Elle entre dans l’ascenseur et les portes se referment.

Publié le 8 Mars 2022

Elle entre dans l’ascenseur et les portes se referment. Elle revient de chez la blanchisseuse où elle avait apporté son joli short noir. Elle l’avait taché l’autre soir dans un bar à cause d’un fêtard qui tentait maladroitement de danser la danse des canards. Il était tard, il n’avait plus les yeux en face des trous, car il avait trop bu. Un cocktail à la mode appelé le têtard.

Elle avait hâte de quitter la capitale et de retrouver Nyons, son village natal. Seule la terrasse de cet immeuble, avec son jardin, même minable, trouvait grâce à ses yeux. Un petit coin de nature. Mais rien à voir avec sa petite ville de province, si verte, si vivante. Une petite ville sans métropolitain, mais malheureusement beaucoup trop de voitures. Mais quel bonheur quand la bande de canards du père Alfonse traversait la route pour rejoindre la mare de l’autre côté ! A Paris, les chauffards les auraient tous écrasés, du premier jusqu’au dernier ! Eh bien non, pas à Nyons. Chez elle, les automobilistes les laissaient passer. Eh oui ! là-bas, les canards ne dansent pas, ils nagent, madame, oui, ils nagent. Et nul ne s’avise à les imiter bêtement.

Alfonse, lui, pour s’envoyer en l’air jusqu’au 7è ciel ou pour pousser la chansonnette n’a nul besoin d’une petite mousse. Il lui suffit d’un bol de cidre et d’un kouignamann pour être heureux. Mais pas question de partager avec qui que ce soit, sauf peut-être avec la jolie petite qui revient régulièrement de Paris, belle comme un bijou. Il sent qu’elle n’est pas bien heureuse à la capitale et lui proposerait bien volontiers de reprendre sa ferme, ses canards, ses lapins et ses moutons. Il a travaillé toute sa vie et il est temps pour lui de prendre sa retraite. Il irait bien faire un tour à Paris, voir le spectacle du moulin rouge, rendre visite à la grande dame de fer, et balader sur un bateau mouche. Mais il sait qu’il reviendra bien vite à Nyons, pays qui l’a vu naître.  

Martine

Elle entre dans l’ascenseur et les portes se referment.

 

Elle entre  dans l'ascenseur et les portes se referment. Tout à coup, accrochée la tête en bas, que voit-elle une chauve-souris ! Pas d'inquiétude elle est vétérinaire, qu'elle reste donc là si ça lui chante. Par contre où est la porte par laquelle elle vient d'entrer ? Comme dans ses cauchemars enfantins, elle se retrouve dans le noir et tout à coup sa girafe et ses chiens se mettent à se déplacer de droite de gauche faisant tanguer l'engin telle une arche de nouée sur la grande bleue. Le ruban de son chapeau s'est détaché il se retrouve par terre, piétiné par la girafe qui s'emmêle et se retrouve les quatre fers en l'air. Quel joyeux bazar ! La lumière se rallume, toujours pas de porte. L'odeur animale commence à la suffoquer et pas de ventilateur pour la disperser. Il fait chaud comme dans le désert et cet ascenseur qui n'arrive toujours pas. Elle a tellement hâte d'arriver, de retrouver sa famille, de jouer avec ses enfants. Elle a soif aussi et boirais bien un verre de potion. Voilà son bébé qui s'agite dans son ventre. Elle est de plus en plus fatiguée. Ouf, enfin elle arrive. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, elle expose de joie. Mais où sont ses clés ? Elle a dû les oublier à Firminy, chez le cordonnier. Elle sonne, son fils lui ouvre, elle dépose chiens, girafe et chauve-souris à la maison et repart les chercher.

Les portes de l'ascenseur se referment, on ne la revit plus jamais…

Martine

Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Textes personnels

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