Thurins-Turin

Publié le 7 Août 2017

Journal de voyage à vélo Thurins-Turin du 25 juillet au 3 août 2017

Premier jour

Mon vélo et celui d’Antoine ont été révisés chez un vélociste, celui d’Aure, un bon vieux vélo âgé de 15 ans, par son papa.

Toutes les sacoches sont prêtes. Nous embarquons dans la grande voiture familiale d’Aure, au volant, Sophie, la maman d’Aure, direction, Thurins, berceau du petit fuit (framboise, fraise, cassis…) dans les monts du Lyonnais.

Chacun a son parcours imprimé en grand dans une pochette transparente hermétiquement fermée, mais Antoine ne retrouvera la sienne … qu’en revenant à notre point de départ !

Nous déchargeons tout notre barda sur le parking d’un garagiste plus ou moins consentant… Fixons tentes et sacoche sur nos fiers destriers, une photo devant le panneau Thurins.

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Et c’est (presque) parti ! Antoine déraille ; plus loin je donne un coup de pied à la sacoche arrière, qui se décroche… et tombe.   

Un coup de klaxon, et Sophie, la maman d’Aure nous quitte.

Soucieu.

Arrêt « technique » à Orliénas où « l’accès aux toitures » est interdit !

st interdit !

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Taluyers. Montagny.

Ça descend tout le long, jusqu’à … Grigny. Arrêt dans une boulangerie. Petites viennoiseries et pain, Givors puis nous rejoignons la via Rhôna à Loire sur Rhône.

Un panneau indicateur triangulaire où est dessiné un « cerf », et nous en parlerons tout le trajet… Antoine dit qu’il y a des « biches » en voyant ce panneau. Et comme juste à côté du panneau il y a … une camionnette où se prostitue une dame, je crois comprendre qu’il les appelle des « biches ». Quiproquo…  Nous verrons souvent de semblables biches…

A Vienne, clin d’œil cyclo sur un balcon. 

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Saint-Romain-en-Gal. Sainte-Colombe.

A Ampuis, les tomates dans les serres nous font bien envie. Une voiture, un homme. Je demande s’il peut nous vendre 3 tomates. Heureux qu’on ne les lui vole pas, il m’en donne même 4 !

 

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Pique-nique juste après le camping de Condrieu. Quelques gouttes de pluie, nous ne nous attardons pas.

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Saint Pierre de Bœuf. Je connais toutes ces routes sillonnées depuis longtemps seule, avec mon ancien club de l’Amicale Laïque de Grigny et maintenant en tandem, avec l’un ou l’autres des Christian et Handivienne !

La via rhôna est déviée à cause de travaux sur le barrage de Sablons et je m’y perds un peu en pensant la retrouver. Je suis les indications Molly Sabata. Mais au bout de la route, demi-tour, nous repassons sur le Rhône et retrouvons la via Rhôna un peu plus loin.

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A Saint-Vallier, petite erreur, nous refaisons le tour du rond-point, pour prendre la route qui monte en passant devant l’hôpital, non sans faire une halte chez un primeur. Tomate, melon.

Nous entrons dans un garage pour demander de l’eau, bien fraîche.

Antoine, allez, un peu de courage, nous sommes à Saint-Barthélémy-de-Vals,  nous allons dormir au camping à « la ferme du biquet », à Charme-sur-l’Herbasse. Depuis le temps que Michel, un copain m’en parle ! J’ai téléphoné (merci à Aure, et son téléphone « branché » sur internet qui nous rendra ainsi de multiples services par la suite !). Normalement, me dit la propriétaire, Michel revient ce soir. Je lui téléphone. Il sera là et nous fera des pâtes.  

La direction « Les roches qui dansent » fait rêver…

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A Bren, le 30 juillet, c’est la fête de l’Abricot ! Le char est kitsch, la « sorcière », sympa !

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Petite chute, mon coude gauche est éraflé, J’ai une sorte d’hématome au pouce. Ce n’est que la première chute…

A Saint-Donat-sur-l’Herbasse nous cherchons notre chemin.

Ouf ! Nous sommes enfin arrivés au « Biquet » ! Michel arrive en même temps que nous. Voyant Antoine et moi peiner, il est prêt à nous décharger de nos sacoches. Aure caracole en tête. Elle fait même demi-tour pour nous encourager.

Je paie seulement 12€ la nuit (les jeunes de -18ans ne paient pas la taxe de séjour) car Michel m’offre le prix des emplacements, ses petits-enfants ayant laissé deux tentes en place. En plus, pas besoin de sortir les nôtres… Super, ce sera toujours ça de moins à plier demain. Aure et Antoine ont même une couverture… mais un matelas pneumatique 1 place pour 2 ! J’ai un matelas pour moi toute seule, mais pas de couverture, mon duvet et c’est très bien.

Après une bonne douche, et pendant qu’Antoine se remet de sa fatigue nous allons en voiture, Michel et moi, acheter du pain pour ce soir et demain matin. Puis, à table ! Nous partageons notre melon avec Michel. Il a fait cuire des pâtes, qu’il  nous sert à la sauce bolognaise, nous offre caillette et fromage sec et frais au miel ou à la confiture.

Puis, Michel nous fait découvrir son nouveau livre, nous lisant des poèmes d’Aragon. Je sens que les jeunes apprécient ! Il nous parle de son enfance, de sa région… et du gazoduc qui la traverse, matérialisé par des bornes jaunes.

Nous avons fait 104km

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Deuxième jour

Le matin nous prenons notre petit déjeuner ensemble. La nuit a été calme, c’est un tout petit camping, silencieux.

A Romans nous nous arrêtons car je ne sais plus par où passer. Dans un magasin de fournitures pour imprimante, le gars nous imprime même le parcours. Et juste en sortant de chez lui, me revient en mémoire la route à prendre. Arrêt technique dans un beau parc où se trouvent des toilettes sèches.

Besayes.

A Charpey, une ancienne cabine téléphonique a été reconvertie en bibliothèque ou plutôt en lieu de dépôt de « livres libres ». Antoine cherche un dictionnaire d’italien.

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Peyrus. Juste avant le col des Limouches.

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Le col des Limouches… celui au pied duquel je me suis arrêtée au 1er mai  l’an dernier, sous une pluie glacée qui provoquait, selon la position des doigts sur le guidon,  des sortes de décharges électriques dans les mains. Un automobiliste compatissant s’était alors arrêté à ma hauteur alors que j’avais à peine monté de 300 mètres pour m’annoncer que le col était fermé… pour cause de neige (20 cm en haut !).

Notre premier pique-nique (+  sieste !) avant d’attaquer ce fameux col. Les toilettes publiques sont à l’autre bout du village, ce qui me permet de revoir cet endroit sous le soleil. Je l’avais en effet sillonné l’an dernier à la recherche d’un hébergement.

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Nous mettrons deux heures vingt pour franchir ce col des Limouches 11,7 km, à l’altitude de 1086 mètres d’un dénivelé de 696 mètres, dont la pente moyenne est de 5,9% et la pente maximale de 8%. Leur premier col, à Aure et Antoine ! Ils sont très fiers et très déçus car la charcuterie annoncée au somment est… fermée ! Antoine rêvait de bon saucisson… Il se contentera de noisettes et d’amandes.

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Puis, joli début de descente, avant de remonter au col de Bacchus, à 978 mètres.

Plan de Baix.

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Et à nouveau une jolie descente jusqu’à Beaufort-sur-Gervannes. Nous nous concertons et nous décidons de pousser jusqu’à Saillans parce que ça descend et qu’il est encore un peu tôt pour chercher un lieu où dormir. Mais Antoine « traîne » derrière, il fatigue mais il ne se plaint pas. Finalement, nous nous arrêtons à Mirabels-et-Blacons. Aure part en reconnaissance pour aller vers la sortie du village pour voir si « l’aire naturelle de camping » est proche. Elle revient, un panneau indique trois kilomètres. Pendant qu’elle y va, je traîne dans le village, à pied, pendant qu’Antoine se repose, couché par terre ! Arbre de la liberté de 1848. Finalement nous nous rabattons sur le camping **** du village. Le camping suit la Gervanne, et passe même sous la route. Il se trouve à la croisée de cette rivière et du fleuve Drôme. Nous ne profiterons pas des infrastructures proportionnelles au nombre d’étoiles (piscines…), seulement du bar où nous allons manger une glace en attendant le « placeur » que nous suivons, lui, à mobylette, nous à vélo. Il transporte sur l’avant les courses que nous avons faites pour le soir au supermarket du village. Cela fait un an que je n’ai pas monté ma tente. Un vrai casse-tête chinois ! Antoine essaie de m’aider, et Aure aussi, puis finalement je comprends vaguement comment elle s’installe. Le sol est dur comme du béton. Ma tente ne tient qu’avec quelques piquets plantés grâce au maillet prêté par une famille de Hollandais et des tenders accrochés à un poteau ! Pendant ce temps Antoine mais surtout Aure montent la leur, avec un marteau prêté par les voisins Belges.

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Puis nous allons faire trempette dans la Drôme. Au passage je remarque des tables de pique-nique en bois. Nous retournons avec nos vélos chercher le ravito. Je commence par faire chauffer l’eau. Le réchaud sur la table. Juste à ce moment-là, Aure s’assoit. La table est instable et penche fortement. Catastrophe ! Le réchaud bascule, la casserole tombe et toute l’eau se déverse sur les genoux d’Aure !! OUF ! L’eau n’était même pas encore tiède ! J’ai frôlé la catastrophe ! Quelques minutes plus tard et je l’ébouillantais ! Je redresse le réchaud qui crache ses flammes horizontalement. Et je le réinstalle au sol, en sécurité ! Quand l’eau est chaude, je la verse dans les quarts pour faire de la soupe… avec de vieux sachets de l’an passé… bof ! Pendant ce temps, je remets de l’eau à bouillir pour faire cuire les ravioles achetées au magasin du coin. Nous mangeons aussi du concombre, roquefort, et même du chocolat ! C’est la fête ! Mais Aure est éteinte, au bord des larmes, refuse de donner la moindre explication. Que lui arrive-t-il ? La fatigue, tout simplement ! Je regrette de l’avoir envoyée seule en reconnaissance chercher un autre camping….

74 km, selon le chrono d’Aure, nous avons roulé 5h52.

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Troisième jour

Je me réveille la première, à 7h. Je laisse les jeunes dormir. Je mets mon téléphone à charger dans les sanitaires. C’est une antiquité, il ne craint pas grand-chose. Je pars à pied à la recherche d’une boulangerie. Je pensais retourner au relais des Mousquetaire, comme hier, fermé ! Ce village longe un canal et, ce qui est surprenant c’est que chaque maison, au fond de son jardin, dispose d’un lavoir. Dommage, je n’ai pas mon appareil photo. Comme je n’ai pas encore déjeuné, je bois un thé sur place.

Quand je reviens, ils sont réveillés.

Nous plions, et repartons… par la D93. Les voitures roulent vite, il fait chaud, ce n’est pas très agréable ! Nous longeons et la Drôme et (l’ancienne ?) voie ferrée. Fonctionne-t-elle encore ? « Ligne de Die, ligne de vie » !

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Puis nous quittons la grande route pour une autre, très agréable ! Petite pause grignotage, photo d’un « tag » sur un rocher, qui le transforme en poisson !

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Saillans. Pont d’Espenel Saint-Benoît-en Diois.

Et là… en arrivant à la D995, la route qui mène à Pennes-le-sec, c’est la consternation ! La route est un vrai « mur » ! En préparant mon parcours, je ne l’avais absolument pas vu, celui-là ! J’aperçois une dame qui se gare juste là, devant sa maison : « Oh ! Là là,, ah oui, ça monte ! ». Je regarde la carte : 2 << ! Soit une pente entre 9 et 13 % !  Impossible, nous n’y arriverons jamais ! Que faire, par où passer ? Je regarde la carte pour chercher une alternative. Je vois une petite route, un peu plus loin, avec un chevron seulement, soit au maximum 9%. Elle suit une rivière. Il faut faire environ 1 km sur la D135, puis tourner à gauche, direction Ausselon. En attendant, quelle chaleur ! Nous décidons de pique-niquer en mangeant ce qu’il reste. Conserve de poisson (je crois que pendant cette randonnée, nous aurons essayé toutes les sortes de maquereau en boîte qui existent dans un peu toutes les marques, en en achetant à chaque fois 3 différentes que nous partagions en 3… !), pain, chocolat, roquefort et dodo à l’ombre d’un arbre, sur la couverture de survie car la prairie pique ! Nous remarquons que quasi personne ne monte ni ne descend à vélo (mais même en voiture) de ce foutu col ! Beaucoup de vélos, de motos nous voient et nous font un signe de la main. Tout le monde suit la Drôme. Ah ! Et puis si, deux fadas, deux cyclotouristes comme nous. Mais comme ils descendent vite (nous ont-ils au moins vus ?), ils s’éloignent rapidement vers la droite. Ah, non, je les vois, ils se sont arrêtés ! Je cours à leur rencontre. Ils nous disent qu’effectivement, cette route est extrêmement difficile. Ils me renforcent dans mon idée de prendre la D140.

Allez, c’est parti ! Au début la pente est très douce, agréable, même, à l’ombre. De la lavande sauvage pousse le long de la route. Les lacets font que les uns se retrouvent d’un côté du ravin et les autres, de l’autre côté ! Nous entendons des personnes parler, comme si elles étaient à côté ! On peut même leur parler et pourtant elles sont tout en haut ! Ils lancent un yodle ! Et nous répliquons par des chants !

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Puis la route est en plein cagnard, ça grimpe de plus en plus ! Je m’arrête sous les ombres des rares arbres. Repos. Je repars. Pédale. Encore un peu d’ombre. Repos. Je repars. Puis je pousse le vélo. Un peu plus loin je les vois, Aure et Antoine, couchés, à l’ombre, eux aussi. D’ailleurs, tout au long de ces huit jours, nous nous sommes toujours attendus et toujours les jeunes l’ont fait dans des lieux très adapté, en sécurité. Ils sont parfaits, gentils, prévenant. Nous mangeons une barre de céréales. Nous arrivons à Ausselon. Faisons le plein d’eau à la fontaine. Un temple protestant. Une fête se prépare, réglage du son. Le Dévès. Je fini le col entièrement à pied, il culmine à 1040 mètres.

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Et c’est la descente ! Jansac, je discute quelques minutes avec un paysan. « C’est mieux l’hiver, ici ! ». Pourquoi, il y a moins de touristes qui vous embêtent en vous posant des questions ? « Non, il fait moins chaud ! ». Il vit de « la culture de la lavande quand il ne gèle pas et quand il ne fait pas trop sec ! » et élève des brebis.  

Nous nous arrêtons dans une charcuterie. Fromage et caillettes. Nous contactons tous les Warmshower du coin, personne ne répond. Nous arrivons à Luc-en-Diois.

Petites courses dans une supérette. Un SDF (italien, me semble-t-il) fait la manche. Pas de petite recharge de gaz. Ils nous envoient vers le quincailler, qui n’en n’a, lui aussi, que des grosses !

Et nous dépassons Luc-en-Diois pour finalement arriver dans un champ où nous plantons notre tente pour faire du camping sauvage. Il n’y pas de réseau, nous ne pouvons prévenir personne que nous sommes bien arrivés. J’en ai pourtant cherché sur la route, puis un chemin qui mène à la Drôme. Trois petits enfants (un garçon de et deux petites filles de trois ans) tout nus se baignent dans cette eau glacée ! Pas très loin, une caravane d’où s’échappent un air d’accordéon. Nous faisons notre toilette avec des lingettes. Nous mangeons la caillette achetée en passant, le saucisson et le fromage. Puis Antoine et Aure vont faire la vaisselle dans la Drôme.

Aujourd’hui nous avons roulé 6h07 et fait seulement 55km.

 

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Quatrième jour

Après avoir pris notre petit déjeuner, nous revenons sur nos pas jusqu’à Luc-en-Diois car il faut à tout prix recharger nos portables ! Nous entrons dans un café pour leur demander s’ils acceptent que nous branchions nos téléphones, le temps que nous fassions nos courses (chance ! c’est jour de marché !). Et c’est oui ! Je donne de l’argent aux jeunes pour qu’ils achètent des fruits, de la charcuterie et du fromage. Je retourne au supermarché d’hier pour acheter du papier toilette 6 rouleaux ! J’en donne 1 au sdf et 4 au bistrot très sympa, et très étonné de ce « cadeau » ! Mais de toute façon, nous ne pouvions pas tous les emmener ! Nous restons boire un café, et manger des viennoiseries à la terrasse. Et nous discutons avec un monsieur qui fait du handbike tout terrain avec assistance électrique mais qui fait aussi du handbike entièrement manuel. Il nous déconseille de passer par le col de Cabre où beaucoup de voitures circulent et où le paysage n’est pas sympa. C’est pourtant ce que j’avais prévu car j’avais repéré que la route qui passe par le col de Carabès était, je cite la carte Michelin « difficile ou dangereux ». Il me dit qu’au contraire, la route à laquelle j’avais initialement pensé est très belle et très sympa, bien qu’étroite. Le passage de deux voitures de front en fait toute la difficulté. Mais en vélo, pas de problème. Ce qui nous est confirmé par un monsieur, attiré par nos maillots et cuissard Handivienne ! Il connaît bien, il a travaillé avec Rachel Lardière ! Nous allons remonter aux sources de la Drôme et c’est magnifique.   

Et nous repartons, sur la route D93 avant de bifurquer sur la D306.

Valdrôme

Un banc, une prairie et la Drôme encore un petit torrent nous tend son ombre. C’est jour de lessive ! Pratique, pour rincer. Les vélos, le banc et le panonceau nous servent d’étendage. Puis nous pique-niquons, les pieds dans l’eau ! Le bonheur complet.

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Puis nous reprenons la route qui monte, serpente gentiment, suivant la Drôme. Puis c’est la crevaison ! Le vélo d’Aure, de la marque D*…, 15 ans au compteur, crève à l’arrière pour la première fois de sa vie. Il fait 45,7 C°, non, ce n’est pas possible ! Un petit vent frais et une route ombragée, un temps très sec nous font oublier cette chaleur caniculaire. Premier travail, enlever toute les sacoches, tente et autres objets encombrants. Nous nous « attaquons » au pneu, c’est le cas de le dire avec les outils adéquats. C’est qu’il se défend, le bougre ! Des copeaux de caoutchouc rouges se détachent. Le pneu est complètement collé à la jante ! Nous en venons à bout mais pendant ce temps, patatras ! Mon vélo, posé sur sa béquille, sur la route en dévers, en profite pour se carapater quelques mètres plus bas, dans le fossé ! Roulé-boulé. Tout va bien… sauf le compteur qui ne voudra plus rien savoir jusqu’à l’arrivée malgré le regard attentif d’un vélociste. Seule la température s’affiche (A l’ombre elle est descendue à 39C°, ce qui confirme que le thermomètre du compteur fonctionne bien) à ainsi que les derniers kilomètres parcourus avant la chute, c’est-à-dire une distance de 25km.

Antoine descend, enlève à son tour les sacoches de mon vélo, les remonte et retourne chercher, seul, ma monture ! Bravo !

Nous finissons de gonfler la chambre à air, le vélo sur sa selle et son guidon. Remettre la roue est moins facile qu’il n’y parait.

Sur le bas-côté, incrustée dans les rochers, une magnifique ammonite. 

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Nous chantons, rions beaucoup, et donnons des noms à nos jambes, comme Antoine l’a lu dans Libé à propos d’un coureur du tour de France. Moi, ma jambe droite c’est Carine et la gauche, c’est Corinne. Le vélo d’Aure s’appelle désormais Charles, ses jambes Josette et Jacqueline ! Celles d’Antoine Mathieu et Michel et son vélo Mathéo. C’est le délire.

Nous arrivons aux sources de la Drôme. Une belle fontaine, de jolis aménagements (pontons en bois qui cheminent, descendent dans la ravine. Antoine plonge tout entier dans l’abreuvoir ! Nous nous éclaboussons. L’eau est très froide.

Col de carabès 1261 mètres.

La Bâtie des Fonds. Sigottier.

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Nous changeons de département et quittons la Drôme pour les Hautes-Alpes.

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Veynes.

Nous prenons la D994 très circulante, pas agréable du tout. J’appelle un Warmshower, Pierre, de la Roche des Arnauds. Ils n’arriveront pas avant 21 heures. Mais nous pourrons, en attendant, nous installer  sur la pelouse sans problème.

En attendant, il faut rouler, rouler, rouler. Oh ! Surprise ! Encore un col ! Le col du Pignon à 821 mètres !

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Nous sommes épuisés. Nous n’aurons pas la force de faire le repas ET de monter les tentes ! Un resto, à Roche-des-Arnauds nous tend ses assiettes. Nous mangeons comme des affamés. Rôti de veau (4 tranches pour 2 !), ratatouille, pâtes et un bol de gruyère râpé, poisson aux crevettes et riz. Nous mangeons tout, ne laissons rien, à nous en faire littéralement éclater la panse !! Nous buvons deux litres d’eau et pourtant, nous avons bu, aujourd’hui. Nous avons deux bidons chacun et si ça ne suffit pas, deux bouteilles d’1,5 litres d’eau nous accompagnent dans les sacoches.

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Le temps de tout manger et de repartir, finalement, Pierre et Françoise sont arrivés avant nous ! Nous montons nos tentes et c’est la douche (solaire !) bienfaitrice. Ils nous proposent de passer notre linge à la machine à laver. Elle se situe dans l’une des (nombreuses) caves. Ce n’est pas de refus. Puis nous, enfin, sauf Aure qui n’aime pas le peace mémé, buvons une tisane. Françoise connait beaucoup de plantes. Et ici, elles ne manquent pas. Pois de senteur, gentiane, lavande : enfin, pas dans cette infusion !  Ils nous proposent une part de tarte aux fruits qui semble vraiment délicieuse mais notre estomac dit non. Ils sont médecins tous les deux. Pierre est à la retraite, il était pneumologue. Françoise est généraliste et exerce si loin qu’elle ne revient que tous les 3 jours.

Aujourd’hui nous ne  savons pas combien de kilomètres nous avons roulé, le compteur étant tombé en rideau. Mais grâce à internet, nous savons que nous avons fait 68,8km !

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Cinquième jour

Petit déjeuner. Nous leur faisons goûter la confiture d’abricot Plagniol, en échange nous goûtons les leurs ! Nous mangeons cette tarte proposée hier soir. Pliage de tente. Toilettes sèches en plein air, rencognées dans une ruine. Et nous repartons… enfin j’essaie ! Car les jeunes sont devant, le chemin est très pentu, caillouteux puis gravillonneux et c’est la chute ! Les quatre fers en l’air, un peu sonnée. Mal à la hanche, le coude droit ressaigne un peu mais surtout le gauche est tout ensanglanté, et très douloureux ! Antoine arrive, il voit ma tête, mon coude, c’est pas beau ! Il me dit de remonter me faire soigner. Ça monte, ils habitent tout en haut du chemin. Ils sont médecins. Je suis, si on peut dire, « bien tombée » !  Elle m’apprend qu’elle est référente urgence dans les Hautes-Alpes. Elle me lave le coude d’abord dans un premier temps dans son évier. Puis pose un torchon propre sur la table. Fini de nettoyer. Des petits morceaux de peaux pendouillent un peu. Elle n’a son matériel chez elle, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés, pas de strip mais une sorte de sparadrap pour rapprocher les plaies. Elle me fait un magnifique pansement.

Et cette fois je redescends à pied. Antoine a récupéré mon vélo. Il est tout en bas, près de la route. La même route pénible qu’hier. Pierre nous a indiqué une alternative pour l’éviter. Nous prenons la direction mais il semble que ça monte. Antoine est encore bien fatigué, moi, sous le choc, seule Aure tient le coup ! Nous renonçons et prenons la D994, bien pénible par le flot des voitures qui défile. En parallèle, une voie ferrée. Même pas foutus de faire une jolie piste cyclable ! Nous ne prenons pas la deuxième variante proposée par Pierre, pour la même raison, la facilité malgré la pénibilité du bruit des véhicules…  mais c’est plat, ou presque.

Drôle ! Un jet d’arrosage de champ va démarrer… un chien n’attend que ça pour… dès que le jet jaillit, courir après !!

Dans la descente de Gap je suis devant. Je vais tout droit au rond-point, direction centre-ville, interdit aux poids lourds. Aure et Antoine tardent à arriver. Demi-tour. Antoine arrive. Pas Aure. Elle téléphone. J’ai crevé ! Ah non, mince, elle a encore crevé ! La pauvre ! Ça fait deux fois ! Elle est loin, plus haut. J’arrête une voiture et lui confie une chambre à air. Longtemps après, elle me rappelle : sa pompe ne fonctionne pas. Une autre voiture lui monte la mienne. Mais je regrette de ne pas être montée la voir… l’impression de l’avoir laissée tomber. Elle me dit avoir appris à changer une chambre à air à l’école, quand ils ont fait une activité vélo. Ça, au moins, c’est intelligent ! J’ai toujours pensé qu’il faudrait aussi initier les enfants, garçons et filles à la couture, la menuiserie et à l’électricité ! Bon, Aure n’a plus de chambre à air d’avance et elle n’a pas réussi à remettre le frein arrière ! Elle est descendue tout doucement. Déjà après la première crevaison, j’avais un peu desserré le frein car sinon les patins frottaient tant que la roue ne tournait pas. Il faut immédiatement trouver un vélociste. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Il répare le frein et nous lui achetons deux chambres à air.

Pendant ce temps je vais à la pharmacie acheter de l’arnica, pour moi et de la crème solaire, pour nous.  

Puis, direction le marché pour acheter de quoi reconstituer notre force de pédalage. Pain, fromage, saucisson, … Nous cherchons ensuite un peu de calme pour manger. Mais Antoine a mal au ventre. Trop mangé hier ? Poisson ou crevettes pas fraîches ? Source de la Drôme polluée ? Il a mal dormi, a pris un doliprane dans la nuit. Nous trouvons un havre de paix dans la ville. C’est celui de la maison diocésaine nous expliquent Ana et Thayana, deux sœurs consacrées. Elles vont demander la charité au marché auprès de commerçants habitués et reviendront partager leur repas avec nous…  Ana vit en France depuis 12 ans, (Thayana depuis 5 mois, ne dit rien), elles sont laïques mais elle, a décidé de rester célibataire. Quelle différence, alors, avec une religieuse !? Elles sont consacrées à Dieu, elles ont rencontré Jésus et professent la bonne parole avec des chansons car elles sont Brésiliennes et au Brésil, la musique est très importante… Elles vivent de la charité (mais aujourd’hui elles n’ont reçu qu’une salade alors elles rejoignent un apéro offert en l’honneur de je ne sais plus quoi…). Toujours est-il que ces bâtiments regroupant école primaire, église, maison diocésaine et maison de retraite pour religieux est un ancien cloître de Saint Cœur de jésus. Ana se propose de prier pour nous, et nos âmes. Ainsi soit-il !

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Chorges.

Le lac, magnifique. Nous traversons le lac  de Serre-Ponçon.

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Antoine et surtout moi n’avons plus de jambe. Nous commençons à  monter. Je n’en peux plus. Il faut trouver où dormir. Ah ! « Gîtes » ! Un vrai lit, c’est ce qu’il me faut… Une personne m’indique où trouver le « patron ». Un gros homme, débonnaire, un peu nounours sur les bords. Ce ne sont pas des gîtes mais des chalets installés sur son terrain. Il a bien un bout de prairie, au bout, là-bas, si je veux aller voir… Et nous y allons. Plusieurs caravanes et tentes sont installées. Il y a même des sanitaires (alors qu’en mobil home ils ont les leurs). C’est donc bien un camping… non officiel ! Je retourne le voir, 3 personnes, deux tentes, trois vélos ? Il a l’air gêné de me demander de l’argent. « 5€, bon, euh », je lui tends l’argent « Bon, c’est si vous voulez…, hein !? ». Pas de taxe de séjour, bien sûr. Et pour l’électricité, c’est gratuit.

Puis quand nous allons aux sanitaires, nous comprenons… Si le service d’hygiène passe, il ferme tout ! Bizarre dans cette région touristique que ça ne se soit pas déjà produit ! Des familles, un couple de saisonnier… des gens, même des petits enfants. Un petit blond et sa sœur, plus grande, même couleur de cheveux, Matéo et Matéa. Mais nous apprendrons le lendemain matin que Matéo et Matéa ne font qu’un et que ce sont les grands qui se moque du petit garçon en l’appelant Matéa.

Je ferme les yeux pour une nuit à 5 euros… dans ce lieu improbable. Je me fais prêter une jolie petite bassine bleue (car les bacs à linge sont crades) par des personnes, une grand famille, dans un mobil home avec papa, maman, grand-mère, enfants, petits-enfants. Et nous étendons la lessive sur un fil suspendu au-dessus de la terrasse d’un chalet, fermé. Il y a même des épingles à linge ! Pendant ce temps, Aure, la seule encore valide, malgré sa crevaison, a préparé le repas et même monté ma tente. Un amour, cette fille !  

Soupe, saucisson, fromage, pain, abricot, banane. Aure a fait cuire les pâtes pour demain.

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L’orage menace et gronde, renvoyé par l’écho des montagnes. Il pleuvra, un peu, cette nuit à partir de 21h06. Je m’endors en comptant le temps entre l’éclair et le tonnerre. Nos affaires sont à l’abri dans les tentes et sous une vieille caravane, fermée.

Une seule douche ferme avec un vrai verrou. La mienne c’est avec un bout de bois fixé à un clou et la troisième, sa vitre est cassée, au sol, même pas ramassée. C’est plus ou moins propre, le plafond est effondré par endroit. Je ne suis pas sûre que l’électricité soit sans danger. Seule l’eau des douches est chaude.

Nous n’avons fait que 42,6 kilomètres aujourd’hui en 3h30 ! Mais bon, on avance !

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Sixième jour

Il pleut ce matin. Je me lève la première et, doucement, emmène toutes les sacoches sur la terrasse du mobil home inoccupé. Je prépare le petit déjeuner. Il n’y a pas de chaise, mais une table.

Ça va un peu mieux mais j’ai encore bien mal aux cuisses. Nous repartons.

Un énorme criquet vert vole entre Aure et moi, juste à la hauteur de nos yeux, tel un petit drone. Aure, elle, un peu poète, y voit un elfe, avec ses ailes et ses fines pattes. Mais bing ! Il se prend un arbre ! C’est drôle. D’autant plus drôle qu’inquiète, j’avais compris « Je me suis pris un arbre ! » alors que c’était « Il s’est pris un arbre ! ».

Il fait très chaud. La RN 94 est maintenant interdite aux vélos, mobylettes et tracteurs. Nous passons par le centre d’Embruns où les fauteuils d’un bar nous tendent leurs accoudoirs. Glaces pour tous ! 

Puis ce sont les « balcons de la Durance ». Magnifique. Il y a une course cycliste. Au sol est écrit : 150 km. Il passe par le col de l’Izoard. La vue est belle, la route pas si difficile. Des pompiers font un exercice de sauvetage dans l’eau, du haut d’un pont. Nous montons et descendons entre 8 et 900 mètres d’altitude.

Saint-André-d’Embrun. Siguret.

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Aire de pique-nique à Saint-Clément-sur-Durance, sur la base nautique. Je demande un bout de sparadrap dans deux boutiques puis un bar car mon bandage se barre… Puis nous allons qui boire un café, qui manger une glace (Aure ne veut rien !) afin d’accéder au graal : les toilettes !

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Nous longeons l’aérodrome de Mont-Dauphin-Saint-Crépin.

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Puis nous reprenons en face, les mêmes « balcons » loin de la circulation, avec beaucoup de vélos, plutôt dans l’autre sens. Joubarde, chardons bleus, tout ronds, La flore abonde, par ici. Nous nous égarons un peu à la hauteur de Réotier, atterrissant dans une aire de loisirs. Nous passons devant un chemin indiquant « fontaine pétrifiante ». Un peu plus tôt, c’était une « source d’eau chaude » qui était indiquée.

L’Argentière-la-Bessée. Je suis à nouveau crevée. Je veux trouver un hébergement. Nous sommes passés devant un camping. Flemme de tout redescendre. Il faudra tout remonter demain. Je suis de vagues indications gîte, hôtel, pleins, fermés, et des gens qui n’ont même pas un bout de garage, de pelouse ou de grenier où faire dormir trois pauvres cyclistes. En plus, les ennuis, pour Aure, ne sont pas finis ! Maintenant, voilà qu’elle ne peut plus passer de vitesse ! Son dérailleur droit est cassé. Tout est bloqué sur le plus grand pignon arrière, et si elle veut passer et surtout rester sur le petit, dans les montées, elle doit maintenir la poignée du vélo à la force du poignet ! Je n’ai pas pris mon portable et quand je reviens, Aure est seule, Antoine est parti à ma recherche. Il a demandé et une dame accepte de nous logé, gratis, en plus ! Elle a l’habitude d’héberger des migrants… Cette maison est un ancien gîte Clévacances. Nous sommes des migrants d’une espèce particulière. Sa porte n’est jamais fermée, au sens propre, comme au figuré ! Seules les voitures (ils ont été volés) sont fermées. 

Brigitte m’explique que la ville de Briançon fait partie du réseau Welcome. Elle-même fait partie d’autres réseaux. Par exemple, elle parraine un jeune (je ne sais plus de quel pays) qui peut ainsi suivre des cours à Sciences Po car eux aussi viennent en aide à ces étudiant réfugiés. 

Nous entrons, Brigitte nous accueille. Elle prend le goûter avec une vieille dame de 86 ans, sa mère. Elle nous accompagne jusqu’au hangar où nous pouvons laisser les vélos. A l’étage, il y a un appartement. Puis jusqu’à notre chambre. Un grand lit pour Aure et Antoine. Nous allons chercher un matelas. Le chat ne doit pas entrer, sinon, il pisse partout ! Je pousse les trois lits de bébé (l’une de ses filles a des jumeaux). Jean, son mari va arriver. Sa mère est partie pendant que nous nous installions. Elle n’habite pas ici et conduit encore.

Brigitte me propose… d’aller au spectacle avec elle voir Marie-Christine Barrault lire Le vieil homme et la mer accompagnée par un musicien, à l’accordéon ! Je suis crevée ! Et demain il faut se lever !...

Thurins-Turin
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Quand je lui dit que j’écris et que j’anime des ateliers d’écriture, elle est toute heureuse car elle participe depuis longtemps à des ateliers et a écrit un livre où elle relate la vie des femmes de guide de haute montagne, ce que faisait son mari, juste avant qu’elle ne commence à l’écrire et alors même qu’elle en avait la ferme intention. Il a été enseveli sous une avalanche et a eu les reins brises (si je me souviens bien). Il n’est plus guide. Il travaille comme électricien. Ce doit être difficile aussi, je présume, car les positions pour ce travail sont souvent tordues !

J’apprends qu’ils ont aussi tenu un restaurant car le métier de guide est très aléatoire. Brigitte est directrice générale des services sur deux communes. Elle a beaucoup de travail !

Deux pianos droits : un dans la salle à manger, l’autre dans notre chambre. Cette maison est vraiment très accueillante et c’est un « joli » foutoir, tel que je les aime, un capharnaüm organisé et sympathique. Là où sont rangés les matelas se trouve le bureau de Jean.

Elle cherche aussi une infirmière car je ne me sens pas de regarder et de soigner mon coude ! Finalement c’est Jean, son mari, quand il arrive, qui téléphone à sa copine de théâtre, Laurence. Elle arrive et est très étonnée du pansement. Tout est collé ! Je serre les dents, de douleur. Je prends un doliprane 1000 et pars prendre une douche chaude (je n’en ai pas encore eu le temps), pour essayer de décoller le pansement. Aïe !  Ouille ! Elle enlève tout ce qu’elle peut, doucement, puis aux ciseaux. Il en reste un bout. Elle met tulle gras, pansement rembourré, bande et espère que tout va se décoller grâce au tulle. Cette nuit-là j’ai mal dormi, j’ai mal. Et à 3 heures du matin je reprends un doliprane. (Depuis ma chute, dans les descentes, surtout, les vibrations sont très douloureuses). Quand elle a fini, je vois qu’en tout, elle a bien mis 1 heure pour s’occuper de mon « bobo ». Elle ne veut pas que je lui paie quoique ce soit. Elle n’est pas en libéral. Je lui propose de lui offrir un livre, elle est vraiment d’accord et heureuse ! J’en enverrai aussi un à Jean et Brigitte ainsi qu’à Pierre et Françoise ! Les soins terminés, Jean et Laurence vont au « radeau », un snack, boire et manger un peu. J’avais préparé le repas pour nous trois mais quand les soins sont finis, Aure et Antoine ont déjà mangé, la soupe est froide… et je n’ai plus très faim. 

Nous avons fait 49,9 kilomètres. Depuis Savines-le-lac nous longeons ou nous pédalons dans le massif des Ecrins. Nous ne sommes pas loin de Vallouise. Je ne sais pourquoi, mais ce nom me dit quelque chose, mes parents ont dû m’en parler, il y a longtemps.

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Septième jour

Nous faisons L’Argentière-la Bessée-Briançon, soit 15 km en 1 heure cinq (indication donnée par la montre d’Aure). Ça monte !

Mais auparavant, à Prelles nous nous arrêtons chez un charcutier qui fait tout lui-même. Nous lui prenons un saucisson. Il vend aussi du pain et du bleu du Queyras.

 Il nous faut trouver un réparateur de vélo. Grâce au téléphone d’Aure c’est fait ! Intersport est dans une zone commerciale et la domine tant qu’on ne peut le rater. Pendant que l’on s’occupe de son vélo (il va aussi jeter un coup d’œil sur mon compteur et nous laissons, en prime celui d’Antoine), nous allons renouer avec la « vraie civilisation » et entrons dans un temple de la consommation. 26 sortes de yaourt, 17 sortes de conserves de maquereau… Mais j’ai envie de poulet. On me l’a toujours dit : ne jamais faire les courses le ventre vide ! Mais bon, la vendeuse est souriante… Antoine dit que son poulet n’est pas beau. « Pas beau, mon poulet !? ». Nous en voulons un demi, chaud, de préférence. Nous parlons pendant qu’elle le découpe. Elle fait beaucoup de vélo et nous félicite d’avoir choisi le col de l’Echelle plutôt que tout autre… Antoine, maintenant, trouve que le poulet est nettement plus sympathique !! Elle nous dit que les 3 derniers kilomètres, avant le col ne sont pas très durs.

Nous récupérons nos vélos et pique-niquons… sur le parking du magasin de sport. Vue à 360° sur les montagnes alentour. C’est autre chose qu’Intermarché à Grigny, quand même ! Ce saucisson et ce bleu du Queyras sont une merveille !

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Et TURIN est affiché !

La vachette.

La vallée de la Clarée tient ses promesses. Elle monte sur 14 kilomètre en pente douce, 2 ou 3% maximum 3,7 à un endroit… Elle part de 1365 mètres (nous sommes déjà monté assez haut !) et arrive à 1762 mètres. Elle est le poste avancé de l’Italie !

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Ici, une affiche de promotion du livre de Brigitte ! 

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Val des prés.  Plampinet. Névache est annoncé, Aure y a passé de vacances avec son amie Péné (Pénélope) avec qui elle a fait du ski. Un super souvenir !

Bardonèche à l'horizon !

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Mais le col, lui, monte bien et quand le panneau annonce 8,5%, je ne suis déjà plus sur mon vélo depuis quelques mètres déjà. Mais je remonte dessus, pour la frime, sur les 100 derniers mètres !

Col de l’Echelle 1762 mètres. Sixième et dernier col, le plus élevé, de notre rando à vélo ! Mais nous ne sommes pas encore arrivés… Une deuxième pancarte, plus loin, indique que nous sommes à 1778 mètres d’altitude…

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Photo, repos et nous redescendons sur … l’Italie !!! Quelques kilomètres plus loin, nous y sommes !  La descente est magnifique, tout fonctionne bien, les pneus, les chambres à air, les dérailleurs, et surtout les freins. Les jambes, elles, se reposent. Quant aux yeux, ils sont bien ouverts, tout comme l’objectif de l’appareil photo d’Antoine !

Bon, ça y est, nous y sommes, en Italie. Les panneaux ont changé.

Voilà Bardonecchia. Un camping, mais l’air vif me dissuade d’y dormir ! Allons plus bas.

Dans cette ville se sont déroulés les jeux olympiques d’hiver en 2006. Mais les sportifs sont partis et il nous semble que cette cité n’est peuplée que de « vieux » venus de mettre au frais ! La première personne que nous rencontrons nous recommande un hôtel. A Turin, il doit faire très chaud ! Conséquence, tous les hôtels sont hors de prix ! 140€ la nuit pour une chambre pour 3 personnes, petits déjeuner compris. Ouf ! Antoine va demander à la cité olympique, transformée en hôtel, spa… 130€ pour la même chose. Sans le spa, je suppose… Je pars à la recherche… d’un hébergement au tarif plus modeste. Un autre hôtel, même prix, 130€. Quand je reviens, Aure est seule. Elle m’explique qu’un attroupement de … vieux s’est formé autour d’eux et a essayé de les aider : Antoine est parti vérifier une information : un ancien couvent transformé en hôtel aux prix tout doux de … 130€ ! 

Bon, une des personnes revient vers nous. Quelle sollicitude ! A nous seuls nous créons une petite animation dans la ville. Il m’emmène voir non pas un hôtel mais une résidence. J’y suis déjà allée mais j’ai trouvé porte close. Je n’ai pas vu le numéro de téléphone et l’information en français ! Il téléphone et me dit que la dame est en train de manger, elle arrive très vite. Bon, à l’italienne, on a quand même un peu attendu. Au téléphone elle dit 80€ au monsieur mais finalement ce sera 98€ tout compris (drap, parking à vélo et studio  plus grand). Il y a même 10% de réduction sur le resto dont elle est aussi propriétaire ! Le monsieur reste avec moi jusqu’au bout ! Super sympa !       

Je ressors, le remercie, et pars chercher les jeunes… qui sont là, devant… ! Nos vélos seront dans le garage à vélos qui se trouve dans le garage à voitures. Il y a même un jet si nous voulons les laver ! Douche, enfin ! Déballage du bazar. Au frigo ce qui est nécessaire. Et, muni du plan nous allons au resto. Très cosy, pas très cher (10€ un bon plat de pâtes). Nous faisons comme avec les boîtes de maquereau : 1/3 chacun, tout le monde goûte de tout. Gressins. Pains de différents sortes, y compris au romarin ! Des gnocchis verts, aux herbes, des spaghettis à la truffe (marron et abondante, savoureuse mais pas la vraie truffe noire), et une autre sorte de pâte avec des petits morceaux de saucisse. Tout est délicieux. Parmeggiano à volonté. Les desserts, excellents aussi.

Tout va bien mais… la boulangerie n’a plus de pain et n’ouvre qu’à 9h30 ! Nous demandons au restau  s’ils peuvent nous vendre du pain. Nous sommes les derniers clients. Demain, il ne sera plus frais… Ils nous en donnent un grand sac ! Et même, des gressins !

En revenant à l’hôtel, grand rangement. Pour demain, tout doit être prêt. Les jeunes sont à l’étage, sur la mezzanine.

49,5 kilomètres.

 

Septième jour

Photo 1: arrivée à Bardoneccia. Photo 2,3 et 4 : dans la descente sur Bardoneccia
Photo 1: arrivée à Bardoneccia. Photo 2,3 et 4 : dans la descente sur Bardoneccia
Photo 1: arrivée à Bardoneccia. Photo 2,3 et 4 : dans la descente sur Bardoneccia

Photo 1: arrivée à Bardoneccia. Photo 2,3 et 4 : dans la descente sur Bardoneccia

Septième jour

Ça descend vraiment tout le long ! La vue est magnifique. Quelques toutes petites montées pour redescendre immédiatement derrière. Effectivement, comme on me l’avait annoncé, une autoroute est parallèle à la route où nous roulons et les entrées y sont très nombreuses, conséquence heureuse, il n’y a personne sur cette route à part les personnes allant d’un village à l’autre. Au début, les noms de villages ressemblent vraiment à des noms français, c’est en langue d’Oc.  

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Beaulard. Salbertrand. Exilles. Chiomonte. Susa. 

Et c’est la troisième crevaison ! Sur le pneu arrière d’Antoine, incompréhensible : comment cette vis, même pas pointue a-t-elle pu rentrer dans son pneu et le transpercer ?! Aure, surtout, et Antoine, un peu, réparent. Nous sommes installés à l’ombre.

Pique-nique à Bussoleno, sur les marches d’une l’église baroque et colorée à l’intérieur, de bleu et de doré. Stéfano nous avait téléphoné quand nous étions en France. Nous pensions dormir chez lui la nuit dernière…  Voix jeune, il ne parle pas mal du tout en français, et nous a envoyé des textos sympas. Il habite Turin. Nous lui téléphonons pour lui dire que nous arrivons ce soir. Il nous envoie deux textos pour nous donner des indications sur la route à suivre. Ici, dans ce village, pour 5 centimes nous avons 1 litre d’eau de montagne pétillante (ou plate) et fraîche grâce à un distributeur !  

Borgone. Sant’ Antonino di Susa.

Une envie urgente. Antoine s’arrête à proximité d’une camionnette blanche. Une biche ? Non, un bichon qui pique un roupillon !

Chiusa di San Michele.  Sant’Ambrogio di Torino. 

Mais après Aviglina, Antoine prend peur et file vers une petite route, à droite. La route a maintenant 2X2 voies et ressemble à une voie rapide. Nous regardons la carte. Les panneaux. Ce n’est pas interdit aux vélos. Nous entrons chez un concessionnaire de voitures de luxe  (quelle marque ?). La « bonne femme » complètement « bête » ne comprend pas bien le français et interprète nos questions. Elle croit qu’on veut louer un vélo… Nous dit de prendre le train jusqu’à Turin ! Bon, son collègue écoute nos questions, comprends un peu mieux le français, le parle aussi un peu. Non, il faut prendre cette route qui n’a quasi pas de bande d’arrêt d’urgence et où les camions ne passent pas loin. 

Ah, le joli petit parapluie vert, ouvert, oublié, abandonné ? Mince, c’est ainsi qu’une « biche » noire se signale aux automobilistes…

Rivoli. Il pleut, il fait si chaud et humide que l’on se croirait dans un pays tropical !

Et nous sommes enfin à Turin ! Enfin !

Troisième chute, sur une piste cyclable, je n'ai pas vu un poteau, je suis déséquilibrée, et je fais un vol plané en douceur, sur une pelouse. Plus de peur que de mal !

Lavoir

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Thurins-Turin
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Et enfin, nous sommes à TURIN !  Joie, bonheur et satisfaction ! 

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Pour passer par-dessus une voie ferrée et parce que la rue est interdite aux vélos, il nous faut monter par un escalier où une goulotte a été « bricolée » ! Dur dur, avec nos sacoches !! Nous nous entraidons. La descente est aussi difficile.

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Nous rappelons Stefano pour lui dire que nous nous arrêtons manger une glace, (récompense de cette première randonnée à vélo pour Aure, premiers cols pour tous les deux et pour cette première traversée des Alpes et sortie du territoire pour tous). Je retrouve le caffè  Norman, ultrachic de Turin où j’étais allée boire un café avec Ariana, « la plus folle des poulettes » ! Un serveur nous dessine un super plan, très simple et très clair pour aller chez Stefano ! Pour trois glaces de deux boules demandées, nous avons en plus une coupelle de chantilly, un petit verre d’eau pétillante, trois assiettes de biscuits secs ou de meringue ! Le plateau est immense et bien garni !

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Et c’est reparti. Nous avons, par hasard, en arrivant sur Turin pris la bonne direction pour aller vers San Mauro. Nous traversons le Pô, le longeons par la piste cyclable, lieu de promenade où les Turinois cherchent le frais. Les bébés, les pépés sont torses nus…

Nous devons aller au numéro 400 du cours Casales. Mais nous ne  voyons pas la rue, puisque nous roulons entre le Pô et les arbres. On rejoint la rue. Numéro 100. Nous sommes encore loin. Au bout d’un long moment je décide que nous devons rejoindre la rue. Nous longeons un grand cimetière. Un taxi nous dit que nous sommes à 5 minutes du numéro 400 (5 minutes à vélo ou en voiture ?!). Pile-poil ! Nous y sommes !  Nous téléphonons à Stefano. Je monte à pied le chemin. Aure arrive avant moi (comme d’habitude, je dirais !). Henrika, sa femme est arrivée du travail. Ils attendent des amis qui mangeront avec nous. Il nous montre nos chambres. Aure et Antoine occupe une petite chambre avec salle de bain/wc dans une sorte de petite maison. La mienne est dans la maison, à l’étage. Ici, le chat est empêché de passer dans le couloir menant aux chambres par une porte à claire-voie faite maison. Juste un cadre en bois et un grillage laissant passer l’air. Henrika m’emmène en voiture me soigner à la pharmacie. Je n’emmène rien, que de l’argent, pensant que la pharmacie verrait d’un mauvais œil le fait de ne rien avoir à me vendre… Et c’est le contraire qui se produit ! Elle ferme bientôt et me propose de repasser demain à partir de 8 heures avec mes pansements et le désinfectant.

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La douche pour tous. Et les amis arrivent. Elle, Laura (prononcer Laora) est éducatrice de jeunes enfants et a été aussi éducatrice pour des jeunes en insertion (à moins que ce ne soit le contraire). Sa passion, c’est la danse africaine. Quand on la voit, son corps, sa façon de bouger, de s’habiller, cela se sent. Lui, Walter, est prof de clarinette au conservatoire. Petite casquette et beaucoup d’humour tous les quatre ! Walter parle beaucoup de Jean Gabin. Ensemble, nous cherchons les auteurs de roman, les titres aussi, de livres ou de films français et italiens. Henrika est étonnée que je ne connaisse pas Les fleurs bleues de Queneau. Je vais le trouver, le lire !

Le repas est simple et délicieux. Pâtes à la sauce tomate (tomates du jardin)

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et basilic et mozzarella, haricots verts à l’ail, courgettes dont voici la recette telle que j’ai retenue : faire revenir les courgettes coupées en petits tronçons dans de l’huile. Les retirer du feu. Les remplacer par des oignons. Ne pas les faire dorer. Déglacer avec du vin blanc et du vinaigre (celui que Stefano met a plus de 20 ans et il l’a fait lui-même), arroser les courgettes avec ce mélange, servir froid. Les moustiques attaquent ! Des serpentins brûlent à nos pieds… protecteurs. Ronde des fromages. Gorgonzola de la ferme, coulant à souhait, provola fumé dont la consistance en bouche rappelle le scrountch scrountch  du fromage québécois  que l’on met dans la poutine ! Et d’autres fromages, plus doux que l’on peut manger avec du miel ou de la confiture de mûres du jardin. Les petites prunes violettes sont délicieuses, tout comme les abricots, pas vraiment de la même couleur que d’habitude, très pâles.

Stefano nous raconte ses voyages à vélo. Il a fait 1800 kilomètre en 18 jours, jusqu’en France, soit une moyenne de 100 kilomètre par jour ! Jusqu’à Sisteron, la Bretagne, Cancale…  Et aussi, bien sûr, en Italie. Il n’a qu’un œil, parle plusieurs langues, a voyagé pour Olivetti comme commercial aux USA, en France, à Lyon. Pour les machines qui impriment les tickets de retraits avec la carte bleue, dans les banques. Henrika fait du vélo… pour aller au travail, elle n’est pas, elle, encore à la retraite et travaille dans les assurances.

Je leur propose, pour les remercier de leur accueil de venir en voiture pour la fête des lumières, à Lyon, le 8 décembre prochain.

Demain matin il va y avoir du bruit car ils se font livrer du bois par un paysan en tracteur.

98,4 kilomètres pour cet avant-dernier jour de vélo et huitième jour !

Neuvième jour

Je suis piétonne, aujourd’hui ! Le vélo est resté chez Stefano ! Et je vais, à pied à la pharmacie. Je croyais la pharmacienne française, elle a tellement peu d’accent ! Elle a appris le français dès la maternelle. Puis a continué jusqu’à son diplôme qu’elle a passé dans une école française, en Italie. Elle allait dans les Clubs Med. Après avoir désinfecté, elle a passé un pschitt qui se transforme en poudre. C’est du collagène, pour reconstituer la peau et de l’argent, antibactérien. Il a comme propriété de sécher la peau. Elle n’est pas là pour faire du commerce et me dit que j’en trouverais en France. C’est bizarre, chacun sa méthode, jamais la même !...  Et tout ça, gratis !   

Pas loin de chez eux, il y a le lycée français.

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En passant, j’ai trouvé la « source » du fromage !

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J’ai acheté du pain (vendu au poids) et des tickets de bus pour la journée. Un magasin ne vend QUE des pâtes, fraîches, qu’ils font eux-mêmes et sèches. Tout Turin (restos compris) se fournit ici.

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10h15. Cela fait longtemps que je les entends rire !... Les «garçons » se lèvent. Pour reprendre une expression d’hier de Stéfano (comme on dirait, « Allez, venez, les gars », même s’il y a des filles !"

Nous prenons le bus pour aller d’abord, priorité, à la gare acheter nos billets de train. Au guichet, la queue ! Nous prenons un ticket et essayons quand même à la machine… qui n’indique que les humains et les chiens, pas les vélos. Nous essayons d’aider un monsieur qui ne parle aucune langue que nous connaissons. Difficile. Quand, au bout du compte il comprend qu’il doit payer 79€, stupéfait, il nous demande de l’aider à récupérer sa monnaie. En fait, il ne voulait pas partir de Turin, d’où la méprise… Il passe au guichet, peu de temps avant nous et revient, tout content avec son billet qui ne lui a presque rien coûté ! Une dame, Italienne, volubile, qui connait bien Lyon s’approche de nous et nous parle dans un français très correct. Tout à coup, elle s’approche de nous, mystérieuse, baisse la voix et nous dit cette  phrase « Vous savez que 86% des Sénégalais sont musulmans ?! ». Interloqués, nous nous regardons, et nous nous retenons pour ne pas pouffer de rire ! Il faut dire que le monsieur que nous venons de tenter d’aider est… noir ! Cette phrase, nous nous la répéterons souvent ! Les gens sont vraiment cons et racistes, c’est pas possible !

Puis nous reprenons un bus et un tramway pour aller en direction du musée du cinéma. Je me suis levée tôt, j’ai faim. Pas les jeunes. Je pique-nique à l’ombre, sur la place du château. Puis nous repartons.

Thurins-Turin
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Nous restons 2h30 dans le musée du cinéma, toujours aussi intéressant.

Thurins-Turin
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Antoine achète un petit drapeau italien. Il commence une collection ?

Dans une petite épicerie, tenue par Elsa, une vieille petite dame, nous achetons nos provisions pour le pique-nique de demain mais nous oublions le pain.

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Nous passons devant une synagogue gardée par des soldats au chapeau singulier, à la robin des bois, petite plume comprise. Ils refusent d’être photographiés.

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Pour repartir nous montons en haut de la colline qui domine Turin. Il fait chaud. Un peu plus frais dans l’église. C’est peut-être une messe en l’honneur des petits enfants ! Il y en a vraiment beaucoup dans la nef ! Alléluia ! Tout le monde chante en chœur, surtout un monsieur à côté de nous, à la belle voix grave.

Immeubles bourgeois, automobiles de luxe...
Immeubles bourgeois, automobiles de luxe...

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Vue imprenable sur Turin
Vue imprenable sur Turin
Vue imprenable sur Turin
Vue imprenable sur Turin

Vue imprenable sur Turin

Les visages de la Madone
Les visages de la Madone
Les visages de la Madone

Les visages de la Madone

Il fait vraiment très chaud et les fontaines à tête de lion disséminées dans toute la ville sont vraiment appréciables
Il fait vraiment très chaud et les fontaines à tête de lion disséminées dans toute la ville sont vraiment appréciables

Il fait vraiment très chaud et les fontaines à tête de lion disséminées dans toute la ville sont vraiment appréciables

Nous devons être à 20h chez Stéfano pour le repas. Nous prenons un bus, mais ce n’est pas le bon. Nous descendons à la station suivante. Et en reprenons un autre.

Ce soir une nouvelle cycliste est là. Marina est française, elle a 29 ans, a vécu 6 ans à New-York où elle a travaillé comme architecte, pour imaginer des villas luxueuses. Dans sa vie, avant de partir du Portugal à vélo pour se rendre en Croatie, pays de ses ancêtres, elle avait fait au maximum 30 kilomètres d’affilée !...  Elle part en direction de Venise, en suivant le Pô.

Stefano regarde sur un site spécialisé dans les rando à vélo et nous met en garde sur la difficulté du tracé de Lanslebourg à Modane. En effet, demain nous prenons le train deTurin à Bussoleno. Un taxi vient nous chercher et nous emmène jusqu’au col du Mont Cenis d’où nous devons rejoindre la gare de Modane. Mince, je n’avais pas prévu ça ! Pour le train de 17h52, ce devrait être bon en partant de Turin à 9h15, on a de la marge même si c’est long et difficile.

Dixième jour

Nous avons failli rater le train. Partis à 8h35 au lieu de 8h30, Antoine nous fait la fantaisie de s’arrêter… prendre une photo du Pô !

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Nous montons en catastrophe dans le train, aidés par d’autres cyclos (VTT) qui, vont rouler vers Bardonecchia. L’accès pour monter est étroit, avec des marches et l’espace, pour nos 6 vélos est réduit ! Dans 4 minutes le train part. Antoine redescend… valider les billets ! AH ! Celui-là… !

Nous arrivons à 10h. Le taxi est prévue pour 10h30 un peu passé. Le temps d’aller acheter du pain et du chocolat.

Le mec est sympa mais ce n’est plus 75€ mais 90€. Pas de compteur… Il nous raconte l’histoire de la vallée. Le paysage est magnifique. Il nous laisse, comme convenu, en haut, devant l’office de Tourisme, pratique pour la pause dite technique ! Nous remontons la roue avant de nos vélos, réinstallons les sacoches. Et c’est le pique-nique. Puis je remplis les bidons, sans nous en rendre compte, dans un premier temps, dans le garage de la gendarmerie. Je lève la tête… et vois leur voiture ! Je ne fais rien de mal mais si l’on me voit… ???   

La difficulté annoncée par Stefano n’est pas advenue… et la descente était géniale ! Même si de temps en temps il y avait des petites montées, immédiatement suivies de descentes. Stefano a sans doute confondu avec une route panoramique qui prenait sur la droit et qui avait effectivement l’air costaud !

Fous rires dans la descente au point que je suis obligée de m’arrêter, tant j’ai mal au ventre ! Tordue de rire. Tout ça parce que je me posais, à haute voix, la question du trajet de ma carte postale de Turin à Annecy. Comment et où la poste Italienne transmet le courrier à la poste française ? Imitation de l’émission Les petits bateaux  sur France Inter, Aure, contrefaisant l’animatrice, Noëlle Bréham et Antoine, le grrand spécialiste des télécomm… Joie et bonheur ! Et toutes les chansons, vieilles, classique, modernes, enfantine (il était un petit homme qui avait une drôle de maison…pirouette cacahouette…).

Hannibal aurait traversé les Alpes, ici, avec des éléphants.

Thurins-Turin
Thurins-Turin

Nous passons devant la redoute Marie-Thérèse, impressionnant !

Thurins-Turin
Thurins-Turin
Thurins-Turin

Et nous arrivons en avance à Modane.

Tiens, ici aussi ils ont fait la route Lyon-Turin !

Thurins-Turin

Sieste, dodo dans la gare. Je vais acheter le journal et un livre.La chef de gare nous fait traverser les voies plutôt que descendre et monter les escaliers, sympa.

Mais il y a un changement à Chambéry. Sieste, dodo à nouveau dans ce deuxième train malgré (ou à cause de) la clim en panne… Un malabar  réussi, d’une main à descendre mon vélo du train. Et là, il faut descendre puis remonter les escaliers. Comme d’habitude, nous nous entraidons. Les trains soi-disant adaptés aux vélos ont là encore 3 ou 4 marches très étroites.

Serge, le père d’Aure vient nous chercher sur la parking de la gare routière de Lyon-Part-Dieu.

Thurins-Turin

Nous allons d’abord chez eux afin que je me fasse soigner par Sophie, la maman d’Aure. Dernière fois, après, je me débrouille toute seule. Elle, son truc ce n’est pas le tulle gras. Nous allons ensemble à la pharmacie et achetons des pansements, assez grands, du même type de ceux que l’on met sur les ampoules. Il faut le garder plusieurs jours.

31,2 kilomètres

Soit un total de 569 kilomètres !

Rédigé par Martine Silberstein

Publié dans #Journal de voyage à vélo

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