculées longent les routes.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Vendredi 14 mars

J’ai mal dormi, cette nuit. Aussi, ce n’est qu’à 8h30 que je me réveille. Des trombes d’eau dégringolent du ciel. Roland travaillait quand je me suis réveillée. Trop tard pour aller plonger ce matin et la météo... Et dire que c’est la saison sèche ! Nous partons vers 10h30 en direction de la plage munis d’un pique-nique et de nos affaires pour la plongée prévue à 14h. Jambon, gouda au cumin, pain et banane. Simple et nourrissant. PMT, je nage en direction des rochers. Sous l’eau, pas grand-chose à voir. Peu de vie, de couleurs, peu de visibilité aussi. J’ai du mal à revenir à cause du courant. Mal au cœur. Envie de vomir. J’arrive à la plage, pas bien, crevée, nauséeuse. Roland me dit que c’est à cause de la houle. Seule la position couchée me va bien… Je profite qu’il retourne à la voiture pour lui demander de me ramener un bonbon à la menthe. Ça va mieux. L’ombre parsemée de l’arbre sous lequel nous nous sommes installés ne nous protège que très peu. Le soleil m’a cuite ! Coup de soleil, jambes et bras.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Sur la plage, cours d’EPS pour l’école primaire voisine. Ici, point de gym, de volley ou de gym ! Plusieurs enfants font du canoë. D’autres nagent dans la piscine délimitée par des flotteurs plats fixés entre eux et ancrés dans le sable. Il y a même deux bassins, l’un, plus proche de la plage, où l’on a pied (petit bain) et l’autre, plus grand et plus profond -plus creux comme diraient les Nantais- (grand bain). Il est possible de se déplacer sur ces flotteurs. Il y a même des échelles et des plots numérotés.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Un chemin côtier passe le long de la plage. Il va jusqu’à Sainte-Luce mais je ne sais pas d’où il vient précisément. Toilettes publiques, bistrots et snacks de plage. Tout ce qu’il faut ! Après la course à pied de dimanche où, seules des femmes couraient, aujourd’hui c’est une course cycliste. Pas vu de femmes.

Nous rejoignons le club de plongée. Beaucoup de baptêmes encore aujourd’hui ! Comme nous avons le temps, nous faisons deux plongées successives. 55 minutes puis 22 minutes, soit un total de 77 minutes. Je suis sobre et nous plongeons peu profond, il reste encore pas mal d’air dans ma bouteille ! Roland est allé droit devant, une fois immergé au lieu de suivre mes indications, à savoir aller un peu sur la droite. Résultat, nous errons un bon moment sur un site peu intéressant, gris, et sans (presque) de vie. Seul un tout petit diodon et un autre poisson, très étonnant et très beau : un grondin volant (ou poisson poule). Il est gris. Découvert, il ouvre des ailes rouge vif. Il me fait un peu penser à ces criquets (ou sauterelles ?) qui, quand ils s’envolent déploient de surprenantes ailes de couleur rouge vif. Nous arrivons enfin au bon endroit, un tombant plein de vie. En déplaçant un coquillage (vide !), je fais peur à un poisson-pierre que je n’avais pas vu. Totalement immobile et invisible dans son environnement. Qui, des deux, est le plus surpris ?! Les trous fourmillent de langoustes E-nor-mes ! Et tout ça à cinq minutes en bateau de la plage de Sainte-Luce. Si les pêcheurs savaient… Nous voyons aussi des poissons papillons, un cardinal, des poissons trompette, perroquets, une serpentelle et aussi un poisson minuscule dont on ne voit que la tête, grosse comme une tête d’épingle, aux gros yeux qui sort d’un trou de corail. Et aussi des barracudas. Je remarque aussi une toute petite algue verte comme un brocoli qui ressemble à un arbre tel que les dessinent les enfants, ou que l’on voit dans les B.D : une petite boule bien ronde au bout d’une tige pas très épaisse.

Grondin volant

Volcan au-dessus de Saint-Pierre
Volcan au-dessus de Saint-Pierre

Nous passons au gîte pour nous laver et nous changer. Nous avons rendez-vous avec Maurice à Fort-de-France pour notre dernier soir en Martinique. Rendez-vous sur un parking de supermarché.

Le Babaorum, le resto est sympa. Le cadre et ce qu’on y mange. L’ambiance aussi. Clientèle hétéroclite. Blancs, noirs. A chaque table les groupes sont mixtes. Mais ici, chaque appel reçu ou donné de son portable a un coût : une bouteille de champagne ! Histoire d’être tranquille et de rapporter un peu de sou au patron. Un original selon Maurice, qui le connaît ! Très bavard et très marrant, il aime discuter avec ses clients.

Eglise de Saint-Anne
Eglise de Saint-Anne

Pétoncles pour Maurice et moi. Friture de balaou (grands poissons très minces) pour Roland. Coquille Saint-Jacques avec du giraumon (courge) et du chou pour moi. Roland et Maurice ont plaisir à parler, ils ne se sont pas vus depuis si longtemps ! Nous retrouverons nous à la fête de l’Huma en septembre prochain ?

Saint-Anne
Saint-Anne

La politique, les femmes, le système familial martiniquais. Les femmes sont des potomitan. C'est à dire, qu'elles sont le pilier de la famille. L’homme a une femme-mariée et une (ou plusieurs) femme(s)-dehors. Il va de l’une à l’autre la semaine, le week-end. Il a des enfants de ces femmes. Deux familles à faire vivre. Ses parents, un couple d’enseignants vivaient ainsi. Son propre père, instituteur, ne venait que le week-end. Un fonctionnement hérité de l’esclavagisme. Il nous parle aussi de l’après esclavagisme, quand, les hommes devenus libres, la main d’œuvre était insuffisante. Ils ont fait venir des Indiens mais le travail aux champs c’était pas leur truc. Et des Congolais sont ensuite venus travailler en Martinique, libres. C’est ainsi qu’à Diamant, où il habitait, ils ont occupé le morne-Afrique-là. Ils portent de vrais noms africains, pas comme les Africains que l’on importait de force, comme des marchandises, et qui portait le nom de son propriétaire.

Il évoque la volonté des Martiniquais, à force d’alliances familiales, d’éclaircir la peau de leur descendance en ayant des enfants avec un conjoint plus clair que soi. Résultat de l’histoire de trois siècles d’esclavagisme où les propriétaires avaient un discours anti-nègre. Les noirs n’étaient que des animaux, voire des choses. Avoir la peau sombre, les cheveux crépus et les lèvres épaisses c’était être ces choses, et donc négatif. Mais à une époque, des volontaires sont venus de métropole. Au lieu de faire leur service militaire, ils venaient dans les administrations, les associations pendant un an. Eux, ils les trouvaient jolies ces jeunes Martiniquaises noires. Ils leur ont payé le coiffeur, leur ont acheté de beau vêtements, les emmenaient au cinéma, bref ! Ils les ont mises en valeur aux yeux des jeunes Martiniquais qui ont alors découvert que les filles noires étaient très mignonnes. Revalorisant par la même les peaux noires ! Nous avons parlé de Frantz Fanon (Peaux noires, masques blancs), de Raphaël Confiant…

Arbre au tronc épineux, Saint-Pierre
Arbre au tronc épineux, Saint-Pierre

Maurice nous a aussi dit qu’ici, les blancs présents depuis tant de générations n’ont pas envie d’aller en France. Ils ne seraient que des blancs au milieu d’une population majoritairement blanche ! Là-bas, ils ne seraient rien. Ce sont plutôt les personnes de couleur noire qui, au chômage, partent tenter leur chance en France.

Et chose folle pour lui, les Martiniquais se sentent plus Européens que Latino-Américains ! Alors qu’ils ont tant en commun avec les îles et le continent si proches… Mais l’euro n’est-il pas utilisé comme partout en Europe ? Et les subventions européennes ne viennent-elles pas aider la Martinique, comme la ville de Sainte-Luce, par exemple qui a rénové sa place sur le thème des gravures sur les rochers que l’on peut trouver juste au-dessus, dans la forêt de Montravail grâce à une subvention provenant de l’Europe !

Drapeau de la Martinique indépendante
Drapeau de la Martinique indépendante

Samedi 15 mars

Dernier jour. Réveillée à 7h. Nous avons fait un premier rangement et un premier ménage puis nous sommes partis à Sainte-Anne, le village que nous a fait découvrir Maurice, où nous sommes passés trop vite. Je ne retrouve pas la boutique de la créatrice devant laquelle nous étions passés.

Je porte robe ample et longue, chemisier avec de grandes manches. Je ne tiens pas à finir rôtie.

Anoli
Anoli

Direction la plage des Salines En route nous achetons deux cuisses de poulet cuit au grill (l grill, fermé, le poulet continue de cuire comme dans un four, économisant le charbon de bois), un gros avocat et quelques bananes. Nous pique-niquons sur la plage, immense et très peu peuplée. Sieste sous les palmiers, à l’ombre, la vraie. Hier m’a suffit.

Nous repassons au gîte. Se doucher. Finir de ranger, faire le ménage. Les valises sont dans la voiture. Nous rendons les clés au propriétaire. Il « hérite » de six rouleaux de PQ, de fromage de chèvre bien mûr, de confiture de mangue et de pain. Un zanoli nous dit au-revoir. Nous emportons les fleurs qui ont embelli notre cuisine.

Statues des esclaves, face à l'île du Diamant
Statues des esclaves, face à l'île du Diamant

Avant de rejoindre l’aéroport du Lamentin (village à côté de Fort-de-France) pour prendre notre avion nous longeons toute la côte jusqu’au Lamentin ou presque.

Nous arrêtons à l'Anse Cafard pour nous recueillir devant le mémorial aux esclaves. Quinze statues toute orientée vers le golfe de Guinée d'où venait le bateau négrier qui a fait naufrage là (en 1830), entre l'anse et le rocher du Diamant. Des panneaux retracent l'histoire de ce naufrage, d'autres donnent des informations sur le rocher. Par exemple qu'il s'agit d'un rocher volcanique. Mais aussi que des caméras filment en permanence les chauves souris et oiseaux mais aussi, sous l'eau, les poissons.

Pêche à Prêcheur
Pêche à Prêcheur

Je perds patience. Deux heures que l’on roule. J’en ai maaaarrre ! Je veux que l’on s’arrête. Le paysage est beau mais mes jambes ont besoin de bouger ! Des fourmis. Dire que l’on va rester assis presque neuf heures dans l’avion !

Maurice nous en avait parlé mais ça fait bizarre d’entendre ça à la radio. Les cérémonies funéraires de la journée sont annoncées ; longue litanie du nom, prénom et profession du défunt ou de la défunte ainsi que le nom et prénom de son conjoint, père, mère, heure et lieu du cortège. Un peu comme ce que l’on voit écrit dans le journal.

Fonds-Saint-Denis
Fonds-Saint-Denis

Puis nous traversons l’île. Entre mer Caraïbe et océan Atlantique, des champs de bananiers. Les régimes de bananes sont empaquetés dans des sachets bleus. Seule une variété industrielle de bananes est cultivée pour l’exportation, la Cavendish. Mais il en existe d’autres variétés, bien meilleures, consommées sur place. Mais nous arrivons à Saint-François. Des hommes sont juchés sur un pick-up. Bien installés autour d’une table, ils sont assis sur les côtés du véhicule, le quatrième sur un tabouret et jouent aux dominos à la tombée du soir devant la baie parsemée d’îlots. Y’a pire comme endroit…

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Une femme vend des glaces faites maison dans des gobelets en plastique. Goyave, litchi, coco et même manioc, passion. Notre dernière lampée de Martinique.

L’allée des soupirs m’a accompagné tout au long de mon séjour en Martinique. Grâce à lui j'ai un peu mieux compris cette île. Sa langue est faite de français, de mots en créoles (pacotilleuse, manman) compréhensibles par tout un chacun et de phrases en créole traduite en français. Son écriture, nous permet de voyager dans son univers avec facilité.

Journal de voyage à la Martinique du 8 au 15 mars 2014

Nous montons dans l’avion, le voyage se finit.

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journaux de voyages

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Publié le 27 Mai 2014

Jalogny, le 2 avril, 2005.

Lettre à mon arrosoir

Tu es le bienfaiteur du jardin.

Grand cou qui ne se monte pas du col. Oiseau étrange, sans tête. Colvert, jaune, vert ou rose. Rose arrosoir du soir. Noir arrosoir du matin. Je t'attrape, et te remplis le ventre, pas trop. Débordement d'humeur, tu pleures à chaudes larmes, inondant, emplissant mon gris tablier.

Histoire d'amour entre une jolie pensée et mon bel arrosoir. La rose est jalouse. Tu en ris, Henri, tu en gargouilles de ta belle humeur. Tu trônes au fond du jardin, sur la margelle du puit. Tu te perds parfois sous un buisson, apporté par un enfant polisson. Tu joues à cache-cache avec la pluie. Un escargot, un ami, vient souvent te rendre visite. Le vent, fripon, s'amuse de temps en temps à te bousculer. Tu tombes alors à la renverse et te retrouves couché dans l'herbe, sur le côté, mal à l'aise, un peu moins fier, malheureux.

Nous sommes copains, toi et moi, le rouge gorge.

Martine

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Textes personnels

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Publié le 27 Mai 2014

Dimanche 27 avril

Nous avons d’abord joué les « vedettes » car nous avons rendez-vous avec Christophe, le correspondant du Progrès devant la mairie à 9h30. Photo, court interview. Le maire, Xavier Odot arrive, s’enquiert de notre voyage et s’en va.

Grigny. Vernaison. Irigny. Et là, rencontre improbable ! Antoine s’arrête net à la vue d’un groupe de scouts ou, plus précisément d’un scout. Ils viennent de la Croix-Rousse à vélo, sac au dos et vont à Vienne, en Isère. Ils jettent tous les deux leur vélo à terre et tombent dans les bras l’un de l’autre ! Emus, contents, surpris, étonnés… Ils étaient ensemble en Irlande l’été dernier. Nous repartons, chacun dans la direction opposée. Antoine en est tout remué. Il ne se rappellera le prénom de ce bon copain que plus tard : Martin ! Pierre Bénite. Oullins.

A sa fenêtre, un rastafari nous salue d’un grand signe de bras ! Il aurait aimé ce banc du canal de Bourgogne !

Entrée de Lyon côté Aquarium et confluence. Je connais ce parcours par cœur. C’est celui que je fais pour aller au travail.

Pour la suite, j’ai demandé à Bernard, un copain de vélo de me tracer le circuit pour Lyon intramuros et pour sortir de la ville ; c’est un vrai gone je savais que je pouvais compter sur lui ! Nous faisons d’abord notre première halte, à l’île Barbe, la faim se faisant déjà sentir. Je n’y étais jamais allée. Elle est vite visitée !

Du haut du pont nous sommes observés par de nombreux passants pendant que nous mangeons nos œufs, nos céréales cuites et notre pomme. Nous suivons ensuite à la lettre les indications que Bernard m’a envoyé par texto et nous traversons la Saône à plusieurs reprises. Après Collonges nous suivons la rive droite sur la bande cyclable, puis nous traversons le pont de Fontaines à Neuville.

Voilà que mon compteur est en panne ! Quelle chance ! Il a fonctionné jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Il nous manque les kilomètres de l’Ile Barbe jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Soit 14 kilomètres

Ensuite, à Neuville nous repassons sur l’autre rive. S’inspirant de l’histoire et de la topographie des lieux, Tadashi Kawamata a réalise une installation métamorphosant la configuration et l’architecture des lieux.

Une tour qu’il a construite à partir de planches de bois propose de nouvelles connections et une perception modifiée de l’architecture et de l’espace. Cet artiste a participé à de grandes manifestations internationales et a exposé dans de grands musées. Tadashi Kawamata est né en 1953 à Hokkaido (Japon). Il vit et travaille à Paris et à Tokyo.

Sur la route, à Quincieux Antoine trouve une carte d’identité. Nous la remettons à un spectateur qui regarde un tournoi de tennis. Celui qui a perdu sa carte habite Quincieux même. Il l’apportera à la mairie demain.

Je connaissais le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, pas celui de Jérusalem. Nous verrons, tout au long de notre parcours, quelques panneaux, rouges, assez grands, indiquant la route de ce pèlerinage.

A Quincieux, devant un atelier, posé sur un camion, trône un énorme bison.

A Trévoux, nouvelle traversée du pont.

Nous trouvons une piste cyclable, un chemin, plutôt, qui longe la Saône et nous emmène jusque sous le château de Trévoux. Il date du XIIIe siècle. Il a été habité par Utrillo, le peintre et sa mère Suzanne Valadon qui l’a acheté en 1923.

Là, nous nous arrêtons pour discuter avec un couple à vélo, lourdement chargés. Ils viennent de Lyon. Et pour cause ! Ils partent pour quatre mois et vont jusqu’à Copenhague via Paris et Bonn où ils ont des amis. Et ils reviendront en vélo. Ils ont conçu eux-mêmes leurs vélos à partir de cadres qu’ils ont achetés. Ils rechargent leur portable et leur GPS par électroaimant ou solaire, je ne sais plus. Ils ont même prévu des talkies-walkies quand le GPS ne passera plus. Il emmène un arc, pour se détendre, le soir. Lui est un routard du vélo (il a voyagé en Italie) mais pour elle, c’est une première ! Elle emmène son rat qui Il voyage dans une cage, protégée, en cas d’intempérie par un imperméable. Il se laisse bercer par les cahots de la route. Elle n’aime pas trop les chemins, ses trous, ses bosses et boum ! perd l’équilibre et tombe ! Et le rat ? Il va bien…

En chemin nous discutons, bien sûr et Antoine me parle de Kamoulox. Ka quoi ? Non, jamais entendu parler ! Au retour il faudra que j’aille voir… sur internet !

Nous arrivons à Villefranche. Là, nous sommes un peu perdus. Nous demandons notre chemin à deux messieurs. Parlent pas français. Un accent. « Vous êtes Bulgares ?! ». Oui ! Je leur sort les trois mots de bulgare que je connais mais qui ne nous sont d’aucune utilité : "tchaï, malini et da" (thé, framboise et oui) pour trouver notre chemin. Des réfugiés ? Des camionneurs en transit qui ne peuvent rouler le dimanche ? Nous n’en saurons pas plus.

Arnas. Blaceret. Saint-Etienne-les-Oullières. Odenas. A Charentay nous cherchons un gîte pour la nuit. Une famille sympa nous indique le gîte de la Belle-mère. Et s’il n’y a pas de place dans ce gîte on peut même revenir dormir chez eux ! Va pour le gîte de la belle-mère… Trois épis. 80€ la nuit, petit déjeuner inclus. Oups ! Un peu chérot !

Cette ancienne ferme est surmontée d’une très haute et très fine tour. L’histoire raconte que la belle-mère l’avait fait édifier afin de surveiller, de là-haut son gendre volage…

Nous retournons dans le village. Là, plus question de nous héberger… Bon, nous remontons sur nos vélos. Un peu plus loin, une ferme. Le temps n’est pas des plus beaux. Le vent se lève, la pluie menace. Nous nous dirigeons vers la ferme. Trois boîtes à lettres. Un drôle de gars nous observe. On dira que c’est un simple d’esprit. Antoine l’a surnommé, entre nous, Patrick. L’un des habitants de la ferme accepte que nous installions notre tente tout près du bâtiment où se trouvent trois voûtes. Dans la première, une carriole. Dans la deuxième une voiture. Et la troisième est transformée en niche géante pour chien gentil mais fugueur et, nous l’apprendrons au cours de la nuit, aboyeur quand des chats viennent à passer devant son bercail ! L’habitant me permet de recharger mon téléphone portable et nous montre où se trouve le robinet. Antoine remplit bidons et bouteille. Un aménagement permet même de poser assiettes et casseroles pour faire notre vaisselle ! La charrette sous l’abri de la voûte nous permet d’étaler notre matériel et nous sert tout à la fois de banquette, de table et d’étagère. Bien pratique en tout cas, car le vent, froid, souffle. Quelques gouttes de pluie. Presque rien. Les piquets de la tente ne tiennent pas en terre, dure. Qu’à cela ne tienne ! Sous cette même voûte je trouve des barres de métal très lourdes mais pas très grosses. Je les introduis dans les boucles de la tente où normalement l’on fixe les piquets. Et ça tient !

Celui qu’Antoine appelle Patrick nous observe de près. J’espère qu’il dort, la nuit ! Roland, au téléphone nous prévient : cette nuit, le thermomètre va descendre à 2°C ! La soupe en sachet bout. Elle nous réchauffe. Ce soir, pas de toilette ! Et les toilettes ? C’est à côté du poulailler !

Nous avons fait 66 kilomètres aujourd’hui.

Lundi 28 avril

J’ai eu froid, cette nuit ! A en claquer des dents.

Mais pas Antoine. Et surtout j’ai eu une épouvantable crise de crampes nocturnes qui ont un peu effrayées Antoine. Le vent n’a pas cessé que ce soit pendant l’installation de la tente jusqu’à ce que nous allions nous coucher. Il a plu deux fois. Le soir assez tard et le matin, assez tôt du bruit à côté. Quoi ? Le père de « Patrick » est au jardin de l’autre côté du muret pour aller cueillir des salades.

Saint-Lager. Belleville. Et là, youpi ! Une piste cyclable (intitulée Voie verte, comme de bien entendu…) ! Sans trop réfléchir, nous nous y engageons. Nous nous arrêtons à Cercié. D’abord à la pharmacie pour acheter de quoi remédier à mes crampes nocturnes, où la pharmacienne me propose du cuprum metalicum, la même médication homéopathique que m’administre Claudine, mon médecin. J’achète aussi l’indispensable Sporténine©. Là, un vieux bonhomme sympathique me vante les mérites du savon de Marseille (pas un autre, attention !) souverain contre ce mal. De retour à la maison j’ai regardé si cette croyance était fondée ou farfelue. Fait chaud, et le long de la voie verte il y a tout ce qu’il faut comme sanitaire. J’enlève les épaisseurs que j’ai en trop. Par prudence (ne sait-on jamais !) je regarde la carte. Et là ! Bingo !

Ce n’est pas la bonne direction… Nous ne faisons pas demi-tour mais obliquons à travers les vignes du Beaujolais vers Villié-Morgon (j’essaie de me souvenir où habite Toto Jambon, dans la cave de qui nous allions chaque année fêter dignement l’arrivée des vacances scolaires en mangeant un bien bon repas et en goûtant sa production viticole). Nous nous arrêtons à nouveau pour faire le plein dans une épicerie. Et aussi du savon de Marseille. Je veux essayer. On ne sait jamais. Et contre toute attente, l’explication serait que le vrai savon de Marseille est élaboré à base de potasse. Dans les crampes nocturnes dues à un déficit en potassium intracellulaire, les ions de potassium issus de la potasse pénètreraient la peau et se fixeraient dans les cellules musculaires. Donc, ce n’est pas n’importe quoi ! Contrairement à ce que dit Antoine. Et, anecdotique, l’épicier est cycliste ET plongeur niveau 3 !

Lancié. Romanèche-Thorins. La Chapelle-de-Guinchay. C’est à La Chapelle-de-Guinchay que nous faisons notre pause repas de midi, sur les marches de l’église. Nous nous lavons les mains, remplissons nos bidons et faisons la vaisselle à l’évier des services techniques municipaux. La conséquence d’une très récente foire qui s’est déroulé au village est que les sanitaires publics ont été dévastés !

Saint-Amour. Châne. Loché. Antoine est scandalisé par les désherbants répandus sur les vignobles. L’herbe est toute brûlée, jaune paille. Scandalisé aussi par un tag, une croix gammée. Mais nous rions en passant devant une cave dont le vin s’appelle « Pisse Vieille » ! Les maisons, en pierre, sont très belles.

Le giratoire d'Alain Girel, céramiste et ses verres géants

Charnay-Lès-Mâcon. Et là, Antoine me dit qu’il a entendu un bruit et s’arrête. Effectivement, je trouve une fine lamelle de métal. Je lui dis qu’il a sans doute roulé là-dessus et que c’est ce bruit qu’il a entendu ! Je jette le bout d’aluminium au loin. Mais, impossible de redémarrer ! La roue est complètement bloquée. Le pneu a une hernie juste là où il manque un morceau de jante, un fin et court morceau de jante. Ah ! C’était donc ça ! La hernie empêche le pneu de passer entre les patins de frein. Seule solution pour que, au moins, la roue puisse tourner (sinon il faut porter le vélo et avec les sacoches…), il faut dégonfler le pneu et décrocher les freins. On ira pas loin, comme ça ! Tout près, un garage. Le patron est seul, il n’est pas disponible pour nous emmener au vélociste le plus proche. Une famille de trois enfants (deux garçons de 8 et 11 ans) une fille de 14 ans et les parents nous rejoignent. Ils cherchent le début de la piste cyclable. Nous aussi, avant d’atterrir ici nous la cherchions. Mais là, ce n’est plus la priorité. Nous leur souhaitons bonne chance.

A côté, l’entreprise Miditraçage. Ils tracent les bandes blanches sur les routes. Un bureau. Et dans la cour, un camion et deux messieurs. Ils me disent que comme nous sommes lundi, le vélociste sera fermé. Reste Décathlon. Ils ne peuvent emmener qu’une personne et un seul vélo. Antoine reste donc au bureau et je monte dans le camion. Très sympas, les deux ouvriers sont venus avec moi jusqu’à l’atelier du magasin pour connaître le délai d’attente. Devant nous, un monsieur. Avec moi, une demi-heure d’attente. Trop long ! Sinon, ils m’auraient ramenée… Ils repartent chez eux, leur journée est finie. Je tourne en rond dans le magasin, en attendant. Au final, la roue est changée. Ils ont remis la cassette, la chambre à air et le pneu. Ils ne m’ont pas assommée ni fait croire qu’il fallait aussi changer les patins de frein (par exemple).Total de la réparation : 53,90€. Rien à dire, c’est correct ! Et je repars, munie des explications (écrites !) des réparateurs du vélo qui ne me font passer que par des petites routes. De retour à Miditraçage je remercie les deux employées de bureau (l’une est peut-être la patronne, Florence Jean-Stock) et nous partons à notre tour à la recherche de la piste cyclable. Mais là, il nous faut changer de carte. Nous ne sommes plus en Rhône-Alpes (la carte Michelin « indéchirable » de 2011 où 1 cm =2 km a été parfaite !).

Et un peu plus haut, à gauche, nous trouvons un chemin interdit à la circulation mais qui n’est pas labellisé comme piste cyclable. Comme il va dans la bonne direction, nous l’empruntons. Et c’est bien ça ! Il rejoint un peu plus loin la vraie voie verte que je connais pour avoir dormi à Cluny au gîte collectif communal. La Roche-Vineuse. Berzé-la-Ville. Et, juste avant Berzé-le-Châtel, une œuvre d’art brut, issu du cerveau d’un original. Il fait référence à Lamartine, originaire de la région. Son œuvre est basée sur la musique.

Puis devant Berzé-le-Chatel, jolie discussion en espagnol avec une dame, Mexicaine car sur son tee-shirt, un « Hola Chica !» m’a interpellée. Puis je fais la course avec son fils, lui à trottinette. Il est allé jusqu’à 20 kilomètre/heure ! Vif, le gamin ira loin ! Il s’est d’ailleurs bien éloigné de sa mère. Je lui demande son prénom, celui de son petit frère. Ils sont à consonance turc. Père turc, mère mexicaine. Un mélange pas si courant ! Il comprend un peu les langues de ses deux parents, les parle un peu. Plus le français, parfait ! Nous roulons dans un long tunnel. Cet ouvrage avoisine les 11°C. L’ouvrage a été utilisé comme champignonnière après l’arrêt de l’activité ferroviaire et sa désaffectation pendant de nombreuses années a permis à sept espèces de chauves-souris de s’implanter, dont le très rare "Grand Rinolphe". Le tunnel est fermé l’hiver (du 1er octobre au 15 avril) pour leur permettre d'hiberner. Et tout de suite après le tunnel, une côte très raide. Le problème du compteur est plus ou moins réglé. Il ne faut pas que la sacoche frotte contre l’aimant qui tourne et donne l’impulsion au compteur… Cluny est un peu plus loin.

A Taizé, le gîte est complet et la communauté religieuse n’accepte pas les cyclotouristes.

Un écureuil traverse la piste. Hésite. Revient sur ses pas. Repart. Nous avons eu tout loisir de l’admirer !

Près d’un lieu où les rochers abondent nous prenons le temps de discuter avec une jeune et jolie chevrière. Petit accent. Oui, elle est allemande.

A Cormatin nous arrivons au gîte de l’ancienne filaterie. On filait le crin de cheval dans ces ateliers. En particulier pour bourrer les selles. Nous retrouvons la famille de trois enfants qui cherchait son chemin alors que nous étions en panne. Ils sont tout étonnés de nous voir déjà arriver alors qu’ils sont là depuis peu de temps. Une dame nous installe dans notre chambre. Au moins nous aurons chaud ! Vraie salle de bain. Un lit chacun. Une galerie artisanale nous tente. On y trouve de tout : jouets, vêtements, parfums mais nous sommes davantage inspirés par ce qui se mange et achetons saucisson, fromage et confiture de sucrine (une cucurbitacée) et pamplemousse. Nous avons pu en goûter plusieurs, des confitures, avant d’arrêter notre choix sur celle-ci. Attenante aux chambres, une cuisine que les cyclotouristes peuvent utiliser. Elle est toute équipée. J’y fais cuire mon mélange de graines fait maison (lentilles, Ebly, boulgour…). Puis nous discutons, après le repas avec le père de famille. Je porte la veste de vélo Handivienne. Ce monsieur s’appelle Jacques et est le cousin de Michel Thivilliers, un copain du club, handicapé, qui fait du handbike ! Le monde est petit. Jacques est originaire de Bourg-en-Bresse. Après le repas, dodo ! Le petit déjeuner est inclus dans la nuitée qui nous coûtera 59€. Quand je pense aux 80€ du gîte de la Belle-mère…

65 kilomètres au compteur.

Mardi 29 avril

Le petit déjeuner est royal ! Céréales, yaourt, pain, confitures, thé, lait froid, café ou chocolat chaud. Pleins d’énergie, nous reprenons la route.

Sur la piste nous discutons avec un monsieur, un Hollandais, ancien proviseur de lycée. Sa femme, professeur de géographie. Il mettait en place les projets Comenius dans toute l’Europe, élargie à la Turquie. Aujourd’hui à la retraite, il s’investit encore beaucoup dans de nombreux projets.

Chat au pied d'une pompe pour approvisionner la loco en eau.... En haut, trottinette perchée sur un mât

Saint-Gengoux-le-National. Le wagon, restaurant à Saint-Désert (71)

Buxy. Jolie croix au cœur. Givry. Saint-Rémy, skate parc, tags :une cité jeune!

Arrêt dans une supérette. Et pause pipi à la mairie grâce à la police municipale car la mairie est fermée. J’appelle Lolo. Oh ! Miracle ! Elle décroche ! Elle est si occupée avec ses deux filles… C’est drôle, elle qui parle souvent de Chalon, j’ai toujours cru qu’elle en était originaire alors qu’en fait c’est à Saint-Rémy qu’elle est née.

Totem à Chalon, le long de la Saône. A Chalon-sur-Saône, pause repas le long de la Saône, un lieu de pique-nique bucolique et sympathique. Nous ne sommes pas les seuls à nous installer ici. Un peu plus loin, plusieurs camping-cars. Je demande au propriétaire de l’un d’entre eux où se trouve le point d’eau. Et c’est dans leur camping-car que je fais la vaisselle. Sympas, ces italiens !

Nous suivons la Saône et tombons sur un groupe de personnes attablées. Nous leur demandons la route. C’est un collectif d’artistes, acteurs (entre autres) de Chalon dans la rue, un festival annuel. Ils sont installés dans la friche portuaire. Un délaissé.

Ils se désolent que ce lieu soit non seulement abandonné par la ville mais surtout voué à la destruction. En particulier ces anciennes grues du port qui rouillent et qu’ils aimeraient voir rénovées et entretenues.

Un autre bâtiment est occupé par un collectif d’architectes. Un artiste nous conseille de poursuivre notre chemin le long des quais et de ne rejoindre la route qu’un peu plus loin. Antoine, passionné par les tags voudrait que je les photographie tous ! Certains sont de vraies œuvres d'art !

A la sortie des quais, un chemin plus ou moins praticable et à nouveau la route, dans la zone industrielle. Encore un tag. En sortant, un rond-point. Et c’est un accident mineur mais qui aurait pu mal tourner: au rond-point je vais tout droit. La voiture, derrière moi, me suis puis me coupe la route car elle, elle tourne à droite. Heureusement la voiture n’allait pas vite ! Elle heurte mon vélo sur le côté avant gauche. La sacoche amortit le choc. J’ai le temps de décaler, de poser le pied à terre. Ouf ! Je ne suis pas tombée ! Arrivé de l’autre côté, le conducteur complètement hors de lui s’arrête. Sort de sa voiture et commence à m’abreuver d’insultes. Les conducteurs n’approuvent pas sa conduite (dans les deux sens du terme !) et je vois bien les yeux ronds d’un chauffeur de poids-lourd qui, du haut de sa cabine a pu voir toute la scène. J’essaie de me défendre en expliquant au malotru qu’il est en tort. Il s’énerve encore plus. Je renonce, remonte sur mon vélo. Je suis ébranlée. Un petit peu envie de pleurer aussi. Pas devant Antoine. Il a eu aussi très peur ! Il était derrière moi. Nous continuons notre route. Plus de peur que de mal.

Nous trouvons le canal du centre. Champforgeuil.

Fragnes. Chagny. Alors que j’étais en train de réparer le vélo d’Antoine (il avait mis la béquille en contrebas par rapport au vélo, ce qui avait faussé les réglages), une dame est venue entamer une discussion avec nous. Où nous allions, d’où nous venions… Elle nous a fait part de son expérience au Kirghizstan et de son projet de voyage, toujours à vélo, en Argentine, avec des cols à 3000 mètres d’altitude. Une toute autre ampleur que notre petit voyage pépère à nous. Mais qui, bien que modeste, en impressionne quand même certains. Cette dame, depuis peu l’heureuse grand-mère d’un nouveau-né est venue lui rendre visite. Elle vient de Charente et emprunté le vélo de sa fille pour se détendre en pédalant un peu le long du canal. Nous voyons une sorte de biche dans un pré. Bizarre, elle est complètement immobile. Et à côté d’une grande cible. Bêtes que nous sommes ! C’est aussi une cible pour le tir à l’arc ! Notre compagne de route nous laisse un peu plus loin et nous, nous continuons sur notre lancée ! Nous roulons si bien qu’en longeant le canal nous sommes allés trop loin. Nous étions, il faut le dire, en pleine discussion avec cette dame à la conversation très intéressante. Nous avons dû faire demi-tour, soit 26 kilomètres de trop !

Car, au lieu de bifurquer légèrement sur notre droite après Chagny, nous avons carrément obliqué à gauche, toujours en suivant ce maudit (mais si joli !) canal du centre redescendant en quelque sorte vers le sud ! Heureusement que nous sommes allés dans le village pour faire remplir nos bidons dans un bistrot. Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai sorti ma carte, pas tout à fait sûre de moi. J’ai demandé le chemin pour Chagny. Ça les a bien fait rire ! Mais, sympa, le bistrotier et ses clients nous ont remis sur le droit chemin. Retour à Chagny ! Nous croisons une famille avec deux remorques : des bagages dans l’une, un enfant dans l’autre. Ils vont de l’Atlantique à la Mer Noire.

Nous avons trouvé un camping. Pas envie de sortir la tente car pendant ce retour sur la bonne voie, il s’est mis à pleuvoir pas mal ! L’employée du camping municipal (petit accent : elle est Brésilienne !) nous a loué un « chalet », sorte de mobil-home déguisé en chalet. 5 places pour nous deux ! 50€ la nuit, sans repas ni déjeuner ! Mais au chaud… C’est vrai qu’il est grand ! Nous avons dû signer un contrat de location (Ah ! l’administration !). J’achète un jeton de lavage et un de séchage. Nous fermons la porte de la chambre avec le grand lit et nous attribuons la chambre aux lits superposés. (Moi en bas). J’allume le chauffage à fond pour sécher nos vêtements. Je demande à un belge s’il peut me donner un peu de lessive. Comprend pas. Sa femme sort le nez et immédiatement me tend son bidon de lessive. Lui, avec humour : « C’est normal que je n’ai pas compris, je suis un homme !… »

A force de voir tous ces vignobles, l’envie d’en goûter un peu me prend.

Dans le village, à 300 mètres l’on nous dit que l’on trouvera une pizzéria. Antoine en a très envie. Et c’est dans un restaurant de haute tenue que nous « atterrissons » ! C’est quand même mieux ! Et ce n’est pas pour déplaire à Antoine… C’est un épicurien, ce garçon ! Ce restaurant l’Arôme est excellent. Pas très grand, il n’y a pas beaucoup de table. Les assiettes sont grandes. Les quantités qu’elles contiennent ne sont pas très importantes mais les mets sont si délicats ! La mise en bouche est une purée de carottes et un confit de saumon. Un délice. Ça nous change de notre éternel mélange de graines à l’huile d’olive et à la tomate. Je commande, sur les conseils avisés de la serveuse, un blanc, un Bourgogne Chitry Chardonnet. Les vélos restent dehors. Je ne pense pas qu’ils craignent grand-chose. En attendant, à portée de nos mains, une niche contient une bibliothèque avec des livres uniquement consacrés aux saveurs et aux mets qui nous mettent en appétit. Des écrivains racontent en de courtes nouvelles des expériences gustatives liée au grand art culinaire ou tout simplement à des souvenirs d’enfance. [Elles me font rappeler la charlotte aux pommes que me faisait maman avec du pain rassis trempé dans du lait, des œufs et des raisins secs macérés dans du rhum et versé dans un moule chemisé de caramel. Et puis la crème renversée aux œufs cuits dans la cocotte-minute. Ou encore la jardinière de légumes que je faisais avec papa. Mon père a toujours cuisiné et cuisine encore le salé et maman plutôt les gâteaux. Mais non, papa fait un excellent gâteau aux noisettes, il confectionne avec amour des orangettes avec ou sans chocolat, la nougatine aux amandes (mais ça fait longtemps). Et quand papa était absent pour ses long déplacement à l’étranger c’est bien maman qui faisait tout, le sucré comme le salé !] Mais aussi les livres que la patronne avait, petite fille (la chenille qui mange et fait des trous). Le cuisinier du restaurant a travaillé à Charbonnières-les-Bains. Ici, le lieu est beau. Cuisine nouvelle ? Tout est délicat, léger. Comme une mousse. La daurade et l’aïoli comme émulsionné qu’a choisi Antoine est goûteuse. Mon snack de tête de veau est original. Le tout pour à peine 59€ les deux menus, la bouteille d’eau pétillante, le verre de vin de jus de fruit !

Après manger je vais dans la petite cour, au fond de la salle.

Et là, surprise, des plaques de verre posées au sol dévoilent un escalier qui descend à la cave et aussi un puits peu profond, à peine une mètre, dans la cave, bien mis en valeur par un bel éclairage.

Le patron nous ouvre la trappe pour que nous puissions visiter. Une source traverse tout le village. C’est une ancienne chapellerie (XIXe jusqu'au milieu XXe). Pendant la guerre, ce fut le siège de la Kommandantur. Puis de 1958 à 1993 l'atelier d'un photographe.

Il pleut quand nous rentrons du restaurant. Je vais chercher les vêtements dans le sèche-linge. La nuit, la pluie qui tombe dans la gouttière puis arrive sur le sol (revêtu de métal ?!?) fait différents bruits. Du goutte à goutte (ploc ploc), au bruit d’un robinet qui coule, au tapotement énervé d’un doigt sur le coin d’une table au martèlement et jusqu’au bruit de moteur. Antoine n’a rien entendu de tout cela. Il a dormi comme une souche ! Mais moi, j’ai eu trop chaud. Et ce bruit !

Environ 72 kilomètres parcourus aujourd'hui.

Mercredi 30 avril

Hier nous avons réservé un pain viking. Aux graines. Il est bon mais je suis déçue, il est tout mou. Il nous faut faire un (bref !) état de lieux. Une lampe ne fonctionne pas. Nous ne savions pas qu’il fallait louer des draps. Heureusement nous avions nos duvets à capuche !

La gérante nous indique la route à suivre pour ne pas commettre la même erreur qu’hier. D’abord le trajet pour sortir du village. Puis Corpeau. Nous nous trompons un peu et arrivons à Ebaty. Des personnes nous remettent sur le droit chemin et nous disent qu’un peu plus loin nous devrons prendre une petite « bambée » sur notre droite. Bambée ! Quel joli nom ! Bombée. Une petit côte, quoi ! Puligny-Montrachet.

Dans une supérette Casino, nous achetons tout ce qu’il nous faut. Mais le papier toilette ne se vend, au minimum, que par quatre rouleaux ! Encombrant, même si c’est bon marché ! La gérante nous propose gentiment de nous en racheter deux ! Sympa ! Nous traversons plusieurs villages en travaux: les touristes arrivent cet été !

Pommard et Beaune. Nous aurions voulu faire la route des vins que nous ne nous y serions pas pris autrement ! La route zigzag entre les vignes, bien balisée pour les cyclotouristes que nous sommes, elle est truffée de petites pancartes blanches représentant un vélo de couleur verte. Impossible de se perdre ! Ça monte, ça descend, jamais méchamment. Bien agréable, ce balisage.

Nous mangeons sur la place du village de Savigny-de-Beaune à côté de la fontaine.

Un chat mendie quelques miettes de notre repas: du pâté en croûte, des tomates et des céréales cuites en salade. Comme dessert, une pomme. Avec de l’eau de notre bouteille, petite vaisselle. Rincée à la fontaine. Et à partir de Savigny-de-Beaune, la vallée commence et c'est une merveille ! Bouillant : maison ronde de lutin, avec de l’herbe qui pousse sur le toit. Une petite cascade au creux d’un à-pic, et la grotte à ses pieds. Lieu-dit La Forge : Grande cascade faite de la main de l’homme pour actionner un moulin

Une merveille botanique, cette vallée. Je reconnais le fraisier, l'ancolie, le muguet, le coucou, l'anémone pulsatile, l'euphorbe, le sceau de Salomon, l'orchidée, le tout accompagné de chants et de cris d’oiseaux. Merle, coucou, pic vert. Il fait frais sous le couvert des arbres et le soleil est au rendez-vous. Impression de sérénité. S’il fallait trouver une image du cyclocamping, ce serait la découverte de cette vallée.

Bécoup. Et là, dans la magnifique descente… catastrophe ! Ma sacoche avant droite frotte dangereusement les rayons, le bruit et les vibrations ne trompent pas. Je m’arrête brusquement. C’est le porte bagage qui s’est désolidarisé du cadre sur un des points d’attache : la vis est toujours là, mais plus le boulon ! Je cherche dans mon sac à outils et je trouve un boulon correspondant à la taille de la vis. Je fais signe à une voiture qui descend afin que le conducteur prévienne Antoine pour qu’il ne s’inquiète pas. Mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas dû comprendre mon signe. La voiture qui montait, en revanche, elle, s’arrête mais sa conductrice est pressée. Elle ne redescendra pas. Clé Allen, clé à pipe. C’est réparé ! Je repars mais ça recommence, ça ne tient pas… Je mets alors la sacoche sur le porte-bagage derrière moi, bien fixé par un tendeur et je repars à nouveau. Je vois arriver Antoine, plein de courage, remonte à ma rencontre ! Pont-d’Ouche. Nous avons changé de département, nous sommes en côte d'Or. Une entreprise de métallerie, fabricant des portails et autres ouvrages. J’entre dans un bureau, je leur demande s’ils ont une vis et un boulon à me donner. Espérant secrètement qu’un ouvrier pourrait y jeter un œil. Et c’est une fin de non-recevoir. Ils sont en plein inventaire ! La secrétaire m’oriente sur l’entreprise voisine. Mais les limites géographiques entre les deux entreprises ne sont pas claires, je retombe sur un ouvrier de la même entreprise que précédemment. Plein de bonne volonté, lui, il est prêt à y jeter un coup d’œil. Mais il doit demander le feu vert à son chef. Il ne revient toujours pas. Tant pis, nous, on s’en va ! Une belle piste cyclable s’ouvre devant nous, le long du canal de Bourgogne, direction Dijon. Parfait ! C’est ce que j’avais stabiloté sur ma carte. En avant ! J’appelle même Jean-Claude Perronet un champion de course à pied de Dijon, aveugle, qui court sur toutes les routes de France accompagné par des guides. Nous serons là-bas dans la journée.

Pont-d‘Ouche. Veuvey-sur-Ouche. La-Bussières-sur-Ouche. Saint-Victor-sur-Ouche. Gissey-sur-Ouche. Et là encore nous regardons la carte. Je retourne la carte et là ! Oh misère ! Je ne sais pas du tout ce que j’ai fabriqué… sur l'autre moitié de carte, le circuit suit bien ce même canal de Bourgogne mais… sur la branche gauche du canal et non la droite ! En effet, à Pont-d‘Ouche le canal forme comme un V, dont l’un orienté vers le nord-est (la direction dans laquelle nous sommes partis) et l’autre à vers le nord-ouest où nous aurions du aller… Deux option: faire demi-tour ou bien traverser et grimper les montagnes pour passer de l’autre côté. Plein de courage, nous optons pour la deuxième solution.

Agey. Nous nous arrêtons chez une habitante pour remplir nos bidons. Ça grimpe pas mal, mais on peut rester sur les vélos en mettant « tout à gauche. ». Rémilly-en-Montagne, qui porte bien son nom. Le-Trembloy. Charmoy. De petites routes qui ne sont pas sur ma carte. J’hésite, nous nous arrêtons et demandons notre chemin. La rivière porte un joli nom: la Sirène. Et voilà une très belle descente et à droite une montée vertigineuse, un vrai mur (si cette petite route était dessinée sur la carte elle aurait trois chevrons) qui nous oblige à poser pied à terre. Nous passons devant un hameau, Loizerolles avec sa chapelle et son château, le tout est une propriété privée fermée par des grilles. Si le château date de la moitié du XIXe siècle, le site a abrité une abbaye, en partie résidence des moines qui rejoignirent l'abbaye actuelle de La-Bussière-sur-Ouche après un incendie, vers 1130. Le château et ses dépendances (grange et calvaires classés, chapelle Saint-Sylvestre, habitations des anciens fermiers, prés, potager, bois, etc.) sont implantés sur près de 26 hectares. En 1988, la grange monastique « Dîmierre et le calvaire ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les murs en briques roses ont été conservés par leurs récents propriétaires. Un charmant petit château inconnu, loin de tout et pas facile à trouver par des touristes non avertis. Il est vraiment situé hors des sentiers battus et il apparaît sous nos yeux comme un rêve car en général en empruntant de telles routes, on atterrit plutôt dans des hameaux quasi abandonnés, voire dans une cour de ferme. C'est une riche famille anglaise, Joy et Martin Cummings qui en est propriétaire. Je dérape et tombe sur les graviers disposés devant la grille d'entrée. La selle a un peu tourné sur la droite, un peu, tant pis, nous continuons. Encore une belle descente !

Nous hésitons, ne nous arrêtons pas au premier gîte et poursuivons en direction du lac de Panthier (un réservoir artificiel de 120 hectares). Un site de pêcheur y publie les photos de très belles prises!! Ce réservoir alimente le canal de Bourgogne. Nous passons devant une drôle de maison. Elle est en tôle peinte d’un joli paysage et surmontée d’une éolienne. Sur le gouvernail de l'éolienne est écrit : « L’eau s’pisse » ! ». La maison est agrémentée d’un jardin (potager ?). Passé assez vite, nous nous promettons de la photographierons demain, quand nous repasserons devant.

Il est déjà dix-neuf heures trente quand nous arrivons au camping du lac de Panthier ! Dans le bâtiment de l’accueil, une piscine intérieure. Mais elle ferme à vingt heures. Tant pis ! Le temps d’installer la tente (le propriétaire du camping nous prête un marteau), de manger, il sera l’heure d’aller se coucher. Un monsieur sympa, cyclo-campeur comme nous, mais un peu collant engage la conversation, pose pleins de question, nous donne des conseils. Il a déjà fait l’Europe à vélo. Là, il fait juste la Bourgogne avec sa compagne. Il habite la Région parisienne. Quand je lui dis que j’ai froid sous la tente, il nous dit qu’avec un matelas et un drap isolant (à 50€ quand même) qui augmentent la chaleur de 5°C je ne devrais plus avoir froid. Bon, c’est vrai, il tracte une remorque, il peut transporter plus de matériel que nous! Sympa, il nous prête sa petite bouilloire d’un demi-litre qui nous fait gagner du temps pour faire chauffer l’eau de la soupe et des céréales. En échange, je lui prête ma passoire pour les pâtes. Il nous donne ce qu’il lui reste d’un sachet de pâtes car demain ils ont fini leur randonnée à vélo. Pendant ce temps, je prends une douche, bien agréable dans un bâtiment chauffé aux infrarouges. Antoine a commencé à monter, seul, la tente. C’est la première fois ! Il a grandi et fait des progrès depuis l’an dernier. Il ne file plus à trois kilomètres devant et m’attend à intervalles réguliers, ne se plaint plus sans cesse qu’il a mal quelque part. Quand je sens qu’il pédale avec moins d’ardeur ou qu’il devient taiseux c’est qu’il faut faire une pause. S’arrêter, manger une barre ou des fruits secs ou carrément le repas. Je ne l’écoute pas toujours quand il dit qu’il n’a pas faim ou que c’est trop tôt pour chercher un gîte car il présume souvent de ses forces. L’impression qu’il veut toujours aller plus loin, pas s’arrêter. .Des Anglais nous prêtent un tabouret sur lequel s’emboîte un plateau et le voilà transformé en table ! Assis sur le rebord d’un parterre de fleurs, tout près des éviers nous mangeons le saucisson acheté à Cormatin, nos céréales cuites avec de l’huile d’olive, du fromage et du pain avec de la confiture de figues.

Le compteur affiche73,82 kilomètres. Il a bien voulu se remettre en marche aujourd'hui.

Jeudi 1er mai

Antoine se plaint du sol qu’il a trouvé dur et moi, du froid. Avant de partir du camping je demande au propriétaire, s’il a une vis et un boulon pour réparer mon vélo. Il a bien des vis. Mais l’une est trop petite, l’autre trop grande ! Il me les donne toutes les deux, comme étalon, pour trouver, ailleurs, la bonne.

Nous repassons devant « L’eau s’pisse » mais le soleil est de face. Impossible de photographier l’éolienne. Dans le jardin se tient un homme. Il est prof de techno et c’est avec ses élèves qu’il a conçu et fabriqué la maison en paille et laine de mouton ainsi que l’éolienne. Mais qui l'habite ? Le prof ?...

Un magasin ouvert le 1er mai, le Casino de Créancey. Nous ne trouvons pas de petite bouteille de gaz. La nôtre sera vide assez vite. Nous achetons le modèle au-dessus. Pas de place ailleurs que dans le sac étanche que porte Antoine et qui renferme la tente et les duvets. Fruits. Barres de céréales. Yaourt à boire, pour Antoine. Tomate et jambon persillé. Ma sacoche posée derrière moi est encore plus en équilibre car elle est posée sur une autre sacoche devenue bombée depuis que j'y ai rangé des courses. Je demande à Antoine de rester derrière et de vérifier si elle ne risque pas de tomber.

Pouilly-en-Auxois. Nous retrouvons le canal. Et, curieux allons voir d'un peu plus près la voûte du canal de Bourgogne. C'est un tunnel de 3333m.

Construit à partir de 1775, le canal de Bourgogne relie la Seine à la Saône. La ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui du Rhône se situe dans la région de Pouilly. C'est d'ailleurs à Pouilly, dans ce long souterrain également appelé « la voûte ») que le canal passe de l'un à l'autre. Pendant plus de 7 ans des ouvriers mineurs creusèrent ce souterrain. Pour les mariniers, il ne fallait pas moins de 10 heures pour le traverser. C'est pourquoi, en 1867, on installa un toueur à vapeur engrené par une chaîne immergée.

En 1893, on le remplaça par un toueur électrique, et le trajet fut réduit à 2 heures seulement. Une autre difficulté dut être surmontée : la voûte n'étant pas assez haute, les bateaux les moins chargés touchaient le haut de la voûte. En 1910 fut trouvée la solution : on mit en service un bac transporteur sur lequel prenait place la péniche. Après avoir vidé une partie de l'eau contenue dans le bac, le bateau se trouvait à un niveau suffisamment bas pour être pris en charge par le toueur. De nos jours, les rares péniches traversent seules. Pour cela, il faut abaisser le niveau de tout le bief.

Quelques messieurs sont autour d’une voiture, capot ouvert, dans le garage d’une maison particulière. Une dame les regarde. Ça bricole sec ! Je demande si, par hasard, ils n’auraient pas le boulon qu’il me faut. Non seulement ils l’ont mais en plus ils se chargent, à deux, de réparer le vélo.Il ne manquait pas seulement un petit boulon mais aussi une rondelle, de l’autre côté de l’œillet. Le "réparateur en chef" me donne son adresse courriel pour que je lui envoie le compte-rendu de notre rando à vélo. L’une de mes clés Allen est toute usée, c'est celle que j’utilise le plus. Elle tourne dans le vide. Il m’en offre une qu’il a eue à Ikea et qui sert à monter les meubles. Elle est ancienne et semble plus solide que celle que j’avais. Antoine qualifie à juste titre cette famille de « chaleureuse ». Il s’appelle J. Royer et habite juste à côté d’un abri où est exposé le toueur.

Eguilly, magnifique ferme fortifiée. En fait c'était un château et une ancienne et importante place forte construite au XIIe siècle sur un site gallo-romain (daté lui du IVe siècle), un des rares châteaux fortifiés de plaine. D’habitude, ces édifices sont installés sur des hauteurs. Celui-ci a été érigé dans la vallée pour barrer le plus grand seuil de pénétration de France entre le nord et le sud, au carrefour de deux routes stratégiques romaines : la voie d’Alésia et celle reliant Autun à Langres. Transformé en château au XVe par les Choiseul, cent ans plus tard, Eguilly a été réduit en ferme par la famille Mac-Mahon. Lorsque l’autoroute A6 a été tracée, le projet coupait la propriété entre la cure et le château (impensable aujourd’hui). Il a été laissé plus de dix ans sans surveillance et a été pillé jusqu’en juin 1983 où un couple de Parisiens, l’ont acquis et fait classer au catalogue du patrimoine des Monuments Historiques. C'est maintenant un centre international d’art moderne et contemporain où sont exposées quelque 200 œuvres.

Gissey-le-Vieil. Nous pique-niquons sur une table ad-hoc. Nous mangeons du jambon persillé de la marque « Antoine Gourmand et Bourguignon depuis 1874 » ce qui le fait beaucoup rire, MON Antoine ! Et aussi du fromage fort du Villet. Fabriqué en Bourgogne, lui aussi.

A Saint-Thibault. Caravane ? Non! Bateau ! Nous voyons pour la deuxième fois une biche morte, flottant sur le canal. Les rebords élevés et très droits ne leur laissent aucune chance. Les pauvres, quelle mort atroce, s’épuiser ainsi à essayer de remonter sur la terre ferme ! Nous apercevons beaucoup de hérons cendrés. Peu farouches ils s’envolent au dernier moment.

Juste avant Pont-Royal, un énorme terrier (suivi de plusieurs autres le long de la piste cyclable) devant lequel un monticule de sable s’amoncelle. Sans doute un blaireau. Belle bête, sans doute, à voir la taille des trous ! Pont-Royal, tient son nom de la route royale n° 2 des Etats de Bourgogne, ouverte sous le règne du roi Louis XV. C'est un petit port sur le canal.

A Pouillenay, belle harmonie du bleu des volets avec le jaune du colza derrière la maison de l’éclusier remarquée par Antoine.

Nous aimons mieux la piste cyclable qui longe le canal du centre pour le côté roulant du revêtement et les passages pour les cyclos et les piétons sous les ponts mais moins la tonte systématique des bas-côtés, nous privant de l’herbe et des fleurs des champs car nous n’en voyons pas l’intérêt ! Le chemin de halage du canal de Bourgogne est resté « nature » : petit graviers, terre, trou, et herbe qui pousse au milieu et de chaque côté. Il est beaucoup moins fréquenté que le canal du Centre. A chaque pont il nous faut grimper la petite bambée pour ensuite redescendre de l’autre côté.

Sur le site du canal de Bourgogne géré par le conseil régional du même nom, on peut lire: "Contrairement à bien d’autres canaux, les maisons du canal de Bourgogne ne présentent pas d’unité architecturale. Cette mosaïque d’architectures s’explique par l’étalement de la construction sur plusieurs décennies et par une rupture forte, la Révolution française. En effet, les projets de l’Ancien Régime ne sont pas forcément reconduits sous l’Empire. Par ailleurs, l’Administration du canal étant entièrement refondue, une nouvelle hiérarchie d’ingénieurs s’impose et le financement est repensé. Ainsi, on ne dénombre pas moins de cinq types de maisons éclusières portant le nom de l’ingénieur qui en a fourni le plan. Il est aussi à noter qu’au fil du temps et selon les besoins des occupants, des ajouts ou des modifications sont très souvent venus distraire le parti d’origine. 188 maisons éclusières et 28 maisons de garde ont été recensées. Ces dernières se retrouvent sur les sites d’écluses, sur les ports, autour de réservoirs, le long d’un bief ou d’une rigole. En Côte-d’Or, quatre maisons de perception, bâties selon le même modèle, ont été recensées. Elles furent érigées à partir de 1835 et achevées en 1838 avec un niveau supplémentaire par rapport au projet d’origine. Elles se composent d’un rez-de-chaussée sur soubassement, de deux étages et d’un grenier. Certaines maisons éclusières combinaient plusieurs fonctions et accueillaient également les bureaux de la perception et les logements en rapport."

Ah ! Au secours ! Je pousse un cri ! Je viens de rouler sur un long serpent de couleur vert et jaune. Il fait presque toute la largeur du chemin. Ai-je rêvé cette couleur ? Je n’en avais jamais vu de cette sorte. Une couleuvre sans doute car je crois savoir que les vipères sont assez courte. J’ai crié car j’ai eu peur qu’elle ne se rebiffe et ne me morde ! Antoine est un peu plus loin devant. « Ah bon ?! Je savais pas que t’avais peur des serpents ! ». En fait non, pas vraiment peur mais j’ai été tellement surprise… j’aurais roulé sur n’importe quelle bête que je crois que j’aurais crié pareillement. Peur aussi de lui avoir fait mal, je crois. Voyons. Deux sacoches à plus de cinq kilos chacune. Moi, 60 kilos. Le vélo, au moins 20 kilos avec les outils, la chaîne, la sacoche avant où je range l’appareil photo, le petit sac en cuir avec mes papiers. Le pauvre ! Presque 80 kilos lui sont passés dessus. Antoine et moi retournons sur nos pas. Elle a disparu. Elle aura sans doute été mourir plus loin, victime d’une hémorragie interne. Je me lamente de la mort probable de cette jolie bestiole.

La pluie menace. Et tout à coup tombe dru ! Le vent la pousse en rideau. Nous nous abritons chacun le long d’un arbre. Elle passe de part et d’autre. Puis ralentit et cesse au bout d’un moment. Nous reprenons le chemin. Ça recommence et encore plus fort. Vite ! La maison d’écluse de Mussy et derrière, un appentis ! Nous pédalons de plus belle. Laissons les vélos en haut et descendons les escaliers plein d’orties (aïe !) quatre à quatre nous réfugier derrière la maison. Elle n’est pas habitée pour le moment mais ses habitants ont entrepris de créer un mur d’escalade sous cet abri. Une grande et épaisse planche verticale et une autre horizontale, au plafond sont couvertes de prises d’escalades colorées et de cordes, d’anneaux.

La pluie se calme, nous redémarrons. Venarey-Lès-Laumes. Jolie vue avec la péniche de « La joie de vivre » et cette ancienne cheminée d’usine surmontée d’un arbre.

Et nous arrivons à Montbard, ville natale du naturaliste Buffon. Entre 1733 et 1742, ce dernier, futur comte Georges-Louis Leclerc de Buffon annexe le château par engagement, le fait raser (ben mince, alors !), ne conservant que le rempart, l'église Saint-Urse et les deux tours actuelles, pour y établir un parc aménagé en jardin à la française, à l'anglaise et à l'italienne, constitués de quatorze terrasses plantées de différentes essences. Buffon s'établit en partie à l'Hôtel de Buffon, au Petit Fontenet voisin et dans la tour Saint-Louis qu'il fait diminuer d'un étage (décidément, il détruit tout!) pour installer son cabinet de travail d'été et sa bibliothèque. Il y côtoie son ami le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et y rédige de 1749 à 1788 son « Histoire Naturelle », une encyclopédie monumentale en trente-six volumes. En 1768, il fonde les forges de Buffon - une des plus importantes entreprises métallurgiques de son temps - à Buffon à 3 km au nord-ouest de la ville. En 1774, le roi Louis XV de France le fait premier comte de Buffon.

Nous quittons le canal. Après le plat du canal, ça recommence à monter. Une petite ville s’appelle La-Mairie. Drôle de nom !

Arrans, Antoine refuse de squatter une maison en rénovation. Et la seule personne à qui je demande de nous héberger, fait une drôle de tête quand je lui présente ma requête.

Verdonnet. Bon, là il pleut depuis le début de l'après-midi, il commence à se faire tard et il faut vraiment trouver une solution pour dormir ce soir. Une dame décharge ses courses. Juste à côté, une sorte de chalet tel que l’on peut en trouver à Casto, les rideaux aux fenêtres en plus. Y range-t-on des outils ? Sert-elle de refuge aux enfants ? Je demande à la dame si elle en est propriétaire. Oui. Si elle veut bien que nous l’occupions pour la nuit. Oui, mais il n’y a pas de chauffage, d’eau ni de toilettes. « Oh, vous savez, nous, du moment qu’on a un toit sur la tête… ». « Attendez, je demande à mon mari si vous pourriez dormir dans la salle des fêtes ». Ben oui, son mari c’est… le maire ! Elle réussit à presque le convaincre. Il est encore un brin soupçonneux. Je lui dis que je comprends, que j’ai longtemps travaillé en mairie comme assistante sociale ET responsable du CCAS. Que je comprends, que la mairie et la salle des fêtes n’est pas sa propriété, qu’il en est responsable devant ses concitoyens. Ma proposition de lui confier ma carte d’identité pour la nuit, une caution de taille, le décide finalement à accepter de nous héberger. C’est tout simplement génial ! La cousine du maire est partie pour trois ans en tandem avec son mari faire le tour du monde. Elle aura sûrement dormi, comme nous, dans des bâtiments publics. En ce moment elle est au Chili. Elle a intitulé son blog : « Le tandem et la vie ».

Grâce à monsieur Cernesson, le maire, nous aurons accès aux toilettes, au lavabo, et même à la cuisine. En ce qui concerne les radiateurs nous n’en allumons qu’un, pour sécher nos affaires que nous pendons (chaussures comprises) sur le portant où sont accrochés les cintres. Je déplie les deux parties de la tente et les étale sur les chaises pour les faire sécher. Il nous ouvre même un local, très ancien, pour ranger nos vélos à l’abri et me confie une très grosse et lourde clé de métal. Elle pèse au moins 300 grammes ! A la cuisine il y a une bouilloire, ce qui nous permet d’avoir rapidement de l’eau chaude pour cuire nos graines et faire de la soupe. Je réalise même, suprême dessert de luxe, des bananes au chocolat noir aux noisettes! Dire qu'Antoine aurait voulu, comme d’habitude encore avancer mais en fait il n’en pouvait plus de faim, de froid et de fatigue. Il n’est capable de rien faire ou presque. Il est courageux, ce garçon ! Nous fermons la cuisine. Elle sera plus facile à chauffer. L’eau qui bout réchauffe aussi l’atmosphère. Nous entendons des bruits de l’autre côté. Qu’est-ce ? Le couple fête les 18 ans de leur fille le week-end prochain et vide la voiture pleine de victuailles. La femme du maire, aide-ménagère, a besoin que sa voiture soit vide, demain, pour emmener les personnes âgées en courses. J’appelle le cyclo d’Ampilly-le-Sec pour le remercier d’avoir dessiné le parcours. On aurait presque pu dormir chez lui… sauf qu’il n’y était pas.

Nous avons fait 91 kilomètres

Vendredi 2 mai

Il reste du gâteau de riz pour le petit déjeuner. Et j’ai aussi fait cuire hier soir le reste de graines avec des figues. Ce matin, saupoudré de sucre, c’est un délice. Trop sucré pour Antoine. Dégoûté, il n’arrive pas à le finir. Je fais mes fonds de poche et donne 4€ au maire en dédommagement de l’eau et de l’électricité que nous avons utilisé. Après inspection des locaux (nous avons fait le ménage et tout remis en place), il me rend ma carte d’identité.

La femme du maire nous klaxonne en passant sur la route parallèle à celle que nous empruntons.

Fontaines-les-Sèches (pourquoi ces noms: Fontaines-les-Sèches, Coulmier-le-sec, Ampilly-le-Sec...? La région doit avoir un problème d'alimentation en eau, non ?!)

Laignes et la résurgence de sa rivière, la Laigne (sans s!).

Là, pas de problème d'eau! Marrant, à l’abri (il pleut encore !) sous une maison trois puis quatre hommes jouent les commères et font des commentaires sur les passants. Je les ai entendus quand je suis arrivée à leur hauteur. Je cherchais du réseau pour mon téléphone. Hier soir, c’est tout juste si j’ai pu prévenir Roland comme je fais tous les soirs, que tout allait bien. Je retire de l’argent et nous achetons du pain et faisons aussi quelques courses. Nous mangeons au moins un pain et demi par jour. Entre la charcuterie, le fromage, la confiture et le chocolat… Il repleut, un peu, par intermittence. Griselles. A droite Villiers-les-Moines. Villedieu. (Très croyants, ici !). Molesme et sa "table des morts" qui nous intrigue. Les-Riceys.

Pargues est incroyable ! Ce grand bâtiment de brique surmonté d’une tour, elle-même surmontée d’une tour elle-même surmontée d’une éolienne. Qu’est-ce ? Nous posons la question à une jeune femme qui sort par un petit portillon qui fait face à ce monument. « Je sais pas ». « Quoi ? ! Vous avez ça tous les matins en vous levant et tous les soirs en vous couchant et vous ignorez ce que c’est ?!! Vous n’êtes pas bien curieuse, mademoiselle ! ». « Je crois que c’était un moulin. Maintenant c’est la salle des fêtes ». De retour à la maison je fais un tour sur internet. Et je trouve un article du journal de l'Est-Eclair: "Par arrêté du 28 novembre dernier et sur avis de la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS), le préfet de Région a inscrit le château d'eau et l'éolienne de Pargues, ainsi que le lavoir qui complète le dispositif, au titre des Monuments historiques. L'ensemble est représentatif de ce patrimoine industriel et technique dont la Champagne-Ardenne est riche mais dont le souci de conservation ne remonte à guère plus d'une décennie. L'ensemble de Pargues marque l'identité de la commune et est inédit en Champagne-Ardenne. Sa construction est décidée en 1901 : il s'agit alors de rendre pérenne l'alimentation en eau pure d'une série de fontaines-abreuvoirs disséminées dans le village. La construction est effective en 1902, sur des plans de l'architecte Ludovic Sot. Le mécanisme est fourni par Henri David, constructeur à Orléans. Pour compléter l'ensemble, un lavoir est construit, doublement alimenté par la fontaine et le château d'eau. Le mécanisme de l'éolienne de 1902, aux imposantes ailes de bois (presque 10 m de diamètre), sera remplacé en 1922 par un matériel américain « aermotor » - société qui existe toujours -, installé par un constructeur belge. Ont prévalu dans ce choix la qualité de la tour de pierre et brique de Ludovic Sot, le témoignage de la volonté « hygiéniste » des édiles et le caractère unique de l'ensemble.

Autre curiosité du village, l’église, sorte de Sainte-Sophie aux dômes arrondis, en réfection. Elle serait, selon un article, toujours de l'Est-Eclair, "exceptionnelle par son chœur du XVIIe, dans un département qui est un véritable gisement d'églises du XVIe siècle, comment expliquer la présence d'une église aussi atypique que la Nativité-de-la-Vierge de Pargues ? Si la nef est classiquement du XIIe siècle, laissée telle par le manque de moyens financiers des ouailles à qui la charge relevait, le chœur reconstruit au XVIIe siècle est un époustouflant exercice de style. Une coupole monumentale éclairée par un lanternon, contenue par trois demi-coupoles formant au sol une croix latine aux contours sinueux… Le maniérisme de chœur à plan centré est encore accentué par le dispositif qui permet d'aborder l'édifice. En pente légère, la nef du XIIe siècle conduit naturellement le pas et le regard vers le chœur monumental et baroque qualifié par Jonathan Truillet, le conservateur régional des Monuments Historique de « beau et rare ». Dans une mise en scène théâtrale qui vaut bien celle de certaines églises de Rome. Elle est restée en chantier pendant quatre ans, C'est un édifice d'exception parmi le patrimoine monumental protégé de Champagne-Ardenne. Un superbe décor pour le jardin du Prieuré, situé au sud de l'église, classé parmi les premiers « jardins remarquables » de l'Aube. "

Chaource. J’ai promis à Antoine d’y acheter du fromage. Donc, direction la fromagerie. J’aime les maisons de cette région. Comme en Alsace ou en Normandie, elles sont à colombage. Autre curiosité, cette maison dont les murs sont agrémentés de morceaux de verre et la camionnette de Dédé La Bricole ?

Alors que nous roulions, et je que je racontais à Antoine l’histoire, véridique, de cet évêque, mort dans un bordel, à ce moment-là, nous dépassons un papy, un cyclo, muguet à la main, qui sortait d’un chemin. Je ne sais pas ce qu’il a entendu de l’histoire mais il riait beaucoup !

Pique-nique à l’abri de la pluie sous une avancée de toit construite entre les piliers extérieurs d’une église. Juste à un carrefour.

J’ai froid. Je sors la couverture de survie (merci Jacqueline !) et m’enveloppe les jambes avec. Côté doré à l’extérieur. Faut voir la tête des automobilistes qui passent devant nous ! Et tout particulièrement de l’un d’entre eux. D’abord, il nous jette un coup d’œil distrait. Puis, brutalement, son regard revient sur nous, l’œil rond, médusé ! Nous avons bien ri en voyant son expression ! La pluie a cessé.

Je vais faire la vaisselle au lavoir. Mince ! La tasse a coulé au fond. Pas trop profond, mais quand même. Il a fallu que je remonte bien haute ma manche !

La réparation de la fixation de mon porte-bagage n’a pas tenu, malgré toute l’attention dont il a bénéficié. Et pour cause ! L'oeillet est fendu. Comment faire ? Tout à coup, mais oui, mais que je suis bête ! Mon porte-bagage arrière comporte des barres… Pourquoi diable n’ai-je pas pensé plus tôt à y fixer ma sacoche ? Je me sens vraiment ridicule. Sur ce porte-bagage est fixée une sacoche qui est composée de trois parties solidaires : une derrière la selle et les deux autres de part et d’autre du porte-bagage. Il suffit que je vide la petite sacoche qui est fixée à droite, que je la replie et qu’à la place je la fixe Comme ça j’en ai une grosse à l’avant gauche et l’autre grosse à l’arrière droit. C’est un plus peu équilibré. J’ai aussi une sacoche de guidon.

Antoine, depuis le début a déjà vus une biche, un lièvre (ou un lapin), des grues cendrées et des écureuils. Moi, je n’ai vu qu’un écureuil, un serpent (le pôvre !) et des grues cendrées.

Nous traversons la nationale. Metz-Robert. Puis là, nous tournons un peu en rond.

Mais c’est sans importance, les maisons sont exceptionnelles. J’aurais envie de toutes les photographier ! Jeugny. Machy (deux maisons côte à côte). Et même un lavoir à Longeville-sur-Mogne.

Un peu de nationale jusqu’à Bouilly. Puis enfin c’est Laines-aux-bois. Arrivés à l’entrée, devant le panneau du village, nous téléphonons à Maryline. Nous cherchons sa rue et, à sa fenêtre, une dame nous interpelle. « Ma sœur vous attends ! C’est un peu plus loin ! ». Ce matin nous pensions arriver à Laines-aux-bois pour le repas de midi. Mais, après avoir regardé la carte et au vu du nombre de kilomètres restant, nous avions admis que nous n’arriverions qu’en fin d’après-midi. Il est au moins 18heures. Nous avons fait 105 kilomètres aujourd’hui ! Notre record depuis le départ. L’accueil est vraiment très agréable et chaleureux, tant de la part de Philippe, son mari, que de Maryline. Nos vélos sont à l’abri dans le garage. Il faut dire que le couple fait partie d’un réseau, Bet y Casa et ont l’habitude d’accueillir plusieurs fois par an des personnes de passage. Les personnes paient 25€ la nuit avec le petit déjeuner. Mais là, c’est spécial ! J’ai connu Maryline par Facebook ®. Comme quoi… les réseaux sociaux, ça a du bon ! Comme j’ai écrit ce livre des Sportifs exceptionnels Maryline m’a contactée (ou c’est moi, je ne sais plus). Je lui promets de lui envoyer mon livre. Suite à un accident qu’elle a eu bébé, à 20 mois (une vis sans fin - courante en agriculture- son bras est passé dedans), elle n’a qu’un bras. Elle a créé un site au nom sympa (je trouve) : Abracadeuxbras. Elle veut développer un marché dans son créneau à elle, sur toute la France, pour venir en aide, par des conseils pratiques, à des personnes, comme elle, qui n’ont pas de bras du tout ou seulement un moignon. Quand elle annonce que ce n’est pas gratuit, les personnes ne comprennent pas. « Mais, dit-elle, pour acheter du pain ou louer un karcher, vous payez bien, non ?! ». [Alors je profite de la diffusion de mon journal de voyage de Grigny à Grigny à de nombreuses personnes pour lancer cet appel : allez sur son site et faites le connaître autour de vous. Voilà, Maryline, c’est fait !]. Donc, comme elle a l’habitude d’accueillir des voyageurs, elle est très bien organisée : sur notre lit, un petit panier avec savon, shampoing, gants, serviettes, et même petit tube de dentifrice et oh ! Suprême luxe, de la crème hydratante pour le corps ! Après la douche, ce fut bien agréable de s’en enduire les jambes en particulier, si exposées au vent et au soleil. Une vraie peau de croco ! Ils me proposent de laver et sécher notre linge. Ce n’est pas du luxe ! Vraiment très sympas.

Philippe nous propose un parcours pour poursuivre notre route évitant les grands axes, surtout la nationale, très accidentogène. « Passez par le chemin blanc ! ». Le chemin blanc ? mais oui, celui qui longe la voie de chemin de fer ! Il note toutes les villes et villages, étapes du parcours.

Au repas nous voyons émerger Justine, 14 ans, en pleine révision du brevet. Son frère, Tanguy, arrivera quand le repas est presque fini.

Maryline vient à Villeurbanne à une conférence le 10 juin. Elle finira à 18h. Elle ne rentrera pas sur Laine-aux-Bois le soir même. L’occasion pour moi de lui rendre la pareille et de l’héberger.

Samedi 3 mai

J’ai bien cru que nous n’arriverions pas à émerger de ce lit si moelleux, si doux et si chaud ! Qu’est-ce qu’on était bien ! Le linge est sec. Nous partons il est 9h30. Comme nous n’avons rien à ranger (ni tente ni sacoche) le départ est rapide.

Curieux, ce morceau d’église dans le village ! L'église est ancienne, du début du XVIe siècle. Nous y rencontrons un belge qui fait le chemin de Saint-Jacques, à pied et seul.

Prugny. Messon : le mur de cette ferme est agrémenté de deux tours. Etait-elle anciennement fortifiée ? Encore une maison avec une grosse tour ronde.

Fontvanne. A l’entrée d’une école, une sculpture à faire faire des cauchemars à toute une génération de gamins traumatisés. Il est si hâve, cet enfant en bronze, et ce masque de loup, cette chouette ! Y’a pas idée !

Nous avons roulé sur le "chemin blanc" jusqu’à Estissac. Bernard Hinault arrive cet après-midi ! Nous faisons la connaissance de Gérald, président de la région Champagne-Ardenne en sortant de chez le boucher. Il nous demande de le photographier. Il aimerait que je passe ses amitiés à Jean-Jacques Pech, adhérent de l’Atscaf dont je fais aussi partie et président de la région Rhône-Alpes. Ce sera fait ! En sortant d’Estissac je photographie un lavoir. Ma marotte !

C’est à Neuville-sur-Vanne qu’est né le fondateur de la ville de Montréal. Et la ville est jumelée avec son homologue québécoise, comme de juste appelée aussi Neuville !

Neuville puis Villemaur-sur-Vanne. Pique-nique au bord de l'étang de Paisy-Codon. Pas très paisible. Des jeunes vont et viennent en mob et voiture, dérapages. Enfin ils s’en vont ! N’en reste qu’un, un vrai pêcheur, celui-là ! Il nous montre, sur son portable, des carpes énormes qu’il a pêchées puis remis à l’eau. La plus grosse, 13 kilos ! Le vent ne facilite pas l’utilisation du camping-gaz.

A Paisy-Codon nous prenons un bout de la nationale. Pas moyen de faire autrement. Puis à nouveau de paisibles routes.

Aqueduc de la Vanne entre Villeneuve-les-Archevêques et Chigy.

Un village en folie, Vareilles, mais de la folie douce, celle que l’on aimerait voir fleurir plus souvent dans les âmes et dans les cœurs. A l’occasion des Saints de glace, les habitants organisent leur 18è fête, chacune année différente. Cette année il va faire froid ! Alors, habillons les arbres ! De laine colorée, de serpillères multicolores, d’aluminium brillant. Décorons-les de pompons et de mobiles ! Les croqueurs de pommes sont invités. Tout comme les amateurs de plantes succulentes. Mais aussi des artistes. Leur site : http://lemaquisdevareilles.fr/FSG/publier/index.html. Autre chose qui me plaît bien dans ce village, une épicerie qui est aussi une librairie et son triporteur. Et encore son lavoir.

Noé et son lavoir. Car Antoine a un copain qui porte ce prénom.

Nous voilà à Sens. Où aller ?! Dans quel sens ? Un boulevard (mail) fait le tour de la ville ! C’est grand, ici, et c’est la fête aussi. Pendant longtemps, du 26 avril au 11 mais même si la fête foraine ne dure "que" du 30 avril au 11 mai. La circulation est bien contrariée. La foule, nombreuse. Nous demandons à un petit groupe qui nous oriente un peu plus loin. Nous retombons sur la foire. Immense. Elle fait le tour de la ville, comme le mail.

Nous demandons à une petite famille sympathique. Ils nous orientent à leur tour. Leur petit Jérémy mange une belle gaufre à la chantilly. Ça fait envie. Et puisqu’ils nous proposent de garder nos vélos, pourquoi ne pas profiter de la fête à neuneu ? Ce sera Chantilly, Nutella® et bonbons (fraises Tagada®) pour Antoine. Sucre pour moi.

Nous cherchons Saint-Clément. Trouvé ! Nous voilà sortis de Sens.

Mais nous nous fourvoyons dans un lieu très sympa où nous demandons notre chemin. Une envie pressante et nous voilà dans un club de fêlés de modélisme, l’A2tech ! Deux pistes où peuvent évoluer sur l'une, des voitures, (très grand circuit surmonté d’une plateforme) et de l’autre côté, des 4X4. C’est la mère du président qui fournit toutes les explications. Le club comporte aussi une piste à l’intérieur du bâtiment. Ils font également voler des avions et des drones. Le club et ses adhérents participent à des courses nationales et peut-être même internationales. Les sélections sont sévères, comme sur les vraies courses de voitures même si les modèles réduits roulent sur de courtes durées (il faut les alimenter en carburant assez souvent). C’est très règlementé. Peu d’ados et d’enfants. Ou alors de grands enfants, des adultes ! Et même un magasin réservé aux adhérents. Antoine est aux anges. Je crois qu’il serait bien resté plus longtemps. Mais la route nous appelle.

Saint-Denis-les-Sens. Nous cherchons encore un peu notre route car elles sont très étroites, ici, et les panneaux très peu nombreux à moins de prendre la nationale. Mais c’est ce que nous souhaitons éviter au maximum.

Noslon, et ses pommiers. Noslon ce serait le nom du village et aussi celui du propriétaire des vergers. Si c’est son château, c’est pas mal, en effet. Cuy. Toujours pas de gîte en vue. A Gisy-les-Noble, nous demandons à… un homme (un noble ?). Il nous dit " Je suis l’homme qui emmène l’âne ! Allez à Pont-sur-Yonne, vous trouverez des gîtes !"

Dans ce village, nous trouvons une maison à la tour carrée et une autre où est inscrit PC 1933 (Parti communiste ? Va savoir pourquoi !). Un peu plus loin, une jolie chapelle.

Nous trouvons l’Yonne, et son pont. Hôtel des trois rois. Ah non, pas un hôtel à trois étoiles ou trois épis. Trop cher ! Nous cherchons dans la ville quelque chose d’autre. Il n’y a rien. Les autres hôtels sont fermés. Pas de gîte. En fait, l’Hôtel des trois rois c’est juste son nom. Ce qui m’a trompée c’est son logo : trois couronnes. L’hôtel n’a aucune étoile Alors, va pour cet hôtel ! La patronne nous annonce un hôtel familial et sans chichi. Une quinzaine de chambres. Je n’ai même pas demandé le prix de la nuit ! Nos vélos sont en sécurité dans le garage. La douche. J’ai le visage qui a cuit au soleil. La peau me tire. Et le mollet et le genou droit aussi mais pas pour la même raison. Un peu d’Ibuprofène me soulage bien. L’impression que j’ai mal à la marche mais pas en pédalant. Je suis devenue une vraie homocyclus !

La chambre est simple mais le repas, pas mal. Je bois, ce soir-là encore, un verre de vin. De l’Irancy, cette fois, du rouge. Coca pour Antoine. Une bouteille de Badoit. Chèvre croustillant. Entrecôte, sauce au roquefort et pâtes. Crème brûlée. Nous avons trop mangé… La tisane a essayé de faire glisser le tout et aussi de me réchauffer. J'ai froid. Ce doit être la fatigue, car nos 70 kilomètres de la journée nous ont quand même bien éreintés ! A l’opposé, dans la salle, des marcheurs mangent eux aussi. Ils habitent l’Essonne. Sur le menu, la légende des trois rois.

Je cite le texte inscrit en préambule du menu que nous avons sous les yeux : "En 1814 sous le règne Napoléonien trois rois venus de Prusse, d'Angleterre et de Russie aidés par le général Ragus chargé de surveiller les armée ennemies fit une halte anticipée à Fontainebleau, prit par une soudaine envie de jouer aux cartes. La trahison prenant forme, les trois rois prirent le temps de se restaurer dans notre hôtel afin de débattre des différentes possibilités d'attaquer l'armée de Napoléon. Mais le complot échoua par la faute de la trahison dans le camp ennemi, ce qui permit à Napoléon de gagner la bataille du confluant."

Dimanche 4 mai

Hier je me suis couchée les cheveux mouillés et, comme souvent, j’ai une crinière de lionne au réveil ! Le casque matera ma chevelure. Le petit déjeuner n’est servi qu’à 8 heures. Et nous nous sommes réveillés à 7heures. Nous allons nous promener de l’autre côté du pont. Grand bien nous fasse ! C’est jour de marché. Pain cuit au feu de bois vendu par un baba cool. Un peu cher, mais il semble bon. Manchons de poulet. Nous n’en prenons pas assez pour bénéficier du cadeau d’un manchon de plus mais le rôtisseur nous en donne quand même un ! Fruits, légumes. Puis c’est l’heure du petit déjeuner ! Thé ou chocolat chaud, pain beurré et confiture. La note n’est pas trop salée. 109€ au total. Nous reprenons la route d’hier et suivons l’Yonne, et dans le bon sens, cette fois ! Ça suffit de se tromper ! Bon, même si nous arrivons dans la cour d’une belle ferme, avec son arbre qui trône, en plein mitan.

Je pensais que c’était Sens-Grigny qui faisait 92 kilomètres… mais c’est Montereau-Grigny qui fait cette distance ! Nous ne serons donc pas à Grigny demain ! Il reste environ 130 kilomètres. Et donc nous arriverons lundi à Grigny. Ce sera plus facile de joindre le service communication de la mairie où nous sommes attendus pour une interview car le 2 mai je n’ai pas réussi.

Serbonnes. Vinneuf. Nous faisons quelques courses au petit Casino. Et là, il nous faut encore changer de carte ! Celle d’Ile-de-France, cette fois. Nous sommes en Seine-et-Marne.

Barbey. Saint-Germain-Laval. Montereau-Fault-Yonne. Sur la fresque, cette citation de Napoléon, à Montereau le 18 février 1814: "Allez, mes amis, le boulet qui doit m'emporter n'est pas encore fondu". Cette ville d'Histoire dominée par une bâtisse impressionnante, le prieuré Saint-Martin, tient son nom de "Fault" du verbe "faillir", choir, car l'Yonne "tombe", se jette, ici dans la Seine même si le débit de l'Yonne est ici plus élevé que celui de la Seine. C'est sur le pont de Montereau que Jean sans Peur a été assassiné en 1419 dans le but d'empêcher un rapprochement du Dauphin avec le parti bourguignon et de venger l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407. Le très beau prieuré Saint-Martin domine la ville. Napoléon est lui aussi passé par là, une fresque met son passage en valeur. En effet, le 18 février 1814, Montereau est le lieu d'une des dernières victoires de Napoléon contre les Autrichiens.

De Montereau-Fault-Yonne à Grigny, fin du voyage, maintenant c’est le tracé du dernier cyclo sympa que nous utilisons. Je lui enverrais, à lui aussi, le récit de notre voyage à vélo.

Vernou-la-Celle-sur-Seine. Mammès. Alors que nous pique-niquions au bord de la Seine, à côté d’un marché, un couple à vélo nous aborde et engage la conversation. Le monsieur a déjà fait pas mal de cyclocamping, comme nous, d’où son intérêt pour nos vélos. Il est adhérent de l’association du Cyclo Camping International (CCI). Notre route passe devant leur maison. Nous ne sommes pas pressés car nous avons jusqu’à demain pour arriver et relativement peu de kilomètres à faire ! Nous acceptons donc bien volontiers leur invitation. Il me fait un plan, qui n’est pas à l’échelle. J’ai l’impression qu’ils n’habitent qu’à deux ou trois kilomètres de là. Hésitants sur la route à prendre, nous leur téléphonons.

Sur le trajet nous faisons une brève incursion à Moret-sur-Loing pour une pause technique. Incursion que nous ne regrettons pas. C’est vraiment très beau…et touristique. La ville a conservé de nombreux monuments d'origine médiévale, dont le pont sur le Loing. La liste des peintres ayant représenté la ville est longue (je connais surtout Alfred Sisley). Elle a servi de décor pour deux films.

Sorques, où habite la famille qui nous a invités est à 9 kilomètres le long du canal du Loing qui se jette dans la Seine. Une péniche est un gîte d’étape. Tiens, faudrait essayer… Mais à quel prix ?! A l’entrée de la rue Vincent a apposé une affichette ! Nathalie et Vincent ont des enfants de l’âge d’Antoine, Camille, 17 ans et Maxime, 15 ans. Le couple a l’habitude d’héberger des cyclocampeurs. Nous y partageons un long moment bien agréable. Ils ont vécu cinq ans en Chine, pour des raisons professionnelles. Vincent travaille dans l’industrie mais je ne sais plus ce qu’il fait (ingénieur ? Technicien ? Commercial ?). Toujours est-il que cela ne fait pas très longtemps qu’ils sont revenus en France, ici. Les enfants sont bilingues et vont à l’école internationale de Fontainebleau. Nathalie est prof de sciences nat. dans un collège très loin d’ici à Villeneuve-L’archevêque, avant Sens ! Nous y sommes passés. Elle dit ne mettre QUE quarante-cinq minutes ! En Chine elle enseignait dans l’école où étaient scolarisés les enfants. Quant à Vincent, il part toute la semaine car lui travaille encore plus loin, à Nevers.

Ils m’offrent le café, puis, à Antoine et moi, un thé surprise. Une boule de feuilles qui, une fois imprégnée d’eau bouillante remonte à la surface. La théière transparente fait merveille. Nous sommes au spectacle. Ces feuilles liées par une cordelette blanche qui forment une boule s’ouvre et découvre une toute petite fleur rouge de chrysanthème. Il y a même du sucre dedans. On peut en trouver dans les magasins de thé. Antoine demande s’ils ont un skate, sa passion du moment. Les enfants vont en chercher un, puis un autre, couverts de toiles d’araignées. Acheté en Chine chez Décathlon, ça roule encore un peu, pour le plus grand bonheur d’Antoine. Partie de volley entre les jeunes. Le ciel est bleu, le vent souffle, à l’ombre, sous l’arbre (une sorte d’érable), il fait frais. Quand elle était petite, Camille avait un poupon qui s’appelait Antoine. Et Antoine… en avait un qui s’appelait Camille ! Leur Camille, qui aura sûrement son baccalauréat, va partir en septembre faire ses études à l’école Paul Bocuse à Ecully. Si elle le veut, et/ou en cas de besoin, elle sera la bienvenue à la maison. Nous avons déjà accueillie une stagiaire pendant un mois, un Japonais pendant une semaine et demi, deux cyclotouristes Anglais pendant une nuit... Sans compter les copains et copines des enfants. La maison est ouverte. C’est si elle veut, quand elle veut !

Vincent nous conduit au camping, très calme, près de chez eux au bord du Loing. Nous le suivons à vélo tout en continuant à discuter. Pas cher, le camping. Même pas 10€. A la tombée de la nuit, les moustiques sont violents. Les chaussettes par-dessus le pantalon sont du plus bel effet ! Les gens, ici aussi sont sympas. Je recharge mon portable dans la caravane d’un retraité qui séjourne ici avec sa femme à la belle saison. Il nous prête son marteau et redresse même les piquets sur une souche d’arbre. Ils ont des voisins qui ne plaisent pas trop à Antoine : des beaufs, dit-il … ! Un drapeau avec la photo de Johnny Halliday est planté à côté de leur tente, la dame a un blouson avec la photo du même Johnny, lui porte queue de cheval et mégot au bec. Ils ont même la photo géante peinte de leur chien, genre chihuahua sur une toile au fond de l'auvent.

Il est très tôt et nous allons visiter le village de Gretz-sur-Loing avec nos vélos tous légers, tout légers ! Un village chargé d'Histoire qui remonte au XIe siècle mais encore très vivant où nous croisons un groupe de jeunes partis fêter leur anniversaire ! Deux lavoirs, une ruine, une ancienne borne. Nathalie et Vincent nous ont donné un dépliant sur le village car ils ont l’habitude de recevoir. C’est un village où beaucoup d’artistes ont séjourné, bénéficiant, comme Moret-sur-Loing, de la proximité de Paris. Honoré de Balzac y retrouvait sa maîtresse. Ainsi que des musiciens, peintres… du monde entier: Suédois, Ecossais, Allemands. Des plaques sur les maisons commémorent leur passage.

Nous mangeons une soupe de pâtes à la chinoise vraiment très relevée… ça dégage bien le nez… et ça réchauffe !

Pendant qu’Antoine, à la tombée de la nuit, fait la vaisselle je fais un tour du camping, très grand. Je comprends d’où viennent les moustiques : il y a un étang. Un héron cendré s’envole. Je l’ai dérangé. Certains emplacements sont vraiment très excentrés et isolés, les campeurs font même un feu de bois. Rien de tel pour chasser les insectes indésirables.

Quand je vais rechercher mon portable, le monsieur me dit qu’il aurait dû nous proposer de manger à l’abri, sous son auvent…

Nous n’avons fait que 63 kilomètres aujourd’hui. Pas grave, nous sommes presque arrivés à Grigny !

Lundi 5 mai

Pas si calme, le camping ! Une route le longe et la circulation, dense en journée, même si elle se calme le soir, ne s’arrête pas, même la nuit ! J’ai entendu la chouette hululer, cette nuit ! Joli !

Magnifique, la traversée de la forêt de Fontainebleau. Un souvenir : une journée d’escalade avec l’école sur les rochers des gorges de Franchard. Nous prenons une toute petite route, interdite aux voitures (sauf service !), toute en descente. Un vrai régal !

Juste en bas de cette descente, Barbizon, encore un petit village de peintres, un des endroits mythiques de la période pré-impressionniste en France. Dès 1830, ce qui est encore un hameau de bûcherons accueillera en effet à l'auberge Ganne (maintenant un musée, ses murs sont peints par certains des artistes), tous les peintres (du monde entier; Etats-Unis, Russie, Allemagne, Pays-Bas, France, bien sûr) qui viennent chercher l'inspiration auprès de la nature. Dans le désordre, Sisley, Renoir, Monet, et j'en passe, pour ne citer que les Français. Puis ce seront les écrivains, les philosophes, les chanteurs et les comédiens qui prendront le relais.

Nous demandons notre chemin pour aller de Barbizon à Macherin, le village (hameau ?) suivant mais ce ne doit pas être sur le chemin du cuistot, il n’en a jamais entendu parler ! Arbonne-la-Forêt à l'Histoire ancienne (dès le Mésolithique) et plus récente (La résistance aux Allemands et aussi le tournage de nombreux films dont La guerre du feu et plusieurs autres dont trois avec Bourvil).

A Courances, son parc considéré comme l'un des plus beaux de France est labellisé jardin remarquable. Son château est classé du XVIIe. Nous sommes dans l'Essonne.

Passage dans le village de Dannemois. Nous longeons un moulin (de nos jours un hôtel-restaurant-cabaret-musée-boutique de souvenirs) où vécut un chanteur très célèbre, Claude François pour ne pas le citer... !

Nous suivons, non pas le chemin des écoliers mais la rivière L’Ecole. Nous pique-niquons devant la petite mairie de Saint-Germain-sur-Ecole, en Seine-et-Marne.

Nous demandons à utiliser les toilettes et remplissons nos bidons ainsi que la casserole pour cuire les pâtes. Deux employées, un jardinier. Combien d’habitants ? 300. Mais l’une des deux employées est La Maire ! 250 grammes de pâtes soit deux assiettes et demi pour Antoine et une et demi pour moi. La demi, je la saupoudre de sucre. Ouf, le ventre est plein, le plein de calories est fait !

Soisy-sur-Ecole et sa verrerie d'art (la tradition remonte à 1856).

Yannick Noah a vécu à Nainville-les-Roches

Auvernaux. Une dame, seule, sur le côté de la route, l’air bien embêtée. « Vous avez besoin d’aide ? Une crevaison ? ». « Non, les gens du village causent trop ! J’en ai assez ! J'aime mieux les gens d'la ville.». Arrive un homme. « Et voilà, avec tous leurs travaux, je sais pas ce qu’ils font mais on peut plus passer ! Ça va plus du tout ». Deux fadas. A déparler, à plus savoir quoi dire! En fait de travaux qui empêchent de passer, juste la réfection d’un joli mur par deux ouvriers qui ne nous regardent même pas passés. Trop occupés.

Chevannes et son (fameux !) concours (record à battre !) du plus grand orchestre de cuillères en bois ! Mennecy. Lisses. Bondoufle. A Courcouronnes (proviendrait du mot gaulois cour-cou-ronne signifiant « village en couronne sur la hauteur »). Nous demandons notre route à des policiers municipaux qui circulent dans leur voiture.

Non seulement ils nous l’indiquent mais en plus nous demandent de les suivre. Warning, les bras dehors pour demander aux voitures de nous laisser passer !! Nous sommes V.I.P ! Très drôle et sympas ! Ils nous emmènent jusqu’à une piste cyclable qui suit des jardins ouvriers. Elle passe sous l'autoroute. Et nous arrivons à Ris-Orangis puis à Grigny.

Mais là, malgré les indications données par Gilles Dao, directeur du service communication (rien que ça !) nous ne trouvons pas la rue du port. Vieille église ? Non, celle de la rue des Sablons (ND-de-toute-joie) en bois et béton est dégradée, mais pas vieille, elle date, à vue de nez du milieu du XXe siècle (1973 après vérification). Nous nous arrêtons devant le service de la Protection Maternelle et Infantile (P.M.I). Avec toute les visites à domicile que les assistantes sociales et puéricultrices font, c’est bien le diable sir elles ne connaissent pas le quartier ! J’entre. Elles m’expliquent et me photocopient le plan. Sympas ! Nous y sommes presque: elle descend raide cette rue du port ! Dire qu’il faudra tout remonter !

Mais en bas, quel accueil par Gilles Dao et Marie Follly ! Tous ceux que l’on rencontre dans les couloirs ou qui passent la tête par la porte de Gilles Dao : Ah ! C’est vous !? Le responsable de la communication a travaillé sur le dessin animé (la bande dessinée ?) de Lucky Lucke. Il a fait (ou contribué) au très beau logo/dessin animé de Thalassa (celui qui permettait de voir un coquillage se transformer un bateau et en je ne sais plus quoi d’autre encore !). En farfouillant aussi un peu sur le net je découvre qu'il est écrivain. Il connaît une Mireille élue pendant plusieurs mandats successifs à Gennevilliers (Mireille Fougère me souffle mon père). Grigny en Essonne est dirigée par les communistes. Très renseigné, il sait que Grigny dans le Rhône et Pierre-Bénite sont passés à droite.

Mais après cet accueil chaleureux, la photo, le thé offert, c'est déjà l'heure de repartir. Malheureusement il faut remonter à Paris pour essayer d'attraper un train. Pas un TGV, trop cher et trop compliqué avec nos vélos. Non, un TER.

RER de Grigny. Un gars plus malin que les CRS nous fait passer en ouvrant la grande porte vitrée située dans l’alignement des tourniquets car celui pour les poussettes et les fauteuils roulants n’est pas assez long pour nos vélos et le sas ne peut se fermer. Nous discutons ensuite avec ce gars sur le quai. Un bon bougre qui nous explique (une voix annonce de nombreux retards sur la ligne) qu’habiter en banlieue n'est pas facile si l'on veut travailler à cause de tous ces retards. C'est ainsi qu'il explique son refus de payer les tickets. Il fraude toujours. Jamais pris ? Si deux fois en 12 ans… ça vaut le coup. Nous, nos billets (4,90€ chacun, Antoine a plus de 12 ans) étaient déjà achetés. Ce sont les CRS qui les ont validés et faits passer...

Nous avons un TER à 19h31 mais il est déjà près de 19h15 et ce n’est pas à gare de Lyon mais à Bercy que nous devons le prendre. En plus, il arrive à 22h49 à Dijon et il n’y a pas de correspondance pour Lyon avant le lendemain matin. Antoine aurait tant aimé dormir dans son lit ce soir ! C’est râpé ! Alors… Sinon, nous avons un train à 7h38 demain matin, direct pour Lyon mais avec de nombreux arrêts. Je téléphone à Frédérique et à Jérôme qui connaissent bien Paris. Ils n’ont pas d’amis qui habitent le secteur. On aurait mieux fait de dormir à Grigny, au moins des personnes auraient pu nous héberger ! Mais nous n’aurions pas pu prendre ce premier train et nous serions retrouvés dans le RER avec la cohue des personnes qui vont au travail. Nous achetons des sandwichs pendant que Roland nous cherche un hôtel « pas trop cher » dans le coin. Il en trouvé un ! Un Kyriad qui peut nous accueillir avec nos vélos.

Nous demandons notre chemin à un monsieur pour sortir de la gare de Lyon. Il va dans la même direction que nous, gare de Bercy. Nous discutons tout en marchant. Mes jambes ont plus l’habitude, maintenant de pédaler que de marcher ! Aïe, mon mollet droit me tire ! Notre trio rencontre un cyclocampeur Californien à la recherche des Champs Elysées. Il va bientôt reprendre l’avion. Nous laissons notre guide à une station de métro.

Pas cher, pas cher ! Finalement un trois étoiles à 106€ la nuit ! Nous montons les vélos debout dans l’ascenseur. Mais la chambre est grande comme un mouchoir de poche ! Un vélo dans la bagagerie, celui d’Antoine et le mien, débarrassé de ses sacoches, entre le mur et les lits. Pour le prix nous avons deux lits, une douche (avec de l’eau !), un peu de savon et de shampoing et aussi deux petits gâteaux avec des sachets de thé, de café soluble, des capsules de lait et une bouilloire. De quoi ne pas partir le ventre vide demain matin.

Mardi 6 mai

Levés très tôt (pas envie de le rater, ce train !) nous arrivons très tôt à la gare de Bercy, toute proche. Nous avons grignoté nos biscuits dans la chambre et Antoine a apprécié son thé avec les deux capsules de crème. Nous prenons un vrai petit déjeuner au bar de la gare. Et nous remangerons encore dans le train. Notre fond de riz au lait que nous avions transvasé dans une boîte pas si étanche (heureusement isolé dans un sac). Encore bon ? Bon ! et des bananes séchées aussi. C’est que, partis à 7h38 nous n’arrivons à Lyon qu’à 12h45 !

Comme un voyage à l’envers, nous passons à vive allure à travers les paysages que nous avons traversé à la force de nos mollets, lentement souvent quand ça montait, un peu plus vite quand ça descendait. Nous nous arrêtons dans les gares de villes où nous sommes passés. Sens. Montbard. Beaune. Chagny. Chalon-sur-Saône. Belleville. Villefranche-sur-Saône. Saint-Germain-au-Mont-D’or. Il est vrai que notre route (ou les chemins blancs !) suivaient ou traversaient souvent les voies ferrées. Nous avons fait 78 kilomètres entre hier et ce matin.

Arrivés à Part-Dieu, coup de fil à Roland. Fait faim. Il nous invite au resto. Puis nous repartons à Grigny à vélo. Nous repassons à Oullins où nous pouvons admirer le travail de la Cité de la création.

23 kilomètres, la boucle est bouclée.

Et l'année prochaine ? Antoine a déjà dés idées. Le Danube. Ou le canal du midi au bord duquel habite l'une de ses grandes sœurs.

Lavoir de Noslon

Lavoir de Noslon

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journal de voyage à vélo

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Publié le 27 Mai 2014

Dimanche 27 avril

Nous avons d’abord joué les « vedettes » car nous avons rendez-vous avec Christophe, le correspondant du Progrès devant la mairie à 9h30. Photo, court interview. Le maire, Xavier Odot arrive, s’enquiert de notre voyage et s’en va.

Grigny. Vernaison. Irigny. Et là, rencontre improbable ! Antoine s’arrête net à la vue d’un groupe de scouts ou, plus précisément d’un scout. Ils viennent de la Croix-Rousse à vélo, sac au dos et vont à Vienne, en Isère. Ils jettent tous les deux leur vélo à terre et tombent dans les bras l’un de l’autre ! Emus, contents, surpris, étonnés… Ils étaient ensemble en Irlande l’été dernier. Nous repartons, chacun dans la direction opposée. Antoine en est tout remué. Il ne se rappellera le prénom de ce bon copain que plus tard : Martin ! Pierre Bénite. Oullins.

A sa fenêtre, un rastafari nous salue d’un grand signe de bras ! Il aurait aimé ce banc du canal de Bourgogne !

Entrée de Lyon côté Aquarium et confluence. Je connais ce parcours par cœur. C’est celui que je fais pour aller au travail.

Pour la suite, j’ai demandé à Bernard, un copain de vélo de me tracer le circuit pour Lyon intramuros et pour sortir de la ville ; c’est un vrai gone je savais que je pouvais compter sur lui ! Nous faisons d’abord notre première halte, à l’île Barbe, la faim se faisant déjà sentir. Je n’y étais jamais allée. Elle est vite visitée !

Du haut du pont nous sommes observés par de nombreux passants pendant que nous mangeons nos œufs, nos céréales cuites et notre pomme. Nous suivons ensuite à la lettre les indications que Bernard m’a envoyé par texto et nous traversons la Saône à plusieurs reprises. Après Collonges nous suivons la rive droite sur la bande cyclable, puis nous traversons le pont de Fontaines à Neuville.

Voilà que mon compteur est en panne ! Quelle chance ! Il a fonctionné jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Il nous manque les kilomètres de l’Ile Barbe jusqu’à Saint Germain au Mont d’Or. Soit 14 kilomètres

Ensuite, à Neuville nous repassons sur l’autre rive. S’inspirant de l’histoire et de la topographie des lieux, Tadashi Kawamata a réalise une installation métamorphosant la configuration et l’architecture des lieux.

Une tour qu’il a construite à partir de planches de bois propose de nouvelles connections et une perception modifiée de l’architecture et de l’espace. Cet artiste a participé à de grandes manifestations internationales et a exposé dans de grands musées. Tadashi Kawamata est né en 1953 à Hokkaido (Japon). Il vit et travaille à Paris et à Tokyo.

Sur la route, à Quincieux Antoine trouve une carte d’identité. Nous la remettons à un spectateur qui regarde un tournoi de tennis. Celui qui a perdu sa carte habite Quincieux même. Il l’apportera à la mairie demain.

Je connaissais le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, pas celui de Jérusalem. Nous verrons, tout au long de notre parcours, quelques panneaux, rouges, assez grands, indiquant la route de ce pèlerinage.

A Quincieux, devant un atelier, posé sur un camion, trône un énorme bison.

A Trévoux, nouvelle traversée du pont.

Nous trouvons une piste cyclable, un chemin, plutôt, qui longe la Saône et nous emmène jusque sous le château de Trévoux. Il date du XIIIe siècle. Il a été habité par Utrillo, le peintre et sa mère Suzanne Valadon qui l’a acheté en 1923.

Là, nous nous arrêtons pour discuter avec un couple à vélo, lourdement chargés. Ils viennent de Lyon. Et pour cause ! Ils partent pour quatre mois et vont jusqu’à Copenhague via Paris et Bonn où ils ont des amis. Et ils reviendront en vélo. Ils ont conçu eux-mêmes leurs vélos à partir de cadres qu’ils ont achetés. Ils rechargent leur portable et leur GPS par électroaimant ou solaire, je ne sais plus. Ils ont même prévu des talkies-walkies quand le GPS ne passera plus. Il emmène un arc, pour se détendre, le soir. Lui est un routard du vélo (il a voyagé en Italie) mais pour elle, c’est une première ! Elle emmène son rat qui Il voyage dans une cage, protégée, en cas d’intempérie par un imperméable. Il se laisse bercer par les cahots de la route. Elle n’aime pas trop les chemins, ses trous, ses bosses et boum ! perd l’équilibre et tombe ! Et le rat ? Il va bien…

En chemin nous discutons, bien sûr et Antoine me parle de Kamoulox. Ka quoi ? Non, jamais entendu parler ! Au retour il faudra que j’aille voir… sur internet !

Nous arrivons à Villefranche. Là, nous sommes un peu perdus. Nous demandons notre chemin à deux messieurs. Parlent pas français. Un accent. « Vous êtes Bulgares ?! ». Oui ! Je leur sort les trois mots de bulgare que je connais mais qui ne nous sont d’aucune utilité : "tchaï, malini et da" (thé, framboise et oui) pour trouver notre chemin. Des réfugiés ? Des camionneurs en transit qui ne peuvent rouler le dimanche ? Nous n’en saurons pas plus.

Arnas. Blaceret. Saint-Etienne-les-Oullières. Odenas. A Charentay nous cherchons un gîte pour la nuit. Une famille sympa nous indique le gîte de la Belle-mère. Et s’il n’y a pas de place dans ce gîte on peut même revenir dormir chez eux ! Va pour le gîte de la belle-mère… Trois épis. 80€ la nuit, petit déjeuner inclus. Oups ! Un peu chérot !

Cette ancienne ferme est surmontée d’une très haute et très fine tour. L’histoire raconte que la belle-mère l’avait fait édifier afin de surveiller, de là-haut son gendre volage…

Nous retournons dans le village. Là, plus question de nous héberger… Bon, nous remontons sur nos vélos. Un peu plus loin, une ferme. Le temps n’est pas des plus beaux. Le vent se lève, la pluie menace. Nous nous dirigeons vers la ferme. Trois boîtes à lettres. Un drôle de gars nous observe. On dira que c’est un simple d’esprit. Antoine l’a surnommé, entre nous, Patrick. L’un des habitants de la ferme accepte que nous installions notre tente tout près du bâtiment où se trouvent trois voûtes. Dans la première, une carriole. Dans la deuxième une voiture. Et la troisième est transformée en niche géante pour chien gentil mais fugueur et, nous l’apprendrons au cours de la nuit, aboyeur quand des chats viennent à passer devant son bercail ! L’habitant me permet de recharger mon téléphone portable et nous montre où se trouve le robinet. Antoine remplit bidons et bouteille. Un aménagement permet même de poser assiettes et casseroles pour faire notre vaisselle ! La charrette sous l’abri de la voûte nous permet d’étaler notre matériel et nous sert tout à la fois de banquette, de table et d’étagère. Bien pratique en tout cas, car le vent, froid, souffle. Quelques gouttes de pluie. Presque rien. Les piquets de la tente ne tiennent pas en terre, dure. Qu’à cela ne tienne ! Sous cette même voûte je trouve des barres de métal très lourdes mais pas très grosses. Je les introduis dans les boucles de la tente où normalement l’on fixe les piquets. Et ça tient !

Celui qu’Antoine appelle Patrick nous observe de près. J’espère qu’il dort, la nuit ! Roland, au téléphone nous prévient : cette nuit, le thermomètre va descendre à 2°C ! La soupe en sachet bout. Elle nous réchauffe. Ce soir, pas de toilette ! Et les toilettes ? C’est à côté du poulailler !

Nous avons fait 66 kilomètres aujourd’hui.

Lundi 28 avril

J’ai eu froid, cette nuit ! A en claquer des dents.

Mais pas Antoine. Et surtout j’ai eu une épouvantable crise de crampes nocturnes qui ont un peu effrayées Antoine. Le vent n’a pas cessé que ce soit pendant l’installation de la tente jusqu’à ce que nous allions nous coucher. Il a plu deux fois. Le soir assez tard et le matin, assez tôt du bruit à côté. Quoi ? Le père de « Patrick » est au jardin de l’autre côté du muret pour aller cueillir des salades.

Saint-Lager. Belleville. Et là, youpi ! Une piste cyclable (intitulée Voie verte, comme de bien entendu…) ! Sans trop réfléchir, nous nous y engageons. Nous nous arrêtons à Cercié. D’abord à la pharmacie pour acheter de quoi remédier à mes crampes nocturnes, où la pharmacienne me propose du cuprum metalicum, la même médication homéopathique que m’administre Claudine, mon médecin. J’achète aussi l’indispensable Sporténine©. Là, un vieux bonhomme sympathique me vante les mérites du savon de Marseille (pas un autre, attention !) souverain contre ce mal. De retour à la maison j’ai regardé si cette croyance était fondée ou farfelue. Fait chaud, et le long de la voie verte il y a tout ce qu’il faut comme sanitaire. J’enlève les épaisseurs que j’ai en trop. Par prudence (ne sait-on jamais !) je regarde la carte. Et là ! Bingo !

Ce n’est pas la bonne direction… Nous ne faisons pas demi-tour mais obliquons à travers les vignes du Beaujolais vers Villié-Morgon (j’essaie de me souvenir où habite Toto Jambon, dans la cave de qui nous allions chaque année fêter dignement l’arrivée des vacances scolaires en mangeant un bien bon repas et en goûtant sa production viticole). Nous nous arrêtons à nouveau pour faire le plein dans une épicerie. Et aussi du savon de Marseille. Je veux essayer. On ne sait jamais. Et contre toute attente, l’explication serait que le vrai savon de Marseille est élaboré à base de potasse. Dans les crampes nocturnes dues à un déficit en potassium intracellulaire, les ions de potassium issus de la potasse pénètreraient la peau et se fixeraient dans les cellules musculaires. Donc, ce n’est pas n’importe quoi ! Contrairement à ce que dit Antoine. Et, anecdotique, l’épicier est cycliste ET plongeur niveau 3 !

Lancié. Romanèche-Thorins. La Chapelle-de-Guinchay. C’est à La Chapelle-de-Guinchay que nous faisons notre pause repas de midi, sur les marches de l’église. Nous nous lavons les mains, remplissons nos bidons et faisons la vaisselle à l’évier des services techniques municipaux. La conséquence d’une très récente foire qui s’est déroulé au village est que les sanitaires publics ont été dévastés !

Saint-Amour. Châne. Loché. Antoine est scandalisé par les désherbants répandus sur les vignobles. L’herbe est toute brûlée, jaune paille. Scandalisé aussi par un tag, une croix gammée. Mais nous rions en passant devant une cave dont le vin s’appelle « Pisse Vieille » ! Les maisons, en pierre, sont très belles.

Le giratoire d'Alain Girel, céramiste et ses verres géants

Charnay-Lès-Mâcon. Et là, Antoine me dit qu’il a entendu un bruit et s’arrête. Effectivement, je trouve une fine lamelle de métal. Je lui dis qu’il a sans doute roulé là-dessus et que c’est ce bruit qu’il a entendu ! Je jette le bout d’aluminium au loin. Mais, impossible de redémarrer ! La roue est complètement bloquée. Le pneu a une hernie juste là où il manque un morceau de jante, un fin et court morceau de jante. Ah ! C’était donc ça ! La hernie empêche le pneu de passer entre les patins de frein. Seule solution pour que, au moins, la roue puisse tourner (sinon il faut porter le vélo et avec les sacoches…), il faut dégonfler le pneu et décrocher les freins. On ira pas loin, comme ça ! Tout près, un garage. Le patron est seul, il n’est pas disponible pour nous emmener au vélociste le plus proche. Une famille de trois enfants (deux garçons de 8 et 11 ans) une fille de 14 ans et les parents nous rejoignent. Ils cherchent le début de la piste cyclable. Nous aussi, avant d’atterrir ici nous la cherchions. Mais là, ce n’est plus la priorité. Nous leur souhaitons bonne chance.

A côté, l’entreprise Miditraçage. Ils tracent les bandes blanches sur les routes. Un bureau. Et dans la cour, un camion et deux messieurs. Ils me disent que comme nous sommes lundi, le vélociste sera fermé. Reste Décathlon. Ils ne peuvent emmener qu’une personne et un seul vélo. Antoine reste donc au bureau et je monte dans le camion. Très sympas, les deux ouvriers sont venus avec moi jusqu’à l’atelier du magasin pour connaître le délai d’attente. Devant nous, un monsieur. Avec moi, une demi-heure d’attente. Trop long ! Sinon, ils m’auraient ramenée… Ils repartent chez eux, leur journée est finie. Je tourne en rond dans le magasin, en attendant. Au final, la roue est changée. Ils ont remis la cassette, la chambre à air et le pneu. Ils ne m’ont pas assommée ni fait croire qu’il fallait aussi changer les patins de frein (par exemple).Total de la réparation : 53,90€. Rien à dire, c’est correct ! Et je repars, munie des explications (écrites !) des réparateurs du vélo qui ne me font passer que par des petites routes. De retour à Miditraçage je remercie les deux employées de bureau (l’une est peut-être la patronne, Florence Jean-Stock) et nous partons à notre tour à la recherche de la piste cyclable. Mais là, il nous faut changer de carte. Nous ne sommes plus en Rhône-Alpes (la carte Michelin « indéchirable » de 2011 où 1 cm =2 km a été parfaite !).

Et un peu plus haut, à gauche, nous trouvons un chemin interdit à la circulation mais qui n’est pas labellisé comme piste cyclable. Comme il va dans la bonne direction, nous l’empruntons. Et c’est bien ça ! Il rejoint un peu plus loin la vraie voie verte que je connais pour avoir dormi à Cluny au gîte collectif communal. La Roche-Vineuse. Berzé-la-Ville. Et, juste avant Berzé-le-Châtel, une œuvre d’art brut, issu du cerveau d’un original. Il fait référence à Lamartine, originaire de la région. Son œuvre est basée sur la musique.

Puis devant Berzé-le-Chatel, jolie discussion en espagnol avec une dame, Mexicaine car sur son tee-shirt, un « Hola Chica !» m’a interpellée. Puis je fais la course avec son fils, lui à trottinette. Il est allé jusqu’à 20 kilomètre/heure ! Vif, le gamin ira loin ! Il s’est d’ailleurs bien éloigné de sa mère. Je lui demande son prénom, celui de son petit frère. Ils sont à consonance turc. Père turc, mère mexicaine. Un mélange pas si courant ! Il comprend un peu les langues de ses deux parents, les parle un peu. Plus le français, parfait ! Nous roulons dans un long tunnel. Cet ouvrage avoisine les 11°C. L’ouvrage a été utilisé comme champignonnière après l’arrêt de l’activité ferroviaire et sa désaffectation pendant de nombreuses années a permis à sept espèces de chauves-souris de s’implanter, dont le très rare "Grand Rinolphe". Le tunnel est fermé l’hiver (du 1er octobre au 15 avril) pour leur permettre d'hiberner. Et tout de suite après le tunnel, une côte très raide. Le problème du compteur est plus ou moins réglé. Il ne faut pas que la sacoche frotte contre l’aimant qui tourne et donne l’impulsion au compteur… Cluny est un peu plus loin.

A Taizé, le gîte est complet et la communauté religieuse n’accepte pas les cyclotouristes.

Un écureuil traverse la piste. Hésite. Revient sur ses pas. Repart. Nous avons eu tout loisir de l’admirer !

Près d’un lieu où les rochers abondent nous prenons le temps de discuter avec une jeune et jolie chevrière. Petit accent. Oui, elle est allemande.

A Cormatin nous arrivons au gîte de l’ancienne filaterie. On filait le crin de cheval dans ces ateliers. En particulier pour bourrer les selles. Nous retrouvons la famille de trois enfants qui cherchait son chemin alors que nous étions en panne. Ils sont tout étonnés de nous voir déjà arriver alors qu’ils sont là depuis peu de temps. Une dame nous installe dans notre chambre. Au moins nous aurons chaud ! Vraie salle de bain. Un lit chacun. Une galerie artisanale nous tente. On y trouve de tout : jouets, vêtements, parfums mais nous sommes davantage inspirés par ce qui se mange et achetons saucisson, fromage et confiture de sucrine (une cucurbitacée) et pamplemousse. Nous avons pu en goûter plusieurs, des confitures, avant d’arrêter notre choix sur celle-ci. Attenante aux chambres, une cuisine que les cyclotouristes peuvent utiliser. Elle est toute équipée. J’y fais cuire mon mélange de graines fait maison (lentilles, Ebly, boulgour…). Puis nous discutons, après le repas avec le père de famille. Je porte la veste de vélo Handivienne. Ce monsieur s’appelle Jacques et est le cousin de Michel Thivilliers, un copain du club, handicapé, qui fait du handbike ! Le monde est petit. Jacques est originaire de Bourg-en-Bresse. Après le repas, dodo ! Le petit déjeuner est inclus dans la nuitée qui nous coûtera 59€. Quand je pense aux 80€ du gîte de la Belle-mère…

65 kilomètres au compteur.

Mardi 29 avril

Le petit déjeuner est royal ! Céréales, yaourt, pain, confitures, thé, lait froid, café ou chocolat chaud. Pleins d’énergie, nous reprenons la route.

Sur la piste nous discutons avec un monsieur, un Hollandais, ancien proviseur de lycée. Sa femme, professeur de géographie. Il mettait en place les projets Comenius dans toute l’Europe, élargie à la Turquie. Aujourd’hui à la retraite, il s’investit encore beaucoup dans de nombreux projets.

Chat au pied d'une pompe pour approvisionner la loco en eau.... En haut, trottinette perchée sur un mât

Saint-Gengoux-le-National. Le wagon, restaurant à Saint-Désert (71)

Buxy. Jolie croix au cœur. Givry. Saint-Rémy, skate parc, tags :une cité jeune!

Arrêt dans une supérette. Et pause pipi à la mairie grâce à la police municipale car la mairie est fermée. J’appelle Lolo. Oh ! Miracle ! Elle décroche ! Elle est si occupée avec ses deux filles… C’est drôle, elle qui parle souvent de Chalon, j’ai toujours cru qu’elle en était originaire alors qu’en fait c’est à Saint-Rémy qu’elle est née.

Totem à Chalon, le long de la Saône. A Chalon-sur-Saône, pause repas le long de la Saône, un lieu de pique-nique bucolique et sympathique. Nous ne sommes pas les seuls à nous installer ici. Un peu plus loin, plusieurs camping-cars. Je demande au propriétaire de l’un d’entre eux où se trouve le point d’eau. Et c’est dans leur camping-car que je fais la vaisselle. Sympas, ces italiens !

Nous suivons la Saône et tombons sur un groupe de personnes attablées. Nous leur demandons la route. C’est un collectif d’artistes, acteurs (entre autres) de Chalon dans la rue, un festival annuel. Ils sont installés dans la friche portuaire. Un délaissé.

Ils se désolent que ce lieu soit non seulement abandonné par la ville mais surtout voué à la destruction. En particulier ces anciennes grues du port qui rouillent et qu’ils aimeraient voir rénovées et entretenues.

Un autre bâtiment est occupé par un collectif d’architectes. Un artiste nous conseille de poursuivre notre chemin le long des quais et de ne rejoindre la route qu’un peu plus loin. Antoine, passionné par les tags voudrait que je les photographie tous ! Certains sont de vraies œuvres d'art !

A la sortie des quais, un chemin plus ou moins praticable et à nouveau la route, dans la zone industrielle. Encore un tag. En sortant, un rond-point. Et c’est un accident mineur mais qui aurait pu mal tourner: au rond-point je vais tout droit. La voiture, derrière moi, me suis puis me coupe la route car elle, elle tourne à droite. Heureusement la voiture n’allait pas vite ! Elle heurte mon vélo sur le côté avant gauche. La sacoche amortit le choc. J’ai le temps de décaler, de poser le pied à terre. Ouf ! Je ne suis pas tombée ! Arrivé de l’autre côté, le conducteur complètement hors de lui s’arrête. Sort de sa voiture et commence à m’abreuver d’insultes. Les conducteurs n’approuvent pas sa conduite (dans les deux sens du terme !) et je vois bien les yeux ronds d’un chauffeur de poids-lourd qui, du haut de sa cabine a pu voir toute la scène. J’essaie de me défendre en expliquant au malotru qu’il est en tort. Il s’énerve encore plus. Je renonce, remonte sur mon vélo. Je suis ébranlée. Un petit peu envie de pleurer aussi. Pas devant Antoine. Il a eu aussi très peur ! Il était derrière moi. Nous continuons notre route. Plus de peur que de mal.

Nous trouvons le canal du centre. Champforgeuil.

Fragnes. Chagny. Alors que j’étais en train de réparer le vélo d’Antoine (il avait mis la béquille en contrebas par rapport au vélo, ce qui avait faussé les réglages), une dame est venue entamer une discussion avec nous. Où nous allions, d’où nous venions… Elle nous a fait part de son expérience au Kirghizstan et de son projet de voyage, toujours à vélo, en Argentine, avec des cols à 3000 mètres d’altitude. Une toute autre ampleur que notre petit voyage pépère à nous. Mais qui, bien que modeste, en impressionne quand même certains. Cette dame, depuis peu l’heureuse grand-mère d’un nouveau-né est venue lui rendre visite. Elle vient de Charente et emprunté le vélo de sa fille pour se détendre en pédalant un peu le long du canal. Nous voyons une sorte de biche dans un pré. Bizarre, elle est complètement immobile. Et à côté d’une grande cible. Bêtes que nous sommes ! C’est aussi une cible pour le tir à l’arc ! Notre compagne de route nous laisse un peu plus loin et nous, nous continuons sur notre lancée ! Nous roulons si bien qu’en longeant le canal nous sommes allés trop loin. Nous étions, il faut le dire, en pleine discussion avec cette dame à la conversation très intéressante. Nous avons dû faire demi-tour, soit 26 kilomètres de trop !

Car, au lieu de bifurquer légèrement sur notre droite après Chagny, nous avons carrément obliqué à gauche, toujours en suivant ce maudit (mais si joli !) canal du centre redescendant en quelque sorte vers le sud ! Heureusement que nous sommes allés dans le village pour faire remplir nos bidons dans un bistrot. Là, je ne sais pas pourquoi, j’ai sorti ma carte, pas tout à fait sûre de moi. J’ai demandé le chemin pour Chagny. Ça les a bien fait rire ! Mais, sympa, le bistrotier et ses clients nous ont remis sur le droit chemin. Retour à Chagny ! Nous croisons une famille avec deux remorques : des bagages dans l’une, un enfant dans l’autre. Ils vont de l’Atlantique à la Mer Noire.

Nous avons trouvé un camping. Pas envie de sortir la tente car pendant ce retour sur la bonne voie, il s’est mis à pleuvoir pas mal ! L’employée du camping municipal (petit accent : elle est Brésilienne !) nous a loué un « chalet », sorte de mobil-home déguisé en chalet. 5 places pour nous deux ! 50€ la nuit, sans repas ni déjeuner ! Mais au chaud… C’est vrai qu’il est grand ! Nous avons dû signer un contrat de location (Ah ! l’administration !). J’achète un jeton de lavage et un de séchage. Nous fermons la porte de la chambre avec le grand lit et nous attribuons la chambre aux lits superposés. (Moi en bas). J’allume le chauffage à fond pour sécher nos vêtements. Je demande à un belge s’il peut me donner un peu de lessive. Comprend pas. Sa femme sort le nez et immédiatement me tend son bidon de lessive. Lui, avec humour : « C’est normal que je n’ai pas compris, je suis un homme !… »

A force de voir tous ces vignobles, l’envie d’en goûter un peu me prend.

Dans le village, à 300 mètres l’on nous dit que l’on trouvera une pizzéria. Antoine en a très envie. Et c’est dans un restaurant de haute tenue que nous « atterrissons » ! C’est quand même mieux ! Et ce n’est pas pour déplaire à Antoine… C’est un épicurien, ce garçon ! Ce restaurant l’Arôme est excellent. Pas très grand, il n’y a pas beaucoup de table. Les assiettes sont grandes. Les quantités qu’elles contiennent ne sont pas très importantes mais les mets sont si délicats ! La mise en bouche est une purée de carottes et un confit de saumon. Un délice. Ça nous change de notre éternel mélange de graines à l’huile d’olive et à la tomate. Je commande, sur les conseils avisés de la serveuse, un blanc, un Bourgogne Chitry Chardonnet. Les vélos restent dehors. Je ne pense pas qu’ils craignent grand-chose. En attendant, à portée de nos mains, une niche contient une bibliothèque avec des livres uniquement consacrés aux saveurs et aux mets qui nous mettent en appétit. Des écrivains racontent en de courtes nouvelles des expériences gustatives liée au grand art culinaire ou tout simplement à des souvenirs d’enfance. [Elles me font rappeler la charlotte aux pommes que me faisait maman avec du pain rassis trempé dans du lait, des œufs et des raisins secs macérés dans du rhum et versé dans un moule chemisé de caramel. Et puis la crème renversée aux œufs cuits dans la cocotte-minute. Ou encore la jardinière de légumes que je faisais avec papa. Mon père a toujours cuisiné et cuisine encore le salé et maman plutôt les gâteaux. Mais non, papa fait un excellent gâteau aux noisettes, il confectionne avec amour des orangettes avec ou sans chocolat, la nougatine aux amandes (mais ça fait longtemps). Et quand papa était absent pour ses long déplacement à l’étranger c’est bien maman qui faisait tout, le sucré comme le salé !] Mais aussi les livres que la patronne avait, petite fille (la chenille qui mange et fait des trous). Le cuisinier du restaurant a travaillé à Charbonnières-les-Bains. Ici, le lieu est beau. Cuisine nouvelle ? Tout est délicat, léger. Comme une mousse. La daurade et l’aïoli comme émulsionné qu’a choisi Antoine est goûteuse. Mon snack de tête de veau est original. Le tout pour à peine 59€ les deux menus, la bouteille d’eau pétillante, le verre de vin de jus de fruit !

Après manger je vais dans la petite cour, au fond de la salle.

Et là, surprise, des plaques de verre posées au sol dévoilent un escalier qui descend à la cave et aussi un puits peu profond, à peine une mètre, dans la cave, bien mis en valeur par un bel éclairage.

Le patron nous ouvre la trappe pour que nous puissions visiter. Une source traverse tout le village. C’est une ancienne chapellerie (XIXe jusqu'au milieu XXe). Pendant la guerre, ce fut le siège de la Kommandantur. Puis de 1958 à 1993 l'atelier d'un photographe.

Il pleut quand nous rentrons du restaurant. Je vais chercher les vêtements dans le sèche-linge. La nuit, la pluie qui tombe dans la gouttière puis arrive sur le sol (revêtu de métal ?!?) fait différents bruits. Du goutte à goutte (ploc ploc), au bruit d’un robinet qui coule, au tapotement énervé d’un doigt sur le coin d’une table au martèlement et jusqu’au bruit de moteur. Antoine n’a rien entendu de tout cela. Il a dormi comme une souche ! Mais moi, j’ai eu trop chaud. Et ce bruit !

Environ 72 kilomètres parcourus aujourd'hui.

Mercredi 30 avril

Hier nous avons réservé un pain viking. Aux graines. Il est bon mais je suis déçue, il est tout mou. Il nous faut faire un (bref !) état de lieux. Une lampe ne fonctionne pas. Nous ne savions pas qu’il fallait louer des draps. Heureusement nous avions nos duvets à capuche !

La gérante nous indique la route à suivre pour ne pas commettre la même erreur qu’hier. D’abord le trajet pour sortir du village. Puis Corpeau. Nous nous trompons un peu et arrivons à Ebaty. Des personnes nous remettent sur le droit chemin et nous disent qu’un peu plus loin nous devrons prendre une petite « bambée » sur notre droite. Bambée ! Quel joli nom ! Bombée. Une petit côte, quoi ! Puligny-Montrachet.

Dans une supérette Casino, nous achetons tout ce qu’il nous faut. Mais le papier toilette ne se vend, au minimum, que par quatre rouleaux ! Encombrant, même si c’est bon marché ! La gérante nous propose gentiment de nous en racheter deux ! Sympa ! Nous traversons plusieurs villages en travaux: les touristes arrivent cet été !

Pommard et Beaune. Nous aurions voulu faire la route des vins que nous ne nous y serions pas pris autrement ! La route zigzag entre les vignes, bien balisée pour les cyclotouristes que nous sommes, elle est truffée de petites pancartes blanches représentant un vélo de couleur verte. Impossible de se perdre ! Ça monte, ça descend, jamais méchamment. Bien agréable, ce balisage.

Nous mangeons sur la place du village de Savigny-de-Beaune à côté de la fontaine.

Un chat mendie quelques miettes de notre repas: du pâté en croûte, des tomates et des céréales cuites en salade. Comme dessert, une pomme. Avec de l’eau de notre bouteille, petite vaisselle. Rincée à la fontaine. Et à partir de Savigny-de-Beaune, la vallée commence et c'est une merveille ! Bouillant : maison ronde de lutin, avec de l’herbe qui pousse sur le toit. Une petite cascade au creux d’un à-pic, et la grotte à ses pieds. Lieu-dit La Forge : Grande cascade faite de la main de l’homme pour actionner un moulin

Une merveille botanique, cette vallée. Je reconnais le fraisier, l'ancolie, le muguet, le coucou, l'anémone pulsatile, l'euphorbe, le sceau de Salomon, l'orchidée, le tout accompagné de chants et de cris d’oiseaux. Merle, coucou, pic vert. Il fait frais sous le couvert des arbres et le soleil est au rendez-vous. Impression de sérénité. S’il fallait trouver une image du cyclocamping, ce serait la découverte de cette vallée.

Bécoup. Et là, dans la magnifique descente… catastrophe ! Ma sacoche avant droite frotte dangereusement les rayons, le bruit et les vibrations ne trompent pas. Je m’arrête brusquement. C’est le porte bagage qui s’est désolidarisé du cadre sur un des points d’attache : la vis est toujours là, mais plus le boulon ! Je cherche dans mon sac à outils et je trouve un boulon correspondant à la taille de la vis. Je fais signe à une voiture qui descend afin que le conducteur prévienne Antoine pour qu’il ne s’inquiète pas. Mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas dû comprendre mon signe. La voiture qui montait, en revanche, elle, s’arrête mais sa conductrice est pressée. Elle ne redescendra pas. Clé Allen, clé à pipe. C’est réparé ! Je repars mais ça recommence, ça ne tient pas… Je mets alors la sacoche sur le porte-bagage derrière moi, bien fixé par un tendeur et je repars à nouveau. Je vois arriver Antoine, plein de courage, remonte à ma rencontre ! Pont-d’Ouche. Nous avons changé de département, nous sommes en côte d'Or. Une entreprise de métallerie, fabricant des portails et autres ouvrages. J’entre dans un bureau, je leur demande s’ils ont une vis et un boulon à me donner. Espérant secrètement qu’un ouvrier pourrait y jeter un œil. Et c’est une fin de non-recevoir. Ils sont en plein inventaire ! La secrétaire m’oriente sur l’entreprise voisine. Mais les limites géographiques entre les deux entreprises ne sont pas claires, je retombe sur un ouvrier de la même entreprise que précédemment. Plein de bonne volonté, lui, il est prêt à y jeter un coup d’œil. Mais il doit demander le feu vert à son chef. Il ne revient toujours pas. Tant pis, nous, on s’en va ! Une belle piste cyclable s’ouvre devant nous, le long du canal de Bourgogne, direction Dijon. Parfait ! C’est ce que j’avais stabiloté sur ma carte. En avant ! J’appelle même Jean-Claude Perronet un champion de course à pied de Dijon, aveugle, qui court sur toutes les routes de France accompagné par des guides. Nous serons là-bas dans la journée.

Pont-d‘Ouche. Veuvey-sur-Ouche. La-Bussières-sur-Ouche. Saint-Victor-sur-Ouche. Gissey-sur-Ouche. Et là encore nous regardons la carte. Je retourne la carte et là ! Oh misère ! Je ne sais pas du tout ce que j’ai fabriqué… sur l'autre moitié de carte, le circuit suit bien ce même canal de Bourgogne mais… sur la branche gauche du canal et non la droite ! En effet, à Pont-d‘Ouche le canal forme comme un V, dont l’un orienté vers le nord-est (la direction dans laquelle nous sommes partis) et l’autre à vers le nord-ouest où nous aurions du aller… Deux option: faire demi-tour ou bien traverser et grimper les montagnes pour passer de l’autre côté. Plein de courage, nous optons pour la deuxième solution.

Agey. Nous nous arrêtons chez une habitante pour remplir nos bidons. Ça grimpe pas mal, mais on peut rester sur les vélos en mettant « tout à gauche. ». Rémilly-en-Montagne, qui porte bien son nom. Le-Trembloy. Charmoy. De petites routes qui ne sont pas sur ma carte. J’hésite, nous nous arrêtons et demandons notre chemin. La rivière porte un joli nom: la Sirène. Et voilà une très belle descente et à droite une montée vertigineuse, un vrai mur (si cette petite route était dessinée sur la carte elle aurait trois chevrons) qui nous oblige à poser pied à terre. Nous passons devant un hameau, Loizerolles avec sa chapelle et son château, le tout est une propriété privée fermée par des grilles. Si le château date de la moitié du XIXe siècle, le site a abrité une abbaye, en partie résidence des moines qui rejoignirent l'abbaye actuelle de La-Bussière-sur-Ouche après un incendie, vers 1130. Le château et ses dépendances (grange et calvaires classés, chapelle Saint-Sylvestre, habitations des anciens fermiers, prés, potager, bois, etc.) sont implantés sur près de 26 hectares. En 1988, la grange monastique « Dîmierre et le calvaire ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les murs en briques roses ont été conservés par leurs récents propriétaires. Un charmant petit château inconnu, loin de tout et pas facile à trouver par des touristes non avertis. Il est vraiment situé hors des sentiers battus et il apparaît sous nos yeux comme un rêve car en général en empruntant de telles routes, on atterrit plutôt dans des hameaux quasi abandonnés, voire dans une cour de ferme. C'est une riche famille anglaise, Joy et Martin Cummings qui en est propriétaire. Je dérape et tombe sur les graviers disposés devant la grille d'entrée. La selle a un peu tourné sur la droite, un peu, tant pis, nous continuons. Encore une belle descente !

Nous hésitons, ne nous arrêtons pas au premier gîte et poursuivons en direction du lac de Panthier (un réservoir artificiel de 120 hectares). Un site de pêcheur y publie les photos de très belles prises!! Ce réservoir alimente le canal de Bourgogne. Nous passons devant une drôle de maison. Elle est en tôle peinte d’un joli paysage et surmontée d’une éolienne. Sur le gouvernail de l'éolienne est écrit : « L’eau s’pisse » ! ». La maison est agrémentée d’un jardin (potager ?). Passé assez vite, nous nous promettons de la photographierons demain, quand nous repasserons devant.

Il est déjà dix-neuf heures trente quand nous arrivons au camping du lac de Panthier ! Dans le bâtiment de l’accueil, une piscine intérieure. Mais elle ferme à vingt heures. Tant pis ! Le temps d’installer la tente (le propriétaire du camping nous prête un marteau), de manger, il sera l’heure d’aller se coucher. Un monsieur sympa, cyclo-campeur comme nous, mais un peu collant engage la conversation, pose pleins de question, nous donne des conseils. Il a déjà fait l’Europe à vélo. Là, il fait juste la Bourgogne avec sa compagne. Il habite la Région parisienne. Quand je lui dis que j’ai froid sous la tente, il nous dit qu’avec un matelas et un drap isolant (à 50€ quand même) qui augmentent la chaleur de 5°C je ne devrais plus avoir froid. Bon, c’est vrai, il tracte une remorque, il peut transporter plus de matériel que nous! Sympa, il nous prête sa petite bouilloire d’un demi-litre qui nous fait gagner du temps pour faire chauffer l’eau de la soupe et des céréales. En échange, je lui prête ma passoire pour les pâtes. Il nous donne ce qu’il lui reste d’un sachet de pâtes car demain ils ont fini leur randonnée à vélo. Pendant ce temps, je prends une douche, bien agréable dans un bâtiment chauffé aux infrarouges. Antoine a commencé à monter, seul, la tente. C’est la première fois ! Il a grandi et fait des progrès depuis l’an dernier. Il ne file plus à trois kilomètres devant et m’attend à intervalles réguliers, ne se plaint plus sans cesse qu’il a mal quelque part. Quand je sens qu’il pédale avec moins d’ardeur ou qu’il devient taiseux c’est qu’il faut faire une pause. S’arrêter, manger une barre ou des fruits secs ou carrément le repas. Je ne l’écoute pas toujours quand il dit qu’il n’a pas faim ou que c’est trop tôt pour chercher un gîte car il présume souvent de ses forces. L’impression qu’il veut toujours aller plus loin, pas s’arrêter. .Des Anglais nous prêtent un tabouret sur lequel s’emboîte un plateau et le voilà transformé en table ! Assis sur le rebord d’un parterre de fleurs, tout près des éviers nous mangeons le saucisson acheté à Cormatin, nos céréales cuites avec de l’huile d’olive, du fromage et du pain avec de la confiture de figues.

Le compteur affiche73,82 kilomètres. Il a bien voulu se remettre en marche aujourd'hui.

Jeudi 1er mai

Antoine se plaint du sol qu’il a trouvé dur et moi, du froid. Avant de partir du camping je demande au propriétaire, s’il a une vis et un boulon pour réparer mon vélo. Il a bien des vis. Mais l’une est trop petite, l’autre trop grande ! Il me les donne toutes les deux, comme étalon, pour trouver, ailleurs, la bonne.

Nous repassons devant « L’eau s’pisse » mais le soleil est de face. Impossible de photographier l’éolienne. Dans le jardin se tient un homme. Il est prof de techno et c’est avec ses élèves qu’il a conçu et fabriqué la maison en paille et laine de mouton ainsi que l’éolienne. Mais qui l'habite ? Le prof ?...

Un magasin ouvert le 1er mai, le Casino de Créancey. Nous ne trouvons pas de petite bouteille de gaz. La nôtre sera vide assez vite. Nous achetons le modèle au-dessus. Pas de place ailleurs que dans le sac étanche que porte Antoine et qui renferme la tente et les duvets. Fruits. Barres de céréales. Yaourt à boire, pour Antoine. Tomate et jambon persillé. Ma sacoche posée derrière moi est encore plus en équilibre car elle est posée sur une autre sacoche devenue bombée depuis que j'y ai rangé des courses. Je demande à Antoine de rester derrière et de vérifier si elle ne risque pas de tomber.

Pouilly-en-Auxois. Nous retrouvons le canal. Et, curieux allons voir d'un peu plus près la voûte du canal de Bourgogne. C'est un tunnel de 3333m.

Construit à partir de 1775, le canal de Bourgogne relie la Seine à la Saône. La ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui du Rhône se situe dans la région de Pouilly. C'est d'ailleurs à Pouilly, dans ce long souterrain également appelé « la voûte ») que le canal passe de l'un à l'autre. Pendant plus de 7 ans des ouvriers mineurs creusèrent ce souterrain. Pour les mariniers, il ne fallait pas moins de 10 heures pour le traverser. C'est pourquoi, en 1867, on installa un toueur à vapeur engrené par une chaîne immergée.

En 1893, on le remplaça par un toueur électrique, et le trajet fut réduit à 2 heures seulement. Une autre difficulté dut être surmontée : la voûte n'étant pas assez haute, les bateaux les moins chargés touchaient le haut de la voûte. En 1910 fut trouvée la solution : on mit en service un bac transporteur sur lequel prenait place la péniche. Après avoir vidé une partie de l'eau contenue dans le bac, le bateau se trouvait à un niveau suffisamment bas pour être pris en charge par le toueur. De nos jours, les rares péniches traversent seules. Pour cela, il faut abaisser le niveau de tout le bief.

Quelques messieurs sont autour d’une voiture, capot ouvert, dans le garage d’une maison particulière. Une dame les regarde. Ça bricole sec ! Je demande si, par hasard, ils n’auraient pas le boulon qu’il me faut. Non seulement ils l’ont mais en plus ils se chargent, à deux, de réparer le vélo.Il ne manquait pas seulement un petit boulon mais aussi une rondelle, de l’autre côté de l’œillet. Le "réparateur en chef" me donne son adresse courriel pour que je lui envoie le compte-rendu de notre rando à vélo. L’une de mes clés Allen est toute usée, c'est celle que j’utilise le plus. Elle tourne dans le vide. Il m’en offre une qu’il a eue à Ikea et qui sert à monter les meubles. Elle est ancienne et semble plus solide que celle que j’avais. Antoine qualifie à juste titre cette famille de « chaleureuse ». Il s’appelle J. Royer et habite juste à côté d’un abri où est exposé le toueur.

Eguilly, magnifique ferme fortifiée. En fait c'était un château et une ancienne et importante place forte construite au XIIe siècle sur un site gallo-romain (daté lui du IVe siècle), un des rares châteaux fortifiés de plaine. D’habitude, ces édifices sont installés sur des hauteurs. Celui-ci a été érigé dans la vallée pour barrer le plus grand seuil de pénétration de France entre le nord et le sud, au carrefour de deux routes stratégiques romaines : la voie d’Alésia et celle reliant Autun à Langres. Transformé en château au XVe par les Choiseul, cent ans plus tard, Eguilly a été réduit en ferme par la famille Mac-Mahon. Lorsque l’autoroute A6 a été tracée, le projet coupait la propriété entre la cure et le château (impensable aujourd’hui). Il a été laissé plus de dix ans sans surveillance et a été pillé jusqu’en juin 1983 où un couple de Parisiens, l’ont acquis et fait classer au catalogue du patrimoine des Monuments Historiques. C'est maintenant un centre international d’art moderne et contemporain où sont exposées quelque 200 œuvres.

Gissey-le-Vieil. Nous pique-niquons sur une table ad-hoc. Nous mangeons du jambon persillé de la marque « Antoine Gourmand et Bourguignon depuis 1874 » ce qui le fait beaucoup rire, MON Antoine ! Et aussi du fromage fort du Villet. Fabriqué en Bourgogne, lui aussi.

A Saint-Thibault. Caravane ? Non! Bateau ! Nous voyons pour la deuxième fois une biche morte, flottant sur le canal. Les rebords élevés et très droits ne leur laissent aucune chance. Les pauvres, quelle mort atroce, s’épuiser ainsi à essayer de remonter sur la terre ferme ! Nous apercevons beaucoup de hérons cendrés. Peu farouches ils s’envolent au dernier moment.

Juste avant Pont-Royal, un énorme terrier (suivi de plusieurs autres le long de la piste cyclable) devant lequel un monticule de sable s’amoncelle. Sans doute un blaireau. Belle bête, sans doute, à voir la taille des trous ! Pont-Royal, tient son nom de la route royale n° 2 des Etats de Bourgogne, ouverte sous le règne du roi Louis XV. C'est un petit port sur le canal.

A Pouillenay, belle harmonie du bleu des volets avec le jaune du colza derrière la maison de l’éclusier remarquée par Antoine.

Nous aimons mieux la piste cyclable qui longe le canal du centre pour le côté roulant du revêtement et les passages pour les cyclos et les piétons sous les ponts mais moins la tonte systématique des bas-côtés, nous privant de l’herbe et des fleurs des champs car nous n’en voyons pas l’intérêt ! Le chemin de halage du canal de Bourgogne est resté « nature » : petit graviers, terre, trou, et herbe qui pousse au milieu et de chaque côté. Il est beaucoup moins fréquenté que le canal du Centre. A chaque pont il nous faut grimper la petite bambée pour ensuite redescendre de l’autre côté.

Sur le site du canal de Bourgogne géré par le conseil régional du même nom, on peut lire: "Contrairement à bien d’autres canaux, les maisons du canal de Bourgogne ne présentent pas d’unité architecturale. Cette mosaïque d’architectures s’explique par l’étalement de la construction sur plusieurs décennies et par une rupture forte, la Révolution française. En effet, les projets de l’Ancien Régime ne sont pas forcément reconduits sous l’Empire. Par ailleurs, l’Administration du canal étant entièrement refondue, une nouvelle hiérarchie d’ingénieurs s’impose et le financement est repensé. Ainsi, on ne dénombre pas moins de cinq types de maisons éclusières portant le nom de l’ingénieur qui en a fourni le plan. Il est aussi à noter qu’au fil du temps et selon les besoins des occupants, des ajouts ou des modifications sont très souvent venus distraire le parti d’origine. 188 maisons éclusières et 28 maisons de garde ont été recensées. Ces dernières se retrouvent sur les sites d’écluses, sur les ports, autour de réservoirs, le long d’un bief ou d’une rigole. En Côte-d’Or, quatre maisons de perception, bâties selon le même modèle, ont été recensées. Elles furent érigées à partir de 1835 et achevées en 1838 avec un niveau supplémentaire par rapport au projet d’origine. Elles se composent d’un rez-de-chaussée sur soubassement, de deux étages et d’un grenier. Certaines maisons éclusières combinaient plusieurs fonctions et accueillaient également les bureaux de la perception et les logements en rapport."

Ah ! Au secours ! Je pousse un cri ! Je viens de rouler sur un long serpent de couleur vert et jaune. Il fait presque toute la largeur du chemin. Ai-je rêvé cette couleur ? Je n’en avais jamais vu de cette sorte. Une couleuvre sans doute car je crois savoir que les vipères sont assez courte. J’ai crié car j’ai eu peur qu’elle ne se rebiffe et ne me morde ! Antoine est un peu plus loin devant. « Ah bon ?! Je savais pas que t’avais peur des serpents ! ». En fait non, pas vraiment peur mais j’ai été tellement surprise… j’aurais roulé sur n’importe quelle bête que je crois que j’aurais crié pareillement. Peur aussi de lui avoir fait mal, je crois. Voyons. Deux sacoches à plus de cinq kilos chacune. Moi, 60 kilos. Le vélo, au moins 20 kilos avec les outils, la chaîne, la sacoche avant où je range l’appareil photo, le petit sac en cuir avec mes papiers. Le pauvre ! Presque 80 kilos lui sont passés dessus. Antoine et moi retournons sur nos pas. Elle a disparu. Elle aura sans doute été mourir plus loin, victime d’une hémorragie interne. Je me lamente de la mort probable de cette jolie bestiole.

La pluie menace. Et tout à coup tombe dru ! Le vent la pousse en rideau. Nous nous abritons chacun le long d’un arbre. Elle passe de part et d’autre. Puis ralentit et cesse au bout d’un moment. Nous reprenons le chemin. Ça recommence et encore plus fort. Vite ! La maison d’écluse de Mussy et derrière, un appentis ! Nous pédalons de plus belle. Laissons les vélos en haut et descendons les escaliers plein d’orties (aïe !) quatre à quatre nous réfugier derrière la maison. Elle n’est pas habitée pour le moment mais ses habitants ont entrepris de créer un mur d’escalade sous cet abri. Une grande et épaisse planche verticale et une autre horizontale, au plafond sont couvertes de prises d’escalades colorées et de cordes, d’anneaux.

La pluie se calme, nous redémarrons. Venarey-Lès-Laumes. Jolie vue avec la péniche de « La joie de vivre » et cette ancienne cheminée d’usine surmontée d’un arbre.

Et nous arrivons à Montbard, ville natale du naturaliste Buffon. Entre 1733 et 1742, ce dernier, futur comte Georges-Louis Leclerc de Buffon annexe le château par engagement, le fait raser (ben mince, alors !), ne conservant que le rempart, l'église Saint-Urse et les deux tours actuelles, pour y établir un parc aménagé en jardin à la française, à l'anglaise et à l'italienne, constitués de quatorze terrasses plantées de différentes essences. Buffon s'établit en partie à l'Hôtel de Buffon, au Petit Fontenet voisin et dans la tour Saint-Louis qu'il fait diminuer d'un étage (décidément, il détruit tout!) pour installer son cabinet de travail d'été et sa bibliothèque. Il y côtoie son ami le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et y rédige de 1749 à 1788 son « Histoire Naturelle », une encyclopédie monumentale en trente-six volumes. En 1768, il fonde les forges de Buffon - une des plus importantes entreprises métallurgiques de son temps - à Buffon à 3 km au nord-ouest de la ville. En 1774, le roi Louis XV de France le fait premier comte de Buffon.

Nous quittons le canal. Après le plat du canal, ça recommence à monter. Une petite ville s’appelle La-Mairie. Drôle de nom !

Arrans, Antoine refuse de squatter une maison en rénovation. Et la seule personne à qui je demande de nous héberger, fait une drôle de tête quand je lui présente ma requête.

Verdonnet. Bon, là il pleut depuis le début de l'après-midi, il commence à se faire tard et il faut vraiment trouver une solution pour dormir ce soir. Une dame décharge ses courses. Juste à côté, une sorte de chalet tel que l’on peut en trouver à Casto, les rideaux aux fenêtres en plus. Y range-t-on des outils ? Sert-elle de refuge aux enfants ? Je demande à la dame si elle en est propriétaire. Oui. Si elle veut bien que nous l’occupions pour la nuit. Oui, mais il n’y a pas de chauffage, d’eau ni de toilettes. « Oh, vous savez, nous, du moment qu’on a un toit sur la tête… ». « Attendez, je demande à mon mari si vous pourriez dormir dans la salle des fêtes ». Ben oui, son mari c’est… le maire ! Elle réussit à presque le convaincre. Il est encore un brin soupçonneux. Je lui dis que je comprends, que j’ai longtemps travaillé en mairie comme assistante sociale ET responsable du CCAS. Que je comprends, que la mairie et la salle des fêtes n’est pas sa propriété, qu’il en est responsable devant ses concitoyens. Ma proposition de lui confier ma carte d’identité pour la nuit, une caution de taille, le décide finalement à accepter de nous héberger. C’est tout simplement génial ! La cousine du maire est partie pour trois ans en tandem avec son mari faire le tour du monde. Elle aura sûrement dormi, comme nous, dans des bâtiments publics. En ce moment elle est au Chili. Elle a intitulé son blog : « Le tandem et la vie ».

Grâce à monsieur Cernesson, le maire, nous aurons accès aux toilettes, au lavabo, et même à la cuisine. En ce qui concerne les radiateurs nous n’en allumons qu’un, pour sécher nos affaires que nous pendons (chaussures comprises) sur le portant où sont accrochés les cintres. Je déplie les deux parties de la tente et les étale sur les chaises pour les faire sécher. Il nous ouvre même un local, très ancien, pour ranger nos vélos à l’abri et me confie une très grosse et lourde clé de métal. Elle pèse au moins 300 grammes ! A la cuisine il y a une bouilloire, ce qui nous permet d’avoir rapidement de l’eau chaude pour cuire nos graines et faire de la soupe. Je réalise même, suprême dessert de luxe, des bananes au chocolat noir aux noisettes! Dire qu'Antoine aurait voulu, comme d’habitude encore avancer mais en fait il n’en pouvait plus de faim, de froid et de fatigue. Il n’est capable de rien faire ou presque. Il est courageux, ce garçon ! Nous fermons la cuisine. Elle sera plus facile à chauffer. L’eau qui bout réchauffe aussi l’atmosphère. Nous entendons des bruits de l’autre côté. Qu’est-ce ? Le couple fête les 18 ans de leur fille le week-end prochain et vide la voiture pleine de victuailles. La femme du maire, aide-ménagère, a besoin que sa voiture soit vide, demain, pour emmener les personnes âgées en courses. J’appelle le cyclo d’Ampilly-le-Sec pour le remercier d’avoir dessiné le parcours. On aurait presque pu dormir chez lui… sauf qu’il n’y était pas.

Nous avons fait 91 kilomètres

Vendredi 2 mai

Il reste du gâteau de riz pour le petit déjeuner. Et j’ai aussi fait cuire hier soir le reste de graines avec des figues. Ce matin, saupoudré de sucre, c’est un délice. Trop sucré pour Antoine. Dégoûté, il n’arrive pas à le finir. Je fais mes fonds de poche et donne 4€ au maire en dédommagement de l’eau et de l’électricité que nous avons utilisé. Après inspection des locaux (nous avons fait le ménage et tout remis en place), il me rend ma carte d’identité.

La femme du maire nous klaxonne en passant sur la route parallèle à celle que nous empruntons.

Fontaines-les-Sèches (pourquoi ces noms: Fontaines-les-Sèches, Coulmier-le-sec, Ampilly-le-Sec...? La région doit avoir un problème d'alimentation en eau, non ?!)

Laignes et la résurgence de sa rivière, la Laigne (sans s!).

Là, pas de problème d'eau! Marrant, à l’abri (il pleut encore !) sous une maison trois puis quatre hommes jouent les commères et font des commentaires sur les passants. Je les ai entendus quand je suis arrivée à leur hauteur. Je cherchais du réseau pour mon téléphone. Hier soir, c’est tout juste si j’ai pu prévenir Roland comme je fais tous les soirs, que tout allait bien. Je retire de l’argent et nous achetons du pain et faisons aussi quelques courses. Nous mangeons au moins un pain et demi par jour. Entre la charcuterie, le fromage, la confiture et le chocolat… Il repleut, un peu, par intermittence. Griselles. A droite Villiers-les-Moines. Villedieu. (Très croyants, ici !). Molesme et sa "table des morts" qui nous intrigue. Les-Riceys.

Pargues est incroyable ! Ce grand bâtiment de brique surmonté d’une tour, elle-même surmontée d’une tour elle-même surmontée d’une éolienne. Qu’est-ce ? Nous posons la question à une jeune femme qui sort par un petit portillon qui fait face à ce monument. « Je sais pas ». « Quoi ? ! Vous avez ça tous les matins en vous levant et tous les soirs en vous couchant et vous ignorez ce que c’est ?!! Vous n’êtes pas bien curieuse, mademoiselle ! ». « Je crois que c’était un moulin. Maintenant c’est la salle des fêtes ». De retour à la maison je fais un tour sur internet. Et je trouve un article du journal de l'Est-Eclair: "Par arrêté du 28 novembre dernier et sur avis de la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS), le préfet de Région a inscrit le château d'eau et l'éolienne de Pargues, ainsi que le lavoir qui complète le dispositif, au titre des Monuments historiques. L'ensemble est représentatif de ce patrimoine industriel et technique dont la Champagne-Ardenne est riche mais dont le souci de conservation ne remonte à guère plus d'une décennie. L'ensemble de Pargues marque l'identité de la commune et est inédit en Champagne-Ardenne. Sa construction est décidée en 1901 : il s'agit alors de rendre pérenne l'alimentation en eau pure d'une série de fontaines-abreuvoirs disséminées dans le village. La construction est effective en 1902, sur des plans de l'architecte Ludovic Sot. Le mécanisme est fourni par Henri David, constructeur à Orléans. Pour compléter l'ensemble, un lavoir est construit, doublement alimenté par la fontaine et le château d'eau. Le mécanisme de l'éolienne de 1902, aux imposantes ailes de bois (presque 10 m de diamètre), sera remplacé en 1922 par un matériel américain « aermotor » - société qui existe toujours -, installé par un constructeur belge. Ont prévalu dans ce choix la qualité de la tour de pierre et brique de Ludovic Sot, le témoignage de la volonté « hygiéniste » des édiles et le caractère unique de l'ensemble.

Autre curiosité du village, l’église, sorte de Sainte-Sophie aux dômes arrondis, en réfection. Elle serait, selon un article, toujours de l'Est-Eclair, "exceptionnelle par son chœur du XVIIe, dans un département qui est un véritable gisement d'églises du XVIe siècle, comment expliquer la présence d'une église aussi atypique que la Nativité-de-la-Vierge de Pargues ? Si la nef est classiquement du XIIe siècle, laissée telle par le manque de moyens financiers des ouailles à qui la charge relevait, le chœur reconstruit au XVIIe siècle est un époustouflant exercice de style. Une coupole monumentale éclairée par un lanternon, contenue par trois demi-coupoles formant au sol une croix latine aux contours sinueux… Le maniérisme de chœur à plan centré est encore accentué par le dispositif qui permet d'aborder l'édifice. En pente légère, la nef du XIIe siècle conduit naturellement le pas et le regard vers le chœur monumental et baroque qualifié par Jonathan Truillet, le conservateur régional des Monuments Historique de « beau et rare ». Dans une mise en scène théâtrale qui vaut bien celle de certaines églises de Rome. Elle est restée en chantier pendant quatre ans, C'est un édifice d'exception parmi le patrimoine monumental protégé de Champagne-Ardenne. Un superbe décor pour le jardin du Prieuré, situé au sud de l'église, classé parmi les premiers « jardins remarquables » de l'Aube. "

Chaource. J’ai promis à Antoine d’y acheter du fromage. Donc, direction la fromagerie. J’aime les maisons de cette région. Comme en Alsace ou en Normandie, elles sont à colombage. Autre curiosité, cette maison dont les murs sont agrémentés de morceaux de verre et la camionnette de Dédé La Bricole ?

Alors que nous roulions, et je que je racontais à Antoine l’histoire, véridique, de cet évêque, mort dans un bordel, à ce moment-là, nous dépassons un papy, un cyclo, muguet à la main, qui sortait d’un chemin. Je ne sais pas ce qu’il a entendu de l’histoire mais il riait beaucoup !

Pique-nique à l’abri de la pluie sous une avancée de toit construite entre les piliers extérieurs d’une église. Juste à un carrefour.

J’ai froid. Je sors la couverture de survie (merci Jacqueline !) et m’enveloppe les jambes avec. Côté doré à l’extérieur. Faut voir la tête des automobilistes qui passent devant nous ! Et tout particulièrement de l’un d’entre eux. D’abord, il nous jette un coup d’œil distrait. Puis, brutalement, son regard revient sur nous, l’œil rond, médusé ! Nous avons bien ri en voyant son expression ! La pluie a cessé.

Je vais faire la vaisselle au lavoir. Mince ! La tasse a coulé au fond. Pas trop profond, mais quand même. Il a fallu que je remonte bien haute ma manche !

La réparation de la fixation de mon porte-bagage n’a pas tenu, malgré toute l’attention dont il a bénéficié. Et pour cause ! L'oeillet est fendu. Comment faire ? Tout à coup, mais oui, mais que je suis bête ! Mon porte-bagage arrière comporte des barres… Pourquoi diable n’ai-je pas pensé plus tôt à y fixer ma sacoche ? Je me sens vraiment ridicule. Sur ce porte-bagage est fixée une sacoche qui est composée de trois parties solidaires : une derrière la selle et les deux autres de part et d’autre du porte-bagage. Il suffit que je vide la petite sacoche qui est fixée à droite, que je la replie et qu’à la place je la fixe Comme ça j’en ai une grosse à l’avant gauche et l’autre grosse à l’arrière droit. C’est un plus peu équilibré. J’ai aussi une sacoche de guidon.

Antoine, depuis le début a déjà vus une biche, un lièvre (ou un lapin), des grues cendrées et des écureuils. Moi, je n’ai vu qu’un écureuil, un serpent (le pôvre !) et des grues cendrées.

Nous traversons la nationale. Metz-Robert. Puis là, nous tournons un peu en rond.

Mais c’est sans importance, les maisons sont exceptionnelles. J’aurais envie de toutes les photographier ! Jeugny. Machy (deux maisons côte à côte). Et même un lavoir à Longeville-sur-Mogne.

Un peu de nationale jusqu’à Bouilly. Puis enfin c’est Laines-aux-bois. Arrivés à l’entrée, devant le panneau du village, nous téléphonons à Maryline. Nous cherchons sa rue et, à sa fenêtre, une dame nous interpelle. « Ma sœur vous attends ! C’est un peu plus loin ! ». Ce matin nous pensions arriver à Laines-aux-bois pour le repas de midi. Mais, après avoir regardé la carte et au vu du nombre de kilomètres restant, nous avions admis que nous n’arriverions qu’en fin d’après-midi. Il est au moins 18heures. Nous avons fait 105 kilomètres aujourd’hui ! Notre record depuis le départ. L’accueil est vraiment très agréable et chaleureux, tant de la part de Philippe, son mari, que de Maryline. Nos vélos sont à l’abri dans le garage. Il faut dire que le couple fait partie d’un réseau, Bet y Casa et ont l’habitude d’accueillir plusieurs fois par an des personnes de passage. Les personnes paient 25€ la nuit avec le petit déjeuner. Mais là, c’est spécial ! J’ai connu Maryline par Facebook ®. Comme quoi… les réseaux sociaux, ça a du bon ! Comme j’ai écrit ce livre des Sportifs exceptionnels Maryline m’a contactée (ou c’est moi, je ne sais plus). Je lui promets de lui envoyer mon livre. Suite à un accident qu’elle a eu bébé, à 20 mois (une vis sans fin - courante en agriculture- son bras est passé dedans), elle n’a qu’un bras. Elle a créé un site au nom sympa (je trouve) : Abracadeuxbras. Elle veut développer un marché dans son créneau à elle, sur toute la France, pour venir en aide, par des conseils pratiques, à des personnes, comme elle, qui n’ont pas de bras du tout ou seulement un moignon. Quand elle annonce que ce n’est pas gratuit, les personnes ne comprennent pas. « Mais, dit-elle, pour acheter du pain ou louer un karcher, vous payez bien, non ?! ». [Alors je profite de la diffusion de mon journal de voyage de Grigny à Grigny à de nombreuses personnes pour lancer cet appel : allez sur son site et faites le connaître autour de vous. Voilà, Maryline, c’est fait !]. Donc, comme elle a l’habitude d’accueillir des voyageurs, elle est très bien organisée : sur notre lit, un petit panier avec savon, shampoing, gants, serviettes, et même petit tube de dentifrice et oh ! Suprême luxe, de la crème hydratante pour le corps ! Après la douche, ce fut bien agréable de s’en enduire les jambes en particulier, si exposées au vent et au soleil. Une vraie peau de croco ! Ils me proposent de laver et sécher notre linge. Ce n’est pas du luxe ! Vraiment très sympas.

Philippe nous propose un parcours pour poursuivre notre route évitant les grands axes, surtout la nationale, très accidentogène. « Passez par le chemin blanc ! ». Le chemin blanc ? mais oui, celui qui longe la voie de chemin de fer ! Il note toutes les villes et villages, étapes du parcours.

Au repas nous voyons émerger Justine, 14 ans, en pleine révision du brevet. Son frère, Tanguy, arrivera quand le repas est presque fini.

Maryline vient à Villeurbanne à une conférence le 10 juin. Elle finira à 18h. Elle ne rentrera pas sur Laine-aux-Bois le soir même. L’occasion pour moi de lui rendre la pareille et de l’héberger.

Samedi 3 mai

J’ai bien cru que nous n’arriverions pas à émerger de ce lit si moelleux, si doux et si chaud ! Qu’est-ce qu’on était bien ! Le linge est sec. Nous partons il est 9h30. Comme nous n’avons rien à ranger (ni tente ni sacoche) le départ est rapide.

Curieux, ce morceau d’église dans le village ! L'église est ancienne, du début du XVIe siècle. Nous y rencontrons un belge qui fait le chemin de Saint-Jacques, à pied et seul.

Prugny. Messon : le mur de cette ferme est agrémenté de deux tours. Etait-elle anciennement fortifiée ? Encore une maison avec une grosse tour ronde.

Fontvanne. A l’entrée d’une école, une sculpture à faire faire des cauchemars à toute une génération de gamins traumatisés. Il est si hâve, cet enfant en bronze, et ce masque de loup, cette chouette ! Y’a pas idée !

Nous avons roulé sur le "chemin blanc" jusqu’à Estissac. Bernard Hinault arrive cet après-midi ! Nous faisons la connaissance de Gérald, président de la région Champagne-Ardenne en sortant de chez le boucher. Il nous demande de le photographier. Il aimerait que je passe ses amitiés à Jean-Jacques Pech, adhérent de l’Atscaf dont je fais aussi partie et président de la région Rhône-Alpes. Ce sera fait ! En sortant d’Estissac je photographie un lavoir. Ma marotte !

C’est à Neuville-sur-Vanne qu’est né le fondateur de la ville de Montréal. Et la ville est jumelée avec son homologue québécoise, comme de juste appelée aussi Neuville !

Neuville puis Villemaur-sur-Vanne. Pique-nique au bord de l'étang de Paisy-Codon. Pas très paisible. Des jeunes vont et viennent en mob et voiture, dérapages. Enfin ils s’en vont ! N’en reste qu’un, un vrai pêcheur, celui-là ! Il nous montre, sur son portable, des carpes énormes qu’il a pêchées puis remis à l’eau. La plus grosse, 13 kilos ! Le vent ne facilite pas l’utilisation du camping-gaz.

A Paisy-Codon nous prenons un bout de la nationale. Pas moyen de faire autrement. Puis à nouveau de paisibles routes.

Aqueduc de la Vanne entre Villeneuve-les-Archevêques et Chigy.

Un village en folie, Vareilles, mais de la folie douce, celle que l’on aimerait voir fleurir plus souvent dans les âmes et dans les cœurs. A l’occasion des Saints de glace, les habitants organisent leur 18è fête, chacune année différente. Cette année il va faire froid ! Alors, habillons les arbres ! De laine colorée, de serpillères multicolores, d’aluminium brillant. Décorons-les de pompons et de mobiles ! Les croqueurs de pommes sont invités. Tout comme les amateurs de plantes succulentes. Mais aussi des artistes. Leur site : http://lemaquisdevareilles.fr/FSG/publier/index.html. Autre chose qui me plaît bien dans ce village, une épicerie qui est aussi une librairie et son triporteur. Et encore son lavoir.

Noé et son lavoir. Car Antoine a un copain qui porte ce prénom.

Nous voilà à Sens. Où aller ?! Dans quel sens ? Un boulevard (mail) fait le tour de la ville ! C’est grand, ici, et c’est la fête aussi. Pendant longtemps, du 26 avril au 11 mais même si la fête foraine ne dure "que" du 30 avril au 11 mai. La circulation est bien contrariée. La foule, nombreuse. Nous demandons à un petit groupe qui nous oriente un peu plus loin. Nous retombons sur la foire. Immense. Elle fait le tour de la ville, comme le mail.

Nous demandons à une petite famille sympathique. Ils nous orientent à leur tour. Leur petit Jérémy mange une belle gaufre à la chantilly. Ça fait envie. Et puisqu’ils nous proposent de garder nos vélos, pourquoi ne pas profiter de la fête à neuneu ? Ce sera Chantilly, Nutella® et bonbons (fraises Tagada®) pour Antoine. Sucre pour moi.

Nous cherchons Saint-Clément. Trouvé ! Nous voilà sortis de Sens.

Mais nous nous fourvoyons dans un lieu très sympa où nous demandons notre chemin. Une envie pressante et nous voilà dans un club de fêlés de modélisme, l’A2tech ! Deux pistes où peuvent évoluer sur l'une, des voitures, (très grand circuit surmonté d’une plateforme) et de l’autre côté, des 4X4. C’est la mère du président qui fournit toutes les explications. Le club comporte aussi une piste à l’intérieur du bâtiment. Ils font également voler des avions et des drones. Le club et ses adhérents participent à des courses nationales et peut-être même internationales. Les sélections sont sévères, comme sur les vraies courses de voitures même si les modèles réduits roulent sur de courtes durées (il faut les alimenter en carburant assez souvent). C’est très règlementé. Peu d’ados et d’enfants. Ou alors de grands enfants, des adultes ! Et même un magasin réservé aux adhérents. Antoine est aux anges. Je crois qu’il serait bien resté plus longtemps. Mais la route nous appelle.

Saint-Denis-les-Sens. Nous cherchons encore un peu notre route car elles sont très étroites, ici, et les panneaux très peu nombreux à moins de prendre la nationale. Mais c’est ce que nous souhaitons éviter au maximum.

Noslon, et ses pommiers. Noslon ce serait le nom du village et aussi celui du propriétaire des vergers. Si c’est son château, c’est pas mal, en effet. Cuy. Toujours pas de gîte en vue. A Gisy-les-Noble, nous demandons à… un homme (un noble ?). Il nous dit " Je suis l’homme qui emmène l’âne ! Allez à Pont-sur-Yonne, vous trouverez des gîtes !"

Dans ce village, nous trouvons une maison à la tour carrée et une autre où est inscrit PC 1933 (Parti communiste ? Va savoir pourquoi !). Un peu plus loin, une jolie chapelle.

Nous trouvons l’Yonne, et son pont. Hôtel des trois rois. Ah non, pas un hôtel à trois étoiles ou trois épis. Trop cher ! Nous cherchons dans la ville quelque chose d’autre. Il n’y a rien. Les autres hôtels sont fermés. Pas de gîte. En fait, l’Hôtel des trois rois c’est juste son nom. Ce qui m’a trompée c’est son logo : trois couronnes. L’hôtel n’a aucune étoile Alors, va pour cet hôtel ! La patronne nous annonce un hôtel familial et sans chichi. Une quinzaine de chambres. Je n’ai même pas demandé le prix de la nuit ! Nos vélos sont en sécurité dans le garage. La douche. J’ai le visage qui a cuit au soleil. La peau me tire. Et le mollet et le genou droit aussi mais pas pour la même raison. Un peu d’Ibuprofène me soulage bien. L’impression que j’ai mal à la marche mais pas en pédalant. Je suis devenue une vraie homocyclus !

La chambre est simple mais le repas, pas mal. Je bois, ce soir-là encore, un verre de vin. De l’Irancy, cette fois, du rouge. Coca pour Antoine. Une bouteille de Badoit. Chèvre croustillant. Entrecôte, sauce au roquefort et pâtes. Crème brûlée. Nous avons trop mangé… La tisane a essayé de faire glisser le tout et aussi de me réchauffer. J'ai froid. Ce doit être la fatigue, car nos 70 kilomètres de la journée nous ont quand même bien éreintés ! A l’opposé, dans la salle, des marcheurs mangent eux aussi. Ils habitent l’Essonne. Sur le menu, la légende des trois rois.

Je cite le texte inscrit en préambule du menu que nous avons sous les yeux : "En 1814 sous le règne Napoléonien trois rois venus de Prusse, d'Angleterre et de Russie aidés par le général Ragus chargé de surveiller les armée ennemies fit une halte anticipée à Fontainebleau, prit par une soudaine envie de jouer aux cartes. La trahison prenant forme, les trois rois prirent le temps de se restaurer dans notre hôtel afin de débattre des différentes possibilités d'attaquer l'armée de Napoléon. Mais le complot échoua par la faute de la trahison dans le camp ennemi, ce qui permit à Napoléon de gagner la bataille du confluant."

Dimanche 4 mai

Hier je me suis couchée les cheveux mouillés et, comme souvent, j’ai une crinière de lionne au réveil ! Le casque matera ma chevelure. Le petit déjeuner n’est servi qu’à 8 heures. Et nous nous sommes réveillés à 7heures. Nous allons nous promener de l’autre côté du pont. Grand bien nous fasse ! C’est jour de marché. Pain cuit au feu de bois vendu par un baba cool. Un peu cher, mais il semble bon. Manchons de poulet. Nous n’en prenons pas assez pour bénéficier du cadeau d’un manchon de plus mais le rôtisseur nous en donne quand même un ! Fruits, légumes. Puis c’est l’heure du petit déjeuner ! Thé ou chocolat chaud, pain beurré et confiture. La note n’est pas trop salée. 109€ au total. Nous reprenons la route d’hier et suivons l’Yonne, et dans le bon sens, cette fois ! Ça suffit de se tromper ! Bon, même si nous arrivons dans la cour d’une belle ferme, avec son arbre qui trône, en plein mitan.

Je pensais que c’était Sens-Grigny qui faisait 92 kilomètres… mais c’est Montereau-Grigny qui fait cette distance ! Nous ne serons donc pas à Grigny demain ! Il reste environ 130 kilomètres. Et donc nous arriverons lundi à Grigny. Ce sera plus facile de joindre le service communication de la mairie où nous sommes attendus pour une interview car le 2 mai je n’ai pas réussi.

Serbonnes. Vinneuf. Nous faisons quelques courses au petit Casino. Et là, il nous faut encore changer de carte ! Celle d’Ile-de-France, cette fois. Nous sommes en Seine-et-Marne.

Barbey. Saint-Germain-Laval. Montereau-Fault-Yonne. Sur la fresque, cette citation de Napoléon, à Montereau le 18 février 1814: "Allez, mes amis, le boulet qui doit m'emporter n'est pas encore fondu". Cette ville d'Histoire dominée par une bâtisse impressionnante, le prieuré Saint-Martin, tient son nom de "Fault" du verbe "faillir", choir, car l'Yonne "tombe", se jette, ici dans la Seine même si le débit de l'Yonne est ici plus élevé que celui de la Seine. C'est sur le pont de Montereau que Jean sans Peur a été assassiné en 1419 dans le but d'empêcher un rapprochement du Dauphin avec le parti bourguignon et de venger l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407. Le très beau prieuré Saint-Martin domine la ville. Napoléon est lui aussi passé par là, une fresque met son passage en valeur. En effet, le 18 février 1814, Montereau est le lieu d'une des dernières victoires de Napoléon contre les Autrichiens.

De Montereau-Fault-Yonne à Grigny, fin du voyage, maintenant c’est le tracé du dernier cyclo sympa que nous utilisons. Je lui enverrais, à lui aussi, le récit de notre voyage à vélo.

Vernou-la-Celle-sur-Seine. Mammès. Alors que nous pique-niquions au bord de la Seine, à côté d’un marché, un couple à vélo nous aborde et engage la conversation. Le monsieur a déjà fait pas mal de cyclocamping, comme nous, d’où son intérêt pour nos vélos. Il est adhérent de l’association du Cyclo Camping International (CCI). Notre route passe devant leur maison. Nous ne sommes pas pressés car nous avons jusqu’à demain pour arriver et relativement peu de kilomètres à faire ! Nous acceptons donc bien volontiers leur invitation. Il me fait un plan, qui n’est pas à l’échelle. J’ai l’impression qu’ils n’habitent qu’à deux ou trois kilomètres de là. Hésitants sur la route à prendre, nous leur téléphonons.

Sur le trajet nous faisons une brève incursion à Moret-sur-Loing pour une pause technique. Incursion que nous ne regrettons pas. C’est vraiment très beau…et touristique. La ville a conservé de nombreux monuments d'origine médiévale, dont le pont sur le Loing. La liste des peintres ayant représenté la ville est longue (je connais surtout Alfred Sisley). Elle a servi de décor pour deux films.

Sorques, où habite la famille qui nous a invités est à 9 kilomètres le long du canal du Loing qui se jette dans la Seine. Une péniche est un gîte d’étape. Tiens, faudrait essayer… Mais à quel prix ?! A l’entrée de la rue Vincent a apposé une affichette ! Nathalie et Vincent ont des enfants de l’âge d’Antoine, Camille, 17 ans et Maxime, 15 ans. Le couple a l’habitude d’héberger des cyclocampeurs. Nous y partageons un long moment bien agréable. Ils ont vécu cinq ans en Chine, pour des raisons professionnelles. Vincent travaille dans l’industrie mais je ne sais plus ce qu’il fait (ingénieur ? Technicien ? Commercial ?). Toujours est-il que cela ne fait pas très longtemps qu’ils sont revenus en France, ici. Les enfants sont bilingues et vont à l’école internationale de Fontainebleau. Nathalie est prof de sciences nat. dans un collège très loin d’ici à Villeneuve-L’archevêque, avant Sens ! Nous y sommes passés. Elle dit ne mettre QUE quarante-cinq minutes ! En Chine elle enseignait dans l’école où étaient scolarisés les enfants. Quant à Vincent, il part toute la semaine car lui travaille encore plus loin, à Nevers.

Ils m’offrent le café, puis, à Antoine et moi, un thé surprise. Une boule de feuilles qui, une fois imprégnée d’eau bouillante remonte à la surface. La théière transparente fait merveille. Nous sommes au spectacle. Ces feuilles liées par une cordelette blanche qui forment une boule s’ouvre et découvre une toute petite fleur rouge de chrysanthème. Il y a même du sucre dedans. On peut en trouver dans les magasins de thé. Antoine demande s’ils ont un skate, sa passion du moment. Les enfants vont en chercher un, puis un autre, couverts de toiles d’araignées. Acheté en Chine chez Décathlon, ça roule encore un peu, pour le plus grand bonheur d’Antoine. Partie de volley entre les jeunes. Le ciel est bleu, le vent souffle, à l’ombre, sous l’arbre (une sorte d’érable), il fait frais. Quand elle était petite, Camille avait un poupon qui s’appelait Antoine. Et Antoine… en avait un qui s’appelait Camille ! Leur Camille, qui aura sûrement son baccalauréat, va partir en septembre faire ses études à l’école Paul Bocuse à Ecully. Si elle le veut, et/ou en cas de besoin, elle sera la bienvenue à la maison. Nous avons déjà accueillie une stagiaire pendant un mois, un Japonais pendant une semaine et demi, deux cyclotouristes Anglais pendant une nuit... Sans compter les copains et copines des enfants. La maison est ouverte. C’est si elle veut, quand elle veut !

Vincent nous conduit au camping, très calme, près de chez eux au bord du Loing. Nous le suivons à vélo tout en continuant à discuter. Pas cher, le camping. Même pas 10€. A la tombée de la nuit, les moustiques sont violents. Les chaussettes par-dessus le pantalon sont du plus bel effet ! Les gens, ici aussi sont sympas. Je recharge mon portable dans la caravane d’un retraité qui séjourne ici avec sa femme à la belle saison. Il nous prête son marteau et redresse même les piquets sur une souche d’arbre. Ils ont des voisins qui ne plaisent pas trop à Antoine : des beaufs, dit-il … ! Un drapeau avec la photo de Johnny Halliday est planté à côté de leur tente, la dame a un blouson avec la photo du même Johnny, lui porte queue de cheval et mégot au bec. Ils ont même la photo géante peinte de leur chien, genre chihuahua sur une toile au fond de l'auvent.

Il est très tôt et nous allons visiter le village de Gretz-sur-Loing avec nos vélos tous légers, tout légers ! Un village chargé d'Histoire qui remonte au XIe siècle mais encore très vivant où nous croisons un groupe de jeunes partis fêter leur anniversaire ! Deux lavoirs, une ruine, une ancienne borne. Nathalie et Vincent nous ont donné un dépliant sur le village car ils ont l’habitude de recevoir. C’est un village où beaucoup d’artistes ont séjourné, bénéficiant, comme Moret-sur-Loing, de la proximité de Paris. Honoré de Balzac y retrouvait sa maîtresse. Ainsi que des musiciens, peintres… du monde entier: Suédois, Ecossais, Allemands. Des plaques sur les maisons commémorent leur passage.

Nous mangeons une soupe de pâtes à la chinoise vraiment très relevée… ça dégage bien le nez… et ça réchauffe !

Pendant qu’Antoine, à la tombée de la nuit, fait la vaisselle je fais un tour du camping, très grand. Je comprends d’où viennent les moustiques : il y a un étang. Un héron cendré s’envole. Je l’ai dérangé. Certains emplacements sont vraiment très excentrés et isolés, les campeurs font même un feu de bois. Rien de tel pour chasser les insectes indésirables.

Quand je vais rechercher mon portable, le monsieur me dit qu’il aurait dû nous proposer de manger à l’abri, sous son auvent…

Nous n’avons fait que 63 kilomètres aujourd’hui. Pas grave, nous sommes presque arrivés à Grigny !

Lundi 5 mai

Pas si calme, le camping ! Une route le longe et la circulation, dense en journée, même si elle se calme le soir, ne s’arrête pas, même la nuit ! J’ai entendu la chouette hululer, cette nuit ! Joli !

Magnifique, la traversée de la forêt de Fontainebleau. Un souvenir : une journée d’escalade avec l’école sur les rochers des gorges de Franchard. Nous prenons une toute petite route, interdite aux voitures (sauf service !), toute en descente. Un vrai régal !

Juste en bas de cette descente, Barbizon, encore un petit village de peintres, un des endroits mythiques de la période pré-impressionniste en France. Dès 1830, ce qui est encore un hameau de bûcherons accueillera en effet à l'auberge Ganne (maintenant un musée, ses murs sont peints par certains des artistes), tous les peintres (du monde entier; Etats-Unis, Russie, Allemagne, Pays-Bas, France, bien sûr) qui viennent chercher l'inspiration auprès de la nature. Dans le désordre, Sisley, Renoir, Monet, et j'en passe, pour ne citer que les Français. Puis ce seront les écrivains, les philosophes, les chanteurs et les comédiens qui prendront le relais.

Nous demandons notre chemin pour aller de Barbizon à Macherin, le village (hameau ?) suivant mais ce ne doit pas être sur le chemin du cuistot, il n’en a jamais entendu parler ! Arbonne-la-Forêt à l'Histoire ancienne (dès le Mésolithique) et plus récente (La résistance aux Allemands et aussi le tournage de nombreux films dont La guerre du feu et plusieurs autres dont trois avec Bourvil).

A Courances, son parc considéré comme l'un des plus beaux de France est labellisé jardin remarquable. Son château est classé du XVIIe. Nous sommes dans l'Essonne.

Passage dans le village de Dannemois. Nous longeons un moulin (de nos jours un hôtel-restaurant-cabaret-musée-boutique de souvenirs) où vécut un chanteur très célèbre, Claude François pour ne pas le citer... !

Nous suivons, non pas le chemin des écoliers mais la rivière L’Ecole. Nous pique-niquons devant la petite mairie de Saint-Germain-sur-Ecole, en Seine-et-Marne.

Nous demandons à utiliser les toilettes et remplissons nos bidons ainsi que la casserole pour cuire les pâtes. Deux employées, un jardinier. Combien d’habitants ? 300. Mais l’une des deux employées est La Maire ! 250 grammes de pâtes soit deux assiettes et demi pour Antoine et une et demi pour moi. La demi, je la saupoudre de sucre. Ouf, le ventre est plein, le plein de calories est fait !

Soisy-sur-Ecole et sa verrerie d'art (la tradition remonte à 1856).

Yannick Noah a vécu à Nainville-les-Roches

Auvernaux. Une dame, seule, sur le côté de la route, l’air bien embêtée. « Vous avez besoin d’aide ? Une crevaison ? ». « Non, les gens du village causent trop ! J’en ai assez ! J'aime mieux les gens d'la ville.». Arrive un homme. « Et voilà, avec tous leurs travaux, je sais pas ce qu’ils font mais on peut plus passer ! Ça va plus du tout ». Deux fadas. A déparler, à plus savoir quoi dire! En fait de travaux qui empêchent de passer, juste la réfection d’un joli mur par deux ouvriers qui ne nous regardent même pas passés. Trop occupés.

Chevannes et son (fameux !) concours (record à battre !) du plus grand orchestre de cuillères en bois ! Mennecy. Lisses. Bondoufle. A Courcouronnes (proviendrait du mot gaulois cour-cou-ronne signifiant « village en couronne sur la hauteur »). Nous demandons notre route à des policiers municipaux qui circulent dans leur voiture.

Non seulement ils nous l’indiquent mais en plus nous demandent de les suivre. Warning, les bras dehors pour demander aux voitures de nous laisser passer !! Nous sommes V.I.P ! Très drôle et sympas ! Ils nous emmènent jusqu’à une piste cyclable qui suit des jardins ouvriers. Elle passe sous l'autoroute. Et nous arrivons à Ris-Orangis puis à Grigny.

Mais là, malgré les indications données par Gilles Dao, directeur du service communication (rien que ça !) nous ne trouvons pas la rue du port. Vieille église ? Non, celle de la rue des Sablons (ND-de-toute-joie) en bois et béton est dégradée, mais pas vieille, elle date, à vue de nez du milieu du XXe siècle (1973 après vérification). Nous nous arrêtons devant le service de la Protection Maternelle et Infantile (P.M.I). Avec toute les visites à domicile que les assistantes sociales et puéricultrices font, c’est bien le diable sir elles ne connaissent pas le quartier ! J’entre. Elles m’expliquent et me photocopient le plan. Sympas ! Nous y sommes presque: elle descend raide cette rue du port ! Dire qu’il faudra tout remonter !

Mais en bas, quel accueil par Gilles Dao et Marie Follly ! Tous ceux que l’on rencontre dans les couloirs ou qui passent la tête par la porte de Gilles Dao : Ah ! C’est vous !? Le responsable de la communication a travaillé sur le dessin animé (la bande dessinée ?) de Lucky Lucke. Il a fait (ou contribué) au très beau logo/dessin animé de Thalassa (celui qui permettait de voir un coquillage se transformer un bateau et en je ne sais plus quoi d’autre encore !). En farfouillant aussi un peu sur le net je découvre qu'il est écrivain. Il connaît une Mireille élue pendant plusieurs mandats successifs à Gennevilliers (Mireille Fougère me souffle mon père). Grigny en Essonne est dirigée par les communistes. Très renseigné, il sait que Grigny dans le Rhône et Pierre-Bénite sont passés à droite.

Mais après cet accueil chaleureux, la photo, le thé offert, c'est déjà l'heure de repartir. Malheureusement il faut remonter à Paris pour essayer d'attraper un train. Pas un TGV, trop cher et trop compliqué avec nos vélos. Non, un TER.

RER de Grigny. Un gars plus malin que les CRS nous fait passer en ouvrant la grande porte vitrée située dans l’alignement des tourniquets car celui pour les poussettes et les fauteuils roulants n’est pas assez long pour nos vélos et le sas ne peut se fermer. Nous discutons ensuite avec ce gars sur le quai. Un bon bougre qui nous explique (une voix annonce de nombreux retards sur la ligne) qu’habiter en banlieue n'est pas facile si l'on veut travailler à cause de tous ces retards. C'est ainsi qu'il explique son refus de payer les tickets. Il fraude toujours. Jamais pris ? Si deux fois en 12 ans… ça vaut le coup. Nous, nos billets (4,90€ chacun, Antoine a plus de 12 ans) étaient déjà achetés. Ce sont les CRS qui les ont validés et faits passer...

Nous avons un TER à 19h31 mais il est déjà près de 19h15 et ce n’est pas à gare de Lyon mais à Bercy que nous devons le prendre. En plus, il arrive à 22h49 à Dijon et il n’y a pas de correspondance pour Lyon avant le lendemain matin. Antoine aurait tant aimé dormir dans son lit ce soir ! C’est râpé ! Alors… Sinon, nous avons un train à 7h38 demain matin, direct pour Lyon mais avec de nombreux arrêts. Je téléphone à Frédérique et à Jérôme qui connaissent bien Paris. Ils n’ont pas d’amis qui habitent le secteur. On aurait mieux fait de dormir à Grigny, au moins des personnes auraient pu nous héberger ! Mais nous n’aurions pas pu prendre ce premier train et nous serions retrouvés dans le RER avec la cohue des personnes qui vont au travail. Nous achetons des sandwichs pendant que Roland nous cherche un hôtel « pas trop cher » dans le coin. Il en trouvé un ! Un Kyriad qui peut nous accueillir avec nos vélos.

Nous demandons notre chemin à un monsieur pour sortir de la gare de Lyon. Il va dans la même direction que nous, gare de Bercy. Nous discutons tout en marchant. Mes jambes ont plus l’habitude, maintenant de pédaler que de marcher ! Aïe, mon mollet droit me tire ! Notre trio rencontre un cyclocampeur Californien à la recherche des Champs Elysées. Il va bientôt reprendre l’avion. Nous laissons notre guide à une station de métro.

Pas cher, pas cher ! Finalement un trois étoiles à 106€ la nuit ! Nous montons les vélos debout dans l’ascenseur. Mais la chambre est grande comme un mouchoir de poche ! Un vélo dans la bagagerie, celui d’Antoine et le mien, débarrassé de ses sacoches, entre le mur et les lits. Pour le prix nous avons deux lits, une douche (avec de l’eau !), un peu de savon et de shampoing et aussi deux petits gâteaux avec des sachets de thé, de café soluble, des capsules de lait et une bouilloire. De quoi ne pas partir le ventre vide demain matin.

Mardi 6 mai

Levés très tôt (pas envie de le rater, ce train !) nous arrivons très tôt à la gare de Bercy, toute proche. Nous avons grignoté nos biscuits dans la chambre et Antoine a apprécié son thé avec les deux capsules de crème. Nous prenons un vrai petit déjeuner au bar de la gare. Et nous remangerons encore dans le train. Notre fond de riz au lait que nous avions transvasé dans une boîte pas si étanche (heureusement isolé dans un sac). Encore bon ? Bon ! et des bananes séchées aussi. C’est que, partis à 7h38 nous n’arrivons à Lyon qu’à 12h45 !

Comme un voyage à l’envers, nous passons à vive allure à travers les paysages que nous avons traversé à la force de nos mollets, lentement souvent quand ça montait, un peu plus vite quand ça descendait. Nous nous arrêtons dans les gares de villes où nous sommes passés. Sens. Montbard. Beaune. Chagny. Chalon-sur-Saône. Belleville. Villefranche-sur-Saône. Saint-Germain-au-Mont-D’or. Il est vrai que notre route (ou les chemins blancs !) suivaient ou traversaient souvent les voies ferrées. Nous avons fait 78 kilomètres entre hier et ce matin.

Arrivés à Part-Dieu, coup de fil à Roland. Fait faim. Il nous invite au resto. Puis nous repartons à Grigny à vélo. Nous repassons à Oullins où nous pouvons admirer le travail de la Cité de la création.

23 kilomètres, la boucle est bouclée.

Et l'année prochaine ? Antoine a déjà dés idées. Le Danube. Ou le canal du midi au bord duquel habite l'une de ses grandes sœurs.

Lavoir de Noslon

Lavoir de Noslon

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Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journal de voyage à vélo

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